Les
déclarations du secrétaire d’État Rex Tillerson jeudi 30 mars 2017 à Ankara
selon lesquelles «Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien», ne relèvent pas du hasard, mais d’une décision
mûrement réfléchie de la nouvelle administration républicaine, désireuse de
conférer la priorité au combat contre le terrorisme islamiste.
Ci joint le
récit intégral de ce surprenant dialogue entre le président syrien Bachar Al
Assad et l’émissaire américain Tulsi Gabbard, sénatrice démocrate de Hawaï,
ainsi que cela a été rapporté lundi 3 avril 2017 par le directeur du quotidien
libanais «Al Akhbar».
Ibrahim Al Amine est l'auteur de ce scoop, consultable sur ce lien pour les locuteurs arabophones : http://www.al-akhbar.com/node/275193
Ibrahim Al Amine est l'auteur de ce scoop, consultable sur ce lien pour les locuteurs arabophones : http://www.al-akhbar.com/node/275193
Tulsi Gabbard, démocrate d’Hawaï,
hostile à Hillary Clinton (ancienne secrétaire d’État et candidate malheureuse
à la présidentielle américaine 2016), Tulsi Gabbard avait voté en faveur de
Bernie Sanders, le candidat de l’aile gauche du parti démocrate, lors des
primaires de ce parti en 2016. Membre du House Armed Service Committee, Major
dans la garde nationale, Tulsi Gabbard a effectué deux périodes de service au
Moyen-Orient. En Octobre 2015, sur CNN, elle déclare: « les
États-Unis et l’Union Européenne doivent cesser cette guerre illégale et
contre-productive visant à renverser le gouvernement d’Assad et se concentrer
plutôt à combattre les groupes islamistes extrémistes».
L’interrompant,
le journaliste lui pose alors la question suivante: «Cela ne vous importe-il
pas que le régime brutal d’Assad ait tué 200.000 personnes au moins ou
peut-être 300.000 personnes de son propre peuple».
La réponse
fuse: «Les choses qu’on dit à propos d’Assad, ce sont les mêmes que l’on
disait à propos de Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi par ceux qui poussaient
les États-Unis à renverser leurs régimes. Si cela devait arriver en Syrie, nous
nous retrouverons devant une situation de plus grande souffrance, des
persécutions plus importantes des Chrétiens en Syrie. En prime notre ennemi en
sortira renforcé».
Le dialogue entre Donald Trump et Tulsi
Gabbard le 21 novembre 2016
Les contacts
entre Donald Trump et Tusli Gabbard se sont noués à l’automne 2016. Celui qui
n’était alors que le candidat républicain à la présidentielle avait relevé le
positionnement de la sénatrice démocrate et son entourage songeait même à lui
proposer un poste ministériel au sein de la nouvelle administration qui devait
succéder au démocrate Barack Obama.
L’entretien
entre le président élu et la démocrate a eu lieu le 21 novembre 2016 et a duré
2H30, au cours duquel la sénatrice a informé d’emblée son interlocuteur que son
voyage prévu de longue date ne pouvait être indéfiniment retardé du fait qu’il
avait été fixé à la mi janvier 2017.
Donald Trump
a admis partager l’opinion de Tulsi Gabbard sur la Syrie, et, en réplique, la
sénatrice a informé Donald Trump qu’elle songeait à forger une loi interdisant
à tout américain de collaborer avec quiconque entretenant un lien direct ou
indirect avec les organisations terroristes, particulièrement Daech.
La suite du
dialogue Donald Trump-Tulsi Gabbard :
Donald Trump
(DT): « Allez vous rencontrer Assad ? »
Tulsi
Gabbard (TG): « Probablement »
Donald Trump
(DT): « Parfait. Demandez-lui s’il est disposé à entretenir des contacts
avec nous. »
L’homme a tenu bon
Je suis
disposé à entrer en contact téléphonique avec lui. Mais qu’il soit clair que la
coopération portera sur le combat contre Daech. Il
constatera que son éviction du pouvoir ne figure pas à l’ordre du jour de mes
préoccupations. C’est d’ailleurs un thème qui va disparaître
progressivement du débat public.
Toutefois,
le contact direct et l’abolition des sanctions sont des sujets qui demandent du
temps.
