Lorsque le juge de la cour suprême des États-Unis John Marshall a appliqué
les concepts de Peuple Chrétien et de Païens au sujet de
l’indépendance des Amérindiens et du titre de propriété foncier indien sur la
terre, il a tissé ces catégories religieuses avec celles des idées de la découverte
chrétienne et de la domination, dans le tissu conceptuel de la
loi américaine.
Expliquant le concept de la “découverte”, l’érudit et universitaire
respecté Hunkpapa Lakota Vine Deloria Jr [1] dit que “avec l’approbation du
pape, dans le traité de Tordesilla en 1494 (entre l’Espagne et le Portugal), la
doctrine de la découverte fut élargie de façon à ce que toute nation chrétienne
puisse “découvrir” des terres auparavant inconnues des Chrétiens et ceux-ci se
retrouver immédiatement investis du titre légal de propriété et ce sans aucun
regard envers les droits des habitants existant de l’endroit.”
“Nous sommes
un empire maintenant et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité.
Tandis que vous passez votre temps à étudier cette réalité, comme vous le ferez
si judicieusement, nous agirons encore, créant ainsi de nouvelles réalités, que
vous pourrez étudier également. C’est de cette façon que les choses vont aller.
Nous sommes les acteurs de l’histoire… et vous, vous tous, ne pourrez juste
qu’étudier ce que nous faisons.”.~ Karl Rove,
conseiller du président George W. Bush, 2002 ~
“… les uns sont
plus grands que les autres de par le droit divin de l’inspiration ; ce qui
constitue aussitôt une inégalité fixe, constante, pétrifiée. Les plus inspirés
doivent être écoutés par les moins inspirés et les moins inspirés par les pas
du tout inspirés. Voilà le principe de l’autorité bien établi et avec lui les
deux institutions fondamentales de l’esclavage: l’Église et l’État.” ~ Michel
Bakounine ~
“Les pères
fondateurs des Etats-Unis sont un gang d’esclavagistes qui a voulu être libre,
pour pouvoir continuer à mettre en esclavage l’homme noir , massacrer et voler
l’homme rouge.” ~ George Carlin ~
Deloria, cité ci-dessus a raison. D’après le décret du pape, (bulle papale Inter Caetera de 1493, du pape Alexandre VI), tout roi, prince ou nation chrétiens peut
“découvrir” et assumer la domination sur toutes terres auparavant inconnues des
chrétiens même si connues des habitants non-chrétiens, en particulier si
ceux-ci étaient « mahométans » ou juifs. Quant aux païens, aux yeux
du Saint Siège, ils n’existent même pas en tant qu’êtres humains, c'est-à-dire qu’ils
ne valent même pas un chien ou un cochon.
[…] Ainsi le document fut écrit afin de protéger les droits de propriété
terrienne de tout monarque chrétien, comme par exemple le roi du Portugal ou
celui de la très catholique Espagne, mais pas les droits de propriété terrienne
des non-chrétiens qui devaient être “subjugués” afin de “propager
l’empire chrétien”.
[…] La doctrine de la découverte est maintenant très bien établie et est une
partie intrinsèque de la loi américaine qu’on ne peut donc pas altérer. Il
serait de plus, selon l’establishment, “trop tard” pour les peuples
indiens originels pour se faire les avocats et ou les partisans du retrait de
ce cadre théologique de la “découverte chrétienne” de la loi fédérale
indienne. Bien sûr pour la société états-unienne, avancer de tels arguments est
prétendre que les nations indigènes sur cette terre doivent tout simplement
acquiescer à ce précédent de la cour suprême datant de 184 ans et qui a affirmé
sur la base de l’histoire (la mythologie) du peuple élu sur la terre promise et
sur une croyance vieille de 500 ans qui voudrait que le peuple chrétien
possède le droit divin de subjuguer les « non chrétiens » et,
en particulier les “païens” et d’assumer contrôle et domination sur
leurs terres.
[…] Dire que nous, en tant que peuples indigènes contemporains, ne pourrons
pas réussir à défier le droit de la découverte chrétienne et de domination
dans la loi états-unienne sur le terrain religieux ou autre, est en fait
suggérer que la loi fédérale indienne reposera toujours sur une idéologie de
subjugation religieuse et que “l’État” (dans ce cas-ci le gouvernement fédéral
des Etats-Unis et les États de l’Union) peuvent ainsi considérer les ténets (dogmes)
religieux du livre de l’ancien testament biblique (ex: Génèse 1:28 [2] et
psaumes 2:8 [2]) comme partie intégrante du contexte de fond de la “loi
suprême de la terre” aux Etats-Unis.
