«Je veux
lancer un appel au peuple ukrainien, aux mères, aux pères, aux sœurs et aux
grands-parents : Cessez d’envoyer vos fils et frères au massacre, un
massacre inutile et sans merci. Les intérêts du gouvernement ukrainien ne sont
pas les vôtres. Je vous en supplie: Reprenez vos esprits. Vous n’êtes pas
obligés d’arroser les champs du Donbass avec le sang ukrainien. Ça n’en vaut
pas la peine. » Alexander Zakharchenko, Premier
ministre de la République populaire de Donetsk
Washington a besoin d’une guerre en Ukraine pour atteindre ses objectifs stratégiques. On ne le dira jamais assez.
Les États-Unis veulent faire avancer
l’OTAN jusqu’à la frontière occidentale de la Russie. Ils veulent un pont
terrestre vers l’Asie pour multiplier les bases militaires étatsuniennes sur
tout le continent. Ils veulent contrôler les couloirs de pipelines de la Russie
vers l’Europe pour contrôler les revenus de Moscou et s’assurer que le gaz
continue d’être négocié en dollars. Et ils veulent une Russie affaiblie et
instable qui sera plus vulnérable au changement de régime, à la fragmentation
et, finalement, au contrôle étranger. Ces objectifs ne peuvent être atteints
pacifiquement, et de fait, si les combats cessaient demain, les sanctions
seraient levées peu après et l’économie russe rebondirait. Cela serait-il
profitable à Washington?
Bien sûr que non. Cela saperait le
plan plus vaste de Washington qui est d’intégrer la Chine et la Russie dans le
système économique dominant, le système du dollar. Les éminences grises
étatsuniennes se rendent compte que si le système actuel ne peut pas se
développer, il s’effondrera. Si la Chine et la Russie ne sont pas mises au pas
et convaincues d’accepter un rôle subalterne dans l’ordre mondial mené par les
Etats-Unis, Washington perdra sa position de puissance hégémonique mondiale.
C’est la raison pour laquelle les
hostilités dans l’Est Ukraine s’intensifient et vont continuer à s’intensifier.
C’est la raison pour laquelle le Congrès américain a voté des sanctions plus
sévères contre le secteur énergétique russe ainsi que l’envoi d’armes létales à
l’armée ukrainienne. C’est la raison pour laquelle Washington a envoyé des
instructeurs militaires en Ukraine et se prépare à fournir 3 milliards de
dollars de « missiles anti-blindés, de drones de reconnaissance, de
blindés Humvees, et de radars capables de repérer l’emplacement des roquettes
et de l’artillerie ennemies. » Toutes les actions de Washington n’ont
qu’un seul but : intensifier la lutte et intensifier le conflit. Les
lourdes pertes subies par l’armée inexpérimentée de l’Ukraine et les terribles
souffrances des civils de Lougansk et Donetsk n’ont aucun intérêt pour les
stratèges américains. Leur travail est d’éviter la paix à tout prix parce que
la paix ferait dérailler le projet américain de pivoter vers l’Asie et de rester
la seule superpuissance au monde. Voici un extrait d’un article de WSWS:
« L’objectif ultime des
États-unienne et ses alliés est de réduire la Russie à une semi-colonie
misérable. Cette stratégie, historiquement associée au conseiller à la Sécurité
Nationale de l’administration Carter, Zbigniew Brzezinski, National Security
Advisor, est à nouveau à l’honneur.
Dans un discours prononcé l’an
dernier au Centre Wilson, Brzezinski a appelé Washington à fournir à Kiev des
« armes spécialement conçues pour permettre aux Ukrainiens de s’engager
dans une guérilla urbaine de résistance. » Conformément à la politique
actuellement prônée par l’Institut Brookings et d’autres think tanks qui
appellent à armer le régime de Kiev, Brzezinski a appelé à fournir des « armes
antichars … des armes appropriées au close-combat urbain. »
La stratégie définie par Brzezinski
est certes criminelle d’un point de vue politique – du fait qu’elle piège la
Russie dans une guerre urbaine ethnique en Ukraine qui menacerait de mort des
millions, sinon des milliards de personnes – mais le fait est qu’elle est
parfaitement conforme à la politique qu’il prône contre la Russie depuis des
décennies. » (« L’armement américain de l’Ukraine et le danger d’une
troisième guerre mondiale », World Socialist Web Site)
L’aide militaire non létale
entraînera inévitablement l’aide létale, les armes sophistiquées, les zones
d’exclusion aérienne, l’assistance secrète, les milices privées, les opérations
spéciales et les bottes sur le terrain. Nous connaissons déjà tout ça. La
population étatsunienne ne s’oppose pas à la guerre, il n’y a pas de mouvement
anti-guerre en mesure de paralyser les villes, déclencher une grève générale ou
remettre en question le statu quo. Il n’y a donc aucun moyen d’enrayer le bellicisme
galopant. Les médias et la classe politique ont donné carte blanche à Obama, il
peut poursuivre la guerre comme il veut. Cela augmente la probabilité d’une
guerre plus large, cet été après la fonte des neiges.
Bien qu’on ne puisse exclure la
possibilité d’une conflagration nucléaire, cela n’affectera pas le projet
étatsunien pour le futur proche. Personne ne pense que Poutine va déclencher
une guerre nucléaire pour protéger le Donbass, ce qui enlève toute force
dissuasive à cette arme.
Et Washington ne s’inquiète pas non
plus des coûts. Malgré l’échec des interventions militaires en Afghanistan, en
Irak, en Libye et dans une demi-douzaine d’autres pays à travers le monde, les
actions américaines montent encore, les investissements étrangers dans les bons
du Trésor américain atteignent des records, l’économie des Etats-Unis croît à
un rythme supérieur à tous ses concurrents, et le dollar a grimpé d’un
impressionnant 13 % face à un panier de devises étrangères depuis juin dernier.
Ça n’a rien coûté à l’Amérique de détruire de larges pans de la planète et de
tuer plus d’un million de personnes. Pourquoi s’arrêteraient-ils maintenant?
Ils ne s’arrêteront pas, et c’est la
raison pour laquelle les combats en Ukraine vont s’intensifier. Voyez ce que
dit WSWS:
« Lundi, le New York Times a
annoncé que l’administration Obama allait armer directement l’armée ukrainienne
et les milices fascistes qui soutiennent le régime de Kiev lui-même soutenu par
l’OTAN, après les récents revers que ce régime vient de subir dans la guerre
qu’il mène contre les forces séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
L’article cite un rapport publié
conjointement, lundi, par l’Institut Brookings, le Conseil Atlantique et le
Conseil de Chicago sur les affaires mondiales, et remis au président Obama, qui
conseille la Maison Blanche et l’OTAN sur la meilleure manière d’intensifier la
guerre en Ukraine ….
Selon le Times, les
responsables américains se rallient tous aux propositions du rapport. Le
commandant de l’OTAN en Europe, le général Philip M. Breedlove, le secrétaire à
la Défense Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef
d’état-major des armées des États-Unis le général Martin Dempsey soutiennent
tous la proposition d‘armer Kiev. La conseillère à la sécurité nationale, Susan
Rice, est en train de reconsidérer son opposition à la fourniture d’armes à
Kiev, ce qui permettra à Obama d’en faire autant. » ( » Washington
s’apprête à armer le régime ukrainien « , World Socialist Web Site).
Vous voyez ce qui est en train de se
passer? Les dés sont déjà jetés. Il y aura une guerre avec la Russie parce que
c’est ce que l’establishment politique veut. C’est aussi simple que cela. Et
tandis que les provocations précédentes n’ont pas réussi à attirer Poutine dans
le chaudron ukrainien, cette nouvelle vague de violence – l’offensive
printanière – y parviendra sûrement. Poutine ne va pas rester les bras croisés
pendant que les suppléants des États-Unis réduisent le Donbass en ruines façon
Fallouja avec les armes et la logistique étatsuniennes. Il fera ce que tout
leader responsable doit faire. Il protégera son peuple. Cela signifie la
guerre. (Voir les immenses dégâts que la guerre par procuration d’Obama a déjà
causés en Ukraine de l’Est, ici : “Un aperçu de la situation socio-humanitaire
sur le territoire de la République populaire de Donetsk à la suite des
opérations militaires du 17 au 23 Janvier 2015“).
