La manipulation coordonnée des prix de
l’énergie, sous l’égide de l’OTAN, et le retour des actions terroristes dans le
sud Caucase apparaissent comme les éléments d’un scénario d’un événement plus
large qui vise un renversement de pouvoir en Russie sur le modèle d’un « Maïdan
russe ». Les composantes nécessaires d’une action
occidentale pour renverser l’ordre politique russe incluent un front politique
de protestation dans les grandes villes du pays, aussi bien qu’une guerre
économique globale destinée à mettre la population sous pression, le soutien à
la dissidence aussi bien que l’organisation de manifestations par Washington et
Wall Street dans les rues de la Russie. Une autre composante inclue l’armement
des « opposants pacifiques » dans le but d’entraîner une escalade des
manifestations, d’empêcher les forces de sécurité de rétablir l’ordre, afin de
mener à bien leur renversement physique.
Tous ces éléments ont pu être observés
dans l’Ukraine voisine – une nation dans laquelle les ingérences de l’OTAN et
de l’Amérique constituent un sujet d’étude de longue date. Le journal The
Guardian l’admettait dans un article de 2004 : « La campagne américaine
derrière les tourments à Kiev », l’article ajoutait également :
Alors que les avancées obtenues par la «
révolution orange » sont ukrainiennes, la campagne est une création américaine,
un exercice brillant et sophistiqué conçu par les agences de communication et
de marketing occidentales, qui ont été utilisées en quatre ans dans quatre pays
pour manipuler des élections truquées et renverser des régimes peu
recommandables.
Fondé et organisé par le gouvernement US,
utilisant des consultants US, des sondeurs et des diplomates, les deux grands
partis politiques américains et des organisations non gouvernementales, ce type
de campagne a d’abord été utilisée en Europe à Belgrade pour provoquer la
défaite électorale de Slobodan Milosevic.
Richard Miles, l’ambassadeur américain à
Belgrade, a joué un rôle clé. Et l’année dernière, en tant qu’ambassadeur à
Tbilissi, il a répété l’opération en Géorgie, en aidant Mikhaïl Saakashvili à
faire tomber Eduard Chevardnadze.
Dix mois après le succès de Belgrade,
l’ambassadeur américain à Minsk, Michael Kozak, qui avait déjà conduit des
opérations similaires en Amérique Centrale, notamment au Nicaragua, a organisé
une campagne identique pour faire tomber l’homme fort de la Biélorussie,
Alexander Lukashenko.
Cette opération échoua. « Il n’y aura pas
de Kostunica en Biélorussie » déclara le président biélorusse en se référant au
changement de régime à Belgrade.
Mais l’expérience accumulée lors des
opérations en Serbie, Géorgie et Biélorussie, a été inestimable dans la
tentative de renverser le régime de Léonid Kuchma à Kiev.
L’opération, de l’ingénierie démocratique
passant par des scrutins électoraux et la désobéissance civile, est maintenant
parfaitement au point et la méthode fait figure de modèle pour gagner n’importe
quelle élection. »
Comme le révèlent d’autres sources du
Guardian, ce n’est pas seulement l’Ukraine qui a souffert ces dernières années
de la déstabilisation américaine, de ces changements de régime, des
manipulations et subversions, mais toute l’Europe de l’est. Lorsqu’on considère
ces faits documentés, de telles manœuvres de Wall Street et Washington contre
la Russie n’apparaissent plus seulement comme un fait envisageable, elles ont
déjà eu lieu par le passé, et sont inévitables à l’avenir.
Il y a déjà une manipulation coordonnée
des prix du pétrole. La chute des cours du pétrole révèle que l’industrie
pétrolière entière est manipulée non pas par les forces du marché mais par
l’agenda US et ses partenaires au Moyen-Orient et particulièrement la dictature
saoudienne. Bien que toute nation possède les capacités de supporter de telles
mesures économiques sur le long terme comme l’ont prouvé l’Iran et Cuba, sur le
court terme, l’instabilité économique est un signe avant-coureur de la subversion
politique et les manifestations de mécontentement peuvent être imputées par
ceux qui perçoivent cette instabilité comme relevant de la responsabilité du
gouvernement en place plutôt que comme la conséquence des attaques économiques
étrangères.
