Dans une vidéo enregistrée le 30 août 1990 à Khartoum au Soudan,
Rached Ghannouchi, fondateur du parti islamiste tunisien Ennahdha,
appelle à éradiquer toute présence occidentale dans les terres
musulmanes en incitant au Djihad, le seul moyen "pour faire couler leur
sang".
Fondateur du Mouvement de la Tendance Islamique (MTI) en mai 1981, le
mouvement ancêtre d'Ennahdha, le « cheikh » Rached Ghannouchi
conquiert les foules tunisiennes, au début de sa vie politique, par des
discours simples, voire rudimentaires. Nous avons retrouvé
l'enregistrement d'une vidéo qu'il a faite en arabe, le 30 aout 1990, au
moment de la première guerre du Golfe. « Nous avons tout essayé,
prêchait-il à l'époque, et le capitalisme et le socialisme, mais cela ne
donne pas de pain aux Tunisiens, il faut donc revenir à nos sources et à
l’islam ». La solution, la seule? Le djihad !
Bras de fer : David contre Goliath ?
En septembre 1979, les islamistes organisent des manifestations
monstres sur les campus pour marquer les débuts du XVe siècle de
l’Hégire. « L’islam, déclare Ghannouchi, passera en ce siècle de la
défensive à l’attaque, ce sera le siècle de l’État islamique ». Ce
radicalisme provoque une première vague répressive du régime de
Bourguiba. Condamné en 1981 à 3 ans de prison, il ressort en août 1984
décidé à composer avec la modernité occidentale. Peine perdue. Le
mouvement profite de l’ouverture du pouvoir pour étendre son influence
au pied des piliers des mosquées où, sous prétexte de commenter un
verset coranique, les imams se livrent à des analyses politiques. La
pression de l’ancêtre du parti Ennahdha s’accentue, des menaces de
vitriolage sont lancées contre des imams trop dociles et certains
« barbus » se forment aux arts martiaux. En 1986, Zine Abidine Ben Ali
est alors nommé ministre de l’Intérieur et des cultes par un Bourguiba
hanté par la menace islamiste « Je ne veux pas mourir avant
l’éradication des barbus et des bidonvilles », déclarait-il.
Au cours du printemps 1987, l’histoire s’accélère. Et un bras de fer
s’engage entre les islamistes et le régime. Le MTI commence à asseoir
son emprise sur les banlieues de Tunis. Nouvelle vague de répression de
la part du gouvernement, mais cette fois le mouvement islamiste ne reste
pas sans réaction. Ghannouchi est à nouveau emprisonné alors que Salah
Karker, son successeur, décide d’attaquer. La ligne dure l’emporte
définitivement. La guerre est déclarée ! Des bombes artisanales
explosent dans quatre hôtels dans la région de Monastir, la ville natale
du président Bourguiba. Autrement plus inquiétant, les sympathisants du
MTI au sein de l’armée préparaient un coup d’État prévu pour le 8
novembre suivant. Suite à ces évènements, le gouvernement est décidé à
cesser toute intransigeance à l’égard du mouvement islamiste. Le 26
septembre, la Cour de sureté se prononce par trois voix contre deux pour
la peine de mort dans le cas de Ghannouchi. Il aurait fallu quatre voix
pour que la peine soit exécutoire. En revanche, Salah Karker est
condamné à mort par contumace (il avait fui la Tunisie). Ben Ali gagne
alors la confiance du combattant suprême et est promu Premier ministre
le 2 octobre 1987.
Ghannouchi, amnistié par le nouveau président Ben Ali, le
14 mai 1988, tente de se rapprocher : « J’ai confiance, déclarait-il
alors, en Dieu et en Ben Ali ». Il s’applique sérieusement, jusqu’à
reconnaître le très libéral Code du statut personnel qui accorde aux
Tunisiennes les mêmes droits qu’aux occidentales. Il troque même son
titre d’émir contre celui de raïs (président), son parti prend le nom de
« Ennahdha » (la renaissance) pour exclure toute connotation
religieuse. Un pacte national, qui interdit toute activité politique
dans les mosquées tout en neutralisant les laïcs les plus
intransigeants, est signé entre Ghannouchi et Ben Ali. Que du vent !
Le début de la fin
Les élections du 2 avril 1989 marquent la fin de la cohabitation
entre les islamistes et le pouvoir. Après les élections, Ennahdha
conteste la fraude d’un Ben Ali élu à 99% ! Ce qui vaut à Rached
Ghannouchi d’être convoqué au ministère de l’Intérieur, « Le président
ne supportera pas un autre écart » s’entend-il dire. Le message est
clair ! Confronté à la nomination au ministère de l'Éducation, le 11
avril 1989, du juriste et président-fondateur de la Ligue tunisienne des
Droits de l'homme, Mohamed Charfi, opposé au projet islamiste,
Ghannouchi décide alors de s'exiler à Alger le 28 mai 1989. Puis au
Soudan, suite au coup d'État d'Omar el-Béchir, où il est reçu par
l'islamiste Hassan al-Tourabi, dirigeant des Frères musulmans soudanais.
