dimanche 1 mars 2015

Religion : Le Coran n'a jamais interdit l'alcool ou le vin. La charia est désuète.



Islamologue et historien tunisien, Mohamed Talbi, est considéré comme un ardent défenseur de la laïcité et de l’intentionnalité.  Dans un article récent, l’Association internationale des musulmans coraniques démontre, références coraniques à l’appui, que l’alcool est « halal » et qu’il n’a été, nulle part, interdit dans le Coran. D'où la fureur des islamistes qui le traitent de fou et d'apostat. Il est vrai que l'Islam en est encore à son 15e siècle siècle. Le 15e siècle siècle a été, pour le christianisme, un siècle charnière entre le Moyen Age et la Renaissance. Mohamed Talbi est, peut-être, l'un des précurseurs de la renaissance de l'Islam.
omar_khayyam_big

Après des années de lutte contre la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali au sein du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), cet intellectuel de 91 ans poursuit sa lutte pour la liberté. "Mourir pour mourir, autant mourir libre", avait-il déclaré à la chaine LCP dans un documentaire intitulé "la Tunisie des oubliés". 

Musulman convaincu est pratiquant, il prône une lecture vectorielle du Coran proclamant une abolition de la charia qu’il considère comme « œuvre humaine désuète, une fabrication humaine, un carcan élaboré par des hommes au IIIe siècle de l'hégire ». 

En 2013, il fonde à Tunis « l'Association internationale des musulmans coraniques » dans le but de « rénover la pensée musulmane ».
Dans un article publié le 20 février courant, Cette association a rendu publique une conclusion, à l'issue d’une de ses réunions hebdomadaires, dans laquelle elle cite des versets coraniques affirmant que l’alcool présente à la fois des vertus et des méfaits. Et, étant donné, toujours selon le rapport de l’association, qu’aucune référence coranique n’a formellement interdit de boire de l’alcool, tel qu’a été le cas pour la consommation de la viande de porc par exemple, les islamologues réunis affirment que l’alcool n’est de ce fait pas interdit par l’Islam. 

1) Interview de Mohamed Talbi par Amir Mastouri (Modafrique)

Quels motifs vous ont poussé à créer l’Association Internationale des Musulmans Coraniques ?
Mohamed Talbi Pour rénover la pensée musulmane après des siècles de stagnation, qui firent de l’Islam une religion incompatible avec la modernité, obscurantiste favorisant le terrorisme avec les conséquences actuelles.

Quelles entraves empêchent le musulman du XXIe siècle de devenir un citoyen moderne, obéissant aux lois de la République ?

M.T: Toutes les entraves sont dans la charia, œuvre humaine désuète, formulée au IXe siècle, et figée jusqu’à ce jour. Durant deux siècles les musulmans vécurent, très bien, sans charia. Œuvre humaine pour une époque révolue, la charia n’oblige aucun musulman en son âme et conscience. Seul le Coran oblige. Notre Association proclame l’abolition de la charia; et l’adhésion à la laïcité neutralité de l’État, parfaitement compatible avec le Coran, lu d’une lecture dynamique dans son intentionnalité, une lecture que nous définissons comme vectorielle et sans cesse progressiste dans le sens de la Hidâya, c’est-à-dire de guidance de l’éclairage coranique. Sans la charia, un musulman peut vivre partout sur Terre, en parfaite harmonie avec le Coran et sa conscience, en obéissant aux lois de la cité.

Comment prétendre que le Coran n’est pas un ensemble de lois, alors que des châtiments corporels y sont expressément inscrits ?

M. T: Le Coran, lisez-le. Il n’est pas un code. Il est la Voie droite vers l’Au-delà (Al-Sirâte al-Mustaqîme). Il est un livre de foi. Les châtiments corporels ? Il y en a très peu, dictés par les circonstances, comme des châtiments limites (hudûd) à ne pas dépasser, et il est vivement recommandé d’en rester en-deçà. On peu donc les abolir, en conformité avec l’esprit du Coran, et de son intentionnalité, par une lecture vectorielle du texte divin, comme nous l’avions déjà indiqué. Les châtiments les plus intolérables du reste, la lapidation et la peine capitale pour apostasie et blasphèmes, ne sont absolument pas dans le Coran. Ils sont des emprunts au Judaïsme biblique. En cas d’homicide volontaire, le Coran recommande expressément et vivement de ne pas appliquer la peine capitale. Le Coran est abolitionniste. Pour nous, si la charia est passéisme obscurantiste et rétrograde, le Coran est modernisme et progressisme continu.

