L'annonce du tir d'essai du Sarmat fait froid dans le dos d'autant que le message de Vladimir Poutine est clair. Selon le président russe, ce missile nucléaire intercontinental a pour but de faire "réfléchir" les ennemis de la Russie.
Le tir a été effectué depuis l’aire de lancement de Plessetsk, dans la région d’Arkhangelsk, dans le nord-ouest de la Russie. Le missile aurait atteint une cible sur le terrain militaire de Koura, dans la péninsule russe du Kamtchatka, en Extrême-Orient, située à plus de 5 000 kilomètres de la zone de lancement.
Il s'agit d'un missile balistique intercontinental de cinquième génération. D'un poids dépassant 200 tonnes, il est plus performant que son prédécesseur et "n'a pratiquement pas de limites en matière de portée", selon Vladimir Poutine, qui l'a jugé à même de "viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud".
RS-28 Sarmat, qu'est-ce que c'est?
Le RS-28 Sarmat est un colosse que la Russie met au point depuis 2009. D'un poids de 200 tonnes, il peut transporter jusqu'à 10 têtes nucléaires, de quoi raser un pays grand comme la France ou un Etat américain comme le Texas. Sa puissance serait de 100 à 200 fois celle de la bombe atomique qui a frappé Hiroshima.Ce potentiel est d'autant plus crédible qu'il peut atteindre des cibles à plus de 10.000 kilomètres de distance. Certains experts disent que sa portée serait même de 18.000 km de quoi frapper n'importe quel objectif sur la planète avec des sous-munitions capables de viser plusieurs objectifs simultanément.
Selon la Russie, son autonomie lui permettrait d'utiliser des trajectoires en passant par les pôles Nord et Sud pour frapper par surprise partout sur la planète. Mais surtout, il serait équipé d'une technologie capable de "déjouer tous les systèmes anti-aériens modernes".
RS-28 | |
Tracteur-érecteur-lanceur du RS-28 Sarmat au cosmodrome de Plessetsk en 2018 | |
Présentation | |
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Type de missile | Missile balistique intercontinental |
Constructeur | Krasmash |
Développement | Bureau d'étude Makeïev |
Statut | En test |
Caractéristiques | |
Moteurs | 1er étage : 4 РД-274 RD-274 |
Ergols | Propergol liquide |
Masse au lancement | plus de 200 tonnes |
Longueur | 35,3 m |
Diamètre | 3 m |
Portée | 18 000 km |
Charge utile | charge utile estimé à 10 tonnes soit jusqu'à 15 têtes MIRV, 50 Mt maximum au total |
Guidage | inertiel, GLONASS, Guidage inertiel avec recalage par visée stellaire |
Plateforme de lancement | Silo à missile |
Sarmat, Satan 2, pourquoi ces noms ?
Ce missile a été nommé Sarmat en référence à un peuple ancien dont le territoire, la Sarmatie, longeait en partie la Mer Noire et s'étendait sur les territoires de l'Ukraine et Russie méridionale.
L'étymologie de ce nom proviendrait de "Sauromate" lui-même issu du grec "sauros", un lézard recouvert d'une armure faite d'écailles. Selon la légende, les Sauromates, ancêtres des sarmates, seraient les enfants d'Amazones qui se seraient accouplées avec des Scythes.
Le surnom de Satan 2 a été donné par les occidentaux. Il exprime la puissance de destruction du missile thermonucléaire, mais aussi la succession du missile SS-18 surnommé Satan. Développé dans les années 60 et fabriqué dans l'usine d'armement Loujmach, ancien fleuron du complexe militaro-industriel soviétique située à Dnipro, en Ukraine de l’est.
En 2017, cette usine ukrainienne a été accusée de fournir à la Corée du Nord des moteurs de missiles.
Poutine met en garde les faucons en Occident
L'annonce du test de Sarmat fait partie de la stratégie de dissuasion de la Russie. D'ailleurs les commentaires de Vladimir Poutine ne laisse aucun doute.
"C'est une arme unique qui va renforcer le potentiel militaire de nos forces armées, qui assurera la sécurité de la Russie face aux menaces extérieures et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays avec une rhétorique déchaînée et agressive", a déclaré le président russe,
Avec une portée de plus de 10.000 km, ce missile peut atteindre Paris. Sa vitesse de pointe est de sept kilomètres par seconde. Autrement dit, si ce missile est tiré depuis Moscou, il frappe Londres en moins de six minutes. Vladimir Poutine affirme que l’ogive peut traverser le pôle Nord et le pôle Sud. Ce missile est capable de "déjouer tous les systèmes anti-aériens modernes", c’est-à-dire de brouiller les radars.
