lundi 8 juin 2015

Le grand mensonge d'Obama sur la Syrie



Malgré le risque que les Chrétiens [1] , les Alaouites et les Chiites de Syrie soient abattus par des extrémistes sunnites, l'administration Obama soutient la demande de la coalition israélo-saoudienne pour effectuer un «changement de régime» à Damas, y compris la transmission de fausses accusations reliant le régime laïque syrien à l'Etat islamique (EI).



Bien qu'elle soit fermée depuis 2012, l'ambassade US de Damas a récemment envoyé une série de tweets pugnaces accusant le président syrien Bachar al-Assad de donner aux combattants de l'EI un laissez-passer en contribuant à bombarder l'armée syrienne libre (ASL) soutenue par les Etats-Unis et retranchés dans la ville d'Alep. En bombardant un côté dans une guerre entre rebelles et pas l'autre, l'ambassade déclare, que Damas fait une nette préférence en faveur de l'État islamique hyper-brutal. "Les rapports indiquent", a déclaré un tweet de l'ambassade le 1er juin, "que le régime fait des frappes aériennes soutenant l'avance de l'EI sur Alep, aidant les extrémistes contre la population syrienne." "Nous avons constaté depuis longtemps que le régime Assad évite les positions de l'EI" a déclaré un autre, "en complète contradiction avec les revendications du régime de combattre l'EI." Un troisième a ajouté : "Assad évite non seulement les lignes de l'EI, mais cherche activement à renforcer leur position. " Mais cette image est compliquée par le fait que l'ASL fait également défaut aux États-Unis en évitant de combattre l'EI et que les forces chiites à travers la frontière en Irak accusent effectivement les USA de fournir une aide militaire à l'EI. L'État islamique est une "création" des Etats-Unis, a déclaré Akram al-Kabi, chef de la puissante brigade Nujabaa, tandis que les forces irakiennes ont récemment tiré sur un hélicoptère US car ils pensaient qu'il leur transportait de l'aide. "Nous avons un problème continu pour contrer efficacement ce discours", observe le général de brigade Kurt Crytzer, commandant adjoint des opérations spéciales du Commandement central. L'histoire selon laquelle les États-Unis soutiennent secrètement l'EI est "facilement acceptée par beaucoup ... pas seulement les pauvres et les gens sans instruction." Pour Anne Barnard du New York Times, ce tourbillon d'accusations et de contre-accusations démontre "la complexité du champ de bataille dans la guerre à multiples facettes de la Syrie et les défis qu'elle pose pour la politique des Etats-Unis." Mais Barnard se trompe dans son analyse. Ce n'est pas le champ de bataille syrien qui est complexe, mais la situation difficile dans laquelle les États-Unis se trouvent. Ce qui a poussé l'Arabie saoudite et d'autres Etats sunnites à faire renforcer leur soutien aux islamistes radicaux en Syrie et en Irak est l'accord nucléaire imminent avec l'Iran, qui a provoqué la colère des Etats sunnites et d'Israël ce qui pousse les États-Unis à assurer ses alliés qu'ils redoubleront leurs efforts pour faire reculer l'influence iranienne dans d'autres pays.
Cela signifie un effort intensifié jusqu'à renverser le gouvernement soutenu par l'Iran en Syrie et s'opposer aux forces pro-iraniennes en Irak, à Bahreïn, au Yémen et à l'intérieur de l'Arabie Saoudite. L'administration Obama veut avoir un accord pacifique avec l'Iran sur les questions nucléaires, mais le but est de miser double sur une guerre par procuration contre les intérêts iraniens (et chiites) à travers le Moyen-Orient. Le résultat est une politique qui a généré la confusion pour tout le monde dans le Moyen-Orient, ce qui explique pourquoi des accusations de duplicité se multiplient...

