jeudi 9 octobre 2014

Réponses russes aux provocations occidentales


En écoutant d’abord Porochenko, il y a quelques jours, puis Obama à l’Assemblée générale des Nations Unies, impossible d’avoir encore le moindre doute sur le fait que l’Empire anglo-sioniste est en guerre avec la Russie. Pourtant, beaucoup de gens croient que la réponse russe à cette réalité est insuffisante. De même, on constate qu’un flux constant d’accusations sont portées contre Poutine au sujet de la politique de la Russie face à la crise en Ukraine. Ce que je me propose de faire ici, c’est d’offrir quelques rappels de base sur Poutine, sur ses obligations et sur les options qui s’offrent à lui.
Tout d’abord, Poutine n’a jamais été élu pour être le gendarme ou le sauveur du monde ; il n’a été élu que pour être président de la Russie. Cela semble évident, et pourtant il est encore bien des gens pour penser que Poutine serait en quelque sorte moralement obligé de faire quelque chose afin de protéger la Syrie, la Novorussie ou toute autre partie de notre monde harcelé. Ce n’est pas le cas. Oui, la Russie est le leader de facto des BRICS et des pays de l’OCS, et la Russie accepte ce fait, mais c’est de ses propres compatriotes que Poutine a l’obligation morale et légale de prendre soin en premier lieu.
Deuxièmement, la Russie est maintenant officiellement dans le collimateur de l’Empire anglo-sioniste, lequel comprend non seulement 3 puissances nucléaires (Etats-Unis, Royaume-Uni et France), mais aussi la plus puissante force militaire (USA + OTAN) et les plus importantes économies du monde (Etats-Unis + Union Européenne). Je pense que nous pouvons tous convenir sans peine que la menace posée par un tel empire n’est pas négligeable, et que la Russie a dès lors tout à fait raison d’user des plus grandes précautions pour traiter la question.
Casser du sucre sur le dos de Poutine, mais manquer la cible.
Maintenant, étonnamment, beaucoup de ceux qui accusent Poutine d’être une mauviette, un vendu ou une Pollyanna [1] naïve, affirment également que l’Occident est en train de préparer une guerre nucléaire contre la Russie. Si tel est vraiment le cas, s’il y a bien un risque réel de guerre, que celle-ci soit nucléaire ou non, cela pose la question de savoir si Poutine ne fait pas dans ce cas précisément ce qui convient en s’abstenant d’agir avec rudesse et de se montrer menaçant. Certains diront que l’Occident veut absolument une guerre, peu importe ce que Poutine peut faire. Bon, très bien, mais dans ce cas, gagner autant de temps qu’il est possible avant l’inévitable, n’est-ce pas justement la bonne chose à faire ?!
Troisièmement, sur la question de l’action des Etats-Unis contre l’EIIL, plusieurs commentaires ont accusé Poutine de poignarder Assad dans le dos parce que la Russie a soutenu la résolution des États-Unis au Conseil de sécurité.
Et qu’est-ce que Poutine était censé faire ?! Faire voler la force aérienne russe jusqu’en Syrie pour protéger la frontière syrienne ? Qu’en est-il d’Assad ? A-t-il envoyé sa propre armée de l’air se ruer pour essayer d’arrêter les États-Unis ou a-t-il tranquillement fait une offre : bombardez-les, « eux», pas nous, et je protesterai mais ne ferai rien à ce sujet ? De toute évidence, c’est cette dernière option qu’il a choisie.
En fait, Poutine et Assad ont exactement la même position : protester contre le caractère unilatéral des frappes, exiger une résolution de l’ONU tout en regardant tranquillement comment l’Oncle Sam se retourne contre sa propre progéniture et tente maintenant de la détruire.
Je voudrais ajouter que Lavrov, assez logiquement, a déclaré qu’il n’y a pas de « bons terroristes ». Il sait que l’EIIL n’est rien d’autre que la continuation de l’insurrection syrienne créée de toutes pièces par les États-Unis, elle-même une continuation de la création étatsunienne qu’était al-Qaïda
D’un point de vue russe, le choix est simple : qu’est-ce qui est le mieux, que les États-Unis utilisent leurs forces et leurs hommes pour tuer les wahhabites fous ou qu’ils laissent Assad le faire ? Et si l’EIIL est victorieux en Irak, combien de temps avant qu’il ne revienne s’en prendre à la Tchétchénie? Ou à la Crimée ? Ou au Tatarstan ? Pourquoi risquer la mort d’un seul soldat russe ou syrien alors que l’US Air Force est prête à faire les choses à leur place ?
Bien qu’il y ait une douce ironie dans le fait que les États-Unis ont maintenant à bombarder leur propre création, laissons-les faire ça. Même Assad a été clairement prévenu, et il en est évidemment très heureux.
Frustration sincère ou malhonnêteté intellectuelle ?
Bien entendu, POUR L’EMPIRE ANGLO-SIONISTE, l’objectif n’a jamais été ni l’Ukraine ni la Novorussie, mais de mener une guerre à la Russie. 
Tout ce que la Russie a fait, ce fut de reconnaître cette réalité. 
En fait, je crois que ce que j’observe, ce sont trois phénomènes très différents qui se manifestent tous en même temps :
1) une campagne organisée de dénigrement anti-Poutine lancée par les services des gouvernements des Etats-Unis et du Royaume-Uni chargés de manipuler les médias sociaux ;
2) une campagne spontanée de dénigrement anti-Poutine conduite par certains cercles nationaux-bolchéviques russes (Limonov, Douguine et compagnie) ;
3) l’expression d’une perplexité sincère, d’une anxiété et d’une frustration de la part de personnes honnêtes et bien intentionnés, pour qui la position russe actuelle n’a vraiment aucun sens.
Le reste de cet article sera entièrement consacré à essayer d’expliquer la position russe à ceux qui appartiennent à ce troisième groupe (tout dialogue avec les gens des deux premiers groupes n’aurait simplement aucun sens).

