Il
était une fois un pays qui avait fabriqué des armes si puissantes qu'il rêvait
de faire la guerre aux étoiles.
I
Il
était une fois un pays qui avait fabriqué des armes si puissantes qu'il rêvait
de faire la guerre aux étoiles.
De même qu'une grosse colonie de fourmis
envoie des éclaireuses, puis un groupe entier dirigé par une nouvelle reine,
fonder une colonie reliée à la maison mère, le paradis des Picrocholiens a été
fondé par un détachement de colons issu du paradis des iliens déiphages.
Ils s'installèrent sur une terre qu'ils
déclarèrent pure de toute souillure.
Il y avait bien sur place quelques
bipèdes emplumés, mais les éclaireurs avaient rapidement nettoyé le terrain.
Pas de pitié pour quelques groupes de primitifs qui se permettaient de défendre
leurs terres et de s'opposer à l'arrivée de la civilisation dans ces contrées
sauvages. Tels de vulgaires dirigeants des bords de "notre mer",
ces sous-hommes ne méritaient pas de vivre et les Picrocholiens le prouvèrent
de la manière la plus expéditive qui soit.
Ainsi, grâce à l'ingénieuse
collaboration d'un éminent représentant de cette peuplade, Sir Jeffrey Amherst,
associé à un commerçant avisé du nom de Rabbi Sharfman, les tribus Shawnee,
Mingo et Delaware furent prestement éliminées. Nos deux compères avaient en
effet inventé le judicieux stratagème qui consistait à offrir à des populations
naïves et confiantes des couvertures et du linge infectés par la variole des
Juifs caucasiens. Un plein succès a récompensé leurs efforts et le prix de leur
investissement.
Dans le Colorado, un autre célèbre
Picrocholien, le colonel John Chivington fit, avec ses cavaliers, un travail
remarquable - du "bon boulot" selon l'expression élégante d'un
domestique de l'empire à propos des assassinats commis dans une contrée
exotique par des égorgeurs cannibales. Le "boulot" du colonel
Chivington connut son apogée à Sand Creek. La troupe se rua sur un paisible
camp Cheyenne et trucida tout le monde de la manière la plus sanguinaire et la
plus barbare possible afin d'inspirer une salutaire terreur à la racaille
misérable des autres tribus qui se seraient avisées de résister à l'innocent
envahisseur. Les soldats scalpèrent les hommes, étripèrent femmes et enfants,
mutilèrent les corps et fracassèrent les crânes des nourrissons.
D'innombrables exploits du même tonneau
vinrent à bout de populace emplumée qui avait l'audace de se prétendre
propriétaire de son territoire. Ces sauvages ne savaient pas encore que les
nouveau-venus étaient une espèce humaine supérieure, une race de maîtres,
qu'ils avaient donc toujours raison et qu'ils l'emportaient partout où se
posaient leurs augustes semelles. "Nous sommes justes par essence et
forts par nature. Nous incarnons la Démocratie et la Liberté en marche sur la
planète", tel était leur discours conscient et inconscient. En un mot
comme en cent, "nous sommes exceptionnels" se susuraient-ils à
eux-mêmes, avant même que leur "exceptionnalisme" débarque
dans le discours officiel de leur dernier empereur, l'illustre Dronomaniacus.
Nous ne négocions , ni ne transigeons
jamais. Nous écrasons tout obstacle politique qui se dresse sur notre chemin.
En éradiquant les emplumés, les Picrocholiens avaient découvert et théorisé la
stratégie victorieuse de la conquête de territoires écrasés sous un tapis de
bombes qu'ils nommèrent benoîtement pacification.
Durant un interminable siècle, il surent
utiliser ce procédé avec un succès grandissant, aveugles et sourds à la
souffrance, à la désolation, aux ruines et aux cadavres que leur pacification
entassait partout où ils passaient.
II
Forts de leurs premiers exploits les
pieux colons originels clamèrent alors aux quatre vents que le territoire
qu'ils occupaient désormais était parfaitement désert au moment de leur
arrivée. Se référant à notre éminent fabuliste, ils s'en proclamèrent donc les
premiers occupants. En bonne logique capitaliste, ils déclarèrent dans la
foulée et urbi et orbi, qu'ils étaient désormais les seuls et uniques
propriétaires des plaines, des fleuves, des montagnes et de tout ce qui vole,
court ou rampe sur cette terre, ainsi que de toutes ses richesses et cela
jusqu'au noyau ferreux qui gît en son centre.
Ils avaient d'abord baptisé leur Nouveau
Monde Eden, mais sous l'impulsion de leurs belliqueux empereurs
successifs, cette région prit le nom de Picrocholand.
Il faut savoir que leur ancêtre éponyme,
Picrochole 1er, s'était illustré dans la féroce Guerre des fouaces
dont les échos résonnent encore en pays angevin. Les épisodes de cette
guerre mémorable nous sont connus grâce au récit minutieux qu'en fit le
talentueux chroniqueur de l'époque, François Rabelais, dans ses célèbres Aventures
du géant Gargantua, de son père Grandgousier et de son fils Pantagruel.