Ghannouchi adopte progressivement l’idéologie de Tourabi sur
le panislamisme, dont le Soudan est devenu le bastion pendant les années
1990, et cite l'exemple de ce pays comme une réussite de l'islam
politique pendant de longues années !
Dans ce discours, prononcé à Khartoum le 30 août 1990 et qui fait
suite à l'invasion du Koweït par l'Irak, il appelle « à la destruction
des intérêts, partout dans le monde, de tout pays qui projette de
s'attaquer à l'Irak. »
Voici la traduction retranscrite et traduite du discours de Ghannouchi à Khartoum en 1990:
« Il est primordial qu’il n’y ait aucun doute, aucune
crainte, aucune complaisance concernant cette affaire. Celui qui
s’attaquera à l’Irak, nous l’attaquerons de toutes parts. L’Etat qui
assaillira l’Irak, nous détruirons ses intérêts en tout lieu. Toute
présence occidentale sera éradiquée de la Oumma, si l’Irak est attaquée.
Ils ont exploité nos sourires, ils ont exploité la faiblesse
de nos dirigeants, ils ont exploité l’hypocrisie de ceux qui nous
gouvernent. Ils ont tendu leurs mains vers notre Oumma, ils se sont
servis jusqu’à ce qu’ils l’atteignent au cœur.
Aujourd’hui, dans la péninsule arabique, du vin y est bu par
les Américains et du porc y est mangé. Dans ces mêmes régions où les
musulmans interdisent aux femmes de se découvrir le visage. Et les
savants se concertent pour savoir si ce visage est impudicité ou ne
l’est pas. Aujourd’hui, dans le lit du soldat chrétien dort sa
dulcinée ! Où sont les savants ? Où sont les prédicateurs qui ergotaient sur la légitimité de couvrir le visage de la femme. Une
Oumma éternelle, qui favorise toujours le dialogue, qui soutient la
justice mais aussi qui a appris de sa religion et de ses expériences que
le djihad doit se poursuivre jusqu’au jour du jugement dernier. Et que
l’honneur ultime, comme le dit notre cher poète, n’est garanti que par
le sang qu’il fera couler. On aime la démocratie, on y
croit mais on croit aussi qu’aucun droit n’est acquis sans le djihad ;
qu’aucun droit n’est acquis dans cette vie sans une Oumma djihadiste. Il
n’y a pas de véritable Oumma sans une jeunesse qui s’est vue protégée
par (les apports, et l’intégrité de la Oumma) Dans la piété ou dans la
douleur, ceci est affaire divine. Mais la Oumma accorde de l’importance
aux prises de position des gens ; et celui qui s’oppose aux ennemis de
l’Islam est notre ami et frère. Et celui qui soutient les ennemis de
l’Islam, quelle que soit son statut ou la devise qu’il proclame, il est
notre ennemi.
Jusqu’à quand allons-nous nous replier ? Nous nous sommes
retirés du centre de l’Europe et nous ne cessons de nous retirer jusqu’à
ce que l’invasion nous atteigne au cœur. Mes frères musulmans : ils [les amércains NDRL]
ne partiront pas sur décision des nations unies, ils ne partiront pas
non plus sur nos plans et nos négociations, ils ne partiront que quand
on aura brulé la terre de sous leurs pieds et d’au-dessus de leurs
têtes, d’entre leurs mains et derrière eux et il ne restera d’eux que
des flammes. Frères de l’Islam : la traversée est très longue alors
jurons au nom de Dieu grand et miséricordieux que le djihad se
poursuivra jusqu’à ce Dieu soit satisfait de nous ; il se poursuivra
jusqu’à ce que les Américains aient quitté la dernière parcelle des
territoires musulmans. Sinon nous les priverons de leurs intérêts et
nous les éradiquerons de tout le monde arabe.
Priez Dieu pour votre salut et soyez à la hauteur de la
Oumma. Ne cessez jamais d’avoir une grande foi en Dieu ni de la
renouveler dans cette vie. Et utilisez les munitions de la guerre contre
les tyrans sous le joug des Américains aujourd’hui, où qu’ils soient.
Que la paix soit avec vous. »
Cliquez ici pour voir la vidéo en arabe. Commentaire d'Hannibal GENSERIC
Il apparaît, a posteriori, que Ghannouchi, dans son discours de Khartoum, racontait des bobards. Nulle part dans son existence, il ne s'est opposé à l'Empire anglo-sioniste.
Au contraire :
- C'est Londres qui a accueilli et protégé Ghannouchi, devenu, d'après une revue américaine, agent du MI6 (la CIA britannique).
- On ne peut pas être financé par le Qatar (qui abrite les plus grandes bases américaines en dehors des USA) et combattre l'Amérique.
- En annonçant, dès 1979, l’État Islamique, Ghannouchi confirme sa connivence avec les services secrets anglo-sionistes (CIA, Mossad, MI6), qui sont à l'origine de la création de cet Etat Islamique, et qui fait partie intégrante du plan de démantèlement du Grand Moyen Orient.