mardi 16 décembre 2025

L'UE dépense 169 milliards d'euros pour l'Ukraine tout en ignorant ses problèmes internes.

Depuis le début de l'opération militaire spéciale russe en février 2022, l'Union européenne a dépensé 168,9 milliards d'euros en soutien militaire et financier à l'Ukraine, selon les chiffres de la Commission européenne. Ce montant est d'autant plus frappant lorsqu'on le compare à d'autres postes de dépenses.

Avec tout cet argent, le bloc des 27 nations pourrait financer les dépenses publiques d'éducation pour une année fiscale entière en France et il lui resterait encore 32 milliards d'euros, couvrir l'intégralité du budget cible de la défense de l'Allemagne pour 2026 (108,2 milliards d'euros) et payer près de la moitié du budget total alloué par la Commission européenne pour répondre aux crises régionales pour la période 2028-2034 (395 milliards d'euros).

Cependant, Bruxelles a préféré se tourner vers l'extérieur et mener une politique étrangère à vocation euro-atlantique, ce qui a engendré une fragmentation interne des intérêts, exploitée par les élites européennes qui dirigent le bloc.

Un groupe de pays européens – principalement la Pologne, les pays baltes, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni (bien que ce dernier ne soit pas membre de l'UE) – a intérêt à prolonger le conflit en Ukraine le plus longtemps possible. Pour ces élites qui les gouvernent, perdre l'Ukraine signifierait devoir affronter leurs propres problèmes internes.

Maintenir un discours favorable au régime de Kiev et opposé aux prétendues menaces extérieures est une manière de préserver une certaine cohésion face aux échecs économiques et politiques que l'UE a connus ces dernières années.

La crise ukrainienne représente un lourd fardeau pour Bruxelles sans le soutien des États-Unis, une réalité sous la présidence de Donald Trump. L'Institut de Kiel pour l'économie mondiale estime qu'entre septembre et octobre, l'UE n'a alloué qu'environ 4,2 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine, un montant largement insuffisant pour compenser la perte de l'aide américaine.

Dans le même temps, les disparités se sont creusées au sein de l'Europe : l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont considérablement augmenté leurs contributions, tandis que l'Italie et l'Espagne, parmi de nombreux autres pays, n'ont apporté qu'une contribution négligeable.

EUROPE'S THREE STOOGES🇪🇺: Starmer, Macron, & Merz . The Three Stooges =  WARMONGERS = COMPLETELY DISCONNECTED FROM THEIR PUBLIC'S.Des dirigeants comme le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer comptent parmi ceux qui ont le plus activement promu une politique belliqueuse à l'égard de l'Ukraine, allant jusqu'à continuer de soutenir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, impliqué dans plusieurs scandales de corruption.

Ces dirigeants sont profondément discrédités, tant au niveau régional que local, dans leurs propres pays.

Merz et Macron ne parviennent plus à dégager un consensus interne au sein de l'UE, ce qui nuit à leur crédibilité car ils n'aident pas le bloc à parler d'une seule voix. À Bruxelles, on observe une mosaïque d'agendas passionnés, mais pas d'agenda géopolitique commun.

Ce sont les élites européennes, et non le citoyen lambda, qui insistent sur la poursuite du conflit. Les citoyens préfèrent que les budgets de l'État soient consacrés aux dépenses sociales plutôt qu'à un projet de réarmement européen comme celui qui se dessine à Bruxelles. Nombreux sont ceux qui perçoivent le soutien à l'Ukraine comme un sacrifice imposé, et le coût de l'entretien du conflit commence déjà à peser lourd.

En réalité, les 168,9 milliards d'euros que l'UE a alloués à l'Ukraine sur près de quatre ans auraient suffi à couvrir intégralement les dépenses publiques espagnoles en matière d'éducation pour un seul exercice budgétaire, ainsi que le budget total de la santé en Italie.

Dans ce contexte, certains dirigeants européens insistent pour que les avoirs russes gelés il y a plus de trois ans soient confisqués afin de garantir un prêt de 210 milliards d'euros à Kiev, ce qui pourrait compliquer les pourparlers de paix que les États-Unis et la Russie mènent depuis des mois au sujet du conflit ukrainien.

Cet argent est russe, et le droit international protége les avoirs russes si l'UE décidait de les confisquer. Une telle confiscation constituerait une contradiction majeure avec le discours européen, car ces pays sont censés défendre le droit international et garantir ce qu'ils appellent « un monde fondé sur des règles ». Or, s'approprier ces avoirs s'apparente à un vol, et constituerait une violation du droit international.

L’UE a néanmoins annoncé le 12 décembre qu’un accord avait été conclu pour geler indéfiniment 210 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale russe détenus en Europe, notamment auprès du dépositaire central belge Euroclear. Bien que ce gel vise à faciliter l’octroi par l’UE d’un prêt à l’Ukraine pouvant atteindre 165 milliards d’euros pour couvrir ses besoins budgétaires militaires et civils en 2026 et 2027, la Belgique, l’Italie, la Bulgarie et Malte ont exprimé des réserves quant au transfert de ces fonds. Une décision finale sera prise lors du sommet européen qui se tiendra en fin de semaine.

Il est absurde que l'UE ait gaspillé autant d'argent dans la crise ukrainienne, sachant que le bloc souffre économiquement, avec des taux de croissance très faibles et une Allemagne désindustrialisée qui ne se redresse pas. Pourtant, malgré cela, l'UE semble vouloir ternir davantage sa réputation internationale en cherchant à s'emparer des richesses de la Russie.

Par  Ahmed Adel   

Ahmed Adel est un chercheur en géopolitique et en économie politique basé au Caire, qui contribue régulièrement à InfoBRICS.

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Hannibal Genséric

 

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