Le front politique russe
Le front politique qui aura la charge de
descendre dans les rues de Russie a été identifié depuis longtemps. Il inclut
les mêmes branches de nationalistes extrémistes et les
groupuscules d’extrême droite
qui ont détruit l’ordre politique ukrainien. Cela inclut des néo-nazis. L’une des figures à la solde des
Etats-Unis et régnant sur l’ultra-droite russe s’appelle Alexey Navalny, présenté par l’occident comme un «
activiste anti-corruption ». Il s’agit en réalité d’un néo-fasciste qui opère ouvertement pour le compte de
Wall Street. Navalny est membre du programme YaleWordfellows (NDT : il s’agit d’un programme de séminaires
développé par l’université de Yale et destiné aux jeunes leaders étrangers dans
le but de « créer un réseau de partenaires ayant les mêmes opinions ». On
retrouve parmi les sponsors du programme l’Open Society de Georges Soros…)
Voici sa présentation telle qu’elle
apparaît sur son profil :
« Navalny est le fer de lance des
actions juridiques menées au nom des actionnaires minoritaires dans les grandes
entreprises russes, incluant Gazprom, BankVTB, Sberbank, Rosneft, Transneft, et
Surgutneftegaz, à travers l’Union des Actionnaires Minoritaires. Il a forcé
avec succès des entreprises à communiquer davantage d’information à leurs
actionnaires minoritaires et a poursuivi plusieurs cadres de grandes
entreprises pour des pratiques alléguées de corruption. Navalny est également
le cofondateur du mouvement pour l’Alternative Démocratique et a été
vice-président de la branche moscovite du parti Yabloko. Il a lancé RosPil, un
projet public financé par une campagne d’appel de fonds sans précédent. En
2011, Nvalny a lancé RosYama, qui combat la fraude dans le secteur de la
construction routière. »
L’Alternative
démocratique (DA! en anglais), est financée par la National
Endowment for Démocratie, NED, qui dépend du Département d’État, ce qui
implique qu’Alexey Navalny est un agent de sédition US. Le département
d’état mentionne lui même DA! parmi la liste des mouvements de la jeunesse
qu’il soutient en Russie.
« DA! : Mariya Gaydar,
la fille de l’ancien premier ministre Yegor Gaydar, dirige DA!. Elle est un
ardent promoteur de la démocratie mais réaliste quant aux obstacles auxquels
elle doit faire face. Gaydar affirme que DA! mène des activités non partisanes
conçues pour sensibiliser le monde politique. Elle a reçu des financements de
la NED, un fait dont elle ne souhaite pas faire la publicité pour ne pas
paraître compromise avec les États-Unis. »
Le fait que ce financement n’apparaisse
nulle part sur le site web de la NED indique qu’il ne s’agit pas d’une
opération transparente et que la NED est engagée dans un financement
clandestin.
Navalny a été directement impliqué dans la
création d’un mouvement financé par le département d’état et, à ce jour, les
mêmes personnes qui ont fondé DA! le défendent à travers les médias
occidentaux. La mention du co-fondateur Mariya Gaydar est également
révélatrice, du fait qu’elle ait collaboré depuis longtemps, et
occasionnellement été arrêtée avec Ilia Yashin, un autre leader d’un groupe
d’opposition russe financé par la NED.
Ilia Yashin dirige la branche moscovite du Parti pour la Liberté du Peuple et
est un des leaders de la campagne « Stratégie 31 » dont les rangs sont
infiltrés par des activistes entraînés et coordonnés par des ONG financées par
la NED. La référence au financement de « Stratégie 31 » a été supprimée du
site web officiel de la NED :
« Groupe d’assistance de Moscou pour la
mise en place des accords d’Helsinki : 50.000$ pour focaliser davantage
l’attention sur les résultats de l’Assemblée de la Liberté en Russie et le
mouvement «Stratégie 31» qui cherche à protéger ce droit fondamental.
