Au cours
des dernières années, j’ai beaucoup écrit sur les fiascos, nombreux et variés,
à l’initiative et perpétrés par l’armée américaine dans de nombreuses parties
du monde. Voici un échantillon :
- Les alliés des Américains en Syrie : leurs performances honteuses sont parfaitement explicables
- L’Empire le plus stupide de l’Histoire
- Permis de tuer
- Victoire à la Pyrrhus ?
- Toujours attaquer le mauvais pays
- Oups ! Une guerre mondiale…
Ces
articles expliquent en détail pourquoi l’armée américaine semble forte mais
qu’elle ne l’est pas.
Pour résumer, les raisons sont les suivantes :
- Il s’agit essentiellement d’une éponge à argent public. C’est le plus gros employeur, le plus gros consommateur de combustibles fossiles et le plus important programme de relance économique.
- C’est le programme le plus cher mais ce n’est en aucun cas le meilleur. La dépense n’est pas une route vers la victoire. La Russie dépense pour sa défense moins de 10% de ce que les USA dépensent, mais en raison d’une grande différence dans des achats, ses systèmes d’armes sont meilleurs et ses troupes plus capables. Dans certains domaines, le matériel et les logiciels militaires russes ont maintenant plusieurs générations d’avance sur les États-Unis.
- L’armée américaine est incapable de victoire, ni en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, où la plupart des combats ont eu lieu sur le front de l’Est, ni en Corée, ni au Vietnam. Les campagnes d’Afghanistan ou d’Irak ne peuvent être considérées comme des victoires. Cette armée est capable de faire sauter bien des choses, mais elle est incapable de gagner la paix.
Ce qui reste,
c’est « s’agiter » :
répondre à des menaces fantômes dans le monde entier. Les sous-traitants
des militaires doivent être payés, et donc les armes doivent être
utilisées, les équipements testés au combat, les bombes larguées. Les officiers
veulent envoyer des troupes au carton pour être décorés et promus. Les
politiciens veulent utiliser l’action militaire pour distraire la population
des problèmes politiques insolubles à la maison. Peu importe où et pourquoi car
le résultat est toujours le même : un autre pays avec des peaux sombres ou
des Asiatiques est laissé en ruine ; une autre vague de réfugiés ; un
autre terreau pour le terrorisme.
Au fil du temps,
le choix des lieux où l’armée américaine peut jouer à ses jeux de guerre s’est
réduit comme peau de chagrin. Elle ne peut pas grand chose contre la
Russie ou la Chine, car ce serait trop dangereux. L’Afghanistan et l’Irak, ses
anciens terrains de jeu, offrent des options limitées pour une activité accrue.
Le Moyen-Orient est maintenant beaucoup trop complexe pour les planificateurs
de guerre américains et plein de dangers cachés. La Corée du Nord et l’Iran
sont beaucoup trop dangereux pour s’y engager militairement ; tout le
monde le sait, et les menacer de manière impuissante leur permet en plus
d’engranger des victoires de propagande.
Alors, qu’est-ce
qu’une institution aussi énorme, corrompue, coûteuse et généralement
infructueuse va faire ?
Réponse : envahir
l’Afrique
L’Afrique
subsaharienne est le terrain de jeu idéal pour les États-Unis. Elle est
sous-développée. Elle est vaste, avec beaucoup de terrains pas chers pour la
construction de bases militaires. Les États africains sont faibles et
facilement corruptibles avec un peu d’argent. Il y a beaucoup de conflits
internes à exploiter, pour justifier une intervention sur des motifs « humanitaires ». (Méfiez-vous
des Américains qui parlent des droits de l’homme !). L’Afrique ne constitue
en rien une menace militaire pour les États-Unis. Maintenant que la Libye a été
détruite, il n’y a plus personne pour s’opposer à l’Amérique.
L’Afrique est
pleine de gens à la peau sombre – quelque chose qui plaît bien avec le racisme
traditionnel qui prévaut encore parmi les classes inférieures qui constituent
la majorité des hommes enrôlés dans l’armée américaine.
