vendredi 27 juin 2025

Un désastre mondial dans le secteur pétrolier & gazier a - pour l’instant - été évité

“Le conflit [entre Israël et l'Iran] peut-il recommencer ? Je pense que oui, un jour. Cela pourrait même se produire bientôt”, a averti mercredi le président américain Donald Trump.

Cette déclaration, communiquée le lendemain d'un cessez-le-feu imposé par les États-Unis qui a mis fin aux hostilités directes entre l'Iran et l'État occupant, illustre l'équilibre précaire qui règne en Asie occidentale.

Bien que les missiles aient cessé de voler, l'Iran n'a pas encore atteint le point de non-retour. Il lui reste encore de nombreuses cartes dissuasives à jouer, notamment la menace non militaire de fermer le détroit d'Ormuz. Comme l'ont souligné les spécialistes, ce point stratégique n'est jamais sorti de l'équation. Et si la guerre devait reprendre, ce pourrait bien être le premier levier actionné.

À un détroit de la catastrophe

La guerre directe entre Israël et l'Iran, qui a éclaté le 13 juin, déclenchée par des frappes aériennes israéliennes contre des sites militaires, des scientifiques nucléaires et des commandants de l'armée iraniens, a immédiatement fait craindre une perturbation catastrophique de l'approvisionnement en pétrole et en gaz.

Les experts avertissent que tout blocus du détroit d'Ormuz pourrait faire grimper les prix de l'énergie et déclencher une récession mondiale. Et bien qu'un cessez-le-feu provisoire soit actuellement en vigueur, la région reste tendue et les scénarios les plus pessimistes continuent de planer.

Quelques heures seulement après les attaques américaines contre les installations d'enrichissement d'uranium iraniennes, le Parlement iranien a voté à une écrasante majorité la fermeture du détroit d'Ormuz, une artère vitale pour le trafic mondial de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL). L'Iran a également lancé une attaque de missiles en représailles contre des bases militaires américaines au Qatar, des explosions ayant été rapportées au-dessus de Doha.

Environ un quart du commerce mondial du pétrole, soit entre 15 et 19 millions de barils par jour, transite par le détroit d'Ormuz, qui relie le golfe Persique à l'océan Indien. En outre, 85 millions de tonnes de GNL provenant du Qatar et des Émirats arabes unis ont été expédiées via le détroit d'Ormuz l'année dernière, couvrant ainsi 20 % des besoins mondiaux.



Carte du golfe Persique montrant l'emplacement stratégique du détroit d'Ormuz.

Les marchés pétroliers réagissent, mais pas comme prévu

Étonnamment, l'impact initial de la guerre sur les marchés du pétrole et du gaz a été modeste. Le Brent est progressivement monté à 79 dollars le baril, soit seulement 9 dollars de plus que son cours avant le conflit. Le brut américain a toutefois chuté de 7,2 % à 68,51 dollars le baril, enregistrant l'une des plus fortes baisses journalières de l'histoire récente. Même si cette chute brutale résulte de la riposte symbolique de l'Iran aux frappes américaines, les risques demeurent.

Le Dr Cyril Widdershoven, analyste réputé en énergie et défense en Asie occidentale, explique à The Cradle que les principaux risques résident dans la volatilité des prix et les pénuries potentielles de diesel et d'essence. Mais il insiste sur le fait qu'il n'y a pas de pénurie immédiate, citant les réserves stratégiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les récents stocks constitués par la Chine.

Chris Weafer, cofondateur de Macro Advisory et ancien stratège en chef chez Sberbank-CIB, lance toutefois un avertissement sévère :

“Si cette situation dure une semaine ou plus, on pourrait facilement atteindre 150 dollars le baril. Il est très difficile de prédire le prix exact, mais un volume important d'approvisionnement serait supprimé et, avec un calendrier incertain, voire inconnu, cela peut faire grimper le prix du pétrole n'importe où en peu de temps”.

Également interrogé par The Cradle, le Dr Mamdouh G. Salameh, économiste international spécialisé dans le pétrole et ancien professeur d'économie énergétique à l'ESCP Europe Business School de Londres, note que si l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Iran disposent de divers pipelines qui contournent Ormuz, ce qui pourrait réduire les perturbations des livraisons de 20 à 17 millions de barils par jour, l'impact serait néanmoins suffisamment grave pour causer des désordres importants à l'économie mondiale :

“Si l'Iran bloque le détroit d'Ormuz, cela plongera en effet l'économie mondiale dans la pire crise pétrolière depuis l'embargo arabe de 1973”.

M. Widdershoven ajoute qu'en cas de guerre totale, en supposant la destruction de sites clés tels qu'Abqaiq et Fujairah, les réparations pourraient prendre plus de cinq mois. Il affirme qu'un tel scénario ferait grimper les prix du pétrole bien au-delà de 150 dollars le baril, même si les indicateurs actuels du marché, selon les principaux acteurs, ne laissent entrevoir aucun danger immédiat.

Même avec la “surprise” du cessez-le-feu, M. Widdershoven partage l'avis de Trump selon lequel il pourrait s'agir d'une simple pause entre deux rounds.

“L'option globale de fermer le détroit d'Ormuz est toujours présente à l'esprit des spécialistes, mais surtout à celui des politiciens et des spéculateurs”.

La menace d'un blocus est loin d'être écartée

Le pire scénario ne s'est pas encore produit. M. Salameh nous rappelle ce que l'Iran a promis depuis longtemps : si ses exportations de pétrole brut sont bloquées à Ormuz, il empêchera les autres pays d'exporter également.

Un tel scénario, explique-t-il, serait susceptible de se produire à la suite de frappes israéliennes contre les réserves de pétrole brut iraniennes sur l'île de Kharg ou d'autres sites énergétiques clés, ou si les États-Unis intensifiaient leurs attaques contre les sites nucléaires iraniens, en particulier l'installation clé de Fordow.

Les deux conditions préalables étant réunies, il n'est pas surprenant que le Parlement iranien ait voté en faveur de la fermeture du détroit. Bien que ce vote ne soit pas contraignant, l'autorité finale revenant au Conseil suprême de sécurité nationale iranien, cette décision pourrait être interprétée comme une tentative de montrer son autorité et d'envoyer un avertissement, car il s'agit là d'un des rares moyens de dissuasion stratégiques dont dispose l'Iran.

M. Salameh est convaincu qu'en cas de poursuite ou de reprise du conflit avec les États-Unis,

“l'Iran perturbera à coup sûr le trafic maritime dans le détroit”.

M. Weafer confirme :

“L'Iran va probablement miser sur une escalade prompte, afin que les pays du golfe Persique et d'Asie, bien que clairement irrités par l'Iran, commencent également à faire pression sur les États-Unis pour qu'ils reviennent en arrière, en raison des répercussions négatives sur leurs économies respectives”.

Et l'Iran n'aura peut-être même pas besoin de couler des pétroliers pour faire passer le message. Le simple fait de cibler des navires entraînerait probablement une hausse des primes d'assurance, réduisant les volumes commerciaux, et ferait grimper les prix pour les usagers, suggère M. Weafer. Le risque en lui-même peut suffire à nuire aux économies mondiales fragiles.

M. Widdershoven reste toutefois sceptique quant à la probabilité que l'Iran franchisse le pas.

“Téhéran menace de le faire depuis des décennies, mais n’a jamais franchi le pas ou n'a jamais été en mesure de le faire. Cela pousserait également les pays arabes voisins à adopter une position anti-iranienne, ne laissant pas suffisamment de marge de manœuvre à Téhéran pour passer à l'action”.

Selon lui, Téhéran ne souhaite pas vraiment que ses seuls alliés commerciaux, tels que la Chine et l'Inde, se sentent irrités. Pourtant, M. Salameh n'est pas convaincu que ces alliés empêcheraient Téhéran d'agir. Ni le Conseil de coopération du Golfe (CCG) ni la Chine ne pourraient dissuader l'Iran, affirme-t-il :

“L'Iran ne se souciera pas non plus d'être isolé, car il n'a pas d'autre option et sait que ses véritables alliés, en particulier la Chine et la Russie, ne l'abandonneront jamais”.

La carte “proxy”

Widdershoven alerte sur l'éventualité que les alliés de l'Iran dans l'Axe de la résistance puissent représenter une menace encore plus grande que Téhéran lui-même.

Bien que les États-Unis et le gouvernement yéménite dirigé par Ansarallah aient convenu d'un cessez-le-feu début mai, Sanaa a annoncé qu'il coordonnera ses actions avec Téhéran, et aurait tiré plusieurs missiles sur Jaffa le 13 juin.

Si les hostilités entre l'Iran et les États-Unis devaient reprendre, M. Weafer estime que le trafic maritime en mer Rouge sera à nouveau la cible d'attaques yéménites. Salameh va plus loin, soulignant que s’il y a reprise du conflit, l'Iran et le Yémen pourraient bloquer à la fois Ormuz et Bab al-Mandeb.

“La croissance économique mondiale pourrait facilement reculer de deux à trois pour cent”.

Il estime qu'une fermeture de deux mois du détroit d'Ormuz pourrait coûter à l'économie mondiale environ 5.000 milliards de dollars sur une base annualisée.

Le blocus du détroit d'Ormuz paralyserait également les marchés du gaz. Environ un cinquième du GNL mondial, provenant principalement du Qatar, transite par cette étroite voie navigable. Si M. Widdershoven affirme que cela ne déclenchera pas de récession mondiale, il concède toutefois que les marchés énergétiques européens seraient confrontés à de graves pénuries et à une inflation galopante.

Selon M. Salameh, l'UE serait la plus touchée. Elle serait condamnée à dépendre du GNL américain, qui coûte deux à quatre fois plus cher que le gaz russe acheminé par gazoduc. L'économie déjà exsangue en serait particulièrement éprouvée.

Pour l'instant, les scénarios catastrophe ont été évités et l'impact sur le marché de l'énergie a été étonnamment limité. Mais sans perspective de paix durable et au regard d’une escalade régionale survenue en quelques jours, les potentielles futures tensions pourraient survenir plus brutalement, et frapper plus fort.


Traduit par Spirit of Free Speech


7 commentaires:

  1. L’asile de fous a balancé des bombes à l’uranium appauvri sur l’Iran.

    La criminalité de ces sous-hommes est sans borne. Les patrons des USA, qui livrent ces armes pour génocides, sont aussi malades que les patients de l’asile de fous.

    https://www.youtube.com/watch?v=pqCVxwh4sqE

    Machin

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  2. "...Les patrons des USA, qui..." Oui : QUI ? Ces "patrons" sont eux aussi des pantins en colonie du sionistan US dirigé par vous savez QUI. Comme en France, en Angleterre, en Allemagne.

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    1. En attendant tes frères et autres cousins PÉTROLIERS du P/Orient viennent de se faire "TAXER" de 500 milliards de $ (pour le moment)par les USA......: SOIT de QUOI SUBVENTIONNER ISRAEL à raison de 3 billions/an DURANT: 160 années.....

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  3. L'Iran tient les mondialistes par les testicules avec le détroit d'Ormuz. Et ces esclavagistes vont se calmer. Ils semblent avoir compris les dégâts considérables à venir, sil 20/25 % du pétrole ne s'évacue plus. (Sauf celui de l'Iran destiné à ses clients Chinois ou alliés).

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  4. TOUS les états Pétroliers..PARESSEUX et/ou CORROMPUS qui spéculaient sur une montagne de cadavres Iraniens AFIN de voir le BARIL monter à 100$ ou plus.......devront soit continuer à se branler..soit commencer à vraiment TRAVAILLER...

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  5. Désastre...Ps sur! Car il y a déjà TROP de pétrole de disponible. Cette fermeture potentille nuir

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  6. Il y a trop de pétrole en CE moment. Cette possible fermeture nuirait surtout à la Chine. L'Iran ne peut se passer de l'argent de son pétrole. Les états pétroliers du golf Persique peuvent vivre au moins 3 ans sans l'argent des hydrocarbures(sauf Irak). Mais il est bon d'amuser les enfants en dramatisant les choses

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