mardi 24 mars 2015

Attentat terroriste à Tunis : résultat du refus de la Tunisie de construire une base US ?


L’attentat récent contre la République tunisienne a choqué beaucoup de monde. Aussi bien à l’intérieur du pays, qu’au-delà de ses frontières. Tout d’abord parce que n’importe quel attentat terroriste ne peut laisser des personnes normales indifférentes.


D’autre part parce que la Tunisie est un pays reconnu dans le monde comme une destination touristique privilégiée, avec une population réellement accueillante. Un peuple qui a réussi parfaitement à rallier les traditions et la modernité. Sans oublier également que la Tunisie possède dans la région l’un des taux les plus élevés en ce qui concerne les diplômés de l’enseignement supérieur.

Pourtant, l’extrémisme peut frapper à tout moment n’importe quel pays. La Tunisie n’en a pas été elle aussi épargnée. L’extrémisme salafiste en Afrique du Nord commence, à l’instar du Moyen-Orient, à atteindre des niveaux très inquiétants, surtout depuis l’intervention de l’OTAN contre la Jamahiriya libyenne de feu Mouammar Kadhafi.

Et après l’Irak, après la Syrie, le Yémen, on voit aujourd’hui le résultat du chaos « Made in USA » en Afrique du Nord. Massacre barbare des chrétiens coptes égyptiens en Libye par l’EI local. Maintenant cest au tour de la Tunisie d’être attaquée. Mais mis à part un développement de l’extrémisme « religieux » évident dans la région, est-ce la seule « raison » qui aurait pu servir de « prétexte » de frapper la Tunisie?

On est en droit de se poser cette question. Le mois dernier, plusieurs médias tunisiens et étrangers (notamment la chaîne iranienne d’information internationale en langue anglaise Press TV) ont relayé l’information selon laquelle l’ambassadeur étasunien en poste à Tunis, Jacob Walles, a demandé au président tunisien, Béji Caïd Essebsi, la construction d’une base américaine sur le territoire tunisien. Une « demande » à laquelle le leader tunisien, connu pour des positions patriotiques, aurait vivement réagi en expulsant l’ambassadeur US du palais présidentiel.

Plus que cela et toujours selon les mêmes sources, le président de la Tunisie aurait refusé dans la foulée un entretien téléphonique avec Barack Obama. Un coup vraisemblablement sérieux porté aux plans ; visées des USA pour la région. Car et il ne faut pas l’oublier, les États-Unis, à l’heure où leur domination sur le monde a été tout simplement et fortement remise en doute par la Russie, la Chine, les pays BRICS et tous les partisans du monde multipolaire actuel, recherchent depuis par tous les moyens l’asservissement pur et simple de tous ceux qui ne seraient pas en intégralité sous leur diktat. L’Afrique, tout le comme le Moyen-Orient, fait partie intégrante de ces plans malsains.

D’autre part, on se souvient tous de l’instrumentalisation des extrémistes islamistes par les USA dans différents pays. Un temps ce fut en Afghanistan. Un temps l’Irak. Puis la Libye et la Syrie. Pour revenir justement à la Libye et après l’assassinat du grand leader panafricaniste Kadhafi, abattu par des extrémistes et racistes ouvertement soutenus par l’OTAN, les mêmes salafistes sont allés à assassiner leur « ami » d’hier, l’un des principaux coordonnateur du chaos libyen, en l’occurrence l’ambassadeur étasunien Stevenson (c’était en septembre 2012). Ce dernier et on s’en souvient avait posé « fièrement » durant une « séance photo » devant le cadavre de Mouammar Kadhafi pour ensuite finir lui-même massacré et son cadavre avait été trainé d’une façon totalement humiliante par les mêmes criminels, ayant assassiné le leader de la Jamahiriya [1].

Selon bon nombre de spécialistes russes et étrangers avec lesquels on a eu l’occasion de discuter sur le sujet, la relation entre les USA et les éléments salafistes rappellent les contes fantastiques des djinns. Le djinn est utilisé pour réaliser les vœux du « maître » mais bien souvent refuse de revenir dans la bouteille par la suite, devenue trop étroite pour un djinn ayant senti tout sa capacité d’action. La Libye et la Syrie en sont des parfaits exemples.