Aux États-Unis, les Blancs sont conditionnés à tirer sur les Noirs, à « tenir le terrain » et les Noirs sont conditionnés à tirer sur d’autres Noirs (le meurtre entre Noirs est très répandu). Inévitablement, le chaos raciste qu’ils créent en Afrique provoque un retour de bâton à la maison lorsque les troupes reviennent de leurs missions, générant de nouvelles vagues de criminalité qui aideront à soutenir et à développer le complexe industriel carcéral en lui fournissant un travail d’esclaves à la peau sombre.
Aux États-Unis, les Blancs sont conditionnés à tirer sur les Noirs, à « tenir le terrain » et les Noirs sont conditionnés à tirer sur d’autres Noirs (le meurtre entre Noirs est très répandu). Inévitablement, le chaos raciste qu’ils créent en Afrique provoque un retour de bâton à la maison lorsque les troupes reviennent de leurs missions, générant de nouvelles vagues de criminalité qui aideront à soutenir et à développer le complexe industriel carcéral en lui fournissant un travail d’esclaves à la peau sombre.
En plus d’être
un beau terrain de jeu pour les militaires, perturber l’Afrique subsaharienne
offre des avantages supplémentaires. Une action militaire dans ce pays va créer
de nouvelles vagues massives de réfugiés qui seront acheminées vers l’Europe de
l’Ouest via le pipeline libyen. Une fois là-bas, ces réfugiés aideront à
submerger ce qui reste des filets de sécurité sociale et des services publics
déjà mis à rude épreuve, détruisant ce dernier bastion du socialisme dans le
monde et contribuant à la victoire idéologique américaine sur le socialisme.
Les entreprises minières américaines auront également l’occasion d’exploiter
sans avoir à se soucier des impacts environnementaux ou des populations locales
qu’elles déplacent dans le processus.
Du point de vue
des relations publiques, personne ne se soucie beaucoup de l’Afrique
subsaharienne. L’armée américaine peut faire des dégâts sans discernement, et
bien que quelques organisations internationales de défense des droits humains
puissent se plaindre, elles sont faciles à ignorer. Oui, les Français
pourraient se fâcher si leur accès à l’uranium était coupé : sans cela,
leurs réacteurs nucléaires vieillissants manqueraient de combustible et les
lumières pourraient s’éteindre partout en France. Mais par rapport à leurs
autres terrains de jeu, où un mauvais pas pourrait perturber gravement les marchés
de l’énergie ou même entraîner des champignons atomiques sur une ou deux villes
américaines, les risques à détruire l’Afrique sont minimes.
Mais il y a
aussi un inconvénient à tout cela. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’armée
américaine remplit une fonction essentielle : menacer de destruction
quiconque rêverait de s’éloigner du dollar américain comme monnaie principale
du commerce international. Les rares qui ont tenté de le faire – Saddam
Hussein, Mouammar Kadhafi – ont été rapidement traités et leurs pays bombardés jusqu’à l’os. C’est cette
menace qui a permis au département du Trésor et à la Réserve fédérale des
États-Unis de rester en position de force, en imprimant autant d’argent qu’ils
le souhaitaient, tout en exportant l’inflation qu’ils avaient créée vers des
pays qu’ils détestaient. À leur tour, c’est ce qui leur a permis de financer si
généreusement l’establishment militaire étasunien. Mais maintenant que
même l’Arabie saoudite est disposée à vendre son pétrole pour des yuans
chinois, cette astuce ne semble plus fonctionner. Menacer les Africains pauvres
ne va certainement pas aider car ils sont trop pauvres pour compter et ils ont
déjà peur. La fin de la partie apparemment inévitable est que l’armée
américaine sera à court d’argent – avec le reste des États-Unis. La seule
question restante est : combien de dégâts cela va-t-il encore causer
entre-temps ?
Par Dmitry Orlov
– Le 9 novembre 2017 – Source Club
Orlov
Traduit par
Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone