mercredi 4 mars 2015

Tunisie, le pays de tous les banditismes!


Les multiples actes de banditisme, d’insubordination et de rébellion qui se sont succédé, depuis le soulèvement du 14 janvier 2014, dans tout le pays, doivent en principe interpeller, sérieusement, sociologues, anthropologues, politicologues et autres intellectuels. L’objectif est de réfléchir, plus que jamais, sur la qualité de la nature humaine tunisienne et, surtout, à expliquer la tendance comportementale de beaucoup de Tunisiens à préférer évoluer dans le non-droit, à créer le désordre et à détruire l’Etat.
......Il ferait mieux de regarder
les vidéos de Daesh
et d'Ennahdha
Cette tendance criminelle, qui aurait pu être comprise au temps des nahdhaouis au pouvoir lesquels n’ont jamais cru en l’institution de l’Etat laïc, est incompréhensible, voire inadmissible après les élections générales et la formation d’un gouvernement permanent.

Est-ce vraiment utile de rappeler ici que si les électeurs tunisiens avaient tu leurs idéaux et véritables aspirations en votant utile, pour Nidaa Tounès et Caïd Béji Essebsi, c’est tout juste pour restaurer un SMIG de sécurité et d’ordre, et leur corolaire, le respect de la loi.

Malheureusement, ce qu’on constate aujourd’hui c’est tout à fait le contraire, c’est-à-dire la prolifération d’un banditisme multiforme.

En voici les plus visibles.

Une kyrielle de banditismes


Le plus dangereux de ces banditismes est manifestement le gangstérisme des contrebandiers. Ils viennent de s’illustrer, ces derniers jours, de manière musclée au poste frontalier de Ras Jedir (gouvernorat de Médenine). Une centaine de camions de contrebandiers tunisiens ont forcé le passage frontalier de Ras Jedir.

Les contrebandiers, qui transportaient des marchandises en provenance de la Libye, avaient refusé de se conformer aux consignes des agents de la douane et traversé de force les portes sans payer les droits de la douane, sans que les camions ne soient fouillés, ce qui constitue une sérieuse menace pour la sécurité nationale.

Ce qui est encore plus scandaleux dans cette affaire, c’est le fait que ces scélérats soient parvenus à rentrer chez eux dans l’impunité la plus totale sans être inquiétés par les forces de l’ordre (armée, police, gendarmerie, douane) qui étaient pourtant en très grand nombre dans cette zone.

Un tel acte de grand banditisme donne raison à l’actuel ministre libyen de l’Information et de la Culture, Amor Gouiri, quand il avait évoqué, dans une interview accordée au quotidien tunisien Assabah, la préparation d’une «offensive terroriste» contre la Tunisie à partir de la Libye. Selon lui, la Tunisie doit s’attendre au pire, c’est-à-dire de voir «des engins militaires équipés de canons 14.5 et 23 envahir la Tunisie».

En plus clair encore, si aujourd’hui des camions ont forcé le passage douanier, demain ce sera au tour d’engins blindés.

L’autre banditisme est d’ordre corporatiste. Tous les Tunisiens ont encore à l’esprit l’expédition des marins-pêcheurs du port Mellita (Iles Kerkennah). Ces derniers, pour libérer un des leurs pris en flagrant délit de braconnage et de pêche illicite dans le Golfe de Gabès, avaient décidé, dans un acte de folie, de forcer la libération de leur collègue en prenant tout simplement en otage 15 pauvres marins-pêcheurs de Gabès et en incendiant, à leur retour, à Mellita, le poste des garde-côtes de Sidi Youssef et un véhicule de la garde nationale. De très lourdes charges dont il faudrait assumer la responsabilité devant la loi.

Le banditisme clanique et tribal s’est beaucoup développé après le 14 janvier 2011. C’est le cas de ces éternels sit-inneurs et coupeurs de routes et de voies ferrées de Gafsa qui se sont autoproclamés «propriétaires» du bassin minier de la région.