Guerre asymétrique: la chute des prix du pétrole
Gardez à l’esprit que l’économie
russe a déjà souffert des sanctions économiques, de la manipulation du prix du
pétrole, et de la brutale attaque contre le rouble. Jusqu’à cette semaine, les
médias grand public rejetaient l’idée que les Saoudiens faisaient délibérément
chuter les prix du pétrole pour nuire à la Russie. Ils disaient que les
Saoudiens cherchaient simplement à conserver leur « part de marché »
en maintenant les mêmes niveaux de production et en laisser les prix baisser
naturellement. Mais tout cela était de la foutaise et le New York Times l’a
finalement reconnu mardi dans un article intitulé: « Le pétrole
saoudien est un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le
président syrien, Assad ». Voici un extrait de l’article:
« L’Arabie
saoudite a tenté de faire pression sur le président Vladimir V. Poutine de
Russie pour qu’il renonce à soutenir le président Bachar al-Assad de Syrie, en
se servant de sa position dominante sur les marchés mondiaux du pétrole au
moment où le gouvernement russe souffre des conséquences de la chute des prix
du pétrole …
Des
officiels saoudiens disent – et c’est ce qu’ils ont dit aux États-Unis – qu’ils
peuvent peser sur M. Poutine en raison de leur capacité à réduire l’offre de
pétrole et à faire monter les prix … Le moindre signe d’affaiblissement du
soutien que la Russie apporte à M. Assad pourrait indiquer que la récente
agitation du marché du pétrole a un impact sur la gouvernance mondiale …
L’effet de
levier de l’Arabie saoudite dépend de l’importance que Moscou attache à la
baisse de ses revenus pétroliers. « Si sa situation est si grave que les
Russes ont besoin d’un accord pétrolier tout de suite, alors les Saoudiens sont
dans une bonne position pour leur faire payer un prix géopolitique aussi »,
a déclaré F. Gregory Gause III, un spécialiste du Moyen-Orient de l’école de
gouvernement et de service publique Texas A & Bush (« Le pétrole
saoudien est considéré comme un moyen de pression pour forcer la Russie à
cesser de soutenir le Syrien Assad », New York Times).
Les Saoudiens « pensent donc
qu’ils ont une certaine influence sur M. Poutine en raison de leur
capacité » à manipuler les prix?
Tout est dit, n’est-ce pas?
Ce qui est intéressant dans cet
article c’est la façon dont il contredit des articles précédents du Times. Par
exemple, il y a seulement deux semaines, dans un article intitulé « Qui
dominera le marché du pétrole? », l’auteur ne voyait aucune raison d’ordre
politique à l’action de l’Arabie. Selon lui, les Saoudiens avaient juste peur
« de perdre des parts de marché de façon permanente » s’ils
réduisaient la production et maintenaient les prix élevés. Le Times a fait
maintenant volte-face et rejoint les soi-disant fous de la conspiration qui
disent que les prix ont été manipulés pour des raisons politiques. En fait, la
chute brutale des prix n’avait rien à voir avec les pressions déflationnistes,
la dynamique de l’offre et de la demande ou d’autres forces mystérieuses du
marché. C’était de la politique à 100 %.
L’attaque sur le rouble était tout
aussi politique, bien que ses péripéties soient beaucoup plus sommaires. Il y a
une interview d’Alistair Crooke qui intéressera ceux qui se demandent comment
la » domination tout azimut » du Pentagone s’applique à la guerre
financière. Selon Crooke:
« …
Avec l’Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle ère: Nous assistons à un
conflit géostratégique de première importance qui est en réalité une guerre
géo-financière entre les États-Unis et la Russie. Nous avons l’effondrement des
prix du pétrole; nous avons les guerres de devises; nous avons le
« court-circuit » artificiel – la vente à découvert – du rouble. Nous
avons bien une guerre géo-financière, et la première conséquence de cette
guerre géo-financière, c’est la formation d’une alliance étroite entre la
Russie et la Chine.
La Chine a
compris que la Russie était le premier domino; si la Russie tombe, la Chine
suivra. Ces deux états sont en train de créer ensemble un système financier
parallèle, détaché du système financier occidental.
Depuis
quelque temps, l’ordre international est structuré autour de l’Organisation des
Nations Unies et du corpus du droit international, mais l’Occident a de plus en
plus tendance à contourner les Nations Unies, qui est pourtant l’institution
destinée à maintenir l’ordre international, et à recourir plutôt aux sanctions
économiques pour faire pression sur certains pays. Nous avons un système
financier basé sur le dollar, et en se servant du fait qu’ils contrôlent toutes
les transactions en dollars, les États-Unis ont réussi à contourner les vieux
outils de la diplomatie et l’ONU – pour atteindre leurs objectifs.
De fait, ce
monopole de la monnaie de réserve est devenu l’unique outil des États-Unis –
jusqu’à remplacer l’action multilatérale de l’ONU. Les États-Unis revendiquent
le contrôle juridique de toutes les transactions libellées en dollars partout
dans le monde. Et la plupart des transactions internationales commerciales ou
autres sont libellés en dollars. C’est ce qu’on appelle la financiarisation de
l’ordre mondial: L’ordre international dépend davantage aujourd’hui du contrôle
exercé par le Trésor américain et la Réserve fédérale que de l’ONU »
(« La Turquie pourrait devenir l’otage de ISIL tout comme le Pakistan
avant lui », Today’s Zaman).
La guerre financière, la guerre
asymétrique, la guerre de quatrième génération, la guerre de l’espace, la
guerre de l’information, la guerre nucléaire, la guerre au laser, chimique et
biologique : Les États-Unis ont élargi leur arsenal bien au-delà de la
gamme traditionnelle des armes conventionnelles. Leur but, bien sûr, est de
préserver l’ordre mondial post-1991 (date de la dissolution de l’Union
soviétique) et de maintenir leur domination absolue. L’émergence d’un ordre
mondial multipolaire dirigé par Moscou menace gravement l’hégémonie de
Washington. Le premier affrontement d’importance entre ces deux visions
concurrentes du monde aura probablement lieu cet été dans l’est de l’Ukraine.
Que Dieu nous vienne en aide !
Note : Les Forces armées de Novorussie (NAF) tiennent
actuellement 8 000 soldats de l’armée régulière ukrainienne encerclés à
Debaltsevo, dans l’est de l’Ukraine. C’est très important, bien que les médias
(de manière prévisible) aient pris soin de ne pas en faire de grands titres.
Des corridors d’évacuation ont été
ouverts pour permettre aux civils de quitter la zone. Les combats pourraient
éclater à tout moment. À l’heure actuelle, il semble qu’une bonne partie de
l’armée nazie de Kiev pourrait être détruite d’un seul coup d’un seul. C’est
pourquoi Merkel et Hollande ont pris l’avion pour Moscou pour discuter
d’urgence avec Poutine. La paix ne les intéresse pas le moins du monde. Ce
qu’iIs veulent, c’est tout simplement sauver leur armée par procuration de
l’anéantissement.
Je pense que Poutine va intervenir
en faveur des soldats ukrainiens, mais le commandant Zakharchenko refusera sans
doute. S’il laisse ces soldats sortir du chaudron maintenant, quelle assurance
a-t-il qu’ils ne seront pas de retour dans un mois ou deux avec des armes
ultraperfectionnées fournies par nos va-t-en guerre du congrès et de la Maison
Blanche?
Alors dîtes-moi : quel choix
Zakharchenko a-t-il réellement? Si ses camarades sont tués dans de futurs
combats parce qu’il a laissé l’armée de Kiev s’échapper, à qui pourra-t-il en
vouloir sinon à lui-même?
Il n’y a pas de bon choix.
Mike WHITNEY, CounterpunchTraduction :
Dominique Muselet
Lien :
http://www.counterpunch.org/2015/02/06/the-fallujah-option-for-east-ukraine/
Les informations concernant la présence en Ukraine des unités
régulières de l’armée russe c’est de la pure propagande, a déclaré
l’ancien président du comité militaire de l’OTAN Harald Kujat lors d’une
émission en direct à la télévision allemande. Si elles s’y trouvaient
réellement, a-t-il ajouté, la guerre serait terminée en 48h.