[…] Pourtant, lorsque vu d’une perspective indigène, comment pouvons-nous en
tant que peuple natif, considérer les idées et les pensées appelées loi
fédérale indienne avoir une signification légitime pour nous déposséder de nos
terres et de nos territoires de manière légitime et de détruire les modes de
vie ancestraux et traditionnels de nos peuples et nations respectifs ? Pourquoi
devrions-nous accepter tout ceci comme légal ? Pourquoi devrions-nous
considérer la bulle papale Inter Caetera et autres édits papaux, être
des fondements légitimes de la “loi” des Etats-Unis en relation avec les
nations amérindiennes, surtout en considérant l’assomption de la séparation de
l’église et de l’État aux Etats-Unis et que le christianisme est supposé ne pas
être préféré à d’autres religions dans la loi américaine ?
[..] Dans cette perspective, les nations indiennes qui ont accepté la
protection des Etats-Unis (par traité) sont autorisées à conserver leur
existence libre et indépendante ainsi que leur pleine intégrité territoriale
[…] Mais les Etats-Unis ont tacitement interprété tous les traités signés avec
les Indiens comme partie intégrante du contexte de la doctrine de la découverte
et du verdict de l’affaire Johnson. Ainsi la découverte chrétienne et la
domination résultante servent de contexte dans ce que le gouvernement fédéral
utilise pour interpréter les traités entre les Indiens et les Etats-Unis.
Ce livre n’a seulement traité que quelques cas parmi les milliers de
décisions légales et statutaires qui ont été prises par le gouvernement fédéral
en ce qui concerne les affaires indiennes. Comme Vine Deloria Jr l’a si bien
noté: “Tous les efforts de réviser, de systématiser et de comprendre les
cas légaux et statutaires concernant les peuples et nations indigènes des
Etats-Unis, ont été passés et décidés dans l’ombre de cette doctrine de la découverte.”
[…] Dans ce livre, mon but était d’utiliser des résultats de la théorie
cognitive pour comprendre et interpréter la mentalité d’empire et de
domination, qui a résulté de l’assomption que les peuples et nations originels
libres et indépendants au départ sont maintenant sujets au pouvoir plénier et à
la domination du gouvernement des Etats-Unis.
Cette même mentalité a aussi occasionné le fait que le peuple indien a perdu
devant la cour suprême des Etats-Unis plus de 80% des affaires présentées, bien
plus souvent que des criminels de droit commun condamnés et cherchant à
inverser le verdict à leur encontre.
[…] Les Etats-Unis ont
contextuellement été fondés comme “l’empire américain” en se séparant
de l’empire britannique. “Nous avons creusé les fondations d’un empire”
avait dit George Washington. Il déclara aussi: “Ce n’est que dans notre
caractère unifié en tant qu’empire que notre indépendance est reconnue, que
notre puissance peut être reconnue ou notre crédit soutenu au sein des nations
étrangères.”
Comprendre que les Etats-Unis ont été fondés en tant qu’entreprise
impérialiste nous permet de comprendre pourquoi la loi fédérale indienne,
commençant avec le verdict de l’affaire Johnson, est plus correctement comprise
en termes de modèle du conquérant et en termes des valeurs imbriquées dans des
conceptions impériales romaines telles que imperium, dominatio, occupatio,
domo, dominus etc…
[…] De 1783 jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’empire américain s’est
concentré sur l’extension de son contrôle territorial des nations indiennes
dans les zones qu’il clamait en Amérique du Nord. Cela ne fut qu’un
amuse-gueule. Les Etats-Unis ont ensuite ardemment travaillé à saisir une bonne
partie du territoire du Mexique, puis s’est étendu dans le Pacifique pendant la
guerre américano-espagnole. La politique étrangère américaine se tourna vers le
désir de prendre le contrôle de Cuba, de Puerto Rico, des Philippines, de Guam,
des Iles Vierges, Hawaii etc… Au cours du XXème siècle, les Etats-Unis ont
étendu leur influence impérialiste autour du monde d’une telle manière, qu’il y
a maintenant (NdT: en 2008 lorsque fut publié ce livre, bien
plus maintenant…) quelques 725 bases militaires américaines réparties en
territoires étrangers.
[…] En septembre 2000, un grand changement se fit jour quant à la doctrine
avec le Project for a New American Century (PNAC), un think tank
localisé à Washington D.C, qui publia un long rapport intitulé: “Rebuilding
America’s Defense: Strategy, Forces and Resources for a New Century.” Le
projet déclara: “Alors que le XXème siècle tire à sa fin, les Etats-Unis
sont la seule super-puissance, combinant une puissance militaire prédominante,
un leadership technologique mondial et la plus grande économie au monde. Les
Etats-Unis n’ont plus de rival et donc leur grande stratégie devrait être de
préserver et d’étendre leur position avantageuse aussi loin dans le futur que
possible.”