L’important
est que l’on sache comment il se comporte et dans quelle mesure il est disposé
à coopérer avec nous en dehors des Russes et des Iraniens. Nous devons changer
de politique vis à vis d’Assad.
L’Homme a
tenu bon. Le contenir directement pourra se révéler utile. Les faits nous
commandent de coopérer avec lui s’il l’on veut combattre effectivement Daech.
Donald
Trump, pragmatique et empirique, part du constat que Barack Obama a sapé
l’influence américaine au Moyen-Orient et rend responsable son prédécesseur
démocrate de la percée russe. Il considère qu’il incombe à son administration
de rétablir une cogestion, particulièrement en Syrie et en Irak et que la Syrie peut constituer un
terrain d’entente entre Russes et Américains.
L’Iran, le pays le plus sérieux dans son
combat contre Daech.
Donald Trump
considère en outre que Daech représente le plus grand danger. Il est convaincu du soutien de
l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie à Daech et à toutes les
déclinaisons d’Al Qasida. En dépit de détestation de l’Iran, il est convaincu que Téhéran est
le plus sérieux dans son combat contre Daech.
Son objectif
n’est pas d’opérer un bouleversement fondamental de la politique américaine,
mais juste d’infléchir sa stratégie, en focalisant sur Daech, et en mettant de
côté les autres objectifs, tels l’éviction du président syrien.
Le rôle d’obstruction de l’ambassadrice
américaine au Liban, Elizabeth Richard.
Lors de sa
confirmation par la commission des affaires étrangères du Sénat américain comme
nouvel ambassadeur des États Unis au Liban, Elizabeth Richard avait affirmé que
sa mission prioritaire sera de faire front à la Syrie et au Hezbollah. Aussi
n’a-t-elle pas été avisée de la mission de Tulsi Gabbard ni de ses objectifs.
Elle estimait néanmoins qu’elle devait avoir la haute main sur cette visite,
fixant les rendez vous de la sénatrice, écartant au besoin ce qu’elle
considérait comme indésirable.
Le Liban divisé par l’ambassade américaine
en trois zones selon le degré de risques.
Elizabeth
Richard a voulu circonvenir les choses, demandant à s’entretenir avec l’équipe
de la sénatrice, à son arrivée à Beyrouth. A l’ambassade, le responsable de la
sécurité a fait un topo sur la situation sécuritaire en dotant ses
interlocuteurs d’instructions adéquates.
L’officier
chargé de la sécurité de l’ambassade a proposé que Tulsi Gabbard soit logée à la
résidence de l’ambassadrice.
L’équipe de
la sénatrice a décliné les offres, spécifiant qu’elle souhaitait que la visite
de Tulsi Gabbard se déroule en dehors de tout protocole, que l’émissaire de
Donald Trump choisira elle-même ses interlocuteurs libanais, de même que la
date et le lieu de ses rendez-vous.
Le
responsable de la sécurité de l’ambassade a alors insisté pour connaître
l’identité du service libanais chargé de la protection de la sénatrice,
exposant les zones à risques au Liban. Selon lui, le Liban est divisé en trois
zones: Zone Rouge, frappée d’une interdiction absolue d’accès de jour comme de
nuit; Une Zone Jaune, avec libre accès uniquement le jour; Une Zone Verte, avec
libre accès de jour comme de nuit.
Des unités spéciales américaines au Liban
prêtes à intervenir à tout moment.
Au terme de
son exposé le responsable a confié à l’équipe de la sénatrice des numéros de
téléphone pour en faire usage en cas d’urgence, l’assurant que les États Unis
disposaient de diverses unités déployées sur l’ensemble du territoire libanais
prêtes à intervenir à tout moment en cas de nécessité.
14 Janvier 2017, l’arrivée à Beyrouth de
Tulsi Gabbard.
Tusli
Gabbard est arrivée le dimanche 14 Janvier 2017 à Beyrouth, en compagnie de son
époux, Abraham William, un riche homme d’affaires originaire de l’Inde. A
l’aéroport de Beyrouth-Khaldé, elle a été accueillie par un détachement de
l’unité chargée de la protection des ambassades, relevant des Forces de
Sécurité Intérieures (FSI), mis à sa disposition par le ministre de l’Intérieur
Nihad Machnouk.