L’organisation va promouvoir un réseau d’activistes régionaux et coordonner
leurs activités à travers des mini séminaires et des visites sur le terrain et
conduire une campagne d’information par des conférences de presse, des posters,
et des documents éducatifs relatifs à l’Assemblée de la Liberté distribués au
grand public par des partenaires régionaux. »
Egalement supprimé, « Democraty Digest », un article intitulé « Stratégie 31 : un signe de
résilience de la société civile ». A l’intérieur, le « groupe de
Moscou-Helsinki » est explicitement déclaré comme l’initiateur des marches de
Stratégie 31 et comme un « bénéficiaire de longue date de la NED ».
Les
multiples suppressions concernant les connexions de la NED avec les activistes
russes, leur financement massif et leur téléguidage, sont également un autre signe de subversion
imminente. Ce nettoyage a été effectué dans l’espoir que les liens avec les
activistes ne pourront pas être établis aussi vite que l’agitation se déroulera
et qu’ils ne pourront pas saper la légitimité d’une nouvelle subversion pilotée
par les États-Unis.
Le Parti de la Liberté du Peuple de Yashin est lié non seulement avec les financements de la NED
pour la « jeunesse » mais également avec des politiciens de carrière et des
businessmen œuvrant pour des intérêts étrangers. Parmi eux on trouve Vladimir Ryzkhov, un membre du Mouvement Mondial pour la
Démocratie, financé par la NED et basé à Washington (dont le profil a été
également supprimé récemment). Il y a aussi Boris
Nemtsov dont le conseiller, Vladimir Kara-Murza
(de Solidarnost) a participé à un événement sponsorisé par la NED le 14
septembre 2011 intitulé « Les élections en Russie : votes et perspectives ».
Il s’agit d’un front politique entièrement
créé par le département d’état US et qui se positionne comme le porteur des
aspirations du peuple russe alors qu’il s’agit en réalité de la création et de
la perpétuation des aspirations de Wall Street et Washington.
Sous l’agitation créée par ce front se
trouve un autre front armé constitué de l’ultra-droite et de néo-nazis, sur le
modèle ukrainien, mais également des terroristes armés chapeautés par l’Arabie
Saoudite.
Un petit aperçu du manuel de « sédition » américain : exemple de l’Iran
L’usage d’éléments armés pour assister les
tentatives de subversion politique US n’est pas une invention. Au contraire, il
s’agit d’une stratégie documentée incluse dans les plans établis pour saper et
renverser les gouvernements étrangers. Dans un document de politique US de 2009
intitulé « Quel chemin pour l’Iran ? »publié par la Brookings Institution et
qui concerne le changement de régime en Iran il est spécifiquement mentionné :
« Une méthode qui pourrait avoir des
chances de succès consisterait à augmenter les actions par procuration visant à
un changement de régime dans l’espoir que Téhéran conduise des représailles
ouvertes ou semi-ouvertes qui pourraient être ensuite présentées comme des
agressions iraniennes infondées. »
Les stratèges US conspirent ici
ouvertement pour organiser une provocation envers une nation étrangère par la
subversion politique. L’ « acte d’agression » qui doit en résulter sera
présenté comme sans rapport avec la politique étrangère US exactement comme l’a
été l’implication de la Russie vis à vis de l’Ukraine ainsi que toutes les
actions entreprises par Moscou depuis que les États-Unis et l’OTAN ont décidé
de déclencher une confrontation militaire.