Visiblement influencé par Bergson, vous prônez une lecture spirituelle du Coran. Comment trouvez-vous la voie intrinsèquement scientiste empruntée par Mohammed Arkoun ?

M.T: Bergson ? Avant de quitter le lycée j’avais déjà lu toute son œuvre. Il était très en vogue en mon temps. Je n’avais rencontré Sartre qu’étudiant à Paris. La voie de Mohammed Arkoun ? Elle n’est pas la mienne. Je suis un penseur musulman pratiquant. Il ne l’était pas. Berbère de Kabylie, il apprit l’arabe, nous dit-il, comme une langue étrangère. Élevé par les Pères Blancs, comme le kabyle Jean Amrouche qui n’apprit pas l’arabe, il ne se convertit pas, comme lui, au Christianisme, mais il abandonna l’Islam. Se définissant comme anthropologue, il rêvait de substituer à l’enseignement religieux, celui de ce qu’il appelait « le fait religieux. » Révolté par l’attentat du 1er Septembre, il en attribua la cause à l’Islam, et particulier au Coran dans lequel il vit, comme tous les Chrétiens, un livre de violence. Il préconisa, en conséquence et avec insistance, l’interdiction de son apprentissage dans les écoles. Or, je suis un musulman coranique, et ainsi est l’association dont je suis le Président.

L'orthodoxie musulmane contemporaine semble dominée par les références hanbalites, voire ach'arites. Là où il y avait une certaine diversité au sein même de l'Islam, il semble aujourd'hui que le monde musulman, tous rites confondus, est de plus en plus modelé par l'exercice du "soft power" religieux des pays du Golfe. Qu'en dites-vous ?

M.T: L’orthodoxie, c’est le Salafisme qui règne partout, pas seulement dans les références hanbalites, avec au bout l’exacerbation terroriste. Qu’est-ce que j’en pense ? Il ne faut pas d’abord être défaitiste. L’orthodoxie salafito-terroriste sera inéluctablement vaincue par les armes d’abord. Mais cela ne suffit pas.                             

2) Les textes coraniques sur l’alcool

Citons à présent les textes du Coran relatifs à la boisson enivrante. Nous les reproduisons dans la traduction de Denise Masson. Il s’agit des versets suivants. 


البقرة 219 : «يسألونك عن الخمر والميسر قل فيهما أثم كبير ومنافع للناس وإثمهما أكبر من نفعهما».
Sourate de La vache (219 ) : «Ils t’interrogent au sujet du vin et du jeu de hasard, dis : Ils comportent tous deux, pour les hommes, un grand péché et un avantage mais le péché qui s’y trouve est plus grand que leur utilité.»

المائدة 90 – 91 «يا أيها الذين آمنوا إنما الخمر والميسر والأنصاب والأزلام رجس من عمل الشيطان فاجتنبوه لعلكم تفلحون * إنما يريد الشيطان أن يوقع بينكم العداوة والبغضاء في الخمر والميسر ويصدكم عن ذكر الله وعن الصلاة فهل أنتم منتهون».
Sourate de La Table servie (90 – 91) : «Ô vous qui croyez ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une oeuvre du Démon. Évitez-les… — Peut-être serez-vous heureux — * Satan veut susciter parmi vous l’hostilité et la haine au moyen du vin et du jeu de hasard. Il veut ainsi vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. — Ne vous abstiendrez-vous pas ?—»
النساء 43 : «يا أيها الذين آمنوا لا تقربوا الصلاة وأنتم سكارى حتى تعلموا ما تقولون»
Sourate Les femmes (43) : «Ô vous qui croyez ! N’approchez pas de la prière, alors que vous êtes ivres — attendez de savoir ce que vous dites !»
Ce sont ces versets qui sont utilisés pour justifier une interdiction mythique puisque, comme on le voit, il n’y est aucune interdiction. À tout le moins, pour pratiquer le raisonnement par l’absurde, s’il y avait interdiction, elle ne serait nullement expresse, directe, claire et sans ambiguïté.
À ces versets, nous ajoutons trois autres où il est aussi question de vin, boisson enivrante ou alcoolisée, et qui renforcent à la fois l’absence d’interdiction ou l’ambiguïté quant à l’attitude du Coran en la matière ;

محمد 15 : «مثل الجنة التي وعد المتقون فيها أنهار من ماء غير آسن وأنهار من لبن لم يتغير طعمه وأنهار من خمر لذة للشاربين».
Sourate Mohamed (15) : «Voici la description du Jardin promis à ceux qui craignent Dieu. Il y aura là des fleuves dont l’eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent.»