Essayer de donner un sens à une politique apparemment illogique

Dans mon introduction ci-dessus, j’ai affirmé que ce qui se passe est une guerre contre la Russie, pas (pas encore ?) une guerre chaude, et plus tout à fait non plus une guerre froide à l’ancienne. En substance, ce que les Anglo-Sionistes sont en train de faire est assez clair, et beaucoup de commentateurs russes sont déjà arrivés à cette conclusion : les Etats-Unis sont engagés dans une guerre contre la Russie pour laquelle ils sont prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien. De sorte que pour l’Empire, le « succès » de cette guerre ne saurait être défini comme un résultat qui pourrait être obtenu en Ukraine, parce que, comme je l’ai dit précédemment, l’Ukraine n’est pas l’objectif de cette guerre. Pour l’Empire, le « succès » sera un résultat spécifique obtenu en Russie : à savoir un changement de régime en Russie. 
Examinons la façon dont l’Empire prévoit d’atteindre ce résultat.
Le plan originel était simpliste, à la façon typique des néoconservateurs US : renverser Ianoukovitch, faire entrer l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN, amener l’OTAN à la frontière russe sur le plan politique et la déplacer militairement en Crimée. Ce plan a échoué. La Russie a accepté la Crimée en son sein, et l’Ukraine s’est effondrée dans une guerre civile brutale associée à une crise économique fatale. 
Alors les néoconservateurs américains se sont rabattus sur le plan B.
Le plan B aussi était simple : amener la Russie à intervenir militairement dans le Donbass, et utiliser cela comme un prétexte pour une guerre froide « version 2 » à grande échelle, qui créerait des tensions du style de celles des années 1950 entre l’Est et l’Ouest, justifierait en Occident des politiques inspirées par la peur, et romprait complètement les liens économiques entre la Russie et l’UE. Sauf que ce plan aussi a échoué : la Russie n’a pas mordu à l’hameçon et au lieu d’intervenir directement dans le Donbass, elle a commencé une opération secrète massive destinée à soutenir les forces antinazies en Novorussie. Le plan russe a marché, et les forces de répression de la junte ont été sévèrement battues par les forces armées novorusses , alors que celles-ci souffraient pourtant d’un énorme déficit de puissance de feu, de blindés, de spécialistes et d’hommes (progressivement, l’aide secrète russe a renversé la situation).
A ce moment-là, la ploutocratie anglo-sioniste a vraiment flippé en réalisant tout à la fois que son plan était en train de s’effondrer et qu’il n’y avait rien qu’elle pût vraiment faire pour le sauver (une option militaire étant totalement impossible, comme je l’ai déjà expliqué dans le passé). 
Ils ont essayé les sanctions économiques, mais cela n’a fait qu’aider Poutine à s’engager dans des réformes qui n’étaient depuis longtemps que trop nécessaires. Mais le pire de tout cela, c’est qu’à chaque fois que l’Occident s’est attendu à ce que Poutine fasse une certaine chose, il a fait exactement le contraire :
• personne ne s’attendait à voir Poutine utiliser la force militaire en Crimée pour une prise de contrôle aussi rapide que l’éclair, et qui restera dans l’histoire comme quelque chose d’au moins aussi incroyable que le fut l’opération Storm-333.
• tout le monde s’attendait à voir Poutine envoyer des forces en Novorussie. Il ne l’a pas fait.
• personne ne s’attendait à des contre-sanctions russes venant frapper le secteur agricole de l’UE.
• tout le monde s’attendait à des représailles de Poutine après la dernière série de sanctions. Il ne l’a pas fait.
Il y a comme un modèle derrière ceci, et c’est une base dans tous les arts martiaux : d’abord, ne jamais signaler vos intentions ; deuxièmement, user de feintes ; et troisièmement, frapper où et quand votre adversaire ne s’y attend pas.
A l’inverse, il y a deux choses qui sont profondément enracinées dans la mentalité politique occidentale et que Poutine ne fait jamais : il ne menace jamais et il ne prend jamais de posture. Par exemple, alors que les États-Unis sont pour l’essentiel en guerre avec la Russie, la Russie se fera un plaisir de soutenir une résolution américaine sur l’EIIL si elle est à son avantage. Et les diplomates russes parleront de « nos partenaires américains » ou de « nos amis américains », tandis que, dans le même temps, ils font davantage à eux seuls que le reste de la planète ensemble pour faire tomber l’Empire anglo-sioniste.