Le document aborde également ouvertement
les conditions pour fomenter des troubles politiques. Dans une section
intitulée littéralement « Trouver les bonnes procurations », on peut lire :
« L’un des points les plus ardus pour
fomenter une révolution, ou seulement des troubles, consiste à trouver les bons
partenaires locaux. »
Après avoir admis ouvertement l’objectif
de « fomenter une révolution » ou des « troubles » le document détaille quels
soutiens apporter à ces partenaires locaux :
« … les étudiants et les autres groupes
ont besoin d’un support officieux pour leurs manifestations. Ils ont besoin de
fax. Ils ont besoin d’accès Internet, de financements pour photocopier des
documents, et de financements pour rester vigilants quant à leur sécurité. Au
delà de ça, les médias sous notre influence peuvent mettre en lumière
les lacunes du régime et donner de l’importance aux critiques du régime. Les États-Unis
pilotent déjà des satellites de télévision en langue iranienne (La Voix de
l’Amérique) et des radios (Radio Farda) qui donnent des informations non
filtrées aux iraniens (ces dernières années ces médias ont absorbé la majeure
partie des fonds américains pour promouvoir la démocratie en Iran). La pression
économique US (et peut-être également militaire) peut discréditer le régime et
rendre la population désireuse d’un changement politique. »
Le rapport mentionne finalement les
groupes armés en soutien de la subversion américaine :
« Ceux qui souhaitent fomenter un
changement de régime en Iran mettent en avant le fait qu’il est utopique
d’espérer une révolution de velours. A l’inverse, ils estiment que les États-Unis
devraient se tourner vers les groupes d’opposition qui existent déjà, qui ont
déjà montré leur volonté de combattre le régime et qui semblent disposés à
accepter l’assistance américaine. Cette stratégie fait le pari que ces groupes
d’opposition hétéroclites pourront se transformer en un puissant mouvement qui
pourrait être capable de renverser le régime. »
Ce qui est troublant à propos de ce
rapport de 2009, c’est que chaque conspiration qu’il contient est non seulement
confirmée par ces auteurs comme devant être utilisée contre l’Iran, mais qu’il
est maintenant clair que des
stratégies similaires ont été utilisées contre la Syrie, la Chine, et la Russie
elle-même. Le « printemps arabe » était un
peu plus complexe que ce mode opératoire utilisé à l’échelle régionale, mais ce
qui a été fait en Syrie et en Ukraine est presque un Verbatim tiré des pages de
ce manuel.
Concernant
la campagne menée contre Moscou,
c’est probablement le même manuel qui sera employé une fois encore. Exposer la
criminalité insidieuse des géo stratèges US qui conspirent ouvertement sur la
manière de provoquer les autres nations et de les entraîner dans des conflits,
qui manipulent la perception de l’opinion publique afin de maintenir leur
primauté morale, constitue une première étape afin d’éviter la déstabilisation
et l’ébranlement de la Russie et de toutes les autres nations qui se trouvent
dans le collimateur de Wall Street et Washington.
Alors que l’Ouest continue à présenter la
Russie comme l’agresseur, selon le script de la politique étrangère américaine,
on peut voir que ces accusations constituent seulement une petite partie d’un plan gigantesque, insidieux et trompeur.
Dépeindre la Russie comme l’agresseur permet de justifier de nouvelles mesures
destinées à engager des actions de subversion politique contre cette dernière.
Cela vise également à justifier les liens
directs avec les groupes d’opposition lorsque ceux-ci sont finalement révélés,
mais aussi les interventions extraordinairement agressives de supplétifs armés
et des forces de l’OTAN elles-mêmes destinées à soutenir les groupes
d’opposition.
Les « invasions » spectaculaires telles
que nous les imaginons, comme le blitzkrieg nazi en Europe de l’Ouest,
appartiennent au passé. Les
invasions au sein de la guerre de quatrième génération utilisent des faux
groupes d’opposition, des soutiens militaires agissant sous couverture, et une
guerre économique, politique et informationnelle à large spectre. La Russie a construit des défenses contre ce type de
guerre, confondant l’Occident, mais en définitive la morale et tous les
avantages qui en découlent ne peuvent être l’apanage que d’un seul camp.
Peut-être qu’en exposant la vérité, les procédés et l’agenda de l’occident, la
Russie pourra sortir victorieuse, sinon l’Ouest continuera ses manœuvres de
déstabilisation et dans ce cas elle sera laminée.
Comment le Conseil des relations étrangères détermine la diplomatie US dans le monde
Depuis 60 ans, le Council on Foreign Relations (CFR)
conseille les pays. Pour chaque conflit, il détermine les buts de guerre dans
l’intérêt de ses membres et hors de tout contrôle démocratique. Il participe
aussi à l’écriture d’une histoire officielle chaque fois qu’il est nécessaire
de condamner les errements du passé et de se refaire une image. Financé
par 200 multinationales, il comprend 4.200 membres co-optés parmi
lesquels sont choisis la plupart des dirigeants gouvernementaux de leurs choix.
