vendredi 6 mars 2015

L’Irak se libère sans les Américains

Depuis le contrôle par le groupe terroriste Daesh de Mossoul et d’une grande superficie du territoire irakien, les Américains insistent à se déclarer comme étant « les libérateurs exclusifs » de la Mésopotamie, et refusent de reconnaitre un quelconque rôle aux forces armées et à la force de la mobilisation populaire. Pourtant, ces dernières combattent les terroristes sans aucune couverture aérienne de leur part et sans coordination aucune, parvenant à limiter la présence de Daesh dans deux provinces : Ninive et Anbar.

L’Irak se libère sans les AméricainsLes Américains ne se sont pas contentés de la défaite de l’an 2011 en Irak. Ils cherchent aujourd’hui à légitimer toute présence militaire et sécuritaire dans plus d’une région irakienne. Les États-Unis prétendent qu’ils sont présents dans le pays à la demande du gouvernement de Bagdad.

Et comme d’habitude, les États-Unis œuvrent à  évincer les autres pour s’accaparer seuls la direction des affaires du pays. Pour cette raison, ils veillent depuis juin dernier à parler sans cesse de l’État « lamentable » en Irak, insistant sur « l’incapacité » des forces militaires irakiennes officielles ou populaires à repousser la razzia de Daesh.

Minimiser les exploits de l’armée irakienne


Bien que les faits sur le terrain aient démontré l’inverse, les Américains ont insisté pour suivre cette politique. Tout le monde se rappelle en effet de ce qui a eu lieu vers la fin de janvier dernier : alors que les forces irakiennes étaient en train de libérer la province de Meqdadiya, dernier bastion de Daesh à Diyala, le Pentagone a publié un rapport comprenant des données sur les exploits des forces irakiennes depuis la crise de la chute de Mossoul en juin 2014.

D’après ce rapport, Daesh n’a pas perdu que 1% des territoires qu’il a occupés suite aux opérations militaires de l’armée irakienne et des forces de mobilisation, soit 700 km² des 55 mille km que le groupe terroriste occupe. Le porte-parole du Pentagone a prétendu que les forces kurdes ont repris la plupart de ces territoires au nord de l‘Irak.

Malheureusement, personne en Irak n’a infirmé les données erronées de ce rapport, ni n’a dénoncé l’objectif américain suspect de cette propagande.

A ce moment, un haut responsable américain a assuré que les forces irakiennes sont incapables de libérer un village et un seul sans assistance étrangère. Des propos qui ont été repris il y a quelques jours par le directeur des renseignements militaires américains, Vincent Stewart, prétendant que « les forces irakiennes ne sont pas capables de vaincre Daesh toutes seules à cause du manque de moyens logistiques, de la corruption et d‘autres problèmes à l’intérieur de l’institution militaire irakienne ».

Pour les Américains, les forces officielles et populaires irakiennes sont interdites de faire face à Daesh, pour des raisons claires liées à leurs intérêts stratégiques en Irak.

Mais à la grande surprise des Américains, certaines parties irakiennes, avec leurs alliés iraniens entre autre, ont pris la décision ferme de faire face à Daesh de toutes leurs forces.

Ainsi, l’ayatollah Sayed Ali Sistani – figure religieuse chiite éminente en Irak— a décrété une fatwa appelant au port d’armes et au jihad contre Daesh, une fatwa qualifiée d’ « inutile » par le chef d’Etat-major américain, le général Martin Dempsey.

Pour sa part, le guide suprême de la révolution islamique en Iran, l’ayatollah Sayed Ali Khamenei a assuré que le peuple irakien est capable de libérer seul son territoire.

Mission du général Souleimani


Rapidement, les choses se sont éclaircies avec l’envoi  par Sayed Khamenei de son homme fort en Irak, le commandant de la force al-Qods aux gardiens de la révolution, le général Kassem Souleimani.

Quelques heures seulement après la chute de Mossoul, Souleimani a entamé la coordination des efforts avec les forces de la résistance irakienne.
Souleimani a supervisé une mission centrale dont l’objectif était de reprendre l’initiative face à Daesh qui était arrivé aux abords de la région nord de la capitale Bagdad.

En deux jours, une force de l’armée et des factions de la résistance irakienne dirigée par Souleimani sont allées vers Balad pour lever le siège et ouvrir la route de Samarra afin de libérer la ville. Cet objectif a été atteint suite à des affrontements acharnés, et a ensuite débuté une série d’opérations plus élargies et plus rapides qui ont permis de reprendre de larges territoires occupés par Daesh, au su et au vu des Américains qui ont refusé de reconnaitre ces faits inattendus.