La traversée dans la zone Hezbollah
Le convoi
s’est dirigé directement vers Yarzé, colline surplombant Beyrouth siège de la
Présidence de la République libanaise, du ministère de la défense et de
l’ambassade de Syrie au Liban, notamment, où elle a été accueillie par
l’ambassadeur syrien Ali Abdel Karim.
Le convoi a
emprunté un court trajet, ce qui signifie qu’il a immanquablement traversé la
banlieue sud de Beyrouth, en pleine «zone rouge», de l’ambassade américaine, la
fameuse ville de Dayeh des journalistes français, autrement dit le fief du
Hezbollah.
A la
question de savoir où elle se trouvait, il lui fut répondu, laconiquement: «Dans
la zone du Hezbollah».
Tulsi
Gabbard: «Où sont donc les bases militaires et les hommes en armes»?
Réponse:
«Pas de présence de toutes ces choses ici».
Tulsi
Gabbard: Êtes vous surs que nous traversons une zone sous contrôle du
Hezbollah»?
Réponse: Oui
absolument et dans quelques minutes nous serons dans une zone sous contrôle
total de l’armée libanaise, où se trouve le bureau de l’ambassadeur syrien.
A son
arrivée dans le secteur de Yarzé, le convoi a été pris en charge par les
«Fouhouds» (Les Panthères), troupes de chocs des forces de sécurité libanaise.
Les officiels de l’ambassade américaine avaient peu apprécié que le service de
protection des ambassades aient été chargé de la protection de la sénatrice
américaine, considérant que ce service était sous influence du Hezbollah.
A son
arrivée à son hôtel, l’ambassadrice des États Unis à Beyrouth, Elizabeth
Richard, a demandé à rencontrer l’émissaire du président Donald Trump. Tulsi
Gabbard a refusé, lui précisant qu’elle ne souhaitait rien de l’ambassade.
Le séjour à Damas de Tulsi Gabbard et le
récit de sa première rencontre avec le président Bachar Al-Assad
Lundi 15
janvier à 8 H du matin, le convoi américain se dirige directement vers Damas. A
son arrivée au poste frontière de Masnah, le convoi est accueilli par une
délégation officielle syrienne qui prend en charge la protection de l’émissaire
américain, abandonnant le convoi libanais dans le secteur libanais de la zone
frontalière.
Le premier échange Bachar
A-Assad-Tulsi Gabbard
Accueillie
par un sourire du président syrien, Tusli Gabbard entre d’emblée dans le vif du
sujet:
Tusli Gabbard: Je suis là
pour une mission de collecte d’informations. Je souhaite visiter plus d’une
région si possible, aller à la rencontre des gens. Je souhaite aussi que vous
nous fournissiez des informations fiables sur ceux qui apportent leur soutien à
Daech et à al Qaïda. Je suis là avec l’accord du Congrès américain. Je devais
venir il y a un mois, mais j’ai retarde mon voyage à la demande du président
Trump en personne.
J’ai
rencontré Donald Trump avant ma venue. Je suis porteuse d’un message de sa
part. Je suis chargée de vous soumettre ses vues sur la zone. Il m’a en plus
chargé d’une demande directe à vous.
L’émissaire
américain se livre alors à un exposé des vues de la nouvelle présidence
américaine, mettant l’accent sur la position des alliés des États Unis dans la
zone, de l’Arabie saoudite, à la Turquie, en passant par les autres pays du
Golfe.
La priorité
de Donald Trump est le combat contre Daech. Dans son approche, il prend en
considération le dossier iranien, un pays très sérieux dans son combat contre
Daech. Donald Trump veut une modification radicale de la politique des États
Unis à l’égard de la Syrie et de la zone.
Donald Trump: admiratif de l’intelligence de
la Russie dans sa gestion du dossier syrien.
Bachar
Al-Assad: « S’agit-il des impressions que vous avez recueillies de votre
entretien avec votre président ? »
Tulsi
Gabbard : « Non, ce sont ses idées. Il m’a demandé de vous les soumettre.