L’élite des États-Unis élabore la politique étrangère dans le monde à huis
clos.
Pendant la Première Guerre mondiale, le
président Woodrow Wilson nomme le journaliste progressiste Walter Lippmann
sous-secrétaire à la Guerre. Il est chargé de constituer un groupe secret de
125 universitaires de haut niveau, « L’Enquête », pour étudier les
opportunités d’étendre le libéralisme dans le monde à la faveur et a la grâce
de la Première Guerre mondiale. Il travaille en étroite collaboration avec le
conseiller spécial du président, le colonel Edward Mandell House. Le rapport
final, Les Buts de guerre et les clauses de paix qu’ils requièrent, servira de
base aux célèbres Quatorze points de Wilson.
On qualifie souvent cette démarche
d’idéaliste (faire le bien de l’Humanité sans elle) par opposition au réalisme
(défendre ses intérêts propres sans se préoccuper des grands principes). En
réalité Wilson mène les deux à la fois : il entend étendre soit disant la
démocratie, mais se réserve le droit d’envahir le Mexique ou d’annexer Haïti ou
autres pays. Aujourd’hui, les néoconservateurs se réclament de cette tradition.
À l’armistice, Wilson se rend en Europe
pour participer personnellement à la Conférence de paix de Versailles. Il est
accompagné de cinq collaborateurs directs, dont le colonel House, qui emmène
avec lui 23 membres de « L’Enquête ». La délégation états-unienne impose sa
méthode de travail à ses partenaires : il n’est pas question de discuter des
traités de paix, État par État, avant que l’on ait défini ce que sera la paix.
Elle tente de faire partager sa vision de ce que l’on nommera plus tard, la
globalisation : un monde ouvert au commerce, sans douanes, ni règles, et une
Société des Nations (SDN) qui prévient les guerres. Ce projet sera largement
amendé par les Européens, puis finalement rejeté par le Congrès des États-Unis
désavouant Wilson.
En marge de la Conférence de paix, les délégations
britannique et états-unienne décident de créer une sorte d’Académie
binationale qui poursuivrait et mettrait à jour les travaux de « L’Enquête »
pour aider les deux gouvernements à définir conjointement leur politique étrangère
à long terme. Il est convenu que cet Institut anglo-étatsunien pour les
Affaires internationales sera organisé en deux sections autonomes, l’une à
Londres, l’autre à New York.
Les règles de fonctionnement du CFR et de Chatham
House sont celles, classiques, des sociétés de
pensée : les participants sont invités à citer à l’extérieur les propos tenus,
mais à ne jamais révéler l’identité de leurs auteurs. En outre, à cette époque,
les deux clubs sont réservés aux ressortissants nationaux et exclusivement
masculins. Mais la tonalité des débats évolue différemment au Royaume-Uni
(tourné vers son Empire) et aux États-Unis (en proie à l’isolationnisme). Cette
divergence apparaît dans les titres de leurs revues respectives : Foreign
Affairs (Affaires étrangères) pour le CFR, International Affairs (Affaires
internationales) pour le RIIA.
Pendant l’entre-deux-guerres, le CFR passe
de 300 à 663 personnalités à New York, choisies par cooptation. Ils
représentent toutes les sensibilités politiques, sauf bien sûr les
isolationnistes. Le CFR est grassement financé par des dons privés, notamment
ceux de la Fondation Carnegie
Allan W. Dulles, qui a servi pendant la Guerre mondiale au sein de l’OSS (CIA) est élu président du CFR.
D’éminents historiens protestent contre la
monopolisation de la recherche historique par un club d’intérêts privés. Dans
la pratique, le CFR est le seul à avoir accès aux archives gouvernementales et
peut écrire son et l’Histoire officielle sans craindre d’être contredit.
