vendredi 27 octobre 2017

SYRAK. La bataille finale

Dans notre grand jeu Qui remplacera le califat pour redessiner la carte du Moyen-Orient ?, les choses s'accélèrent et nous sommes entrés dans la dernière phase, cruciale, celle qui peut faire perdre ou rapporter gros.
Nous ne nous trompions pas en évoquant le chant du cygne de Daech. Un coup d'oeil sur la carte le confirme, l'EI ne sera bientôt plus qu'un souvenir : les petits hommes en noir reculent chaque jour et leur territoire fond comme neige au soleil.


Pas plus tard qu'aujourd'hui, ils ont perdu des milliers de km2 en Irak, les Unités de Mobilisation Populaire chiites et l'armée fédérale avançant à la vitesse de l'éclair le long de la frontière syrakienne (1) et arrivant en vue du noeud stratégique d'Al Qaïm/Al Bukamal sur l'Euphrate. Le fidèle lecteur est familier de la toponymie du lieu, dernier bastion de Daech et, bientôt, bataille finale du conflit.
L'opération a été directement ordonnée par le Premier ministre Abadi, qui semble plus proche de Téhéran (et d'Ankara !) depuis l'affaire du référendum kurde. Quand il y a quelques jours, Washington par la voix de Tillerson a demandé, avec une mauvaise foi invraisemblable, à ce que les milices chiites et leurs conseillers iraniens quittent l'Irak maintenant que l'EI est en passe d'être défait, la réponse cinglante de Bagdad ne s'est pas faite attendre.
De l'autre côté de la frontière, l'armée syrienne et le Hezbollah ont enfin mis la main sur le verrou du T2 à 70 kilomètres d'Al Bukamal. Désormais, la route est ouverte et il semble que des combats aient déjà lieu 30 kilomètres plus loin tandis que des renforts arrivent et que l'offensive devrait être confiée, sur conseil russe, au légendaire commandant des Tiger Forces. Quand on voit le chemin parcouru depuis le début de l'année (gains en jaune)...
La situation serait donc idéale pour le 4+1 si les mercenaires YPG de l'empire n'en remettaient une couche, brouillant quelque peu les pistes...
Pendant que les loyalistes s'échinent à nettoyer Deir ez Zoor des dernières poches daéchiques et à avancer, difficilement, le long de l'Euphrate sur la lancée de leur prise de Mayadin, les Kurdo-américanisés ont soudainement poussé très au sud (3) et raflé plusieurs champs de pétrole. En réalité, quelques tribus sunnites alliées à l'EI ont été retournées et Daech s'est tout simplement retiré sans combattre, laissant comme un air de suspicion. On ne serait pas surpris que quelques valises remplies de billets verts aient changé de main...
On le voit, la pince kurdo-américaine à l'est de l'Euphrate est désormais plus méridionale et proche d'Al Bukamal que la pince loyaliste à l'ouest du fleuve, même si la charge sera vraisemblablement menée à partir du T2.
Est-ce à dire qu'après des mois de tergiversations, le système impérial a finalement vampirisé le Donald et décidé de courir à la frontière syro-irakienne pour réduire l'arc chiite via les Kurdes, après s'être fait damer le pion en juin ? Malgré les récentes déclarations inhabituellement va-t'en-guerre de Tillerson sur la "fin de règne de la famille Assad" (mais le T-Rex n'est plus trop cohérent ces derniers temps), on peut en douter.
Il se pourrait même que tout cela soit en réalité le fruit d'un accord entre Russes et Américains, les premiers retenant les forces syriennes et le Hezbollah, récompensant ainsi avec quelques puits de pétrole les Kurdes.

27 Octobre 2017 , Rédigé par Observatus geopoliticus