La transcription du texte de l’émission (à partir du russe) :
« Je voudrais rappeler ce qu’on entent constamment de la partie
allemande et européenne. C’est-à-dire que le conflit ukrainien ne
pourrait pas être résolu militairement. Monsieur Kujat peut-on affirmer
que du point de vue russe, une telle solution existe évidemment ?
Poutine est content de l’évolution des évènements, et il a réussi
militairement parlant. Qui pourrait le retenir sur cette voie ?
HARALD KUJAT : Plus exactement, c’est l’Occident qui ne dispose pas
d’une solution militaire. On ne peut pas gagner cette guerre. Si bien
sûr on est aussi bête pour nous faire embarquer dans cette guerre. On la
perdra et ce sera une terrible catastrophe.
Pour la Russie la situation est toute autre. La Russie pourrait
résoudre ce conflit militairement. Et il faut le dire. Pour l’instant
Poutine se comporte avec beaucoup de mesure. Il se peut que ce soit
temporaire, je n’en sais rien. Je pense personne ne le sait.
Si la Russie l’avait voulu, cette guerre serait finie en 48h. Je crois il faut le dire clairement.
Serait finie par le recul de Poutine ou par son offensive sur Kiev ?
HARALD KUJAT : Non, il n’a pas besoin d’aller sur Kiev. Il a bien dit
que s’il voulait, il serait à Kiev dans 15 jours. Et je préfère vous
dire que les délais sont bien exagérés : il serait à Kiev dans 5-6
jours. Et le conflit à l’est de l’Ukraine serait terminé en 48h. Nous
entendons constamment de partout que soi disant une armée régulière
russe y est employée. Le président ukrainien en parle encore plus
souvent.
Je ne dispose pas d’information qui le confirmerait. Je voudrais
attirer votre attention sur le fait qu’il y a deux jours – le 30 janvier
– le chef de l’état-major général de l’Ukraine a déclaré qu’ils ne
menaient pas de combats avec l’armée régulière russe.
Evidemment, il y a des soldats russes. Isolés. Évidemment la Russie soutient ce conflit avec des armes lourdes.
Nous avons tous vu Porochenko montrer devant les caméras des
passeports russes pour prouver ainsi qu’il y a des soldats russes
là-bas.
HARALD KUJAT : Ce sont des passeports des soldats isolés, mais ce ne
sont pas des passeports des unités russes régulières. Je considère que
nous devons faire la part des choses. Bien sûr, les soldats russes y
prennent part… Peu importe comment. Qu’ils soient en congés ou quoi
qu’on en dise. Mais s’il y avait eu une armée régulière russe, le
conflit serait terminé sous 48 h. Il faut bien le comprendre.
Tout le reste qu’on entend n’est que de la propagande. Des deux côtés.
Source – DAS ERSTE
L’option Fallouja pour l’Ukraine de l’est
Mike WHITNEY, Counterpunch«Je veux lancer un appel au peuple ukrainien, aux mères, aux pères, aux sœurs et aux grands-parents : Cessez d’envoyer vos fils et frères au massacre, un massacre inutile et sans merci. Les intérêts du gouvernement ukrainien ne sont pas les vôtres. Je vous en supplie: Reprenez vos esprits. Vous n’êtes pas obligés d’arroser les champs du Donbass avec le sang ukrainien. Ça n’en vaut pas la peine. »
Alexander Zakharchenko, Premier ministre de la République populaire de Donetsk
Washington a besoin d’une guerre en Ukraine pour atteindre ses objectifs stratégiques. On ne le dira jamais assez.
Les États-Unis veulent faire avancer l’OTAN jusqu’à la frontière occidentale de la Russie. Ils veulent un pont terrestre vers l’Asie pour multiplier les bases militaires étatsuniennes sur tout le continent. Ils veulent contrôler les couloirs de pipelines de la Russie vers l’Europe pour contrôler les revenus de Moscou et s’assurer que le gaz continue d’être négocié en dollars. Et ils veulent une Russie affaiblie et instable qui sera plus vulnérable au changement de régime, à la fragmentation et, finalement, au contrôle étranger. Ces objectifs ne peuvent être atteints pacifiquement, et de fait, si les combats cessaient demain, les sanctions seraient levées peu après et l’économie russe rebondirait. Cela serait-il profitable à Washington?
Bien sûr que non. Cela saperait le plan plus vaste de Washington qui est d’intégrer la Chine et la Russie dans le système économique dominant, le système du dollar. Les éminences grises étatsuniennes se rendent compte que si le système actuel ne peut pas se développer, il s’effondrera. Si la Chine et la Russie ne sont pas mises au pas et convaincues d’accepter un rôle subalterne dans l’ordre mondial mené par les Etats-Unis, Washington perdra sa position de puissance hégémonique mondiale.
C’est la raison pour laquelle les hostilités dans l’Est Ukraine s’intensifient et vont continuer à s’intensifier. C’est la raison pour laquelle le Congrès américain a voté des sanctions plus sévères contre le secteur énergétique russe ainsi que l’envoi d’armes létales à l’armée ukrainienne. C’est la raison pour laquelle Washington a envoyé des instructeurs militaires en Ukraine et se prépare à fournir 3 milliards de dollars de « missiles anti-blindés, de drones de reconnaissance, de blindés Humvees, et de radars capables de repérer l’emplacement des roquettes et de l’artillerie ennemies. » Toutes les actions de Washington n’ont qu’un seul but : intensifier la lutte et intensifier le conflit. Les lourdes pertes subies par l’armée inexpérimentée de l’Ukraine et les terribles souffrances des civils de Lougansk et Donetsk n’ont aucun intérêt pour les stratèges américains. Leur travail est d’éviter la paix à tout prix parce que la paix ferait dérailler le projet américain de pivoter vers l’Asie et de rester la seule superpuissance au monde. Voici un extrait d’un article de WSWS:
« L’objectif ultime des États-unienne et ses alliés est de réduire la Russie à une semi-colonie misérable. Cette stratégie, historiquement associée au conseiller à la Sécurité Nationale de l’administration Carter, Zbigniew Brzezinski, National Security Advisor, est à nouveau à l’honneur.
Dans un discours prononcé l’an dernier au Centre Wilson, Brzezinski a appelé Washington à fournir à Kiev des « armes spécialement conçues pour permettre aux Ukrainiens de s’engager dans une guérilla urbaine de résistance. » Conformément à la politique actuellement prônée par l’Institut Brookings et d’autres think tanks qui appellent à armer le régime de Kiev, Brzezinski a appelé à fournir des « armes antichars … des armes appropriées au close-combat urbain. »
La stratégie définie par Brzezinski est certes criminelle d’un point de vue politique – du fait qu’elle piège la Russie dans une guerre urbaine ethnique en Ukraine qui menacerait de mort des millions, sinon des milliards de personnes – mais le fait est qu’elle est parfaitement conforme à la politique qu’il prône contre la Russie depuis des décennies. » (« L’armement américain de l’Ukraine et le danger d’une troisième guerre mondiale », World Socialist Web Site)
L’aide militaire non létale entraînera inévitablement l’aide létale, les armes sophistiquées, les zones d’exclusion aérienne, l’assistance secrète, les milices privées, les opérations spéciales et les bottes sur le terrain. Nous connaissons déjà tout ça. La population étatsunienne ne s’oppose pas à la guerre, il n’y a pas de mouvement anti-guerre en mesure de paralyser les villes, déclencher une grève générale ou remettre en question le statu quo. Il n’y a donc aucun moyen d’enrayer le bellicisme galopant. Les médias et la classe politique ont donné carte blanche à Obama, il peut poursuivre la guerre comme il veut. Cela augmente la probabilité d’une guerre plus large, cet été après la fonte des neiges.
Bien qu’on ne puisse exclure la possibilité d’une conflagration nucléaire, cela n’affectera pas le projet étatsunien pour le futur proche. Personne ne pense que Poutine va déclencher une guerre nucléaire pour protéger le Donbass, ce qui enlève toute force dissuasive à cette arme.
Et Washington ne s’inquiète pas non plus des coûts. Malgré l’échec des interventions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et dans une demi-douzaine d’autres pays à travers le monde, les actions américaines montent encore, les investissements étrangers dans les bons du Trésor américain atteignent des records, l’économie des Etats-Unis croît à un rythme supérieur à tous ses concurrents, et le dollar a grimpé d’un impressionnant 13 % face à un panier de devises étrangères depuis juin dernier. Ça n’a rien coûté à l’Amérique de détruire de larges pans de la planète et de tuer plus d’un million de personnes. Pourquoi s’arrêteraient-ils maintenant?