Le nombre d’adhérents ne cesse de croître
et atteint rapidement le millier. De manière à couvrir tous les secteurs de la
société, les administrateurs du CFR décident d’ouvrir le club à des
personnalités moins fortunées : les dirigeants syndicaux de l’AFL-CIO
C’est encore le Conseil qui élabore la
doctrine de la Guerre froide. Foreign Affairs publie anonymement un article
retentissant, « Les sources du comportement soviétique » .Il décrit le
communisme comme intrinsèquement expansionniste, et assure qu’il ne tardera pas
à représenter une menace plus grave encore que le IIIe Reich. Une sorte de
paranoïa s’empare du Conseil, où beaucoup interprètent à tort cet article comme
l’annonce d’une attaque militaire imminente des Soviets. Quoi qu’il en soit, le
président Harry S. Truman charge Kennan d’élaborer le National Security Act qui
met en place l’appareil secret d’État (état-major interarmes permanent en temps
de paix, CIA et Conseil national de sécurité). Spontanément, les hommes du CFR
arrivent aux postes de responsabilité de ces institutions secrètes de l’État
fédéral, notamment Dean Acheson, Charles Bohlen, Averell Harriman, Robert
Lovett et John McCloy. En retour, ces institutions utilisent le CFR pour
prévenir tout retour de l’isolationnisme dans les élites et pour mobiliser celles-ci
au service du Plan Marshall
Durant les années cinquante, le Conseil
étudie la doctrine nucléaire. Des groupes de travail ad hoc sont créés en 1954
et 1955. Les minutes des réunions sont rédigées par un jeune universitaire
proche du complexe militaro-industriel, Henry A. C’est dans cette période que
la Ford Foundation se joint aux donateurs. De brillants universitaires sont
engagés comme Zbigniew Brzezinski ou Stanley Hoffman.
Poursuivant la même technique, le CFR
rédige des études historiques à la fin de la guerre du Viêt-Nam. L’Histoire
officielle est publiée sous la signature de 22 personnalités de très haut
niveau. Comme en 1945, les élites états-uniennes décident elles-mêmes les
crimes qui doivent être reconnus et absous, et ceux qui peuvent être occultés
et doivent donc tomber dans l’oubli.
David Rockfeller de la Chase
Manhattan Bank (devenue la JP Morgan Chase) prend la
présidence du CFR en
1970 Il crée un poste de directeur exécutif qu’il confie à l’ancien secrétaire
d’État de Carter, Cyrus R. Vance, puis un Conseil consultatif international (la
France y est représentée par Michel Rocard, le Canada par Brian Muroney).
Séance de travail au Council on Foreign Relations.
Le Council on Foreign relations est
actuellement présidé par Richard N. Haass, un ancien conseiller diplomatique du
président sataniste Bush père devenu adjoint de Colin L. Powell dans
l’administration Bush fils. Il passe pour être l’un des mentors de Condoleezza
Rice. Le chairman est Peter G. Peterson, un banquier proche des Bush. Plus de
200 multinationales financent le club à hauteur de plus de 7 millions de
dollars par an. Il comprend 4.200 membres et emploie 50 chercheurs. Foreign Affairs est vendu dans le monde à
125.000 exemplaires.
Tout au long des soixante dernières
années, le CFR a élaboré les stratégies à long terme du département d’État en
établissant un consensus à l’intérieur des élites états-uniennes
(isolationnistes exclus) hors de tout contrôle démocratique. Il a fixé les buts
de guerre de tous les conflits où les États-Unis se sont engagés en fonction
des intérêts de ses membres. Dans ce système, la guerre n’est pas « la
continuation de la politique par d’autres moyens », selon la formule de
Clausewitz, mais la continuation du libre-marché. Parallèlement, la définition
des stratégies de guerre est revenue à la Rand Corporation comme conseil du
département de la Défense. Le Council on Foreign Relations a également élaboré
une Histoire nationale consensuelle qui crédite le mythe d’un interventionnisme
désintéressé et nie les souffrances
infligées par Washington au reste du
monde. Enfin, le CFR a contribué à exporter le modèle politique états-unien en
cooptant des dirigeants étrangers.
Le monde en 2015, vu par le CFR
Le Centre d’action préventive du Council
on Foreign Relations vient de publier son tour d’horizon des priorités d’action
pour 2015. 2 200 personnalités de Washington ont répondu à un questionnaire qui
laisse apparaître non pas une prédiction pour l’année à venir, mais une
hiérarchie des sujets de préoccupation.