Succession des victoires

 

Tout au long des sept derniers mois, les exploits des forces irakiennes se sont succédés, ainsi que les exploits des unités de la mobilisation populaire – un mélange de factions qui s’étaient activées lors de l’occupation américaine en 2003, comme « les brigades as-Salam », « les brigades Hezbollah », « factions Ahlul Haq »,  « organisation Badr », « les brigades de Khorassani », « les soldats de l’imam », « les brigades du maitre des martyrs », « les brigades de l’imam Ali », etc…

Les exploits de la force de la mobilisation populaire ont irrité les Américains parce qu’ils ont montré les grandes capacités des groupes irakiens à vaincre Daesh, sans avoir recours à eux, mais aussi parce que ces groupes sont les mêmes à avoir combattu et repoussé l’occupation américaine de l’Irak en 2003.
Voilà comment à chaque fois que les forces irakiennes réalisaient une victoire, les Américains se sentaient de plus en plus écartés de la scène irakienne.


Opération majeure pour reprendre Tikrit

L’armée poursuit son offensive pour reprendre la ville stratégique de Tikrit tombée aux mains de Daech. Des milliers de soldats irakiens et de miliciens chiites encerclent les combattants de Daech, retranchés dans l’enceinte de Tikrit et dans les villages voisins. Un certain nombre de villages ont déjà été repris.

« Nous avons détruit un certain nombre de véhicules et de machines ennemis, qui sont situés dans des zones résidentielles. Nous avançons, et nous vaincrons, avec la grâce de Dieu, pour la province de Salah ad-Din. »

L’armée dit vouloir reprendre Tikrit et l’ensemble de la province de Salah ad-Din des mains de Daech, et n’a pas demandé d’aide aérienne de la coalition menée par les États-Unis. Les officiers de l’armée affirment que leurs progrès sont ralentis par les bombes de route et les snipers, mais qu’ils avancent tout de même. Tikrit est à présent encerclée sur trois côtés, à l’Ouest, au Nord et au Sud, et l’armée tente de prendre position à l’Est, où les combats font rage. L’offensive est la plus grosse opération dans la province depuis juin dernier, et pourrait avoir un impact majeur sur les plans de reprise de Mossoul, la plus grande ville irakienne tombée sous le contrôle de Daech.

Pont aérien iranien

Les Américains ont ensuite misé sur la pénurie en matière d’armes dans l’armée irakienne. Là encore l’aide iranienne a changé la situation. Les gardiens de la révolution iranienne ont mis en place un pont aérien pour acheminer des munitions vers les aéroports de Bagdad, Souleimaniya, Kirkouk et Erbil. Les citoyens irakiens rapportent aussi avoir vu des camions iraniens bourrés d’armes traversant les passages terrestres.

Rejet de toute implication US


Lorsque les Américains ont senti qu’ils ont perdu en Irak, ils ont proposé de participer aux opérations militaires en assurant un barrage de feu et une couverture aérienne. Le général Souleimani a fermement rejeté cette demande, et le gouvernement irakien a fait de même.

Les Américains ont par ailleurs été surpris du refus du général iranien de toute coordination conjointe sur le terrain, et de son rejet de rencontrer des dirigeants militaires US. Il a ensuite refusé une réunion avec le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

La réponse des forces de la mobilisation populaire fut décisive : les forces américaines seront considérées comme des forces ennemies si elles opèrent dans les régions d’opérations de la mobilisation populaire.

Alors que l’armée irakienne a mené des dizaines d’opérations militaires et a réussi à déloger Daesh de nombreux villages irakiens dont la superficie atteint les 10 mille km², les forces de l’alliance internationale dirigée par les Etats-Unis se contentent de frapper sporadiquement par ci et par là sans parvenir pour autant à libérer un village irakien et un seul!

Ainsi, la libération de régions comme Amerli, Meqdadiya, Jarf el-Sakhr, le pont Zarka, Jaloula, Saadiya et Balad ne peut en aucun cas passer inaperçue.
Ces opérations ont permis de sécuriser la province de Diyala, Babel ainsi que les frontières sud, ouest et nord de Bagdad. La libération totale des provinces de Salahedine et Kirkouk, dont la superficie est de 9000 km², semble imminente, alors que Daesh sera dans ce cas confiné dans les provinces de Ninive et Anbar.

Sachant que dans ces deux provinces, des forces américaines et occidentales y sont déployées sous le titre de « conseillers ». Une question se pose ainsi : pourquoi ces forces n’ont-elles effectué aucune avancée sur le terrain ? Seront-elles capables de réaliser une percée d’envergure contre Daesh sans l’intervention des forces irakiennes populaires et gouvernementales ?

