Le 28 janvier 2014, la France et le Qatar ont signé un accord qui
institue la séparation des sexes et entérine l'enseignement de la charia
[1] au sein du lycée Voltaire, un établissement créé par la mission LAÏQUE
française. Délirant !
La St Valentin au Qatar |
Le lycée français au Qatar n'est plus mixte et enseigne dorénavant la
langue arabe et la religion musulmane. Tel est le contenu de l'accord
bilatéral qui a été signé en présence de la ministre déléguée aux
Français de l'étranger, Hélène Conway-Mouret, le 24 janvier dernier. Un
an après, la France étant submergée par une vague de désir "laïque", il
est permis de s'interroger sur ce surprenant quitus de la France à un
enseignement religieux des plus stricts....
Vous avez dit "compréhensifs"?
"Il y a trois questions qui sont importantes pour les Qataris et les
Arabes qui fréquentent cette école, et ce sont l'enseignement de la
charia islamique, de la langue arabe et de la séparation entre garçons
et filles à partir d'un certain âge", a déclaré le procureur général du
Qatar et président du conseil d'administration de l'école, Ali ben Fetis
Al-Marri à l'AFP. Rappelons que ce monsieur ne manque pas une occasion à
Paris de proclamer son attachement à l'Islam d'Averroès et son
admiration pour la France des lumières. Et ce tartuffe d'ajouter: «Nos
amis français se sont montrés compréhensifs, car l'essentiel pour nous
est d'avoir des Qataris francophones attachés à leur langue et leur
religion».
L'accord a donc formalisé l'enseignement obligatoire de la religion
musulmane et la séparation des sexes débute à partir du secondaire.
Précisons que cet établissement est placé sous la tutelle pédagogique du
ministère français de l'Éducation nationale. Une administration que
l'on imaginait assez peu disposée à enseigner la stricte observance de
la charia...
Voltaire, réveille toi !
Ce compromis est intervenu pour mettre un terme "à certains
problèmes" autour de cet établissement qui a été déjà au cœur de
plusieurs polémiques. Le feuilleton Voltaire ne date pas
d'aujourd'hui et les intérêts de la France ont été à nouveau piétinés.
D'abord, en 2011, la mission laïque française, qui gérait le lycée
Voltaire avait été accusée de détournement de fonds. Ensuite en 2012,
l'ancien proviseur de ce même établissement, Franck Choinard, avait dû
quitter son poste précipitamment à la suite d'une plainte pour «attitude
anti-musulmane». En réalité, Doha sabote le fonctionnement de ce lycée
en raison d'un conflit sur le contenu des programmes enseignés jugés
"non conformes à l'islam". À l'époque, le Qatar exerçait une
pression pour faire modifier les programmes des livres de sciences
naturelles et d'histoire traitant ouvertement du corps féminin de la
chrétienté au moyen âge.
La laïcité cantonnée au péri-scolaire
Début février, le porte-parole de la diplomatie française, Romain
Nadal a tenté tout de même de minimiser les retombées de cette décision :
«les cours de religion sont dispensés en dehors du programme scolaire
officiel français, sur le temps périscolaire», une pratique qui serait
«parfaitement conforme à nos principes de laïcité».
Créé en 2007, le lycée Voltaire est un établissement de droit privé
qui scolarise près de 1.000 élèves - dont 40% de Qataris - de la
maternelle au collège. Toute sa gestion est maintenant assurée par le
Qatar.
RECTIFICATIF
Petites précisions à l’usage de ceux qui nous gouvernent et bradent la République en signant avec Doha des accords indécents
Par Jacques-Marie Bourget
Certains amis de Mondafrique.com, et d’autres qui le sont
moins, trouvent étrange « qu’après une mise au point du Quai d’Orsay »,
mise au point vieille d’un an, nous revenions sur cet aval donné par la
France à un établissement scolaire du Qatar, baptisé Voltaire où,
néanmoins, on enseigne la charia.
La gravité du choix de la France, dont la classe politique se
goberge régulièrement au PSG et à Doha, mérite des explications.