Ils ne s’arrêteront pas, et c’est la raison pour laquelle les combats en Ukraine vont s’intensifier. Voyez ce que dit WSWS:
« Lundi, le New York Times a annoncé que l’administration Obama allait armer directement l’armée ukrainienne et les milices fascistes qui soutiennent le régime de Kiev lui-même soutenu par l’OTAN, après les récents revers que ce régime vient de subir dans la guerre qu’il mène contre les forces séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
L’article cite un rapport publié conjointement, lundi, par l’Institut Brookings, le Conseil Atlantique et le Conseil de Chicago sur les affaires mondiales, et remis au président Obama, qui conseille la Maison Blanche et l’OTAN sur la meilleure manière d’intensifier la guerre en Ukraine ….
Selon le Times, les responsables américains se rallient tous aux propositions du rapport. Le commandant de l’OTAN en Europe, le général Philip M. Breedlove, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef d’état-major des armées des États-Unis le général Martin Dempsey soutiennent tous la proposition d‘armer Kiev. La conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, est en train de reconsidérer son opposition à la fourniture d’armes à Kiev, ce qui permettra à Obama d’en faire autant. » ( » Washington s’apprête à armer le régime ukrainien « , World Socialist Web Site).
Vous voyez ce qui est en train de se passer? Les dés sont déjà jetés. Il y aura une guerre avec la Russie parce que c’est ce que l’establishment politique veut. C’est aussi simple que cela. Et tandis que les provocations précédentes n’ont pas réussi à attirer Poutine dans le chaudron ukrainien, cette nouvelle vague de violence – l’offensive printanière – y parviendra sûrement. Poutine ne va pas rester les bras croisés pendant que les suppléants des États-Unis réduisent le Donbass en ruines façon Fallouja avec les armes et la logistique étatsuniennes. Il fera ce que tout leader responsable doit faire. Il protégera son peuple. Cela signifie la guerre. (Voir les immenses dégâts que la guerre par procuration d’Obama a déjà causés en Ukraine de l’Est, ici : “Un aperçu de la situation socio-humanitaire sur le territoire de la République populaire de Donetsk à la suite des opérations militaires du 17 au 23 Janvier 2015“).
Guerre asymétrique: la chute des prix du pétrole
Gardez à l’esprit que l’économie russe a déjà souffert des sanctions économiques, de la manipulation du prix du pétrole, et de la brutale attaque contre le rouble. Jusqu’à cette semaine, les médias grand public rejetaient l’idée que les Saoudiens faisaient délibérément chuter les prix du pétrole pour nuire à la Russie. Ils disaient que les Saoudiens cherchaient simplement à conserver leur « part de marché » en maintenant les mêmes niveaux de production et en laisser les prix baisser naturellement. Mais tout cela était de la foutaise et le New York Times l’a finalement reconnu mardi dans un article intitulé: « Le pétrole saoudien est un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le président syrien, Assad ». Voici un extrait de l’article:
« L’Arabie saoudite a tenté de faire pression sur le président Vladimir V. Poutine de Russie pour qu’il renonce à soutenir le président Bachar al-Assad de Syrie, en se servant de sa position dominante sur les marchés mondiaux du pétrole au moment où le gouvernement russe souffre des conséquences de la chute des prix du pétrole …
Des officiels saoudiens disent – et c’est ce qu’ils ont dit aux États-Unis – qu’ils peuvent peser sur M. Poutine en raison de leur capacité à réduire l’offre de pétrole et à faire monter les prix … Le moindre signe d’affaiblissement du soutien que la Russie apporte à M. Assad pourrait indiquer que la récente agitation du marché du pétrole a un impact sur la gouvernance mondiale …
L’effet de levier de l’Arabie saoudite dépend de l’importance que Moscou attache à la baisse de ses revenus pétroliers. « Si sa situation est si grave que les Russes ont besoin d’un accord pétrolier tout de suite, alors les Saoudiens sont dans en bonne position pour leur faire payer un prix géopolitique aussi », a déclaré F. Gregory Gause III, un spécialiste du Moyen-Orient de l’école de gouvernement et de service publique Texas A & Bush (« Le pétrole saoudien est considéré comme un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le Syrien Assad », New York Times).
Les Saoudiens « pensent donc qu’ils ont une certaine influence sur M. Poutine en raison de leur capacité » à manipuler les prix?
Tout est dit, n’est-ce pas?
Ce qui est intéressant dans cet article c’est la façon dont il contredit des articles précédents du Times. Par exemple, il y a seulement deux semaines, dans un article intitulé « Qui dominera le marché du pétrole? », l’auteur ne voyait aucune raison d’ordre politique à l’action de l’Arabie. Selon lui, les Saoudiens avaient juste peur « de perdre des parts de marché de façon permanente » s’ils réduisaient la production et maintenaient les prix élevés. Le Times a fait maintenant volte-face et rejoint les soi-disant fous de la conspiration qui disent que les prix ont été manipulés pour des raisons politiques. En fait, la chute brutale des prix n’avait rien à voir avec les pressions déflationnistes, la dynamique de l’offre et de la demande ou d’autres forces mystérieuses du marché. C’était de la politique à 100 %.
L’attaque sur le rouble était tout aussi politique, bien que ses péripéties soient beaucoup plus sommaires. Il y a une interview d’Alistair Crooke qui intéressera ceux qui se demandent comment la » domination tous azimuth » du Pentagone s’applique à la guerre financière. Selon Crooke:
« … Avec l’Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle ère: Nous assistons à un conflit géostratégique de première importance qui est en réalité une guerre géo-financière entre les Etats-Unis et la Russie. Nous avons l’effondrement des prix du pétrole; nous avons les guerres de devises; nous avons le « court-circuit » artificiel – la vente à découvert – du rouble. Nous avons bien une guerre géo-financière, et la première conséquence de cette guerre géo-financière, c’est la formation d’une alliance étroite entre la Russie et la Chine.
La Chine a compris que la Russie était le premier domino; si la Russie tombe, la Chine suivra. Ces deux états sont en train de créer ensemble un système financier parallèle, détaché du système financier occidental.
Depuis quelque temps, l’ordre international est structuré autour de l’Organisation des Nations Unies et du corpus du droit international, mais l’Occident a de plus en plus tendance à contourner les Nations Unies, qui est pourtant l’institution destinée à maintenir l’ordre international, et à recourir plutôt aux sanctions économiques pour faire pression sur certains pays. Nous avons un système financier basé sur le dollar, et en se servant du fait qu’ils contrôlent toutes les transactions en dollars, les États-Unis ont réussi à contourner les vieux outils de la diplomatie et l’ONU – pour atteindre leurs objectifs.
De fait, ce monopole de la monnaie de réserve est devenu l’unique outil des États-Unis – jusqu’à remplacer l’action multilatérale de l’ONU. Les États-Unis revendiquent le contrôle juridique de toutes les transactions libellées en dollars partout dans le monde. Et la plupart des transactions internationales commerciales ou autres sont libellés en dollars. C’est ce qu’on appelle la financiarisation de l’ordre mondial: L’ordre international dépend davantage aujourd’hui du contrôle exercé par le Trésor américain et la Réserve fédérale que de l’ONU » (« La Turquie pourrait devenir l’otage de ISIL tout comme le Pakistan avant lui », Today’s Zaman).
La guerre financière, la guerre asymétrique, la guerre de quatrième génération, la guerre de l’espace, la guerre de l’information, la guerre nucléaire, la guerre au laser, chimique et biologique : Les États-Unis ont élargi leur arsenal bien au-delà de la gamme traditionnelle des armes conventionnelles. Leur but, bien sûr, est de préserver l’ordre mondial post-1991 (date de la dissolution de l’Union soviétique) et de maintenir leur domination absolue. L’émergence d’un ordre mondial multipolaire dirigé par Moscou menace gravement l’hégémonie de Washington. Le premier affrontement d’importance entre ces deux visions concurrentes du monde aura probablement lieu cet été dans l’est de l’Ukraine. Que Dieu nous vienne en aide !
Note : Les Forces armées de Novorussie (NAF) tiennent actuellement 8 000 soldats de l’armée régulière ukrainienne encerclés à Debaltsevo, dans l’est de l’Ukraine. C’est très important, bien que les médias (de manière prévisible) aient pris soin de ne pas en faire de grands titres.