Les minorités en désordre de bataille






Les milices des minorités ethniques et religieuses expulsées de la plaine de Ninive par les djihadistes de l’EI sont sur le pied de guerre. Elles pourraient être le fer de lance de l’offensive lancée pour « libérer » Mossoul, annoncée pour le printemps par les Américains et Massoud Barzani. 
Dans les camps de réfugiés du Kurdistan, le recrutement de miliciens va bon train. Aidés par les peshmergas et les bombardements de la coalition américaine, les Yézidis ont donné l’exemple en brisant l’encerclement du djebel Sinjar et reconquis dans la foulée des quartiers de la ville du même nom avec les combattants kurdes du PKK turc et du PYD syrien, se vengeant malheureusement sur les paysans arabes soupçonnés d’avoir aidé l’EI à s’emparer de leurs terres.
Côté chrétiens d’Orient, une brigade appelée Dwekh Nawsha (Futur martyr) en araméen – la langue du Christ - rêve d’en découdre avec les djihadistes. Les Unités de protection de la plaine de Ninive (NPU), dont elle fait partie, compteraient 3.000 membres, 500 autres seraient en formation. Les NPU sont soutenues par le Zowaa - Mouvement démocratique assyrien (pro-américain) – qui milite pour la création d’une région autonome chrétienne -, et par l’American Mesopotamian Organisation connue pour avoir demandé, en août 2013, à Massoud Barzani de présenter ses excuses aux chrétiens de la région «pour les atrocités commises dans le passé par les tribus et chefs de guerre kurdes » !
Les Shabaks, minorité adepte d’un syncrétisme chiito-yézidi – 60.000 âmes réparties dans une trentaine de villages de la région de Hamdaniya, au nord-est de Mossoul – ont prêté allégeance au Grand ayatollah Ali Sistani. Leur principal parti, l’Assemblée démocratique des Shabaks (DAS), a annoncé en novembre dernier la naissance de Quwat Sahl Ninawa (QSN), une force armée entrainée par des milices chiites.
Restent les Turkmènes sunnites, assis entre deux chaises. Par son nombre – 3 millions – cette minorité fait peur au régime de Bagdad et à Massoud Barzani. La Turquie s’était engagée à les soutenir, mais la promesse n’a guère dépassé le stade de l’aide humanitaire. Une petite milice turkmène a tout de même été créée par le Front turkmène, avec les moyens du bord. Pas de quoi inquiéter les djihadistes, pour l’instant.
Les minorités de la plaine de Ninive ont l’EI pour ennemi commun, mais se méfient des arrière-pensées de « l’ami kurde ». Elles réclament toutes un territoire sous protection internationale. La décision irresponsable d’un certain Lukman Ibrahim, commandant d’une importante milice yézidie du Sinjar, de demander à Israël des armes et de l’assistance, ajoutée à l’entrée, probable, en lice du maronite Samir Geagea, chef des Forces libanaises (FL) - une des milices de la guerre civile libanaise soutenue par Israël – prêt à soutenir les nationalistes assyriens, ne vont pas clarifier la situation au nord de l’Irak, loin de là.