Un rapide regard sur le bilan de Poutine

Voici ce que Poutine a déjà fait dans le passé (sans ordre particulier). Il a :
• brisé le dos de l’oligarchie soutenue par les anglo-sionistes en Russie ;
• obtenu un succès vraiment miraculeux en Tchétchénie (un succès que personne, prophètes compris, n’avait prévu) ;
• littéralement ressuscité l’économie russe ;
• reconstruit les forces armées, les forces de sécurité et les forces de renseignement russes ;
• gravement perturbé les capacités de subversion des ONG étrangères en Russie ;
• fait plus pour la dé-dollarisation de la planète que quiconque avant lui ;
• fait de la Russie le leader incontesté à la fois des BRICS et de l’OCS ;
• ouvertement contesté le monopole de l’information de la machine de propagande occidentale (avec des projets comme Russia Today) ;
• arrêté une frappe US/OTAN imminente sur la Syrie par l’envoi d’un corps expéditionnaire de la Marine russe (qui a procuré à la Syrie une couverture radar complète de l’ensemble de la région) ;
• permis à Assad de l’emporter dans la guerre civile syrienne ;
• rejeté ouvertement le « modèle de civilisation universelle » de l’Occident et déclaré son soutien à un autre modèle, fondé sur une religion et des traditions ;
• ouvertement rejeté un « nouvel ordre mondial » unipolaire sous la conduite des Anglo-Sionistes, et déclaré son soutien à un ordre mondial multipolaire ;
• soutenu Assange (à travers Russia Today) et protégé Snowden ;
créé et promu un nouveau modèle d’alliance entre le christianisme et l’islam, sapant ainsi le paradigme du « choc des civilisations » ;
• viré les Anglo-Sionistes de certains endroits clés dans le Caucase (Tchétchénie, Ossétie) ;
• viré les Anglo-Sionistes de certains endroits clés en Asie centrale (base de Manas au Kirghizstan) ;
• donné à la Russie les moyens de défendre ses intérêts dans la région de l’Arctique, y compris les moyens militaires ;
• établi une alliance stratégique à spectre complet avec la Chine, alliance qui est au cœur à la fois de l’OCS et des BRICS ;
• Il est actuellement en train de faire adopter des lois empêchant des intérêts étrangers de contrôler les médias russes ;
• Il a donné l’Iran les moyens de développer un programme nucléaire civil dont ce pays a grand besoin ;
• Il travaille avec la Chine à la création d’un système financier sous forme entièrement séparée de l’actuel système contrôlé par les Anglo-Sionistes (comprenant notamment un commerce en roubles ou en renminbi) ;
• Il a ré-établi un soutien politique et économique de la Russie à Cuba, au Venezuela, à la Bolivie, à l’Équateur, au Brésil, au Nicaragua et à l’Argentine ;
• dégonflé de manière très efficace la révolution colorée pro-américaine en Russie ;
• organisé le « Voentorg » [4] qui a armé les FAN ;
• donné refuge à des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens ;
• envoyé une aide humanitaire vitale dont la Novorussie avait absolument besoin ;
• fourni aux FAN un soutien russe direct en matière de puissance de feu et peut-être même une couverture aérienne dans des endroits clés (le « chaudron sud », par exemple).
• enfin, et ce n’est pas là la moindre de ses actions, il a parlé ouvertement de la nécessité pour la Russie de rétablir elle-même sa propre « souveraineté » en l’emportant sur la 5ème colonne pro-américaine.
Et la liste s’allonge encore et encore. 
Ce que j’illustre ici, c’est qu’il y a une très bonne raison à la haine que les Anglo-Sionistes vouent à Poutine : la longue histoire du combat efficace qu’il mène contre eux.