Accusations spéculatives
L'accusation selon laquelle le régime d'Assad aide secrètement l'EI n'est même pas une information (quoique dépourvue de toute preuve réelle ou logique). C'est un air que les néoconservateurs et leurs complices chantent depuis des années. Abu Dhabi, par exemple, a accusé Damas d'avoir libéré des milliers d'agents de l'EI de prison en 2011 dans l'espoir qu'ils adhéreraient à l'opposition et ainsi aideraient à discréditer le mouvement anti-Assad.
Ezra Klein de Vox Media a accusé Assad de faire l'usage de "l'extrémisme de l'EI ... [afin de] convaincre les Alaouites que s'ils rejoignaient les rebelles cela signifierait la destruction de leurs maisons et de leurs communautés." Citant un homme d'affaires syrien anonyme, le Time déclare qu'Assad voit les djihadistes de l'EI comme des "ennemis alliés" car "ils rendent les Etats-Unis nerveux, et les USA voient à leur tour le régime comme une sorte de rempart contre l'EI. " Selon cette spéculation (ou propagande), Assad nourrit ainsi l'EI à la sauvette dans le but de porter atteinte à l'ASL, afin de neutraliser l'opposition entre les Chrétiens et les Alaouites, et de persuader les Etatsuniens naïfs de les soutenir. Mais rien de tout cela n'est étayé par des preuves, et tout cela n'a aucun sens. L'EI est la force militaire la plus redoutable à avoir émergé au Moyen-Orient depuis des décennies. L'idée qu'Assad aurait délibérément entretenu une telle force en même temps qu'il était aux prises avec une insurrection qui était hors de contrôle est absurde. Comme il est tout aussi absurde qu'Assad ait pu libérer des milliers de miliciens de l'EI dans le cadre d'une manœuvre machiavélique pour discréditer les forces anti-Assad. En chantant "les Chrétiens à Beyrouth, les Alaouites au cercueil," lors des premières manifestations en mars 2011, les forces anti-Assad s'étaient déjà discréditées. Comme pour les Chrétiens et les Alaouites, l'idée que le gouvernement de Damas ait besoin de l'État islamique pour les effrayer dans la soumission est ridicule. Dans un pays déchiré par la violence sectaire depuis la fin des années 1970, les minorités de la Syrie n'ont pas besoin que le gouvernement invente de telles craintes. Avec des foules de Sunnites qui appellent au sang, ils étaient assez en danger. Les Chrétiens ont compris que cela "serait très dangereux pour eux, pour le dire très légèrement" si les forces anti-Assad étaient victorieuses, a déclaré un responsable de l'église syrienne il y a quelques mois durant le soulèvement. "Ils voulaient nous tuer parce que nous étions chrétiens," a raconté une jeune femme de 18 ans qui fuyait Homs. "Ils nous appelaient les Cafres [infidèles], même les petits enfants nous disaient ces choses. Ceux qui étaient nos voisins se sont retournés contre nous."...
Source : Consortium News Obama’s Big Lie on Syria 
 
[1] Commentaire d'H. Genseric : 
 

Il y a un aspect du problème que personne, en Occident, ne prend visiblement en compte , c’est le sort des  chrétiens victimes désignées de l’extension des zones conquises par les  mouvements islamistes.   Le patriarche d’Antioche, (voir ICI son interview) Ignace Joseph III Younan, en charge de tous les catholiques Syriaques,  de passage à Toulon déclarait : "Il  ne s’agit plus de savoir comment on pourrait améliorer nos conditions  de vie, mais d’une lutte pour notre survie. On peut parler d’hécatombe  avec la complicité des occidentaux, qui se disent pourtant défenseurs de  la démocratie et des droits de l’homme.". Et à la question "comprenez-vous la position de la France en Syrie différente d’en Irak ? " il répond : "Non, le changement d’attitude de la France nous attriste, car Daech (EI) est  le même en Irak et en Syrie. L’opposition modérée n’existe pas en  Syrie. Les chrétiens et les autres minorités sont très menacés (...)  L’Amérique et l’Union Européenne mènent une politique hypocrite et  machiavélique."