En effet, cette Odyssée
auprès de laquelle celle du grand Homère est une bluette pour demoiselle,
reposait sur une méchante querelle de voisinage entre le cruel Picrochole et le
gentil souverain voisin, notre illustre Grandgousier, à propos d'une question
de brioches vilainement malmenées. Elle avait conduit le belliqueux Picrochole
à mettre en branle une gigantesque soldatesque, armée jusqu'aux dents.
L'impressionnante artillerie de l'agressif Picrochole avait décimé tout ce qui
se trouvait sur son passage, les porcs, les truies, les fermiers, les canards,
les gorets et avait failli dévaster les vignes des saints ermites de l'abbaye
de Seuilly, lesquelles n'avaient été sauvées de la destruction que grâce à
l'intervention musclée de Frère Jean des Entommeures. Le saint homme expulsa
les malotrus à grands coups de bâton et réussit à préserver le divin nectar
produit par les vignes du Seigneur.
Sur le point d'être submergé,
Grandgousier fit alors appel à son géant de fils, Gargantua, qui arriva à bride
abattue sur son énorme jument, laquelle, en urinant, provoqua une crue si
phénoménale qu'elle noya toute l'armée de Picrochole et sauva le royaume de
Grandgousier.
Ce dernier paragraphe révèle d'une
manière aveuglante la persistance et la force du patrimoine génétique dans les
comportements humains et confirme que les deux derniers empereurs de la funeste
lignée picrocholique - leurs Altesses impériales Picrochole XLIII, dit
Bushus Debilus et Picrochole XLIV, plus connu sous le nom de Barakus
Dronomaniacus - sont bien les dignes descendants de leur belliqueux et
acariâtre ancêtre, le méchant Picrochole 1er.
III
Comme il arrive souvent, la prospérité
de la colonie a dépassé celle de la maison-mère. Les Pïcrocholiens en furent
tellement fiers, et même tellement bouffis d'orgueil, que leur tête s'est mise
à enfler. La petite bulle d'air et de folie qui permet à chacun de flotter
légèrement au-dessus du sol a si puissamment gonflé dans leur cervelle que
telle l'hélium d'une montgolfière, elle s'est propagée dans l'ensemble des
circonvolutions cérébrales et a fini par envahir la totalité de leurs lobes
frontaux.
Désormais, tous les Picrocholiens sont
affligés d'une grosse tête dans laquelle se loge commodément leur bonne
conscience, leurs illusions sur eux-mêmes, leur suffisance, leur arrogance,
leur cupidité, leur cruauté et leur indifférence à tout ce qui grouille au-delà
de leurs frontières.
Ils sont persuadés qu'ils représentent,
comme le proclamait un des leurs ancêtres, Thomas Jefferson, "the
world's best hope", l'"indispensable nation" du monde
civilisé, autant dire un phare destiné à guider tous les autres peuples sur la
route du Bien et des félicités terrestres avant que celles-ci se métamorphosent
en félicités éternelles. La terre conquise sur les emplumés devenait le lieu
idéal où se réaliseraient les desseins de la divine Providence.
C'est donc en ce lieu béni, laboratoire
d'un futur mirobolant, que le retour du messie allait coïncider avec un avenir
glorieux dont ils seraient les heureux bénéficiaires.
En conséquence, ils se sont donné pour
devise: Per aspera ad astra.
IV
Pour faire court, les Picrocholiens
appellent ROW - abréviation de Rest of the World - les
territoires mystérieux, barbares et effrayants qu'ils se proposent de sauver
des maléfices de Satan. D'ailleurs ne se proclament-ils pas eux-mêmes, et en
toute modestie, tantôt la "nouvelle Jérusalem", tantôt le
"nouveau Canaan "?
Les contrées qui clapotent à leurs
frontières occupent-elles 98% de la superficie de la machine ronde? Qu'à cela
ne tienne, les vaillants missionnaires de la Démocratie bottée, messagers du
Progrès et de la Justice, sont en permanence sur le pied de guerre. Brandissant
l'étendard du "Manifest Destiny" qui leur permet de
débouler sur le monde, ils en profitent pour s'approprier terres et richesses
sous couleur de délivrer le monde de l'oppression des tyrans et d'apporter aux
peuples Liberté, Bonheur et Démocratie par les mêmes moyens que ceux utilisés
contre les tribus d'emplumés.
Comme l'écrivait notre sage Montaigne,
"Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage".
Mais cette belle pensée est incompréhensible à une peuplade habitée par un
complexe de supériorité chez laquelle un étalage de la force tient lieu de
politique.