Invincibles, hypersoniques et invisibles, le nouvel arsenal russe
Le Sarmat n'est pas la seule arme de nouvelle génération de la Russie. Depuis plus d'une décennie, Moscou élabore un arsenal de nouvelle génération composée de missiles qualifié d'invincibles.
• Avangard, missile "invincible"
Les missiles hypersoniques russes Avangard ("avant-garde" en russe) sont capables de changer de cap et d'altitude à très haute vitesse, les rendant "pratiquement invincibles". Testés avec succès en décembre 2018, leur vitesse a alors atteint Mach 27, soit 27 fois la vitesse du son. Ils ont réussi à toucher une cible située à environ 6000 km. Ils ont été mis en service en décembre 2019.
• Kinjal, "poignard" hypersonique
Utilisés pour la première fois en Ukraine par l'armée russe, les missiles hypersoniques Kinjal ("poignard" en russe) ont permis la destruction d'un entrepôt souterrain d'armements dans l'ouest de l'Ukraine. Ce type de missiles, très manœuvrable, est capable de défier les systèmes de défense anti-aérienne. Ils ont atteint, lors des essais, toutes leurs cibles à une distance pouvant atteindre 1000 à 2000 km. Ils équipent les avions de guerre MiG-31.
• Peresvet, laser de combat
Les caractéristiques techniques des systèmes laser de combat Peresvet (du nom d'un moine guerrier du XIVe siècle) sont secrètes. Ils sont prêts au combat depuis décembre 2019, selon le ministère de la Défense.
• Poséidon, drone sous-marin
Le Poséidon, drone sous-marin élaboré pour la dissuasion nucléaire russe, sera capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 nœuds, tout en restant invisible pour les systèmes de détection. Des tests du système Poséidon ont eu lieu en 2020. Il équipera à terme le sous-marin nucléaire Belgorod, qui a été mis à l'eau en 2019 mais dont la mise en service a été repoussée à l'été 2022.
• Bourevestnik, l'oiseau de tempête
D'une "portée illimitée", selon la Russie, le Bourevestnik serait capable de surmonter quasiment tous les systèmes d'interception. Ce missile de croisière dont le nom provient d'un oiseau de mer dont l'étymologie russe est le mot "tempête").
• Zircon, missile marin "invisible"
Le premier tir officiel du missile hypersonique Zircon (du nom d'un minéral utilisé en joaillerie) date d'octobre 2020. Il vole à Mach 9 pour atteindre des cibles maritimes comme terrestres. Fin décembre 2021, Vladimir Poutine a annoncé un premier tir d'essai réussi d'une salve de Zircon. D'autres essais ont eu lieu depuis octobre 2020 dans l'Arctique russe, notamment à partir de la frégate Amiral Gorchkov et d'un sous-marin immergé.
Hannibal Genséric
Testés avec succès en décembre 2018, leur vitesse a alors atteint Mach 27, soit 27 fois la vitesse du son.
RépondreSupprimer--- difficile à croire. Quel est leur mode de propulsion?
Réveillez-vous mon ami; JP Petit en parle abondamment dans de nombreux interviews et conférences, puisqu'il est, à part égale avec les ingénieurs russes, l'inventeur de ce procédé dans les années 70. Notre ministère de la défense ne s'est jamais déclaré intéressé par ces recherches (ça vous étonne?) tandis que les labos russes ont toujours tenu le fer au chaud (le développement de la micro-informatique rendant ces moteurs désormais opérationnels).
SupprimerOui, c'est un système MHD (magnéto-hydrodynamique) alimenté en énergie par un micro-réacteur nucléaire. Mais non protégé car le blindage serait trop lourd. Le choix se "justifie" (logiquement, non moralement évidement) avec des charges nucléaires puisqu'alors on n'est plus à quelques radiations près ! Mais dans le cas de charges conventionnelles, il y aurait toujours les radiations émises par le micro-réacteur ...
SupprimerIl faudrait que la Russie tire la première comme ça aucune réplique possible et le monde multipolaire prendra place.
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