Le Baas irakien joue et perd





En s’emparant de Mossoul en juin dernier, l’Etat islamique a marginalisé une seconde fois la résistance patriotique irakienne.
« L’histoire ne repasse pas les plats »... L’échec de l’« Opération Mossoul », organisée à Amman par le Baas irakien clandestin, des organisations de la résistance islamique anti- américaine – dont Ansar al-Islam -, des chefs de tribus de la région d’Al-Anbar et un représentant de Massoud Barzani, a fait « flop » ! Du moins, si l’on peut dire... car les djihadistes de l’Etat islamique (EI) - dont la participation à l’offensive avait été réglée par des officiers baasistes dans une petite bourgade au sud de Mossoul - ne se sont pas cantonnés au rôle de troupes de choc qui leur était assigné.
Après la prise de la ville, l’EI a aussitôt imposé son programme et éliminé ses concurrents. Izzat Ibrahim al-Douri, successeur de Saddam Hussein à la tête du parti Baas et chef de l’Armée des hommes de la Naqshbandiyya (JRTN), devait proclamer la constitution d’un « Gouvernement provisoire de la République irakienne (GPRI) » au sein duquel les courants politiques luttant contre le régime de Bagdad auraient été représentés. Abou Bakr al-Baghdadi n’étant pas, évidemment, de cet avis : les portraits de Saddam Hussein placés à l’entrée de Mossoul ont été retirés et Izzat Ibrahim s’est retrouvé « Gros gens comme devant ».
Le secret du complot d’Amman était éventé depuis longtemps. Le compte-rendu de la réunion, ultra secret, avait atterri quelques jours plus tard sur le bureau de Nouri al-Maliki – moyennant 4 millions de dollars, selon Ozgur Gundem, journal proche du PKK - ce qui signifiait que le général Qassem Suleimani - chef des Forces al-Quds des Gardiens de la révolution islamique iranienne - était informé de ce qui allait se passer.
Les Etats-Unis au courant du complot – sinon partie prenante - avaient laissé se développer l’opération, bien résolus à la faire capoter: la proclamation d’un gouvernement provisoire allant à l’encontre de leur projet de partition de l’Irak. La CIA a donc laissé l’EI prendre la direction des événements, ce qui lui permettait de se débarrasser à moindre frais de nationalistes hostiles au redécoupage du Proche-Orient. Résultat : non seulement Izzat Ibrahim a été mis sur la touche, mais Saif al-Din al-Mashadani, membre du Commandement national du Baas et de la direction de la JRTNconsidéré comme le n°2 de la résistance irakienne -, en route pour Mossoul avec des officiers baasistes, ont été arrêtés par l’EI et exécutés. L’hommage rendu peu avant par Izzat Ibrahim aux «intrépides cavaliers de l’Etat islamique » n’avait d’autre but, dit-on, que d’obtenir leur libération. Depuis, le chef du Baas ne donne plus signe de vie. Il n’a pas prononcé son habituel discours, le 5 janvier, pour l’anniversaire de l’armée irakienne. La JRTN qu’il commande ne s’est manifestée dernièrement que pour condamner l‘exécution de Maaz al-Kassasbeh, le pilote jordanien brûlé vif, et encore sans citer le nom de l’EI. Izzat Ibrahim s’estime trahi par les anciens officiers de l’armée qui ont prêté allégeance à Abou
Bakr al-Baghdadi. En Irak, être « anciens officiers de l’armée irakienne » ne veut pas toujours dire baasiste. Du temps de Saddam Hussein, pour faire carrière dans l’armée, il était préférable d’avoir la carte du parti. Douze ans après la chute de Bagdad, bien malin qui sait ce qui les motivent ? En juillet dernier, le général Moataz al-Hiti, membre du GMCIR (General Military Council for Iraqi Revolutionaries), organisation d’anciens militaires proche de l’Association des Oulémas musulmans (AMSI) du cheikh Harith al-Dari, déclarait qu’il ne partageait pas la vision du monde de l’EI, mais qu’il était avec les djihadistes « dans la même tranchée ». Jusqu’à quand ?

Champ libre pour l’EI

En juin, la proclamation d’un gouvernement provisoire siégeant à Mossoul aurait bouleversé le paysage politique et mis fin aux espoirs de Nouri al-Maliki de redevenir Premier ministre. Sachant que la population de la province de Ninive allait accueillir les organisations de la résistance en libérateurs, il a donné l’ordre à ses généraux d’abandonner leurs troupes et de se réfugier en catastrophe au Kurdistan, laissant le champ libre aux djihadistes de l’EI. On connait la suite.
Parvenus à ce stade, Washington et Téhéran pouvaient se frotter les mains : leur ennemi baasiste irakien était hors-jeu, au moins provisoirement. Avaient-ils prévu qu’un autre le remplacerait, plus dangereux encore ? A Bagdad, certains accusent Al-Maliki d’avoir facilité la tâche de l’EI et voudraient le juger pour « crime contre la sûreté de l’Etat ». Ce n’est pas demain la veille. Aujourd’hui vice-Président de la République, poste qu’il a exigé pour ne pas se représenter, l’ancien Premier ministre n’a pas dit son dernier mot.

Des conseillers militaires américains et israéliens arrêtés pendant qu’ils donnaient assistance aux terroristes de Daech


Les forces anti-terrorisme irakiennes ont arrêté quatre conseillers militaires étrangers provenant des Etats Unis et d’Israël qui étaient en train d’aider l’Etat Islamique, selon l’Agence de presse iranienne Tasnim.

Trois des conseillers militaires arrêtés ont la double nationalité états-unienne et israélienne, tandis que le quatrième conseiller est originaire d’un pays du Golfe Persique, a affirmé l’agence de presse irakienne Sarma.