Des corridors d’évacuation ont été ouverts pour permettre aux civils de quitter la zone. Les combats pourraient éclater à tout moment. À l’heure actuelle, il semble qu’une bonne partie de l’armée nazie de Kiev pourrait être détruite d’un seul coup d’un seul. C’est pourquoi Merkel et Hollande ont pris l’avion pour Moscou pour discuter d’urgence avec Poutine. La paix ne les intéresse pas le moins du monde. Ce qu’iIs veulent, c’est tout simplement sauver leur armée par procuration de l’anéantissement.
Je pense que Poutine va intervenir en faveur des soldats ukrainiens, mais le commandant Zakharchenko refusera sans doute. S’il laisse ces soldats sortir du chaudron maintenant, quelle assurance a-t-il qu’ils ne seront pas de retour dans un mois ou deux avec des armes ultraperfectionnées fournies par nos va-t-en guerre du congrès et de la Maison Blanche?
Alors dîtes-moi : quel choix Zakharchenko a-t-il réellement? Si ses camarades sont tués dans de futurs combats parce qu’il a laissé l’armée de Kiev s’échapper, à qui pourra-t-il en vouloir sinon à lui-même?
Il n’y a pas de bon choix.
Allez voir ici pour les mises à jour : Ukraine SITREP: *extremely* dangerous situation in Debaltsevo
Traduction : Dominique Muselet
Lien : http://www.counterpunch.org/2015/02/06/the-fallujah-option-for-east-ukraine/
- See more at: http://www.oulala.info/2015/02/la-vraie-raison-pour-laquelle-washington-se-sent-menace-par-moscou/#sthash.9bPLPLjp.dpuf
L’option Fallouja pour l’Ukraine de l’est
Mike WHITNEY, Counterpunch«Je veux lancer un appel au peuple ukrainien, aux mères, aux pères, aux sœurs et aux grands-parents : Cessez d’envoyer vos fils et frères au massacre, un massacre inutile et sans merci. Les intérêts du gouvernement ukrainien ne sont pas les vôtres. Je vous en supplie: Reprenez vos esprits. Vous n’êtes pas obligés d’arroser les champs du Donbass avec le sang ukrainien. Ça n’en vaut pas la peine. »
Alexander Zakharchenko, Premier ministre de la République populaire de Donetsk
Washington a besoin d’une guerre en Ukraine pour atteindre ses objectifs stratégiques. On ne le dira jamais assez.
Les États-Unis veulent faire avancer l’OTAN jusqu’à la frontière occidentale de la Russie. Ils veulent un pont terrestre vers l’Asie pour multiplier les bases militaires étatsuniennes sur tout le continent. Ils veulent contrôler les couloirs de pipelines de la Russie vers l’Europe pour contrôler les revenus de Moscou et s’assurer que le gaz continue d’être négocié en dollars. Et ils veulent une Russie affaiblie et instable qui sera plus vulnérable au changement de régime, à la fragmentation et, finalement, au contrôle étranger. Ces objectifs ne peuvent être atteints pacifiquement, et de fait, si les combats cessaient demain, les sanctions seraient levées peu après et l’économie russe rebondirait. Cela serait-il profitable à Washington?
Bien sûr que non. Cela saperait le plan plus vaste de Washington qui est d’intégrer la Chine et la Russie dans le système économique dominant, le système du dollar. Les éminences grises étatsuniennes se rendent compte que si le système actuel ne peut pas se développer, il s’effondrera. Si la Chine et la Russie ne sont pas mises au pas et convaincues d’accepter un rôle subalterne dans l’ordre mondial mené par les Etats-Unis, Washington perdra sa position de puissance hégémonique mondiale.
C’est la raison pour laquelle les hostilités dans l’Est Ukraine s’intensifient et vont continuer à s’intensifier. C’est la raison pour laquelle le Congrès américain a voté des sanctions plus sévères contre le secteur énergétique russe ainsi que l’envoi d’armes létales à l’armée ukrainienne. C’est la raison pour laquelle Washington a envoyé des instructeurs militaires en Ukraine et se prépare à fournir 3 milliards de dollars de « missiles anti-blindés, de drones de reconnaissance, de blindés Humvees, et de radars capables de repérer l’emplacement des roquettes et de l’artillerie ennemies. » Toutes les actions de Washington n’ont qu’un seul but : intensifier la lutte et intensifier le conflit. Les lourdes pertes subies par l’armée inexpérimentée de l’Ukraine et les terribles souffrances des civils de Lougansk et Donetsk n’ont aucun intérêt pour les stratèges américains. Leur travail est d’éviter la paix à tout prix parce que la paix ferait dérailler le projet américain de pivoter vers l’Asie et de rester la seule superpuissance au monde. Voici un extrait d’un article de WSWS:
« L’objectif ultime des États-unienne et ses alliés est de réduire la Russie à une semi-colonie misérable. Cette stratégie, historiquement associée au conseiller à la Sécurité Nationale de l’administration Carter, Zbigniew Brzezinski, National Security Advisor, est à nouveau à l’honneur.
Dans un discours prononcé l’an dernier au Centre Wilson, Brzezinski a appelé Washington à fournir à Kiev des « armes spécialement conçues pour permettre aux Ukrainiens de s’engager dans une guérilla urbaine de résistance. » Conformément à la politique actuellement prônée par l’Institut Brookings et d’autres think tanks qui appellent à armer le régime de Kiev, Brzezinski a appelé à fournir des « armes antichars … des armes appropriées au close-combat urbain. »
La stratégie définie par Brzezinski est certes criminelle d’un point de vue politique – du fait qu’elle piège la Russie dans une guerre urbaine ethnique en Ukraine qui menacerait de mort des millions, sinon des milliards de personnes – mais le fait est qu’elle est parfaitement conforme à la politique qu’il prône contre la Russie depuis des décennies. » (« L’armement américain de l’Ukraine et le danger d’une troisième guerre mondiale », World Socialist Web Site)
L’aide militaire non létale entraînera inévitablement l’aide létale, les armes sophistiquées, les zones d’exclusion aérienne, l’assistance secrète, les milices privées, les opérations spéciales et les bottes sur le terrain. Nous connaissons déjà tout ça. La population étatsunienne ne s’oppose pas à la guerre, il n’y a pas de mouvement anti-guerre en mesure de paralyser les villes, déclencher une grève générale ou remettre en question le statu quo. Il n’y a donc aucun moyen d’enrayer le bellicisme galopant. Les médias et la classe politique ont donné carte blanche à Obama, il peut poursuivre la guerre comme il veut. Cela augmente la probabilité d’une guerre plus large, cet été après la fonte des neiges.
Bien qu’on ne puisse exclure la possibilité d’une conflagration nucléaire, cela n’affectera pas le projet étatsunien pour le futur proche. Personne ne pense que Poutine va déclencher une guerre nucléaire pour protéger le Donbass, ce qui enlève toute force dissuasive à cette arme.
Et Washington ne s’inquiète pas non plus des coûts. Malgré l’échec des interventions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et dans une demi-douzaine d’autres pays à travers le monde, les actions américaines montent encore, les investissements étrangers dans les bons du Trésor américain atteignent des records, l’économie des Etats-Unis croît à un rythme supérieur à tous ses concurrents, et le dollar a grimpé d’un impressionnant 13 % face à un panier de devises étrangères depuis juin dernier. Ça n’a rien coûté à l’Amérique de détruire de larges pans de la planète et de tuer plus d’un million de personnes. Pourquoi s’arrêteraient-ils maintenant?
Ils ne s’arrêteront pas, et c’est la raison pour laquelle les combats en Ukraine vont s’intensifier. Voyez ce que dit WSWS:
« Lundi, le New York Times a annoncé que l’administration Obama allait armer directement l’armée ukrainienne et les milices fascistes qui soutiennent le régime de Kiev lui-même soutenu par l’OTAN, après les récents revers que ce régime vient de subir dans la guerre qu’il mène contre les forces séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
L’article cite un rapport publié conjointement, lundi, par l’Institut Brookings, le Conseil Atlantique et le Conseil de Chicago sur les affaires mondiales, et remis au président Obama, qui conseille la Maison Blanche et l’OTAN sur la meilleure manière d’intensifier la guerre en Ukraine ….
