Mark Sleboda - Que diable vient-il de se passer au Moyen-Orient, vous demandez-vous ?

Mark Sleboda résume sa vision de l'épisode actuel de la guerre contre l'Iran (légèrement remanié pour plus de clarté)
Que diable vient-il de se passer au Moyen-Orient, vous demandez-vous ?
Voici mon avis.

Les États-Unis et Israël ont réalisé :

·        que leurs plans de changement de régime n'aboutissaient pas,

·        que le gouvernement iranien bénéficiait d'un soutien plus important et de fondations plus solides qu'ils ne le pensaient,

·        que la défense aérienne israélienne s'effondrait/s'épuisait, et

·        qu'une guerre d'usure par frappes à longue portée allait mal tourner pour Israël.

·        Et Trump a commencé à paniquer face à la hausse du prix du pétrole et à la menace iranienne de fermeture du détroit d'Ormuz.

Ils ont donc conclu, déclaré victoire et exigé un cessez-le-feu.

L'Iran a accepté, car lui aussi a été durement ébranlé par la guerre secrète israélienne (grâce aux collabos monarchistes et aux juifs sanayim iraniens) et sa propre défense aérienne s'est quasiment effondrée.[1]

La situation ne sera que repoussée, et les deux camps commenceront à reconstruire et à préparer le prochain round, la prochaine guerre. Ce n'était qu'une escarmouche au bout du compte…

L'Iran, pour sa survie, le maintien d'un programme civil d'enrichissement nucléaire et le fait que ce soient les États-Unis et Israël qui aient poussé au « cessez-le-feu », s'en sort légèrement avantagé.

Le grand perdant : l'effondrement du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) et du droit international.

Israël envisage déjà de reprendre la guerre.

Mais à long terme, le dernier point de Sleboda est le plus important. 

Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) a limité le nombre de pays dotés d'armes nucléaires. L'attaque contre l'installation nucléaire civile iranienne, et l'absence de réaction sérieuse de l'AIEA, prouvent que le TNP ne parvient pas à assurer la sécurité qu'il avait promise. 

Autrement dit, le TNP ne sert à rien.

L'Iran n'est pas le seul à en tirer les conclusions.

Le Parlement iranien a, pour de bonnes raisons, décidé de cesser toute coopération avec l'AIEA.

Il semble bénéficier du soutien de la Russie :

« Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, aurait pu fournir un rapport plus précis », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Il insiste désormais pour que l'Iran accorde à l'agence un accès immédiat à ses installations nucléaires afin de vérifier la localisation des matières enrichies et d'évaluer la situation sur le terrain. Mais où sont les garanties que ces informations ne seront pas divulguées ? Je ne vois aucune garantie de ce type.»

Lavrov a également souligné des inquiétudes plus générales concernant la neutralité des institutions internationales. « Cela rejoint ce que j'ai mentionné précédemment : l'Occident exerce une influence considérable sur les secrétariats des organisations internationales. Dans certains cas, c'est comme s'ils avaient été privatisés », a-t-il remarqué.

L'Occident démolit l'ordre international qui, depuis 80 ans, imposait certaines règles de conduite mondiales. Les États-Unis empêchent l'Organisation mondiale du commerce de remplir sa mission. Les accords limitant les armes nucléaires ont été abrogés un à un. Le récent conflit a fait voler en éclats le Traité sur le nucléaire et affaibli davantage la Charte des Nations Unies.

Les conséquences vont bien au-delà du Moyen-Orient. Elles rendent le monde moins pacifique.

Publié par MoA le 15 juin

Mark Sleboda est un analyste des affaires internationales et de la sécurité basé à Moscou.
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[1] Les sayanim (singulier : sayan) sont des agents israéliens passifs, souvent appelés « agents dormants », établis en dehors d'Israël. Leur rôle est de fournir une aide logistique aux agents du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, motivés par leur patriotisme envers Israël ou leur lien avec la communauté juive. Ces assistants sont recrutés parmi les Juifs vivant à l'étranger et offrent un soutien de manière bénévole et discrète. Il y aurait 25000 juifs vivant en Iran actuellement.

H. Genséric