lundi 30 janvier 2017

La domination occidentale touche à sa fin - l’ère de l’influence chinoise a déjà commencé


Les relations économiques de la Chine avec le Moyen-Orient sont en pleine croissance. Pékin est le principal partenaire commercial étranger de la région, dépassant même les États-Unis pour les achats de pétrole. Entre 2004 et 2009, les échanges ont triplé, atteignant 115 milliards de dollars.

L'investiture de Donald Trump coïncide avec la fin du « siècle américain » et à la promotion de la Chine dans un rôle de leadership mondial. Cela a été perceptible à Davos, avec l’immixtion de Pékin dans le conflit le plus controversé au monde - Israël-Palestine - et plus récemment dans la déclaration de Theresa May promettant que les États-Unis et le Royaume-Uni n'iraient plus jamais envahir les pays souverains pour « refaire le monde à leur image ». Ce n’est pas seulement un siècle de domination américaine qui se termine, mais un demi-millénaire de prééminence occidentale.

L'appel lancé par le président Xi Jinping pour la création d'un Etat palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale a eu lieu au même moment que le démarrage des discussions de la Maison Blanche sur le déplacement de l'ambassade américaine en Israël dans la ville tabou. Cela illustre le nouveau poids diplomatique et géopolitique que la Chine exerce au Moyen-Orient grâce à sa prise de positions dans l’économie locale depuis quelques années.
En 2008-2009, Pékin a organisé des liaisons maritimes avec la région, dans le cadre d’une opération pacifique baptisée la "plus grande expédition navale depuis le 15ème siècle". La Chine s'est lancée dans des partenariats stratégiques avec des alliés traditionnels des américains comme l'Arabie saoudite et le Qatar. En ce qui concerne l'Arabie Saoudite qui est le principal fournisseur de pétrole de la Chine, Pékin a convaincu ses dirigeants de se joindre à son initiative « One Belt, One Road » et l'a invitée à rejoindre l’ « Asian Investment Bank ». En 2016, les deux pays ont dévoilé un plan quinquennal de coopération en matière de sécurité. Riyad a également exprimé son intérêt pour la « technologie de défense » chinoise.
La Chine possède plusieurs atouts dans la région. Tout d'abord, Pékin pratique une approche non interventionniste pour des questions comme la démocratie et les droits de l'homme, ce qui convient bien aux dirigeants du Moyen-Orient : les pays du Moyen-Orient et leurs peuples devraient pouvoir décider eux-mêmes de leur développement en fonction des « conditions nationales ». Dans le passé, le Président Xi a exprimé le soutien de la Chine à l'Arabie Saoudite pour qu’elle choisisse sa propre voie de développement.

Au Qatar, Pékin s'est différencié de l'Occident en s'engageant à appuyer Doha dans les domaines de l'indépendance nationale, de la souveraineté, de la stabilité, de la sécurité et de l'intégrité territoriale. Lors d'une visite à Pékin, l'émir du Qatar a exprimé son « approbation pour la position impartiale de la Chine dans les affaires internationales ».
Deuxièmement, contrairement aux États-Unis, la Chine n'est pas liée par des alliances militaires. On sait qui les États-Unis soutiennent au Moyen-Orient et qui sont ses rivaux. Avec Pékin, il y a plus de flexibilité. Des conseillers avisés en politique étrangère conseillent le président Xi pour utiliser les liens émergents de la Chine avec les États du Golfe et Israël pour tirer parti des relations avec l'Iran et vice versa.
Par exemple, la Chine a tenu des positions sur la Syrie et la Libye opposées à celles de ses nouveaux partenaires dans le Golfe. Outre que Damas soit un acheteur de longue date d'armes en provenance de Chine, Pékin a également clairement manifesté son soutien à l'intervention de Moscou. La Chine et la Russie ont toujours travaillé ensemble pour fournir une protection diplomatique au gouvernement syrien via des veto à l'ONU. Certaines sources ont également signalé que des conseillers militaires chinois étaient envoyés en Syrie pour fournir un soutien de formation à l'armée syrienne. Dans le cadre de sa tactique d’ « approche douce », Pékin a accueilli les hauts responsables d'Assad et de l'opposition. Lors de sa visite en Chine, le ministre syrien des Affaires étrangères a confirmé la volonté du gouvernement de participer au processus de paix. Au-delà des États du Moyen-Orient, la position de la Chine sur la Syrie lui confère un pouvoir de négociation à la fois avec l'Occident et la Russie. La Chine considère principalement la région comme une source d'énergie. Mais cette région est aussi un lien entre les routes commerciales que la Chine cherche à mettre en place en Extrême-Orient, dans l'océan Indien, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Une implication chinoise accrue fournira à Pékin un effet de levier sur l'approvisionnement en énergie d'adversaires comme le Japon et de concurrents potentiels comme l'Inde. La poursuite des relations avec les pays du Moyen-Orient dans le cadre de l'initiative "Route maritime de la soie" ajoute à la crainte de l'Inde d'être entourée par un « collier de perles » chinoise.
Le rôle stratégique croissant de la Chine au Moyen-Orient révèle une puissance asiatique montante, dépourvue d’encombrants héritages coloniaux dans la région, et qui pourrait aider à démêler des questions apparemment insolubles comme Israël-Palestine. Son principe inébranlable de respect de la souveraineté sera peut-être le dernier clou enfoncé dans le cercueil de l'interventionnisme occidental.

Jeussey de Sourcesûre lundi 30 janvier 2017