Selon le Times, les responsables américains se rallient tous aux propositions du rapport. Le commandant de l’OTAN en Europe, le général Philip M. Breedlove, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef d’état-major des armées des États-Unis le général Martin Dempsey soutiennent tous la proposition d‘armer Kiev. La conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, est en train de reconsidérer son opposition à la fourniture d’armes à Kiev, ce qui permettra à Obama d’en faire autant. » ( » Washington s’apprête à armer le régime ukrainien « , World Socialist Web Site).
Vous voyez ce qui est en train de se passer? Les dés sont déjà jetés. Il y aura une guerre avec la Russie parce que c’est ce que l’establishment politique veut. C’est aussi simple que cela. Et tandis que les provocations précédentes n’ont pas réussi à attirer Poutine dans le chaudron ukrainien, cette nouvelle vague de violence – l’offensive printanière – y parviendra sûrement. Poutine ne va pas rester les bras croisés pendant que les suppléants des États-Unis réduisent le Donbass en ruines façon Fallouja avec les armes et la logistique étatsuniennes. Il fera ce que tout leader responsable doit faire. Il protégera son peuple. Cela signifie la guerre. (Voir les immenses dégâts que la guerre par procuration d’Obama a déjà causés en Ukraine de l’Est, ici : “Un aperçu de la situation socio-humanitaire sur le territoire de la République populaire de Donetsk à la suite des opérations militaires du 17 au 23 Janvier 2015“).
Guerre asymétrique: la chute des prix du pétrole
Gardez à l’esprit que l’économie russe a déjà souffert des sanctions économiques, de la manipulation du prix du pétrole, et de la brutale attaque contre le rouble. Jusqu’à cette semaine, les médias grand public rejetaient l’idée que les Saoudiens faisaient délibérément chuter les prix du pétrole pour nuire à la Russie. Ils disaient que les Saoudiens cherchaient simplement à conserver leur « part de marché » en maintenant les mêmes niveaux de production et en laisser les prix baisser naturellement. Mais tout cela était de la foutaise et le New York Times l’a finalement reconnu mardi dans un article intitulé: « Le pétrole saoudien est un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le président syrien, Assad ». Voici un extrait de l’article:
« L’Arabie saoudite a tenté de faire pression sur le président Vladimir V. Poutine de Russie pour qu’il renonce à soutenir le président Bachar al-Assad de Syrie, en se servant de sa position dominante sur les marchés mondiaux du pétrole au moment où le gouvernement russe souffre des conséquences de la chute des prix du pétrole …
Des officiels saoudiens disent – et c’est ce qu’ils ont dit aux États-Unis – qu’ils peuvent peser sur M. Poutine en raison de leur capacité à réduire l’offre de pétrole et à faire monter les prix … Le moindre signe d’affaiblissement du soutien que la Russie apporte à M. Assad pourrait indiquer que la récente agitation du marché du pétrole a un impact sur la gouvernance mondiale …
L’effet de levier de l’Arabie saoudite dépend de l’importance que Moscou attache à la baisse de ses revenus pétroliers. « Si sa situation est si grave que les Russes ont besoin d’un accord pétrolier tout de suite, alors les Saoudiens sont dans en bonne position pour leur faire payer un prix géopolitique aussi », a déclaré F. Gregory Gause III, un spécialiste du Moyen-Orient de l’école de gouvernement et de service publique Texas A & Bush (« Le pétrole saoudien est considéré comme un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le Syrien Assad », New York Times).
Les Saoudiens « pensent donc qu’ils ont une certaine influence sur M. Poutine en raison de leur capacité » à manipuler les prix?
Tout est dit, n’est-ce pas?
Ce qui est intéressant dans cet article c’est la façon dont il contredit des articles précédents du Times. Par exemple, il y a seulement deux semaines, dans un article intitulé « Qui dominera le marché du pétrole? », l’auteur ne voyait aucune raison d’ordre politique à l’action de l’Arabie. Selon lui, les Saoudiens avaient juste peur « de perdre des parts de marché de façon permanente » s’ils réduisaient la production et maintenaient les prix élevés. Le Times a fait maintenant volte-face et rejoint les soi-disant fous de la conspiration qui disent que les prix ont été manipulés pour des raisons politiques. En fait, la chute brutale des prix n’avait rien à voir avec les pressions déflationnistes, la dynamique de l’offre et de la demande ou d’autres forces mystérieuses du marché. C’était de la politique à 100 %.
L’attaque sur le rouble était tout aussi politique, bien que ses péripéties soient beaucoup plus sommaires. Il y a une interview d’Alistair Crooke qui intéressera ceux qui se demandent comment la » domination tous azimuth » du Pentagone s’applique à la guerre financière. Selon Crooke:
« … Avec l’Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle ère: Nous assistons à un conflit géostratégique de première importance qui est en réalité une guerre géo-financière entre les Etats-Unis et la Russie. Nous avons l’effondrement des prix du pétrole; nous avons les guerres de devises; nous avons le « court-circuit » artificiel – la vente à découvert – du rouble. Nous avons bien une guerre géo-financière, et la première conséquence de cette guerre géo-financière, c’est la formation d’une alliance étroite entre la Russie et la Chine.
La Chine a compris que la Russie était le premier domino; si la Russie tombe, la Chine suivra. Ces deux états sont en train de créer ensemble un système financier parallèle, détaché du système financier occidental.
Depuis quelque temps, l’ordre international est structuré autour de l’Organisation des Nations Unies et du corpus du droit international, mais l’Occident a de plus en plus tendance à contourner les Nations Unies, qui est pourtant l’institution destinée à maintenir l’ordre international, et à recourir plutôt aux sanctions économiques pour faire pression sur certains pays. Nous avons un système financier basé sur le dollar, et en se servant du fait qu’ils contrôlent toutes les transactions en dollars, les États-Unis ont réussi à contourner les vieux outils de la diplomatie et l’ONU – pour atteindre leurs objectifs.
De fait, ce monopole de la monnaie de réserve est devenu l’unique outil des États-Unis – jusqu’à remplacer l’action multilatérale de l’ONU. Les États-Unis revendiquent le contrôle juridique de toutes les transactions libellées en dollars partout dans le monde. Et la plupart des transactions internationales commerciales ou autres sont libellés en dollars. C’est ce qu’on appelle la financiarisation de l’ordre mondial: L’ordre international dépend davantage aujourd’hui du contrôle exercé par le Trésor américain et la Réserve fédérale que de l’ONU » (« La Turquie pourrait devenir l’otage de ISIL tout comme le Pakistan avant lui », Today’s Zaman).
La guerre financière, la guerre asymétrique, la guerre de quatrième génération, la guerre de l’espace, la guerre de l’information, la guerre nucléaire, la guerre au laser, chimique et biologique : Les États-Unis ont élargi leur arsenal bien au-delà de la gamme traditionnelle des armes conventionnelles. Leur but, bien sûr, est de préserver l’ordre mondial post-1991 (date de la dissolution de l’Union soviétique) et de maintenir leur domination absolue. L’émergence d’un ordre mondial multipolaire dirigé par Moscou menace gravement l’hégémonie de Washington. Le premier affrontement d’importance entre ces deux visions concurrentes du monde aura probablement lieu cet été dans l’est de l’Ukraine. Que Dieu nous vienne en aide !
Note : Les Forces armées de Novorussie (NAF) tiennent actuellement 8 000 soldats de l’armée régulière ukrainienne encerclés à Debaltsevo, dans l’est de l’Ukraine. C’est très important, bien que les médias (de manière prévisible) aient pris soin de ne pas en faire de grands titres.
Des corridors d’évacuation ont été ouverts pour permettre aux civils de quitter la zone. Les combats pourraient éclater à tout moment. À l’heure actuelle, il semble qu’une bonne partie de l’armée nazie de Kiev pourrait être détruite d’un seul coup d’un seul. C’est pourquoi Merkel et Hollande ont pris l’avion pour Moscou pour discuter d’urgence avec Poutine. La paix ne les intéresse pas le moins du monde. Ce qu’iIs veulent, c’est tout simplement sauver leur armée par procuration de l’anéantissement.