C'est pourquoi les Picrocholiens
appellent tyrans tous les dirigeants rowiens qui ont l'audace de ne pas
se plier à leurs lois et à se prétendre les maîtres de leur boutique . Quant
aux gouvernements légitimes qui leur déplaisent, ils sont qualifiés
péjorativement de régimes: toutes les "voix de son maître"
dans la presse écrite ou audiovisuelle, tant à l'intérieur de l'empire que chez
ses vassaux, se sont empressées d'entonner en choeur, en bons petits soldats,
leur mépris pour le "régime de Bachar", pour le "régime
de Chavez", pour le "régime des mollahs" ou pour le
"régime de Poutine", personne n'osant évoquer le "régime
de Netanyahou" ou le "régime de Porochenko".
Les Picrocholiens clament qu'eux seuls
sont les détenteurs privilégiés d'une mission chue directement de la galaxie
qui fait d'eux des gestionnaires mondiaux de toutes les crises qui secouent la
planète en vertu de leur "responsabilité de protéger" les
populations victimes d'Etats "maléfiques" ou "voyous".
En application de ce généreux projet,
les innocents missiles de la Démocratie picrocholine et autres "bombardements
démocratiques" ont libéré en les écrasant sous des tapis de bombes
trente neuf tribus, Etats et Etaticules rowiens depuis l'an de grâce 1945 et
plus d'une centaine depuis leur débarquement au paradis.
Quelques exploits particulièrement
éclatants émaillent les célèbres "interventions humanitaires"
calquées sur les méthodes de pacification utilisées lors des guerres
indiennes évoquées ci-dessus. Ainsi, en 1898, les Picrocholiens inventèrent
"l'amendement Platt", l'ancêtre du moderne et bien connu
"droit d'ingérence humanitaire" et qui , sous le
commandement du général J. Franklin Bell les lança dans une croisade destinée à
"libérer" Guam, Cuba, Porto-Rico de la "tyrannie
coloniale" espagnole.
Mais figurez-vous qu'à l'instar des
Indiens, ces sauvages refusaient mordicus leur libération. Les
braves libérateurs ont donc dû recourir à la contrainte contre ces ingrats :
"Toute la population en dehors des villes principales à Batangas a été
dirigée vers des camps de concentration ", a rapporté l'historien
Stuart Creighton Miller. Quant aux récalcitrants opiniâtres, hommes, femmes et
enfants, ils ont purement et simplement été exécutés. Tous. Les corps exposés,
empalés afin de susciter l'horreur et la terreur chez les survivants.
Les empereurs picrocholiens successifs
appellent bénévolente assimilation l'ensemble des méthodes de coercition
qui permet d'aboutir à une domestication des populations traitées et à une non
moins bénévolente appropriation des terres et des richesses des peuplades pacifiées.
Les méthodes expérimentées à cette
occasion se retrouvent, perfectionnées, modernisées et affinées dans les
annexes du paradis que sont aujourd'hui Guantanamo, Abu Ghraib ou Bagram.
Mais la générosité des Picrocholiens ne
connaît pas de limites. C'est pourquoi, selon la philosophie bien connue du
Sapeur Camember, l'empire a dépassé les bornes du cynisme, penseront les naïfs,
en s'instituant, en douce, un pédagogue mondial ès torture. Aussi
s'est-il employé avec zèle à enseigner à ses vassaux son immense
savoir-faire en cette spécialité. Comme il est prudent et n'a que peu confiance
dans le QI et le talent des Rowiens, il a édité des manuels à l'intention des
apprentis-tortionnaires. Il a même fait produire tous les outils nécessaires à
leur art et les leur a charitablement offerts afin d'équiper au mieux les
centres de torture disséminés un peu partout au sein des Etats rowiens
complaisants qui acceptaient de jouer le rôle de poubelle de l'empire.
Ainsi, parmi les amis empressés à
s'exercer à la nouvelle discipline d'habiles tortionnaires figurent les très
pieux adorateurs d'une icône représentant une "vierge noire" sise
dans une ville au nom imprononçable. Tout en pleurant l'antépénultième pape
issu de leurs rangs, ils servent l'empereur pichrocholien dans ses basses
oeuvres avec un zèle jamais démenti.
De nos jours, tel ou tel bureaucrate,
confortablement assis à son bureau, peut donc ordonner le kidnapping de tout
Rowien jugé suspect et le livrer aux mains expertes des professionnels formés
par les excellents pédagogues picrocholiens. Pour finir, les loques qui
survivent à la machine pénitentiaire pichrocholandique, sont jetées dans un des
culs-de-basse-fosse évoqués ci-dessus, où elles disparaissent aussi totalement
que dans un puits sans fond.
La pureté de Picrocholand est préservée,
les déchets sont traités hors des frontières .
La calcification de la cruauté aseptisée
et innocente constitue, chez le Picrocholien une forme de tradition culturelle
aussi fortement incrustée dans son patrimoine génétique que l'impossible
sédentarisation des roms, comme vient de le déclarer un ami de l'empire.
V
L'opinion de l'amas exogène et
indistinct des Rowiens de tout poil et de toutes couleurs possède aux yeux des
Picrocholiens aussi peu d'importance que celle du vermisseau qu'ils écrasent
d'un gros orteil dédaigneux. Or, leur orteil, les Picrocholiens l'ont vraiment
très gros, comme tout le reste de leur personne d'ailleurs. En effet, la
silhouette d'une grande partie de la population a, elle aussi, subi des
modifications morphologiques spectaculaires. Comme beaucoup d'entre eux se
gavent de grosses miches de pain fourrées de mélanges sucrés ou dégoulinants de
graisse, ils ressemblent de plus en plus aux beignets soufflés que nous cuisons
dans l'huile ou aux vers blancs qui se cachent sous les pierres plates.
Ainsi, un Martien débarquant sur notre
planète saura reconnaître au premier coup d'œil qu'il existe, en Picrocholand,
deux variétés d'humains. Très vite il se rendra compte que les dominants sont
plutôt maigres, en général de teint clair et les dominés - les plus nombreux,
comme il se droit - plutôt gras et bronzés. Nul besoin d'imaginer un meilleur
des mondes futur. Il est déjà là.
Néanmoins, du haut en bas de l'échelle
sociale, les Picrocholiens se sentent uniques et exceptionnels. Ils écartent
d'un Pfttt méprisant les jaloux qui s'avisent d'invoquer contre leurs actions
des lois internationales ou toute autre foutaise appelée morale
universelle ou lois internationales. Ils sont persuadés
que la nation picrocholine est dotée de qualités uniques et qu'en conséquence,
elle est moralement supérieure à toutes les autres nations qui peuplent la
machine ronde.
Ainsi, quand Picrochole Bushus Debilus
fait promulguer des lois autorisant les traitements dégradants, quand
Picrochole Dronomaniacus légalise la torture, seuls des esprits suspicieux et
malveillants ne voient pas que les tortures de la picrocratie sont d'une autre
essence que celles des infâmes tyrans au "régime"
pestilentiel, dont ils arrosent les pays de bombes, écrasant au passage la
population - les victimes étant alors pudiquement qualifiées de "dommages
collatéraux".
C'est pourquoi le pouvoir picrocholique
est le maître du langage et sa puissance lui permet de rendre blanc le noir et
noir le blanc le plus immaculé. Le Bien est Bien quand le régime picrochratique
le proclame tel.
Comme chacun peut le constater au pays
des mille et une nuits, dans les déserts libyens, les vallées himalayennes ou
les plaines du Mékong, les vertueuses troupes de la Démocratie picrocholienne ont
apporté le bonheur, la paix et la prospérité aux peuples pacifiés et libérés
à la pointe de leurs saints missiles et de leurs bombes démocratiques.
VI
Comme le surgissement des Picrocholiens
dans les affaires de la planète date de la dernière pluie, leur assurance et
leur arrogance sont inversement proportionnelles à l'épaisseur de leur histoire
collective et à leur expérience de la politique, si bien que leur compréhension
du monde se résume au binôme noir-blanc, Bien-Mal.
Aussi ne connaissent-ils qu'une seule
forme de stratégie militaire, celle dite "du tapis de bombes",
largement utilisée en Mésopotamie et récemment reprise par leur meilleur allié,
que six milliards de Rowiens ont vu ravager le Pays du Cèdre pendant trente
trois longues journées, et cela avec la bénédiction et l'aide active du grand
protecteur. L'acharnement de ce appendice du Pichrocholand originel contre une
masse de miséreux quasiment empilés sur une petite bande de sable a laissé sans
voix tout ce qui possède un millimètre cube de cervelle et de sensibilité chez
les Rowiens.
Ces deux "peuples élus"
censés divinement guidés par la Providence ont d'ailleurs inventé - et appliqué
- "the art of creative destruction", variante
picrocholienne du très ancien: "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les
siens".
Ainsi, à la fin de la seconde guerre
mondiale, la générosité libératrice de l'armée picrocholienne a si bien libéré
les Philippines du joug japonais, que Manille fut la ville la plus détruite de
tout le continent asiatique ... et que trois quarts de siècles plus tard, la
capitale n'a toujours pas retrouvé la qualité de vie et les infrastructures
qu'elle possédait avant sa libération.
Les Picrocholiens clament haut et fort
que ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. C'est pourquoi point n'est
besoin de dictature policière visible pour canaliser les troupeaux à
l'intérieur et à l'extérieur de l'empire. Les Picrocholiens dominants sont de
redoutables professionnels dans l'art de soumettre les masses à une
manipulation permanente par l'image, la publicité pour toutes les formes de consommation
et cela avec la complicité spontanée ou grassement lubrifiée des organes de
presse, des innombrables sectes religieuses et des multiples organismes
d'espionnage pudiquement dénommés ONG.