En bloquant la production du phosphate, ces “indignés“ font certes perdre au pays de précieux milliards de dinars en devises, mais ils risquent d’avoir, un jour ou l’autre, le reste du pays sur le dos et de voir leur bassin minier déclaré “zone militaire“ en plus de l’émergence d’autres bassins miniers concurrents au Kef (Sra ouertane), à Kasserine (Jedliane), à Sidi Bouzid (gisement de Meknassy), et à Tozeur-Nefta…

L’heure est désormais à la sagesse. Les députés de cette région doivent assumer leur responsabilité à ce sujet.

Le banditisme policier est aussi à l’ordre du jour. Adossés à leurs puissants syndicats, les policiers qui transgressent la loi en agressant journalistes, militants des droits de l’Homme, de simples citoyens pacifiques, veulent jouir de l’impunité et font généralement des pressions sur la justice et l’administration pour acquitter leurs collègues incriminés. C’est tout simplement inadmissible.

Vient ensuite le banditisme syndical avec le déclenchement de grèves sauvage sans préavis. La dernière grève des agents de la Société des transports de Tunis (Transtu) a choqué plus d’un. Plus de 2 millions de personnes se trouvant privées de moyens de transport.

Idem pour les grèves des municipaux, des postiers et autres professions.

Le banditisme des marchands de légumes des marchés de gros et des marchés centraux s’est manifesté de manière scandaleuse ces quatre dernières années au point d’empoisonner le quotidien des Tunisiens par l’effet de la spéculation et de la cherté de vie.

Tout le monde se rappelle du refus des marchands de légumes du marché central de Tunis de se soumettre au contrôle économique et de braver les services de contrôle pourtant accompagnés par les forces de l’ordre.

Last and not least, le banditisme est pratiqué également par les industriels, lesquels ont profité du désordre généré par le soulèvement du 14 janvier 2011 pour augmenter, de manière illégale, leurs produits. Le cas du prix du concentré de tomate qui est passé du simple au double en est une parfaite illustration. Même chose pour les boissons alcoolisées et à des degrés divers pour les autres produits.

Finalement, au regard de ces quelques banditismes dont la liste est loin d’être finie, personne ne respecte la loi en Tunisie. Ni l’administration qui n’a pas le droit de le faire ni les bandits de tout bord qui sont logiquement dans une zone de non-droit.

Pour le moment, ces actes de banditisme font peur dans la mesure où ils viennent prouver, par la témérité et la détermination de leurs fauteurs, le peu de cas qu’on fait, aujourd’hui, de la loi.

Ces banditismes font peur. Attention!


De même, ces actes font peur en ce sens où les personnes impliquées ont pour point commun la volonté de se faire justice, tous seuls, autre signe révélateur du degré de confiance que nourrit cette catégorie de Tunisiens à l’endroit de la justice.

La solution est proposée par le philosophe Alain qui disait: «L’acte juridique essentiel consiste en ceci que l’on renonce solennellement à soutenir son droit par la force», et que: «Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre; par la résistance, il assure la liberté».

Mais là, nous sommes à un autre niveau de pensée, dans la société de non-droit dans laquelle nous évoluons, hélas.

Abou SARRA
Source : http://directinfo.webmanagercenter.com/2015/03/03/tunisie-le-pays-de-tous-les-banditismes/

Commentaire :
La frontière libyenne est un haut lieu de trafics en tous genres, notamment de carburant, de produits manufacturés et alimentaires. Et le chaos dans lequel est plongé la Libye depuis le conflit qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi, a également favorisé la contrebande d'armes le long de la poreuse frontière avec la Tunisie et l'Algérie.
Le conflit entre milices libyennes et l'émergence du groupe jihadiste Daech cette année en Libye inquiètent les autorités tunisiennes qui craignent de voir le conflit s'étendre.
"Le terrorisme se nourrit de la contrebande et la contrebande cohabite avec le terrorisme", a martelé cette semaine le ministre de l'Intérieur Naja Gharsalli, "cela doit prendre fin".