[…] Le rapport notait également que “le processus de transformation,
même s’il amène des changements révolutionnaires, sera sûrement très long à
défaut d’un évènement catastrophique de l’ampleur d’un nouveau
Pearl Harbor.” Les attaques sur le WTC et le Pentagone
juste un an exactement après que le rapport du PNAC fut publié (Septembre
2000), furent l’évènement catalyseur qui mit en branle une série de changements
de grande envergure. Nous en subissons toujours les effets aujourd’hui.
Pagans in the Promised Land, Decoding the
Doctrine of Christian Discovery de Steven Newcomb
Éditions
Fulcrum, 2008
Traduction
du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte
chrétienne”
Mars 2015
Le texte ci-dessus est (en partie) la traduction de la Conclusion du livre.COMMENTAIRES
L’analyse de Newcomb est unique en son genre et nous permet de réellement
bien comprendre le cœur du problème colonialiste. Depuis le XVème siècle, la
racine profonde de la domination eurocentrique sur le monde est d’ordre
religieux même si dans le temps, essentiellement au XIXème siècle et
l’expansion de l’empire français sous la IIIème république, et celui de
l’empire britannique sous le règne de la reine Victoria, ont vu les objectifs
de la conquête glisser du religieux à “l’humanitaire” et à l’universalisme de
la culture occidentale “supérieure” s’étant octroyée un devoir de rayonner non
plus sur un monde “barbare et païen” mais sur un monde “barbare et ignorant”.
La belle affaire !
La notion de conquête, de domination européenne du monde prend sa source
dans les bulles papales du XVème siècle qui divisèrent le monde pour sa
possession par l’empire de la chrétienté.
Il est effarant en effet de constater que l’empire américain actuel est fondé sur une appropriation arbitraire, un vol de terres ne lui appartenant pas, vol qui s’est vu entériner au fil du temps par la passation de la domination fondée sur des principes fondamentalement racistes d’un empire à un autre. Toujours plus effarant de constater que cette domination ordonnée par des édits du Vatican, a été intégrée dans la loi américaine (et canadienne) par le jeu de la reconnaissance et donc de la validation soi-disant légale d’édits religieux d’un autre temps, le tout dans la logique suprématiste d’une nation qui s’auto-déclare “indispensable” et ayant une “destinée manifeste” de rayonner sur le monde dans le plus pur esprit sectaire des puritains anglicans du Mayflower s’établissant sur la côte Est du “nouveau monde”, créant en Nouvelle-Angleterre, cette “cité sur la colline destinée à rayonner sur le monde”.
Il est effarant en effet de constater que l’empire américain actuel est fondé sur une appropriation arbitraire, un vol de terres ne lui appartenant pas, vol qui s’est vu entériner au fil du temps par la passation de la domination fondée sur des principes fondamentalement racistes d’un empire à un autre. Toujours plus effarant de constater que cette domination ordonnée par des édits du Vatican, a été intégrée dans la loi américaine (et canadienne) par le jeu de la reconnaissance et donc de la validation soi-disant légale d’édits religieux d’un autre temps, le tout dans la logique suprématiste d’une nation qui s’auto-déclare “indispensable” et ayant une “destinée manifeste” de rayonner sur le monde dans le plus pur esprit sectaire des puritains anglicans du Mayflower s’établissant sur la côte Est du “nouveau monde”, créant en Nouvelle-Angleterre, cette “cité sur la colline destinée à rayonner sur le monde”.
La réalité, comme exposé par Newcomb dans cet ouvrage qui fera date, est
que tout ceci n’est qu’un leurre, une vaste supercherie criminelle et que
l’empire est fondé sur un territoire volé, usurpé au prix du plus grand
génocide de l’histoire de l’humanité (les chiffres oscillant entre 50 et 100
millions de morts depuis 1492 selon les sources). Cet empire est “sans
terre”, il est nécessaire de déconstruire la fabrication pseudo-légale de son
existence pour le forcer à disparaître.
Les nations et peuples natifs du continent peuvent le faire, mais ils ont besoin de l’aide d’occidentaux eux-mêmes émancipés de l’idéologie colonialiste qui leur est inculquée et martelée depuis des générations. Notre position est que l’avenir de l’humanité passe par la coopération des peuples occidentaux libérés de l’idéologie mortifère colonialiste se tenant la main dans la main avec leurs frères des peuples indigènes de tous les continents pour se débarrasser du paradigme politique dominant, totalitaire, inégalitaire et fondamentalement raciste actuel pour reconstruire un nouveau paradigme sociétal égalitaire, non-coercitif, non-hiérarchique, au pouvoir dissout dans le peuple, fondé sur le respect des uns pour les autres. L’humain est capable de choses merveilleuses pourvu que l’environnement soit propice. Créons ensemble cet environnement en mettant le modèle politico-économique de l’État et du capitalisme aux oubliettes de l’Histoire, leur seule place légitime et en créant la société des sociétés, l’organisme collectif égalitaire où la véritable préoccupation sera le bonheur harmonieux et partagé sur terre. Rêve, utopie ! Hurleront certains… Non, un projet politique et social réaliste si on s’en donne VRAIMENT les moyens, ensemble !