En conséquence, la masse des
Picrocholiens elle-même est désormais si bien domestiquée que l'espionnage
généralisé qu'elle subit de la part de ses dominants est non seulement accepté
sans murmures, mais plébiscité, au nom d'une "sécurité"
menacée à chaque seconde par une invasion de Rowiens jaloux, de "terroristes",
d'"islamistes" ou même d'extra-terrestres.
Il faut dire qu'une propagande et une
désinformation soigneusement conçues et habilement distillées par les
porte-paroles du gouvernement picrocholien et de ceux des dociles vassaux
imprègnent si totalement les cervelles pauvrement nourries des masses de la
certitude que le monde et la politique sont d'une simplicité biblique et que la
consommation et l'accumulation de biens sont les conditions nécessaires du
bonheur, que les Picrocholiens sont persuadés que la gestion politique du pays
et du monde se réduit aux catégories "divin" et "satanique".
En Picrocholand la richesse est vénérée
en ce qu'elle constitue le signe de l'élection divine, alors que la pauvreté
prouve que le "God" dans lequel "trust" les
Picrocholiens méprise
les peuplades qui traînent dans le peloton de queue de la course au profit.
N'est-il pas écrit sur tous les billets généreusement imprimés dans les
sous-sol des banksters: In God we trust ? La carte de crédit est le
véritable "God" du Picrocholien. Plus il en possède
d'exemplaires divers, mieux il est considéré par la société, car c'est là le
signe qu'il est un excellent consommateur, donc un excellent citoyen.
De plus, tous, maîtres et dominés,
prétendent que leurs empereurs successifs possèdent une ligne téléphonique
directe avec le Créateur et que celui-ci non seulement veille sur l'empire
d'une manière toute particulière, mais qu'il a chargé ses habitants de la
mission de civiliser des Rowiens incultes en leur faisant avaler, de gré ou de
force, les règles et les lois picrocholines. Leur "God"
tout-puissant n'est pas, ils en sont sûrs, un Grand Trompeur, comme un de ces
Frenchies honnis, gardien des portes de l'enfer, avait voulu l'insinuer.
VII
Les Picrocholiens ont le génie et la
bosse du commerce. Ils peuvent d'autant plus aisément accumuler des richesses
qu'ils ont trouvé une fabuleuse martingale qui leur permet de satisfaire tous
leurs désirs. Il s'agit d'une trouvaille miraculeuse et beaucoup plus efficace
que celle des alchimistes qui rêvaient de changer le plomb en or. Les
Picrocholiens ont fait beaucoup plus fort: ils métamorphosent du vulgaire
papier imprimé en lingots d'or.
Certains malveillants vont jusqu'à
appeler cette juteuse opération l'escroquerie du millénaire. Des envieux
affirment qu'on n'a rien vu de plus pervers et de plus néfaste pour la
population rowienne depuis l'apparition de l'homo erectus et que
l'empire aux pieds d'argile repose sur une magouille de faux monnayeurs.
Toujours est-il, c'est bien cette ruse
financière qui leur a permis depuis un siècle de vivre grassement en
bénéficiant d'un jackpot permanent. Les Picrocholiens ont ainsi pu, d'abord
subrepticement, puis ouvertement, édifier un gigantesque empire économique et
militaire. Ils se sont alors imaginé qu'ils étaient tout puissants et
omniscients - en un mot, géniaux. Ils se sont alors persuadés qu'il était
logique qu'ils jouissent en tous domaines d'une impunité et d'une immunité qui
leur assurent un statut suréminent par rapport à la masse des Rowiens.
Oublieux des conditions monétaires
exceptionnellement favorables que les Picrocholiens avaient extorquées au reste
du monde au fil des années, les Rowiens leur ont longtemps voué une admiration
béate et même un amour ardent . Ils voyaient en eux l'hyperpuissance
bienveillante chargée de régler avec sagesse et lucidité tous les conflits
internationaux. C'était leur guide et leur modèle. Il est bien connu que l'amour
rend aveugle.
L'image d'un de leurs représentants
particulièrement flagorneur et quasi en extase d'avoir pu toucher le bout des
doigts de son Altesse impériale Debilus, même s'il lui a fallu grimper sur un
tabouret pour parvenir à sa hauteur, a frappé tous les esprits.
Cette attitude extatique quasi
universelle a eu pour conséquence calamiteuse de geler les neurones des Rowiens
et de paralyser leur esprit critique. Cependant, des tentatives de rébellion et
de sortie de l'hibernation mentale commencent de se manifester de plus en plus
ouvertement. Il se peut que le réchauffement climatique bien-venu produise un
effet bénéfique indirect et que les cervelles des Rowiens se mettent à dégeler.
Il est à espérer que les neurones redevenus alertes se libèreront de la gangue
glaciale de vénération, de soumission et de passivité qui les emprisonne.