  النحل 67 : «ومن ثمرات النخيل والأعناب تتخذون منه سكرا ورزقا حسنا إن في ذلك لآية لقوم يعقلون».
Sourate Les Abeilles (67) : «Vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent des fruits des palmiers et des vignes. — Il y a vraiment là un Signe pour un peuple qui comprend ! —»

سورة المطففين 25-28 : «يُسقون من رحيق مختوم* ختامه مسك وفي ذلك فليتنافس المتنافسون * ومزاجه من تسنيم * عينا يشرب بها المقرّبون».
Sourate Les Fraudeurs (25-28) : «On leur donnera à boire un vin rare, cacheté par un cachet de musc — ceux qui en désirent peuvent le convoiter — et mélangé à l’eau de Tasnim, une eau qui est bue par ceux qui sont proches de Dieu.»

Tout comme la Bible, le Coran présente donc la vigne parmi les bienfaits de Dieu et les élus boiront du vin au Paradis, dans lequel les élus trouveront des fleuves de ce nectar. De plus, le Coran précise que le vin présente des avantages à côté de ses inconvénients.
Dans tous les cas d'interprétations possibles, ce n’est pas le vin (ou l'alcool) proprement dit qui est concerné, mais l’ivresse. Dans le Coran, au pire, le vin ou l’alcool sont à éviter, ce qu’on appelle ( مكروه ) en arabe, mais jamais interdits; la seule interdiction en cette matière est qu’il est prohibé de faire la prière en étant ivre.


Hannibal GENSERIC

Mohamed Talbi Banniere

Le procès fait à Mohamed Talbi: Jeux du cirque ou débat constructif?

La télévision spectacle touche le fond quand des animateurs malintentionnés veulent se payer un grand intellectuel, l'islamologue Mohamed Talbi en l'occurrence...

Par Rachid Barnat
Ces animateurs pensent faire l'audience en ridiculisant ce grand intellectuel, alors que c'est lui qui les ridiculise en se mettant au-dessus de leur manège et de celui de leur «invité-contradicteur», Hassen Ghodhbani, avocat de son état mais aboyeur à souhait, gueulant, pensant intimider le Pr Mohamed Talbi... qui, ne pouvant plus parler, la parole lui étant coupée à chaque mot ou phrase qu'il prononçait, a fini par adopter la position du spectateur pour bien montrer à ses hôtes et à leur invité qu'ils se donnent en spectacle comme dans un cirque !!
Dommage pour les téléspectateurs que cette chaîne (''Al-Hiwar Ettounsi'', Dialogue tunisien, la mal nommée!) n'ait pas pris au sérieux le débat lancé par le Pr Talbi à propos du vin, pour lui consacrer un plateau plus digne de lui avec des hommes d'un bon niveau culturel et surtout plus honnêtes intellectuellement!
Car à travers la question relative au vin, le Pr Talbi voulait secouer les Tunisiens pour qu'ils reviennent à la source de l'islam, le Coran, pour suivre ses directives, sans passer par des interprètes autoproclamés qui s'arrogent le droit de faire dire à Dieu ce qu'il n'a pas dit.