Les nations et peuples natifs du continent peuvent le faire, mais ils ont besoin de l’aide d’occidentaux eux-mêmes émancipés de l’idéologie colonialiste qui leur est inculquée et martelée depuis des générations. Notre position est que l’avenir de l’humanité passe par la coopération des peuples occidentaux libérés de l’idéologie mortifère colonialiste se tenant la main dans la main avec leurs frères des peuples indigènes de tous les continents pour se débarrasser du paradigme politique dominant, totalitaire, inégalitaire et fondamentalement raciste actuel pour reconstruire un nouveau paradigme sociétal égalitaire, non-coercitif, non-hiérarchique, au pouvoir dissout dans le peuple, fondé sur le respect des uns pour les autres. L’humain est capable de choses merveilleuses pourvu que l’environnement soit propice. Créons ensemble cet environnement en mettant le modèle politico-économique de l’État et du capitalisme aux oubliettes de l’Histoire, leur seule place légitime et en créant la société des sociétés, l’organisme collectif égalitaire où la véritable préoccupation sera le bonheur harmonieux et partagé sur terre. Rêve, utopie ! Hurleront certains… Non, un projet politique et social réaliste si on s’en donne VRAIMENT les moyens, ensemble !
NOTES
[1] En 1961, des étudiants indiens constituent le
« Conseil National de la Jeunesse Indienne ». L’un des leaders est Vine Deloria
Jr., un jeune avocat sioux.
Le discours de ces jeunes intellectuels est clairement opposant. Pour la
première fois, ils soulèvent la question des traités signés entre les
Etats-Unis et les nations indiennes et exigent le respect des droits reconnus
aux tribus par ces traités. Leur but n’est plus l’assimilation à la société
blanche, mais la revitalisation des cultures indiennes et l’affirmation de
droits indiens spécifiques. Des écrivains indiens comme Vine Deloria Jr. et
Robert Burnett dénoncent la misère de la condition indienne, la responsabilité
des Etats-Unis dans le génocide indien, un génocide qui se poursuit, et tracent
un projet pour l’avenir. La politique de « terminaison » qui menace toutes les
tribus, la vente forcée des terres indiennes, la tutelle oppressante du BIA, la
pauvreté, le racisme, mobilisent des étudiants, des jeunes Indiens des villes.
Pour appuyer leurs revendications, ils tiennent des « sit-in », ils défilent
dans les grandes villes américaines devant les caméras de la télévision,
friande de ces manifestations un peu folkloriques et qui retiennent l’attention
par leur nouveauté. L’Amérique découvre avec étonnement qu’elle a encore des
Indiens.
[2] Genèse
1 :28. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez,
remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer,
sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Psaume 2.8 Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, Les extrémités
de la terre pour possession; 2.9. Tu les briseras avec une
verge de fer, Tu les briseras comme le vase d'un potier.…
Du point de vue de l’ancien testament, les Hébreux puis les Chrétiens, sont toujours vus et dépeints dans la position cardinale de supériorité. Ce faisant, les catégories « Hébreux » et « Chrétiens » sont toujours vues comme existant sur un plan supérieur, plus haut que les non-hébreux et non-chrétiens qui eux sont en-bas. Il est à noter que ce schéma est aussi impliqué dans le mot “souverain”.
De la sorte, dès que les Etats-Unis ont été créés, les officiels américains ont établi une règle cardinale de toujours conceptualiser les Etats-Unis comme existant sur un plus haut niveau, sur un plan supérieur, que les nations indigènes. Ceci mena à cette déclaration suivante dans un document du ministère des affaires étrangères (du département des affaires d’état en terminologie américaine): “La conquête fait que les tribus sont sujettes au pouvoir législatif des Etats-Unis et en substance, cela met fin aux pouvoirs externes de souveraineté des dites tribus.” Conceptualiser de manière imaginaire les Indiens comme existant dans une position permanente de subordination dans leur relation avec les Etats-Unis correspond précisément à la structure profonde de l’ancien testament, du modèle du conquérant et de la mentalité de domination de la chrétienté.
Civilisés –> peuple chrétien –> Etats-Unis
Non-civilisés, sauvages –> infidèles, païens –> Indiens à exterminer
Civilisés –> peuple juif –> Israël
Non-civilisés, sauvages –> non-juifs –> Palestiniens à exterminer
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