Et en ce qui concerne la tragédie toute récente ayant ébranlé la Tunisie, une nouvelle bouteille aurait-elle été ouverte pour punir le refus du peuple tunisien de devenir des marionnettes de l’empire du mal? Il est à croire que cette question est bien légitime. Coïncidence diront certains. Le seul problème est que dans la politique impérialiste des USA, les coïncidences sont bien rares.
Marine Le Pen remercie les harkis islamistes
Quoiqu’il en soit, on laissera les Tunisiens à retrouver la vérité, car eux seuls dans le respect de leur souveraineté, ont ce droit légitime et prioritaire de la connaitre cette vérité sur le crime terrible ayant frappé leur digne nation, ainsi que les touristes étrangers qui s’y trouvaient. Quant à nous, on continuera à respecter le droit du peuple tunisien à défendre son indépendance et continuer à rendre visite à ce beau pays. Les extrémistes et leurs mentors ne réussiront pas à nous voler ce droit.
http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150322/1015287200.html#ixzz3VIK5q2M3

Notes d'Hannibal GENSERIC : Pourquoi une base en Tunisie ?

[1] Pour contrôler totalement la Libye. De multiples facteurs rendent la Libye importante pour les intérêts étasuniens et européens. Les réserves pétrolifères -les plus grandes d’Afrique, précieuses pour leur haute qualité et leur faible coût d’extraction- et celles de gaz naturel, qui restaient sous contrôle de l’État libyen, et qui concédait aux compagnies étrangères des marges de bénéfices restreintes. Les fonds souverains, d’un montant d’environ 200 milliards de dollars (disparus après avoir été confisqués), les dizaines de tonnes d'or volées par la France, qui, en Afrique devaient permettre de créer les premiers organismes financiers autonomes de l’Union africaine. La position géographique même de la Libye, à l’intersection entre Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient.
L’attaque terroriste à Tunis est advenue le lendemain du jour où Aqila Saleh, président du « gouvernement de Tobrouk », avait averti l’Italie que « le groupe État islamique peut passer de la Libye à votre pays », faisant pression sur Rome pour qu’elle intervienne en Libye. Le ministre Gentiloni a promptement répondu « Nous ferons notre part ». Et le nouveau chef d’état-major, le général Danilo Errico, a assuré que, « si le gouvernement devait donner le feu vert » à une intervention en Libye, « nous sommes prêts ».
Prêts donc pour combattre aux côtés de l’ « Armée nationale libyenne », bras armé du « gouvernement de Tobrouk », au commandement duquel se trouve  -selon l’article documenté de The New Yorker du 23 février 2015- le général Khalifa Haftar qui, « après avoir vécu pendant deux décennies en Virginie (USA), où il travaillait pour la CIA, est revenu à Tripoli pour faire la guerre pour le contrôle de la Libye, pour le bien de ses mentors américains ».

[2] Dans "L’Algérie dans le viseur des USA", nous écrivions (18/02/2014) :

Sachant par ailleurs, que les États-Unis visent désormais la région frontalière située entre le sud tunisien et l’Algérie : « Signe que les États-Unis sont décidés à agir, le Pentagone vient de récupérer, dans le sud de la Tunisie, une ancienne base désaffectée qui doit être rénovée pour intervenir sur le théâtre libyen, affirme une source diplomatique à Tunis.  (le Figaro, 1er février 2014), le moins qu’on puisse dire, même s’il n’est question pour l’instant que d’intervenir en Libye, est que l’ogre se rapproche de l'Algérie…
Menaces de punition pour n’avoir pas suffisamment soutenu l’intervention militaire française au Mali ? Projet de déstabilisation d’un dernier bastion encore par trop indépendant de l’influence US ?
Toujours est-il que, après les maliens et au vu de l’état de tension régnant dans toute la sous-région, les algériens sont fondés à nourrir de grandes inquiétudes.




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