Je pense que Poutine va intervenir en faveur des soldats ukrainiens, mais le commandant Zakharchenko refusera sans doute. S’il laisse ces soldats sortir du chaudron maintenant, quelle assurance a-t-il qu’ils ne seront pas de retour dans un mois ou deux avec des armes ultraperfectionnées fournies par nos va-t-en guerre du congrès et de la Maison Blanche?
Alors dîtes-moi : quel choix Zakharchenko a-t-il réellement? Si ses camarades sont tués dans de futurs combats parce qu’il a laissé l’armée de Kiev s’échapper, à qui pourra-t-il en vouloir sinon à lui-même?
Il n’y a pas de bon choix.
Allez voir ici pour les mises à jour : Ukraine SITREP: *extremely* dangerous situation in Debaltsevo
Traduction : Dominique Muselet
Lien : http://www.counterpunch.org/2015/02/06/the-fallujah-option-for-east-ukraine/
- See more at: http://www.oulala.info/2015/02/la-vraie-raison-pour-laquelle-washington-se-sent-menace-par-moscou/#sthash.9bPLPLjp.dpuf
L’option Fallouja pour l’Ukraine de l’est
Mike WHITNEY, Counterpunch«Je veux lancer un appel au peuple ukrainien, aux mères, aux pères, aux sœurs et aux grands-parents : Cessez d’envoyer vos fils et frères au massacre, un massacre inutile et sans merci. Les intérêts du gouvernement ukrainien ne sont pas les vôtres. Je vous en supplie: Reprenez vos esprits. Vous n’êtes pas obligés d’arroser les champs du Donbass avec le sang ukrainien. Ça n’en vaut pas la peine. »
Alexander Zakharchenko, Premier ministre de la République populaire de Donetsk
Washington a besoin d’une guerre en Ukraine pour atteindre ses objectifs stratégiques. On ne le dira jamais assez.
Les États-Unis veulent faire avancer l’OTAN jusqu’à la frontière occidentale de la Russie. Ils veulent un pont terrestre vers l’Asie pour multiplier les bases militaires étatsuniennes sur tout le continent. Ils veulent contrôler les couloirs de pipelines de la Russie vers l’Europe pour contrôler les revenus de Moscou et s’assurer que le gaz continue d’être négocié en dollars. Et ils veulent une Russie affaiblie et instable qui sera plus vulnérable au changement de régime, à la fragmentation et, finalement, au contrôle étranger. Ces objectifs ne peuvent être atteints pacifiquement, et de fait, si les combats cessaient demain, les sanctions seraient levées peu après et l’économie russe rebondirait. Cela serait-il profitable à Washington?
Bien sûr que non. Cela saperait le plan plus vaste de Washington qui est d’intégrer la Chine et la Russie dans le système économique dominant, le système du dollar. Les éminences grises étatsuniennes se rendent compte que si le système actuel ne peut pas se développer, il s’effondrera. Si la Chine et la Russie ne sont pas mises au pas et convaincues d’accepter un rôle subalterne dans l’ordre mondial mené par les Etats-Unis, Washington perdra sa position de puissance hégémonique mondiale.
C’est la raison pour laquelle les hostilités dans l’Est Ukraine s’intensifient et vont continuer à s’intensifier. C’est la raison pour laquelle le Congrès américain a voté des sanctions plus sévères contre le secteur énergétique russe ainsi que l’envoi d’armes létales à l’armée ukrainienne. C’est la raison pour laquelle Washington a envoyé des instructeurs militaires en Ukraine et se prépare à fournir 3 milliards de dollars de « missiles anti-blindés, de drones de reconnaissance, de blindés Humvees, et de radars capables de repérer l’emplacement des roquettes et de l’artillerie ennemies. » Toutes les actions de Washington n’ont qu’un seul but : intensifier la lutte et intensifier le conflit. Les lourdes pertes subies par l’armée inexpérimentée de l’Ukraine et les terribles souffrances des civils de Lougansk et Donetsk n’ont aucun intérêt pour les stratèges américains. Leur travail est d’éviter la paix à tout prix parce que la paix ferait dérailler le projet américain de pivoter vers l’Asie et de rester la seule superpuissance au monde. Voici un extrait d’un article de WSWS:
« L’objectif ultime des États-unienne et ses alliés est de réduire la Russie à une semi-colonie misérable. Cette stratégie, historiquement associée au conseiller à la Sécurité Nationale de l’administration Carter, Zbigniew Brzezinski, National Security Advisor, est à nouveau à l’honneur.
Dans un discours prononcé l’an dernier au Centre Wilson, Brzezinski a appelé Washington à fournir à Kiev des « armes spécialement conçues pour permettre aux Ukrainiens de s’engager dans une guérilla urbaine de résistance. » Conformément à la politique actuellement prônée par l’Institut Brookings et d’autres think tanks qui appellent à armer le régime de Kiev, Brzezinski a appelé à fournir des « armes antichars … des armes appropriées au close-combat urbain. »
La stratégie définie par Brzezinski est certes criminelle d’un point de vue politique – du fait qu’elle piège la Russie dans une guerre urbaine ethnique en Ukraine qui menacerait de mort des millions, sinon des milliards de personnes – mais le fait est qu’elle est parfaitement conforme à la politique qu’il prône contre la Russie depuis des décennies. » (« L’armement américain de l’Ukraine et le danger d’une troisième guerre mondiale », World Socialist Web Site)
L’aide militaire non létale entraînera inévitablement l’aide létale, les armes sophistiquées, les zones d’exclusion aérienne, l’assistance secrète, les milices privées, les opérations spéciales et les bottes sur le terrain. Nous connaissons déjà tout ça. La population étatsunienne ne s’oppose pas à la guerre, il n’y a pas de mouvement anti-guerre en mesure de paralyser les villes, déclencher une grève générale ou remettre en question le statu quo. Il n’y a donc aucun moyen d’enrayer le bellicisme galopant. Les médias et la classe politique ont donné carte blanche à Obama, il peut poursuivre la guerre comme il veut. Cela augmente la probabilité d’une guerre plus large, cet été après la fonte des neiges.
Bien qu’on ne puisse exclure la possibilité d’une conflagration nucléaire, cela n’affectera pas le projet étatsunien pour le futur proche. Personne ne pense que Poutine va déclencher une guerre nucléaire pour protéger le Donbass, ce qui enlève toute force dissuasive à cette arme.
Et Washington ne s’inquiète pas non plus des coûts. Malgré l’échec des interventions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et dans une demi-douzaine d’autres pays à travers le monde, les actions américaines montent encore, les investissements étrangers dans les bons du Trésor américain atteignent des records, l’économie des Etats-Unis croît à un rythme supérieur à tous ses concurrents, et le dollar a grimpé d’un impressionnant 13 % face à un panier de devises étrangères depuis juin dernier. Ça n’a rien coûté à l’Amérique de détruire de larges pans de la planète et de tuer plus d’un million de personnes. Pourquoi s’arrêteraient-ils maintenant?
Ils ne s’arrêteront pas, et c’est la raison pour laquelle les combats en Ukraine vont s’intensifier. Voyez ce que dit WSWS:
« Lundi, le New York Times a annoncé que l’administration Obama allait armer directement l’armée ukrainienne et les milices fascistes qui soutiennent le régime de Kiev lui-même soutenu par l’OTAN, après les récents revers que ce régime vient de subir dans la guerre qu’il mène contre les forces séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
L’article cite un rapport publié conjointement, lundi, par l’Institut Brookings, le Conseil Atlantique et le Conseil de Chicago sur les affaires mondiales, et remis au président Obama, qui conseille la Maison Blanche et l’OTAN sur la meilleure manière d’intensifier la guerre en Ukraine ….
Selon le Times, les responsables américains se rallient tous aux propositions du rapport. Le commandant de l’OTAN en Europe, le général Philip M. Breedlove, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef d’état-major des armées des États-Unis le général Martin Dempsey soutiennent tous la proposition d‘armer Kiev. La conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, est en train de reconsidérer son opposition à la fourniture d’armes à Kiev, ce qui permettra à Obama d’en faire autant. » ( » Washington s’apprête à armer le régime ukrainien « , World Socialist Web Site).