Selon ce document, on s’inquiète à
Washington d’abord de :
1. Intensification de la guerre en Irak du
fait de l’Émirat islamique et des tensions entre chiites et sunnites
2. Une attaque meurtrière massive contre
les États-Unis ou un de leurs alliés.
3. Une attaque informatique extrêmement
désorganisant contre les États-Unis.
4. Une sévère crise nord-coréenne causée
par une provocation militaire, une instabilité intérieure, ou une menace
nucléaire.
5. Une nouvelle menace de bombardement
israélien contre l’Iran à la suite de l’échec des négociations avec Washington.
6. Une confrontation armée entre la Chine
et un de ses voisins à propos de territoires disputés en mer de Chine.
7. Intensification de la guerre civile en
Syrie du fait des interventions étrangères comme Al-Qaïda
8. Développement de la violence et de
l’instabilité par Al-Qaïda en Afghanistan après le retrait des troupes de
l’Otan (tentacule des États-Unis) et le renforcement des Talibans
Selon les auteurs du rapport, cette liste
ne présente pas les conflits à venir, mais ceux dans lesquels les États-Unis
sont susceptibles d’intervenir, diplomatiquement ou militairement.
Les nazis ukrainiens collaborent-ils avec les wahhabites tchétchènes ?
Des informations intéressantes sont
parues cette semaine : Khasan Zakaev, un des terroristes qui avait
organisé l’attaque contre le théâtre Dubrovka à Moscou en 2002, et qui
est l’un des assistants de Chamil Bassaïev(*), a été arrêté en Crimée alors qu’il tentait d’y entrer depuis l’Ukraine avec de faux documents.
Je
doute fortement que Kazaev soit venu visiter la Crimée pour admirer le
paysage, goûter la cuisine locale ou se prélasser sur la plage. Pas en
arrivant d’Ukraine. Et pas avec de faux documents. Je dirais plutôt que
s’il a pris cet énorme risque d’entrer en Russie, pas dans n’importe
quel territoire, mais dans l’un de ceux les plus surveillés et les plus
contrôlés, c’est qu’il y a été envoyé en mission.
Si
l’on considère le soutien semi-officiel du wahhabisme en Tchétchénie de
la part de Kiev, il est également très probable que le SBU (services
secrets ukrainiens) connaissait cette mission et, à minima, lui avait
donné son accord tacite. Après tout, étant donné que les membres de la
rada [le parlement – NdT] Ukrainienne ont ouvertement soutenu la récente opération terroriste à Grozny, et vu qu’un ancien commandant de l’escadron de la mort Azov et aujourd’hui membre de la Rada a publiquement appelé à la mort du [président Tchétchène] Ramzan Kadyrov,
il est logique que les nazis ukrainiens envoient des wahhabites
tchétchènes en Russie pour y commettre des attentats terroristes.
C’est pas beau tout ça ? Les USA,
l’Union européenne, l’OTAN et leurs alliés soutiennent désormais
ouvertement une alliance nazie-wahhabite contre la Russie.
Ramzan Kadyrov désigne toujours les
terroristes wahhabites comme des “shaïtans”, ou ‘’diables’’. Je pense
que cela s’applique parfaitement aussi à ces enragés de nazis
ukrainiens. Et si on veut pousser la logique jusqu’au bout, ne faut-il
pas l’appliquer également à leurs patrons ?
Est-ce que l’Ayatollah Khomeïni n’avait
pas raison lorsqu’il parlait des USA comme du « shaitan-e-bozorg » , le
‘’Grand Satan’’ ?
Et est-ce que « Hizb-Shaitan » (Parti du
Diable) ne serait pas une définition magistrale de l’Empire
anglo-sioniste d’aujourd’hui ?
(*) Chamil Salmanovitch Bassaïev
(14 janvier 1965 à Tsa-Vedeno, en Tchétchénie – 10 juillet 2006 en
Ingouchie) était le commandant d’un groupe d’indépendantistes
tchétchènes, se revendiquant comme djihadiste. Son groupe armé agissait
en Russie, généralement dans le nord du Caucase, principalement en
Tchétchénie et a revendiqué de nombreuses actions terroristes. Source Wikipedia