Des impératifs que la Russie ne peut ignorer

Tout d’abord, je considère que la séquence suivante n’est pas contestable :
Premièrement, la Russie doit l’emporter dans la guerre que les Anglo-Sionistes mènent actuellement contre elle. Ce que l’Empire veut en Russie, c’est un changement de régime, suivi par une absorption complète du pays dans la sphère d’influence occidentale, avec aussi une dislocation probable de l’intégrité de la Russie. Ce qui est menacé, c’est donc l’existence même de la civilisation russe.
Deuxièmement, la Russie ne sera jamais en sécurité avec un régime russophobe néo-nazi au pouvoir à Kiev.
Troisièmement, un changement de régime à Kiev suivi d’une dénazification complète est la seule voie possible qui permette à la Russie d’atteindre ses objectifs essentiels.
Ce qui est en jeu ici, c’est une confrontation planétaire.
L’avenir de la planète dépend de la capacité des pays des BRICS et de l’OCS à remplacer l’Empire anglo-sioniste par un ordre international multi-polaire qui serait véritablement très différent. La Russie est un élément crucial et indispensable dans cet effort (entrepris sans la Russie, un semblable effort serait voué à l’échec), et ce qu’elle fera en Ukraine décidera de son avenir. Quant à l’avenir de l’Ukraine, il dépend en grande partie de ce qui va arriver en Novorussie, mais pas exclusivement. D’une manière paradoxale, la Novorussie est plus importante pour la Russie qu’elle ne l’est pour l’Ukraine.

Le vrai danger pour la Russie

Poutine doit faire face simultanément à
1) une campagne de manipulation psychologique (ce qu’on appelle une campagne PsyOp) stratégique dirigée par les États-Unis, le Royaume-Uni et autres, combinant diabolisation de Poutine par les grandes entreprises de médias et campagne dans les médias sociaux tendant à le discréditer pour sa passivité et son manque de réponse appropriée face à l’Occident ;
2) un groupe, petit mais qui donne fort de la voix, de (pour l’essentiel) nationaux-bolchéviques (Limonov, Douguine et compagnie) qui ont trouvé dans la cause novorusse une occasion parfaite pour dénigrer Poutine en lui reprochant de ne pas partager leur idéologie et leurs « solutions » à la fois « claires, simples et erronées » ;
3) un réseau de puissants oligarques qui entendent profiter de l’occasion offerte par les actions des deux premiers groupes pour promouvoir leurs propres intérêts ;
4) une 5ème colonne pour laquelle tout ce qui précède constitue une opportunité fantastique d’affaiblir les souverainistes eurasiens ;
5) un sentiment de déception chez beaucoup de gens sincères, qui estiment que la Russie se comporte comme un punching-ball purement passif ;
6) une majorité écrasante de personnes en Novorussie qui veulent une complète indépendance (de facto et de jure) vis-à-vis de Kiev et sont sincèrement convaincues que des négociations avec Kiev sont en fait un prélude à une trahison des intérêts novorusses par la Russie ;
7) la réalité objective qu’intérêts russes et novorusses ne sont pas identiques ;
8) la réalité objective que l’Empire anglo-sioniste est encore très puissant et même potentiellement dangereux.
Il est très difficile pour Poutine d’essayer d’équilibrer ces forces de telle manière que le vecteur résultant soit en coïncidence avec l’intérêt stratégique de la Russie. Je dirais qu’il n’y a tout simplement pas d’autre solution à cette énigme que de séparer la politique officielle (le déclaratif) de la Russie et ses véritables actions. L’aide secrète à la Novorussie en est un exemple, mais seulement un exemple limité parce que ce la Russie doit faire à présent va au-delà des seules actions secrètes : elle doit apparaître comme faisant une chose tout en faisant exactement le contraire. 