Hassen Ghodhbani et Mohamed Talbi 2
L'«invité-contradicteur»
qui ne laisse personne
parler sur le plateau.
Excédé par Hassen Ghodhbani et par son arrogance, qui trahit son ignorance, le Pr Talbi a refusé de débattre avec ce grossier personnage. Il s'est contenté de le renvoyer à ses livres qu'il a rédigé durant une bonne cinquantaine d'années... pour dépoussiérer une religion que la charia et ceux qui la prônent veulent maintenir dans l'obscurantisme médiéval.
Dommage que le présentateur, Elyes Gharbi, n'ait pas mieux maîtrisé son encombrant invité qui empêchait le Pr Talbi de s'exprimer: ç'aurait été plus utile pour les téléspectateurs, que d'entendre un abruti imbu de son ignorance pérorer, crier... voulant impressionner et convaincre les téléspectateurs par son attitude.
Il est clair que Elyes Gharbi et son acolyte journaliste ont invité le Pr Talbi pour le donner en spectacle et le ridiculiser; et non pour lui donner la parole pour justifier son propos et mettre en garde les Tunisiens contre les tartufes, les grandes gueules ignorantes et autres charlatans de la religion, qui prêchent l'obscurantisme en aboyant pour impressionner et intimider les ignares, laissant l'avocat Hassen Ghodhbani mener le débat comme s'il était dans un tribunal pour juger le Pr Talbi.
En réalité, ils ont voulu faire passer le Pr Talbi pour un «fou» à l'instar de l'imam Zeitounien Férid El-Béji; ou pire pour un gâteux qu'ils pensaient tourner en bourrique! Ce sont les procédés lamentables que l'on emploie quand on n'a pas d'arguments sérieux à faire valoir. Ne dit-on pas «Qui veut tuer son chien, prétend qu'il a la rage»!!
Quand donc aura-t-on l'intelligence et le savoir vivre pour débattre sereinement?
Finalement, les téléspectateurs ont bien vu la chose; et ceux qui sont déshonorés ce n'est sûrement pas le Pr Talbi, mais bien les deux animateurs et leur aboyeur de service, l'islamiste qui a usé de la méthode bien rodée des Frères musulmans qui, pour occuper le terrain, gueulent plus fort à fin d'empêcher leurs contradicteurs de s'exprimer.
Cet avocat se croyait dans une enceinte judiciaire à faire ses effets de manche, comme s'il plaidait pour un voleur de poule. Sait-il seulement que rien n'empêche de débattre avec calme et courtoisie?
Un débat qui aurait dû se faire dans le calme et le respect, qui aurait pu faire avancer l'état de la question, s'est transformé en jeux du cirque. Personne n'y a gagné ni la télévision et ces animateurs, ni la qualité du débat.
Et puisque ces animateurs TV incultes n'ont pas permis ce débat, donnons-en les termes pour permettre aux lecteurs de se faire leur propre opinion et apprendre ce qu'est le Coranisme par l'exemple.
Le vin est-il «haram» ou pas? Telle était la question qui a soulevé un tolet médiatique contre le Pr Talbi.
Ne peut-on être assez raisonnable pour se poser calmement cette question? L'honnêteté intellectuelle du Pr Talbi est de rapporter fidèlement ce que dit le Coran à propos du vin, mettant l'accent sur la liberté du croyant de boire ou de ne pas boire en faisant appel à sa raison et sa responsabilisation! Une conclusion qui s'impose à tout lecteur honnête du Coran : il n'est nul part écrit que la consommation du vin est interdite, donc «haram»! Autrement dit, l'interdiction de toute consommation de vin et d'alcools, est une décision prise par les hommes et n'émane aucunement d'Allah !
Un exemple parmi tant d'autres, qui démontre la raison d'être de l'association du Pr Talbi qui veut revenir au texte coranique pour ne plus broder sur des conclusions faites par des théologiens, elles-mêmes commentées maintes fois durant 14 siècles, au point que leurs discours finissent par remplacer le Coran et font dire à Allah ce qu'il ne dit pas!
D'ailleurs, il est désolant aussi qu'un cheikh zeitounien comme Férid El-Béji qu'on croyait honnête intellectuellement, ne trouve rien de mieux pour contester les conclusions du Pr Talbi, que de l'accuser d'hérésie et de recommander son internement en asile psychiatrique pour folie!
Est-ce faute d'arguments que notre cheikh s'en est pris au Pr Talbi de la sorte?
Ou est-ce sa crainte de décevoir les nouveaux convertis au wahhabisme, qu'il ne veut pas effaroucher en remettant en cause un interdit formel par le wahhabisme?
Hassen Ghodhbani et Mohamed Talbi
Hassen Ghodhbani le contradicteur gueulant de Mohamed Talbi.
En tous cas, dire de quelqu'un qu'il est fou parce qu'il exprime un avis contraire au sien, est signe de faiblesse et de rigidité intellectuelle.
On s'attendait à mieux de la part d'un zeitounien! Dommage!
Quelle déception de voir que ni les médias ni les imams ne veulent aider les fidèles à penser par eux-mêmes! Les responsables des TV ne pourraient-ils pas organiser des débats d'un autre niveau et plus dignes, dont les téléspectateurs leur seraient reconnaissants?
Blog de l'auteur.

VOIR AUSSI :