VIII
La guerra, la guerra, la guerra chante Clorinde avant d'engager un combat à la vie à
la mort contre Tancrède, dans le célèbre madrigal de Monteverdi. Les
Picrocholiens, quant à eux, SONT une incarnation de la guerre. En guerre
permanente depuis leur débarquement sur la terre volée aux emplumés, on compte
à leur actif plus d'une centaine d'expéditions durant le dernier siècle. Un
record qu'il sera impossible de battre.
Le monde entier a été témoin de
l'aisance avec laquelle l'armée de sa Majesté Picrochole Bushus Debilus a
quasiment réduit en un amas de gravas une des plus anciennes civilisations du
monde. Un feu d'artifice de missiles, de bombes au phosphore, à l'uranium a
illuminé la région durant de longues semaines et a pétrifié ses alliés
d'admiration de terreur. "Shock and Awe". A la suite de
cet exploit, Picrochole XLIII Debilus, en extase, n'a pas hésité à claironner,
afin que nul n'en ignore : "Nous sommes exceptionnellement bons.
Nous sommes le peuple élu."
A l'instar de son célèbre ancêtre
éponyme Picrochole 1er, Debilus quarante troisième a écrasé sous les chenilles
de ses chars non seulement les poules, les canards ou les chiens, mais les
hommes, les femmes, les enfants, les maisons, les gares, les hôpitaux, les
musées, les centrales électriques, les usines, les théâtres et tout ce qui
aurait eu la malchance de se trouver sur le chemin du destin glorieux de
l'angélique armée du paradis démocratique.
Des théoriciens de cette nation à
l'esprit inventif et primesautier appellent "chaos constructif"
les ruines et les dévastations qui accompagnent chacune des interventions
"humanitaires" de la picrochratie.
Quant à son Altesse impériale Picrochole
XLIV Dronomaniacus, elle est à la fois plus rusée et plus sournoise. Aux boum
boum sonores et éblouissants des missiles et des bombes elle préfère l'ombre
des bureaux et la tactique hypocrite et proprette de la mort fonctionnarisée.
Silhouette élastique, dents blanches, un
sourire de publicité pour marque de dentifrice, une décoration de prix Nobel de
la paix en bandoulière, chaque début de semaine, Dronomaniacus, tranquillement
assis à son bureau, assassine bureaucratiquement une poignée de Rowiens qui
vaquaient à leurs affaires à six ou dix mille kilomètres du douillet bureau de
son Altesse picrocholienne.
L'empereur picrocholien se sent un
substitut de Dieu. Comme la justice divine, la sentence picrocholienne est sans
appel et sans miséricorde. Une signature, un clic d'ordinateur et un jouet
électronique vous pulvérise, aux antipodes, le condamné à mort qui ignorait sa
sentence. Certes, elle pulvérise en même temps une poignée de Rowiens de tous
âges qui avait eu la mauvaise idée de se trouver dans les parages. Tantôt la
main invisible de Dronomaniacus réduit en bouillie tout un groupe réuni à
l'occasion d'un mariage, tantôt une poignée d'écoliers, mais, Pfttt, un Rowien
de plus ou de moins, surtout lorsqu'il a la malchance de gîter aux antipodes du
paradis, n'empêchera aucun Picrocholien de dormir.
Picrochole Dronomaniacus s'en lave les
mains, l'âme légère et le sommeil profond.
Car c'est toujours au nom de la morale
que les Picrocholiens incarnent de la pointe des cheveux aux orteils, qu'un
ancien responsable de la politique étrangère de cet empire a inventé , comme il
est évoqué ci-dessus, la théorie dite de "l'intervention humanitaire"
au nom d'une "responsabilité de protéger" les peuples
victimes de gouvernants "voyous", "tyrans",
"barbares", "dictatoriaux", et tutti quanti, théorie
qui connaîtra un succès éclatant chez les domestiques de l'empire sous la
dénomination de "droit d'ingérence humanitaire" .
En vertu de ce droit que l'empire
picrocholien s'est généreusement accordé à lui-même, il se donne le pouvoir
d'intervenir où et quand il lui semble bon ou de tracer des lignes rouges
- la ligne jaune étant déjà prise. Il déclenche alors automatiquement une pluie
de missiles sur l'Etat voyou qui a osé provoquer sa réprobation.
Il se donne également le droit et le
pouvoir de provoquer la déstabilisation de gouvernements qui lui déplaisent en
suscitant, favorisant et finançant des révolutions aux noms multicolores ou
gracieusement champêtres - révolution de jasmin ou des oeillets, révolution
orange, blanche, rouge, verte, printemps arabe - et cela au moyen des
innombrables cellules d'espionnage camouflées en Organisations non
gouvernementales, plus connues sous le nom d'ONG, parfaitement gouvernementales
et grassement alimentées en monnaie facilement imprimée par Picrocholand.
IX
Dronomaniacus s'est récemment avisé
qu'un tyran sévissait quelque part dans un étaticule sis dans les marches de
l'Asie - que ses sujets seraient d'ailleurs bien incapables de situer sur la
mappemonde. Des voix de l'au-delà l'ont informé que ce vilain dictateur
répandait sur sa population une vapeur illicite. Son nez délicat, snif, snif, a
décelé une odeur de gaz, snif, snif.