Le TGV Moscou-Kazan échappe aux Européens

L’escalade dans les sanctions entre l’Occident et la Russie vient de faire une nouvelle victime, la compagnie française Alstom qui était très bien placée pour construire le TGV Moscou-Kazan qui devait mettre la dynamique capitale du Tatarstan à 3h30 de Moscou au lieu de 11 h actuellement (pour 770 km).

 Selon des sources russes et des revues confidentielles françaises, le pouvoir russe a fait comprendre à Alstom qu’il ne fallait plus compter sur ce grand chantier qui compte parmi les grands projets d’infrastructures de Poutine, à égalité avec le nouveau pont vers la Crimée, la construction d’un grand port en eau profonde à Taman’, d’un nouveau pont sur la Lena à Irkoutsk ou la modernisation et l’ouverture aux voyageurs de deux ceintures ferroviaires concentriques autour de Moscou et de sa région.
Maigre consolation pour l’entreprise française : son concurrent allemand Siemens n’y aura pas droit non plus, pour les mêmes raisons. Ce serait China Railway Corporation qui emporterait le marché. L’entreprise construit d’ores et déjà des lignes à grande vitesse et/ou classiques partout dans le monde, dont beaucoup sont des prouesses technologiques. Le chantier devrait voir la Russie investir 10 à 15 milliards de dollars et les chinois 8, avec une option de prolongation vers l’est de cet axe vital et surencombré.
Les sanctions contre la Russie : une inutile idée qui pénalise l’emploi et l’économie de l’Europe

Rappelons que les fameuses « sanctions russes » qui font tempêter les agriculteurs et industriels européens ont été prises par la Russie en réponse aux sanctions de l’UE, des USA, du Canada, de l’Australie, du Japon, de la Suisse et de la Norvège contre ses secteurs économiques, militaires et financiers.

Elles n’ont pas empêché la Russie de se ravitailler ni de gagner des positions diplomatiques, notamment en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. En l’espace de quelques mois, la Russie s’est réconciliée avec Cuba, a donné un nouvel élan dans ses relations avec le Brésil, la Turquie et la Chine, s’est assurée l’accès exclusif à des ressources naturelles d’Argentine ou du Zimbabwe. Pendant ce temps, le pouvoir russe jouit d’une popularité générale et incontestée à l’intérieur. Bref, Poutine gagne sur tous les tableaux.

Pendant ce temps, les américains se frottent les mains. L’économie européenne est arrêtée, puisque coupée du marché russe, donc bientôt les entreprises d’UE n’auront d’autre choix que de rejoindre le GMT (TAFTA) ou Traité Transatlantique, dans l’espoir d’accéder au marché nord-américain. Le but étant pour les capitalistes américains de finir de les avaler, de récupérer savoirs, machines et brevets, et de démanteler tout le reste. Bref, avec l’assentiment d’élites achetées, déracinées ou inconscientes, finir de transformer l’Europe en morne « société post-industrielle » promise au chomage de masse, à la corruption et à la nostalgie malsaine de la grandeur de jadis.

Même le moteur de l’UE, l’Allemagne, est en panne, avec une croissance « négative » pas plus glorieuse que celle de la France. Et pour cause : les exportations, notamment industrielles, vers la Russie, ont chuté de 15% dans un climat économique global très morose, et ce recul de l’industrie impacte directement la croissance.

En Finlande, le chômage explose

Plus au nord, en Finlande, l’heure est grave. Depuis le déclin de Nokia, l’homme fort du pays, c’est Valio Group, un conglomérat qui fabrique des produits laitiers et réalisait avant les sanctions russes 49% de son CA en exportant sa production en Russie. Près de quinze usines, des dizaines de fermes, 30.000 employés répartis dans tout le pays. C’est dire si l’enjeu est important pour cette entreprise qui en août a décidé d’envoyer 800 personnes en chômage technique et de ne pas renouveler les missions de 126 intérimaires. Valio s’apprête maintenant à faire un nouveau plan social. Et ce n’est que l’une des 600 entreprises finlandaises qui travaille avec la Russie- 60.000 finnois vivent de ce marché. A cause des sanctions, les observateurs avertis s’attendent d’ores et déjà à une explosion du chômage qui pourrait passer de 8 à 10% des actifs de ce pays scandinave. Une image symbolique de la catastrophe que représente l’escalade dans les sanctions pour l’UE.