Surtout à l’heure où François Hollande prend la parole pour prêcher la
« laïcité », un mot valise qui, dans sa bouche, ne veut rien dire. Si nous
comprenons bien, une « laïcité » capable de faire bon ménage avec
l’enseignement de l’islam le plus rétrograde et réactionnaire de la
planète, un islam dans sa version Wahhabite (femmes bafouées, charia,
mains coupées, peine de mort etc…)
Voici d’abord le communiqué du ministère des Affaires
étrangères qui, le 28 janvier 2014, entent démentir la presse qui
affirme que Paris a donné sa bénédiction au lycée de la charia :
« L’accord relatif au lycée Voltaire de Doha, qui a été signé
aujourd’hui, ne porte ni sur les cours de religion ni sur les questions
de mixité.
L’accord établit une relation contractuelle entre le lycée
Voltaire et l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).
Le premier s’engage à verser une contribution à l’agence, en échange de
laquelle il bénéficiera, pour ses professeurs, de formation continue et
de visites d’inspection. L’établissement va pouvoir se rapprocher des
normes et des pratiques françaises. En signant l’accord, l’établissement
s’engage notamment à respecter la « charte de l’enseignement français à
l’étranger », qui se réfère aux principes de laïcité et de neutralité
de l’éducation.
L’établissement, qui accueille des enfants de la maternelle à
la sixième, est mixte. Toutes ses classes mêlent garçons et filles,
conformément à l’esprit et à la pratique de l’éducation française.
S’il existe des cours de religion au lycée Voltaire de Doha,
ils sont dispensés en dehors du programme scolaire officiel français,
dans le temps périscolaire, comme cela se fait dans de nombreux pays. »
Mettons donc les points sur les « i ». Aucun livre de cours
ne peut être admis dans le lycée sans l’aval d’un « comité » qui
déclare si l’ouvrage est « halal » ou pas. Ce qui, avouons-le, limite le
champ des possibles.
D’ailleurs, le procureur général du Qatar, Ali Ben Fetis
Al-Marri, champion de la dissimulation et du double langage, et
président du lycée a « craché le morceau » en déclarant :"Il y a trois
questions importantes pour les Qataris et les Arabes qui fréquentent
cette école, ce sont l'enseignement de la charia islamique, de la
langue arabe et de la séparation entre garçons et filles à partir d'un
certain âge. Nos amis français se sont montrés compréhensifs car
l'essentiel pour nous est d'avoir des Qataris francophones attachés à
leur langue et leur religion".
Voilà, c’est dit, « les français compréhensifs »… Qui
sont-ils ? Ceux qui pourchassent des « djihadistes » en France mais qui
ménagent leur sponsor de Doha.
Comblé par l’accord franco-qatari, un diplomate français a
même précisé : « Que cette coopération offre aux générations Qatariennes
à venir une grande opportunité de maîtriser la langue française et sa
civilisation sans pour autant renoncer à leur propre culture, leur
propre histoire et leur propre religion. » Bon, l’important est de
savoir qu’à l’avenir, nous n’allons pas manquer de spécialistes de
Flaubert qui soient aussi de bons traducteurs de la charia et des
nobles pensée du vénéré Al-Wahhab [2]. D’ailleurs, ironie de l’histoire, le
lycée Voltaire est, pour partie, construit dans le quartier Al-Wahhab,
du nom du fondateur de la doctrine.
Bref, même si la fin de la mixité, base de l’éducation à la
française, est programmée, pour 2020, Romain Nadal, un élégant du Quai
d’Orsay, a cependant précisé que les cours de religion : « sont
dispensés en dehors du programme scolaire officiel français, dans le
temps périscolaire, comme cela se fait dans de nombreux pays », une
pratique « parfaitement conforme à nos principes de laïcité ». Ouf.
Voilà le prix à payer pour de putatives ventes de « Rafale », pour le
prix des « conférences » et « forum » qui rémunèrent nombre d’élus
français et en tête Villepin et Sarkozy.
En avalisant l’accord du lycée Voltaire, avec un pays sans
droit ni comptabilité publique, classé 136e pays au monde au plan de la
démocratie, la France n’a pas dit un mot en faveur du poète Al-Ajami,
condamné à 15 ans de prison, ni une syllabe pour ces français
illégalement et odieusement retenus prisonniers au Qatar.
Modestement, Mondafrique.com conseille à ses amis du Quai
d’Orsay de tout de suite mitonner un accord semblable avec la Corée du
Nord. Il y a urgence.
Jacques-Marie Bourget