En quête d'une solution "régionale"
pour régler le conflit israélo-palestinien, les États-Unis encouragent
la formation d'un front uni entre l’État hébreu et les puissances arabes
sunnites contre "l'Iran chiite", leur bête noire commune [mais en réalité, contre l'Axe de la Résistance formé par la Syrie, l'Iran, l'Irak et le Hezbollah].
La
première rencontre cette semaine à la Maison Blanche entre Donald Trump
et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été dominée par
les déclarations équivoques du président américain prenant ses distances
avec la "solution à deux États" israélien et palestinien.
Des
lieutenants de M. Trump ont ensuite ajouté à la confusion en assurant
que les États-Unis restaient attachés à ce principe de référence pour la
communauté internationale, mais que Washington était aussi ouvert à des
solutions alternatives.
Benjamin Netanyahu, lui, a été plus clair en proposant une "approche régionale" pour
mettre fin au conflit au Proche-Orient, le plus ancien de la planète.
Une offre reprise par Donald Trump lors de leur conférence de presse
commune à la Maison Blanche mercredi.
Le lendemain, le dirigeant israélien a plaidé sur la télévision MSNBC pour "une paix globale au Moyen-Orient entre Israël et les pays arabes". Il a vanté une "occasion
sans précédent car nombre de pays arabes ne considèrent plus Israël
comme un ennemi mais comme un allié face à l'Iran et à Daech (groupe État islamique, ndlr), les forces jumelles de l'islam qui nous menacent
tous".
La "terre promise" ou Grand Israël |
Donald Trump a réaffirmé qu'il voulait présider à "un formidable accord de paix" israélo-palestinien.
Conseillé par son gendre Jared Kushner, juif pratiquant et ultra sioniste, il a repris à
son compte l'"approche régionale" de M. Netanyahu, évoquant en des
termes vagues "beaucoup, beaucoup de pays" et "un territoire très vaste".[le Grand Israël, qui va du Nil à l'Euphrate].
Plus
précis, le possible prochain ambassadeur des États-Unis en Israël,
David Friedman, a poussé à la constitution d'un front entre Israël et
des pays arabes sunnites, contre l'Iran. Une fois la Syrie, l'Irak et l'Iran éliminés, rien ne s'oppose plus au Grand Israël, qui va avaler la Syrie, la Jordanie, l'Irak, L’Égypte, etc...Mais ne toucherait aucun pays du Golfe.
Première étape du Grand Israël |
"Les États du Golfe, les Égyptiens, les Jordaniens et les Israéliens sont
tous unis (...) par une même inquiétude face à l'Iran, un État qui
soutient le terrorisme", a estimé jeudi, lors de son audition de
confirmation devant le Sénat, cet avocat juif ultra sioniste controversé à Washington
pour ses propos à l'emporte-pièce en faveur la colonisation israélienne
et contre un État palestinien.
Aux
yeux d'experts américains, cette convergence de vues entre Israël et
pays arabes sunnites face au rival iranien chiite, doit être soutenue
par l'administration Trump, laquelle vient d'ailleurs de prendre des
sanctions contre Téhéran, rompant avec le réchauffement amorcé sous
l'ère de Barack Obama.
"Trump peut jouer un coup diplomatique majeur entre Israël et les États du Golfe en endiguant la menace iranienne", encourage Jonathan Shanzer, vice-président du centre d'analyse conservateur Foundation for Defense of Democracies.
Les États-Unis pourraient être "au fondement d'une entente régionale entre Israël et les pays du Golfe",
insiste le chercheur auprès de l'AFP, les pétro-monarchies - Arabie
saoudite, Emirats arabes unis ou Qatar - n'ayant pas de relations
diplomatiques avec Israël.
Mais
le sujet est si sensible en Israël que les autorités ne nomment jamais
ces puissances arabes, à l'exception de l’Égypte et de la Jordanie avec
lesquels l’État hébreu a fait la paix et entretient des relations
diplomatiques.
Ce qui n'empêche pas des liens officieux entre Israël et les pays du Golfe.
Un
général saoudien à la retraite, Anwar Eshki, avait ainsi vu en juillet
dernier à Jérusalem-Ouest le directeur général du ministère israélien
des Affaires étrangères, Dore Gold. Les deux hommes s'étaient déjà
rencontrés un an plus tôt à Washington dans un centre de recherche.
A
l'époque, ils avaient évoqué le processus de paix israélo-palestinien,
au point mort depuis le printemps 2014, et plaidé pour revigorer
l'initiative de paix arabe. Celle-ci est un plan de paix saoudien de
2002 offrant une normalisation entre Israël et l'ensemble des pays
arabes en échange d'un État palestinien dans les frontières de 1967.
Cette
initiative saoudienne avait été remise sur les rails en juillet 2013
par le secrétaire d’État américain de l'époque, John Kerry, avant que sa
médiation entre Israéliens et Palestiniens ne capote neuf mois plus
tard.
Mais
dorénavant, l'administration Trump peut pousser à une alliance
américano-israélo-sunnite, pense Robert Satloff, directeur du Washington
Institute for Near East Policy: "Israël et les fidèles
alliés régionaux des États-Unis ont vraiment besoin d'un leadership
américain après ce qui a été perçu comme de l'indifférence de
l'administration Obama", estime-t-il.
De son côté, le ministre adjoint israélien de la Coopération régionale, Ayoob Kara, a appelé de ses voeux, dans un tweet, "un sommet de la paix régional de dirigeants arabes à Washington (...) C'est le nouveau Moyen-Orient de Trump et de Netanyahu".
*Source : Assawra (avec les agences de presse)
*Source : Assawra (avec les agences de presse)