Plus fort encore. Ayant levé un index
mouillé en direction de l'orient, snif snif, il a conclu sentencieusement et
l'a proclamé avec toute l'autorité de son éminente fonction, qu'il
reconnaissait sans l'ombre d'une hésitation le S8H14GKLMNOPQ99, c'est-à-dire le
pestilentiel et venimeux assadarin. Le tyran avait bel et bien signé son
crime, Dronomaniacus l'a dit et cochon qui s'en dedit!
Le sang du généreux Barakus
Dronomaniacus n'a fait qu'un tour. Sans attendre que des autorités
scientifiques expédiées sur place confirment l'identité du responsable de ce
forfait, tel don Quichotte enfourchant sa haridelle, l'empereur omniscient a
instantanément ameuté ses Sancho d'outre-Atlantique spécialisés dans les
aboiements les plus féroces et toujours prêts à se précipiter à son service. En
même temps, il s'est mis à tympaniser l'univers d'invectives indignées et de
menaces de punitions dont la sévérité allait provoquer crainte et tremblements
chez tous les Rowiens. Il fallait pulvériser le coupable émetteur de ce fumet
nauséabond, clamait-il urbi et orbi, et cela à la manière la plus
picrocholique qui soit, c'est-à-dire en pulvérisant le pays tout entier.
Depuis lors, et bien que que le pot-aux-roses,
si je puis dire, ait révélé que les responsables de la pestilence n'étaient
autres que les complices de Dronomaniacus lui-même, leurs héraults continuent
de battre les tambours de la guerre. Tous les jours, l'un de leurs servants
parmi les plus hargneux, les plus tenaces, et les plus rusés étale sur les
ondes d'une radio nationale son désespoir devant le ratage du stratagème . La
pulvérisation du tyran et de son pays auraient apporté au monde entier paix et
prospérité.
A propos d'émetteurs de vapeurs
mortifères et d'armes illicites, le besacier de notre grand fabuliste qui fit
pour nos défauts la poche de derrière et celle de devant pour les défauts
d'autrui, en rit encore.
X
Depuis quelques mois, Dronomaniacus est
morose. Son nez sensible a flairé l'apparition d'un nouveau Satan du côté du
septentrion. Un tyran maléfique à la tête d'une peuplade barbare éparpillée
dans la steppe et la taïga se permet non seulement de se mettre en travers des
projets de l'empire du Bien et de la Justice au Moyen-Orient, mais il a
l'audace de vouloir discuter d'égal à égal avec les maîtres du monde. Hola!
Branle-bas de combat et mise en alerte
d'un peloton d'"amis".
Il faut savoir qu'en Picrocholandie, le
mot "ami" a le même sens que chez les honorables membres de la
Dranguetta calabraise ou de la Maffia sicilienne: si tu dévies d'un centimètre
de la voie que nous t'ordonnons de suivre, tu es mort. Les milliards d'amendes
qui, telles des tonnes de briques, sont tombées sur la France en sont un
avant-goût.
Le troupeau de vingt-huit moutons ,
estampillés "amis" de l'empire picrocholien, a donc été
conduit d'une main ferme à l'abattoir. Pendant que Dromoniacus continuait en
douce de commercer avec le nouveau Satan, il ordonnait aux agneaux européens de
lancer vague après vague menaces et brimades contre leur principal pourvoyeur
de fourrage.
Selon le principe bien connu du
boomerang, les "sanctions" concoctées dans les bureaux de
l'empire sont revenues illico sur le crâne de la masse bêlante, anéantissant le
peu de cervelle qui lui restait.
L'Europe n'est pas seulement
domestiquée, l'empire picrocholien a réussi l'exploit de la dompter. Qui aurait
cru que des Etats qui furent en leur temps des nations souveraines et
brillantes deviendraient un jour des loques rampantes, apeurées , stupidifiées,
dépourvues de toute volonté propre, se trahissant les unes les autres afin de
figurer en tête lorsque le maître siffle la mise en rang ? La dame de Berlin,
liée par des fils secrets à l'empire, joue ce rôle à la perfection.
Chassez la naturel, il revient au galop.
Picrocholand n'a évidemment pas renoncé à sa stratégie séculaire, à savoir la
guerra, la guerra, la guerra. Les finances sont basses, le territoire du
nouveau Satan renferme des richesses qui font baver d'envie toute la
picrocholandie. Seulement voilà, l'ennemi est armé. Picrochole a donc imaginé
un plan vicieux : il affaiblit ses vassaux-rivaux, comme il est dit ci-dessus
et, en mettant la main sur un ancien allié du satanique résistant, il suscite
une bonne petite guerre civile aux frontières de son ennemi.
Car, pour la première fois, Picrochole a
peur.