Les conseillers militaires étrangers ont été capturés dans le quartier général à partir duquel l’Etat Islamique a organisé les opérations militaires dans la province de Ninive, dans le nord de l’Irak.

Les arrestations ont eu lieu au cours de l’opération baptisée « Piqûre de scorpion ». Un certain nombre d’autres combattants de l’Etat Islamique ont été tués pendant l’assaut. Les conseillers étrangers arrêtés ont été transférés à Baghdad.

.... Et les États-Unis bombardent l’armée irakienne

Les Etats-Unis menacent l’armée irakienne, et passent même à l’acte
 le sénateur Patrick Leahy
Si, au début, il y a eu un peu de confusion sur la nature de Daech/État Islamique, la duperie n’aura pas duré bien longtemps. Combien y a-t-il de pays au sein de la coalition américaine supposée lutter contre l’État Islamique ? Une bonne dizaine au moins. Mais aucun de ces valeureux pays ne participe aux vrais combats contre les militants de DAECH.
Dans une vaste offensive, l’armée irakienne, aidée par des forces chiites et des volontaires, vient de libérer Tikrit. Aucun des coalisés étatsuniens n’était présent. Mais maintenant un problème se pose. Les Etats-Unis ne peuvent tout de même pas laisser leurs chers « ennemis » daechistes se faire décimer sans aucune action de leur part.
Et ils ont réagi, en effet… mais contre l’armée irakienne.
Pendant que les soldats irakiens se battaient dans Tikrit , les avions de l’armée américaine ont bombardé une base de l’armée irakienne dans l’ouest de l’Irak, dans la province d’al-Anbar. Deux missiles ont été tirés pendant le raid, faisant 45 morts parmi les soldats et les officiers, et des dizaines de blessés. En un seul raid contre les forces irakiennes, ils arrivent à faire ce qu’ils n’ont jamais pu faire avec des dizaines ou des centaines de raids contre DAECH.
En tout cas, ça a le mérite d’éclaircir un peu plus la situation. L’heure n’est plus aux fausses pudeurs, il faut enrayer le processus de délabrement qui est en cours dans l’État Islamique. A Washington, on cherche déjà les moyens d’officialiser les interventions américaines contre l’armée irakienne, ou au moins d’intimider Bagdad et freiner son enthousiasme, en servant les leitmotivs habituels : crimes de guerre, droits de l’homme, etc…
C’est d’abord un sénateur qui s’y colle. Selon Reuters, le sénateur Patrick Leahy menace l’Irak d’une rupture pure et simple des aides militaires, si « les soldats irakiens commettaient des crimes de guerre » contre les terroristes de Daech ! Rappelons juste que cette fameuse aide militaire n’a jamais eu lieu. Les irakiens attendent encore les avions et les chars promis. Toujours selon Reuters, un responsable du Département d’Etat menace d’ouvrir une enquête, pour « faire toute la lumière sur les cas de crimes commis par les forces irakiennes ». A partir de là, il ne reste plus qu’à enclencher la machine communicationnelle, avec faux témoignages et fausses vidéos. Le sénateur Patrick Leahy dit pouvoir révéler des images où les « forces irakiennes se livrent à des tortures, des viols, des meurtres » ! Cela, personne n’en doute. Peut-être même que les images avaient déjà été tournées bien avant l’arrivée de DAECH en Irak, et qu'elles attendent le moment opportun pour être diffusées.

Cela nous rappelle la fameuse affaire des couveuses au Koweït : un scandale du faux témoignage fait le 14 octobre 1990, lors de l'invasion du Koweït par les forces armées irakiennes de Saddam Hussein, qui alléguait d'atrocités commises contre des nouveau-nés koweïtiens. Le témoignage se révèlera être mensonger et avoir servi à favoriser l'entrée en guerre des impérialistes Occidentaux.  Le 14 octobre 1990, une jeune femme koweïtienne, appelée par les médias « l'infirmière Nayirah », témoigne, les larmes aux yeux, devant une commission du Congrès des États-Unis. L'événement est retransmis rapidement par les télévisions du monde entier . Ce témoignage, avec d'autres comme ceux conçus par l'agence de communication Rendon Group (en) chargée de superviser la communication du CIA et du Pentagone, a beaucoup ému "l'opinion publique internationale" (c'est à dire occidentale)  et a contribué à ce qu'elle soutienne l'action des puissances occidentales contre l'Irak lors de la première Guerre du Golfe.  En fait, ce témoignage était entièrement faux. La jeune fille, s'appelait al-Ṣabaḥ, et était la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington Saud bin Nasir Al-Sabah. ]
Hannibal GENSERIC

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