Conclusion : une clé de la politique russe ?

La plupart d’entre nous sont habitués à penser en termes de catégories de super puissance. Après tout, les présidents américains, de Reagan à Obama, nous ont tous servi un régime de grandes déclarations, des opérations militaires presque constantes suivies de séances d’information du Pentagone, des menaces, des sanctions, des boycotts, etc. Je dirais que cela a toujours été la marque de fabrique de la « diplomatie » occidentale, depuis les croisades jusqu’à la dernière campagne de bombardement contre l’EIIL. 
La Russie et la Chine ont une tradition diamétralement opposée. 
Par exemple, en termes de méthodologie, Lavrov répète toujours le même principe : « nous voulons faire de nos ennemis des neutres, nous voulons changer les neutres en partenaires, et nous voulons faire en sorte que nos partenaires deviennent des amis ». Le rôle des diplomates russes n’est pas de préparer à la guerre, mais de l’éviter. Oui, la Russie se battra, mais seulement lorsque la diplomatie aura échoué. Si, pour les Etats-Unis, la diplomatie est uniquement un moyen de formuler des menaces, pour la Russie, elle est un outil principalement destiné à les désamorcer. Il n’est donc pas étonnant du tout que la diplomatie américaine soit primitive au point de confiner au comique. Après tout, est-il besoin de beaucoup de sophistication pour dire « conformez-vous à nos exigences, ou alors… ». N’importe quel petit voyou des rues sait faire cela. Les diplomates russes sont bien davantage semblables à des spécialistes de l’élimination des explosifs ou à des officiers du déminage : ils doivent se montrer extrêmement patients, très attentifs et pleinement concentrés. Mais, et c’est le plus important, ils ne peuvent pas permettre à quiconque de les contraindre à se précipiter, de peur que tout n’explose.
La Russie est pleinement consciente de ce que l’Empire anglo-sioniste est en guerre avec elle et de ce que la reddition n’est tout simplement plus une option envisageable pour elle (en supposant qu’elle l’ait jamais été). La Russie comprend aussi qu’elle n’est pas une véritable super puissance ou, encore moins, un empire. La Russie est seulement un pays très puissant qui cherche à priver l’Empire de ses crocs sans pour autant déclencher une confrontation frontale avec lui. En Ukraine, la Russie ne voit pas d’autre solution qu’un changement de régime à Kiev. Pour atteindre cet objectif, la Russie préférera toujours une solution négociée à une solution obtenue par la force ; cependant, si aucun autre choix ne lui est laissé, elle recourra à la force. 

En d’autres termes les objectifs russes sont :
- à long terme,  faire tomber l’Empire anglo-sioniste. 
- à moyen terme, créer les conditions pour un changement de régime à Kiev. 
- à court terme, empêcher la junte de Kiev d’envahir la Novorussie. 

La méthode préférée de la Russie pour atteindre ces objectifs est la négociation avec toutes les parties concernées.
Tant que vous garderez ces principes de base à l’esprit, les apparents zigzags, les contradictions et la passivité des politiques russes vous demeureront compréhensibles.
La question reste ouverte de savoir si la Russie réussira à atteindre ses objectifs. En théorie, une attaque réussie de la junte contre la Novorussie pourrait forcer la Russie à intervenir. De même, il y a toujours la possibilité d’une autre opération « sous faux drapeau », peut-être quelque chose de nucléaire. Je pense que la politique russe est saine et, vu l’ensemble des circonstances actuelles, que c’est la meilleure parmi celles que l’on peut, en étant réaliste, considérer comme réalisables. Pour le reste, seul le temps nous le dira.


NOTE :
[1] : Pollyanna est l’héroïne d’un célèbre roman pour la jeunesse d’Eleanor H. Porter, publié en 1913 aux États-Unis et devenu un classique de la littérature enfantine ; jeune orpheline recueillie par sa tante, Pollyanna Whittier se montre résolument optimiste face aux vicissitudes de la vie, s’efforçant de toujours voir le bon côté des choses au travers d’un jeu inventé par son père à cette intention, le « jeu du contentement », consistant à trouver toujours, quelle que soit la situation, une occasion de se réjouir ou un sujet de voir les choses de façon positive, ce quand bien même une telle attitude optimiste serait illogique ou absurde ; poussé à l’excès, le jeu engendre une naïveté excessive qui revient parfois à refuser d’accepter les faits d’une situation défavorable.