Vous voyez ce qui est en train de se passer? Les dés sont déjà jetés. Il y aura une guerre avec la Russie parce que c’est ce que l’establishment politique veut. C’est aussi simple que cela. Et tandis que les provocations précédentes n’ont pas réussi à attirer Poutine dans le chaudron ukrainien, cette nouvelle vague de violence – l’offensive printanière – y parviendra sûrement. Poutine ne va pas rester les bras croisés pendant que les suppléants des États-Unis réduisent le Donbass en ruines façon Fallouja avec les armes et la logistique étatsuniennes. Il fera ce que tout leader responsable doit faire. Il protégera son peuple. Cela signifie la guerre. (Voir les immenses dégâts que la guerre par procuration d’Obama a déjà causés en Ukraine de l’Est, ici : “Un aperçu de la situation socio-humanitaire sur le territoire de la République populaire de Donetsk à la suite des opérations militaires du 17 au 23 Janvier 2015“).
Guerre asymétrique: la chute des prix du pétrole
Gardez à l’esprit que l’économie russe a déjà souffert des sanctions économiques, de la manipulation du prix du pétrole, et de la brutale attaque contre le rouble. Jusqu’à cette semaine, les médias grand public rejetaient l’idée que les Saoudiens faisaient délibérément chuter les prix du pétrole pour nuire à la Russie. Ils disaient que les Saoudiens cherchaient simplement à conserver leur « part de marché » en maintenant les mêmes niveaux de production et en laisser les prix baisser naturellement. Mais tout cela était de la foutaise et le New York Times l’a finalement reconnu mardi dans un article intitulé: « Le pétrole saoudien est un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le président syrien, Assad ». Voici un extrait de l’article:
« L’Arabie saoudite a tenté de faire pression sur le président Vladimir V. Poutine de Russie pour qu’il renonce à soutenir le président Bachar al-Assad de Syrie, en se servant de sa position dominante sur les marchés mondiaux du pétrole au moment où le gouvernement russe souffre des conséquences de la chute des prix du pétrole …
Des officiels saoudiens disent – et c’est ce qu’ils ont dit aux États-Unis – qu’ils peuvent peser sur M. Poutine en raison de leur capacité à réduire l’offre de pétrole et à faire monter les prix … Le moindre signe d’affaiblissement du soutien que la Russie apporte à M. Assad pourrait indiquer que la récente agitation du marché du pétrole a un impact sur la gouvernance mondiale …
L’effet de levier de l’Arabie saoudite dépend de l’importance que Moscou attache à la baisse de ses revenus pétroliers. « Si sa situation est si grave que les Russes ont besoin d’un accord pétrolier tout de suite, alors les Saoudiens sont dans en bonne position pour leur faire payer un prix géopolitique aussi », a déclaré F. Gregory Gause III, un spécialiste du Moyen-Orient de l’école de gouvernement et de service publique Texas A & Bush (« Le pétrole saoudien est considéré comme un moyen de pression pour forcer la Russie à cesser de soutenir le Syrien Assad », New York Times).
Les Saoudiens « pensent donc qu’ils ont une certaine influence sur M. Poutine en raison de leur capacité » à manipuler les prix?
Tout est dit, n’est-ce pas?
Ce qui est intéressant dans cet article c’est la façon dont il contredit des articles précédents du Times. Par exemple, il y a seulement deux semaines, dans un article intitulé « Qui dominera le marché du pétrole? », l’auteur ne voyait aucune raison d’ordre politique à l’action de l’Arabie. Selon lui, les Saoudiens avaient juste peur « de perdre des parts de marché de façon permanente » s’ils réduisaient la production et maintenaient les prix élevés. Le Times a fait maintenant volte-face et rejoint les soi-disant fous de la conspiration qui disent que les prix ont été manipulés pour des raisons politiques. En fait, la chute brutale des prix n’avait rien à voir avec les pressions déflationnistes, la dynamique de l’offre et de la demande ou d’autres forces mystérieuses du marché. C’était de la politique à 100 %.
L’attaque sur le rouble était tout aussi politique, bien que ses péripéties soient beaucoup plus sommaires. Il y a une interview d’Alistair Crooke qui intéressera ceux qui se demandent comment la » domination tous azimuth » du Pentagone s’applique à la guerre financière. Selon Crooke:
« … Avec l’Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle ère: Nous assistons à un conflit géostratégique de première importance qui est en réalité une guerre géo-financière entre les Etats-Unis et la Russie. Nous avons l’effondrement des prix du pétrole; nous avons les guerres de devises; nous avons le « court-circuit » artificiel – la vente à découvert – du rouble. Nous avons bien une guerre géo-financière, et la première conséquence de cette guerre géo-financière, c’est la formation d’une alliance étroite entre la Russie et la Chine.
La Chine a compris que la Russie était le premier domino; si la Russie tombe, la Chine suivra. Ces deux états sont en train de créer ensemble un système financier parallèle, détaché du système financier occidental.
Depuis quelque temps, l’ordre international est structuré autour de l’Organisation des Nations Unies et du corpus du droit international, mais l’Occident a de plus en plus tendance à contourner les Nations Unies, qui est pourtant l’institution destinée à maintenir l’ordre international, et à recourir plutôt aux sanctions économiques pour faire pression sur certains pays. Nous avons un système financier basé sur le dollar, et en se servant du fait qu’ils contrôlent toutes les transactions en dollars, les États-Unis ont réussi à contourner les vieux outils de la diplomatie et l’ONU – pour atteindre leurs objectifs.
De fait, ce monopole de la monnaie de réserve est devenu l’unique outil des États-Unis – jusqu’à remplacer l’action multilatérale de l’ONU. Les États-Unis revendiquent le contrôle juridique de toutes les transactions libellées en dollars partout dans le monde. Et la plupart des transactions internationales commerciales ou autres sont libellés en dollars. C’est ce qu’on appelle la financiarisation de l’ordre mondial: L’ordre international dépend davantage aujourd’hui du contrôle exercé par le Trésor américain et la Réserve fédérale que de l’ONU » (« La Turquie pourrait devenir l’otage de ISIL tout comme le Pakistan avant lui », Today’s Zaman).
La guerre financière, la guerre asymétrique, la guerre de quatrième génération, la guerre de l’espace, la guerre de l’information, la guerre nucléaire, la guerre au laser, chimique et biologique : Les États-Unis ont élargi leur arsenal bien au-delà de la gamme traditionnelle des armes conventionnelles. Leur but, bien sûr, est de préserver l’ordre mondial post-1991 (date de la dissolution de l’Union soviétique) et de maintenir leur domination absolue. L’émergence d’un ordre mondial multipolaire dirigé par Moscou menace gravement l’hégémonie de Washington. Le premier affrontement d’importance entre ces deux visions concurrentes du monde aura probablement lieu cet été dans l’est de l’Ukraine. Que Dieu nous vienne en aide !
Note : Les Forces armées de Novorussie (NAF) tiennent actuellement 8 000 soldats de l’armée régulière ukrainienne encerclés à Debaltsevo, dans l’est de l’Ukraine. C’est très important, bien que les médias (de manière prévisible) aient pris soin de ne pas en faire de grands titres.
Des corridors d’évacuation ont été ouverts pour permettre aux civils de quitter la zone. Les combats pourraient éclater à tout moment. À l’heure actuelle, il semble qu’une bonne partie de l’armée nazie de Kiev pourrait être détruite d’un seul coup d’un seul. C’est pourquoi Merkel et Hollande ont pris l’avion pour Moscou pour discuter d’urgence avec Poutine. La paix ne les intéresse pas le moins du monde. Ce qu’iIs veulent, c’est tout simplement sauver leur armée par procuration de l’anéantissement.
Je pense que Poutine va intervenir en faveur des soldats ukrainiens, mais le commandant Zakharchenko refusera sans doute. S’il laisse ces soldats sortir du chaudron maintenant, quelle assurance a-t-il qu’ils ne seront pas de retour dans un mois ou deux avec des armes ultraperfectionnées fournies par nos va-t-en guerre du congrès et de la Maison Blanche?
Alors dîtes-moi : quel choix Zakharchenko a-t-il réellement? Si ses camarades sont tués dans de futurs combats parce qu’il a laissé l’armée de Kiev s’échapper, à qui pourra-t-il en vouloir sinon à lui-même?
Il n’y a pas de bon choix.
Allez voir ici pour les mises à jour : Ukraine SITREP: *extremely* dangerous situation in Debaltsevo
Traduction : Dominique Muselet
Lien : http://www.counterpunch.org/2015/02/06/the-fallujah-option-for-east-ukraine/
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