Pas question d'un nouveau "Awe
and Shock" et d'un feu d'artifice de missiles au-dessus de Moscou.
Picrochole mènera donc une guerre, une nouvelle guerre de cent ans, jusqu'au
dernier Ukrainien.
XI
L'empire picrocholien possède un talon d'Achille.
Une excroissance douloureuse, sorte de
furoncle purulent, l'empêche de jouir pleinement de ses perfections et de sa
puissance.
Depuis quelques décennies, un Picrocholandicule
s'est incrusté douloureusement dans son corps. Telle la pomme pourrissante dans
le dos du Gregor Samsa de la Métamorphose de Kafka, ce corps
étranger, à la fois lointain et omniprésent enflamme toute la région autour de
lui et infecte le corps de son protecteur.
Ce garnement vicieux, bagarreur,
incommode à ses voisins, hargneux, toujours à se plaindre que personne ne
l'aime, alternant les gémissements et les insultes, chapardeur des biens et du
territoire des voisins, menaçant et trouillard à la fois est une sorte de
révélateur intempestif, une photographie sur-exposée de ce que le Picrocholand
original cache sous le masque d'ange de la démocratie idéale.
Tout comme Dorian Gray dissimulait le
tableau qui révélait sa véritable nature derrière le lourd rideau de velours
rouge dans le roman d'Oscar Wilde, Picrocholandicule prend à son compte les
pires traits de la maison-mère. Il met en lumière le portrait hideux et
véridique de lui-même que l'empire cache derrière le rideau rouge de son
messianisme de la Liberté et de la Démocratie. Il aimerait bien se débarrasser
de ce double encombrant, de ce "meuble inutile" qui pollue sa
réputation, alors qu'il est contraint, par des centaines de filins et de
solidarités invisibles à l'œil nu, de le soutenir à bout de bras et de s'en
montrer solidaire.
Car les Picrocholand père et fils, si je
puis dire, sont liés par une toile d'araignée de fils serrés et entrelacés
d'intérêts partagés qui forment un binôme à la fois soudé et haineux, le plus
petit de plus en plus arrogant et le plus grand lassé et honteux de sa
dépendance financière aux amis du premier. Mais tous deux sont des champions
toutes catégories, des recordmen mondiaux dans l'utilisation d'armes chimiques,
nucléaires, à fragmentation illégales en droit international et
particulièrement venimeuses.
Des générations entières ont été
ravagées au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Afghanistan, en Irak, en Libye,
ainsi qu'en Amérique centrale, au Kosovo et en Serbie et également à Gaza et au
Liban. C'est en toute impunité que Picrocholand a déversé des millions de
litres d'un défoliant qui a brûlé la végétation et les humains au Vietnam,
c'est en toute impunité que Picrocholand a utilisé le phosphore blanc contre
les civils irakiens et son protégé contre les habitants du camp de
concentration de Gaza provoquant d'atroces malformations chez les nourrissons,
c'est en toute impunité que les deux Picrocholand voyous n'ont pas hésité à
bombarder des populations civiles de bombes au napalm, à l'uranium appauvri, à
tester sur les civils des armes nouvelles qui carbonisent le foie et coagulent
le sang, c'est en toute impunité que Picrocholandicule a assassiné des
opposants au moyen d'armes biologiques qui auraient suscité l'horreur
universelle si un autre Etat rowien s'était rendu coupable d'une telle infamie.
D'innombrables colonnes de Rowiens ont
déambulé, au nom de la liberté d'expression, par les compites et les quadrivies
de leurs capitales, afin de proclamer leur amour ardent pour les auteurs de
dessins infantiles et vulgaires. En tête de gondole paradait le responsable du
Picrocholandicule himself avec, dans sa besace, une liste impressionnante de
journalistes et de caricaturistes assassinés.
Comme vient de le clamer l'empereur
picrocholien qui sévit actuellement sur la planète: "La politique
des États-Unis est ce qui rend l'Amérique différente. C'est ce qui nous rend
exceptionnels "
La planète entière expérimente, en
effet, à quel point les Picrocholand d'outre-Atlantique et du Moyen-Orient se
révèlent des nations exceptionnellement dangereuses pour la paix, la prospérité
et la sécurité du monde.
*
Epilogue
Ainsi
va le monde picrocholien dans lequel la Maritorne du village de Sagayo a
réussi, durant deux siècles, à se faire passer pour la Dulcinée idéale du
Toboso démocratique.
Mais
l'enchanteur a perdu son pouvoir. Le charme se dissipe - trop lentement, hélas
- les oreilles se débouchent et les yeux se dessillent.
Une
Maritorne en haillons apparaît enfin aux yeux des Rowiens en lieu et place de
la Dulcinée qu'ils vénéraient. Ils découvrent, amers, dépités et honteux que
leur adoration s'était portée sur une fille de ferme inculte, égoïste, cynique,
cruelle et uniquement soucieuse de ses poules et de ses cochons.
…
En attendant la révolte qui vient ...