En résumé, nous voulons coopérer avec vous pour combattre Daech. Il (Donald
Trump) est admiratif de l’intelligence de la Russie dans sa gestion du dossier
syrien. Il entend bâtir une entente avec les Russes en Syrie. »
Puis,
soudainement, Tulsi Gabbard s’adresse directement au président syrien en ces
termes :
Tulsi
Gabbard : « Si le Président Trump vous contacte, répondrez-vous ? »
Assad
esquisse un sourire et répond par une autre question: « S’agit-il d’une
suggestion ou d’une proposition ? »
Tulsi
Gabbard : « Non, pas une supposition ».
Bachar
Al-Assad: « Donc s’agit-il d’une proposition de votre part ? »
Tulsi
Gabbard : « Non il s’agit d’une proposition directe du Président Trump et
c’est lui qui l’a demandé de vous la transmettre. Et je répète la question:
S’il vous contacte, allez vous décrocher ? »
Bachar
Al-Assad: « Naturellement. Je vous donnerai un numéro de téléphone où vous
pourrez me joindre rapidement. »
Tulsi
Gabbard a été surprise par la rapidité de la réponse du président syrien. Sous
l’effet d’une campagne d’intoxication, elle était convaincue que Bachar
Al-Assad demanderait un délai avant de répondre à la proposition de Donald
Trump. Le temps de consulter ses amis Russes et Iraniens. Les Américains
pensaient sérieusement qu’«Assad n’oserait pas nouer un contact avec les États
Unis ans l’accord préalable de ses alliés».
Avant la fin
de l’entretien, Tulsi Gabbard a insisté pour effectuer une tournée à
l’intérieur de la Syrie, notamment Alep de nouveau sous l’autorité du pouvoir
central, afin d’établir un rapport circonstancié sur la situation.
Au terme de
son exposé de deux heures, le président syrien a pris la parole à son tour pour
exposer à son interlocutrice le rôle des États Unis dans leur soutien aux
organisations terroristes.
A l’issue de
cette rencontre, Tulsi Gabbard a rencontré l’épouse du chef de l’état syrien,
Mme Asma Al-Assad. Cet entretien de deux heures également a porté sur les
aspects sociaux et les effets négatifs de la guerre sur la population syrienne.
Puis, Tulsi
Gabbard a rencontré successivement, le Mufti de Syrie, Badreddine Hassoune, le
Patriarche Ignace Ephrem (Syriaques), des hommes d’affaires et des
académiciens. Elle a également visité la grande Mosquée de Damas, La Mosquée
des Ommeyades.
La
délégation américaine a résidé au palais des hôtes de Damas et a dîné avec Mme
Bouthaina Chaabane, conseillère du président Assad chargé de l’Information, en
présence de M. Bachar Jaafari, délégué de la Syrie aux Nations Unies et Chef de
la délégation gouvernementale syrienne aux négociations de Genève. Au cours de
ce dîner, les modalités d’un entretien Tulsi Gabbard avec le ministre syrien
des Affaires étrangères, Walid Al Mouallem, ont été arrêtées.
Alep, mardi 16 janvier 2017
A Alep,
Tulsi Gabbard a longuement parcouru la ville, rencontrant l’administrateur de
la ville, des parlementaires, des académiciens, des hommes de religion, des
activistes de la société civile avant de visiter un camp de personnes
déplacées.
Avant son
départ d’Alep, la délégation américaine a reçu un appel de Damas souhaitant
revoir l’émissaire du président Trump pour un entretien approfondi et détaillé
qui sera entrecoupé d’un déjeuner de travail. La présidence syrienne proposait
en outre à Tulsi Gabbard de lui confier des documents irréfutables concernant
l’implication directe des hommes de la sécurité américaine dans leur soutien au
terrorisme en Syrie. A la suite de cet appel, Tulsi Gabbard décida alors de
reporter son départ de Syrie de 24 heures.
Retour à Damas, mercredi 17 janvier et la
remise des documents officiels syriens
Ce jour là,
Tulsi Gabbard rencontra à deux reprises le Président Bachar Al Assad en
présence des responsables syriens des services de sécurité, munis de documents.
L’émissaire américaine a été saisie par le choc à la vue de ses documents que
les Syriens lui ont remis, ce jour là, afin de lui permettre son enquête aux
États Unis même.
Jeudi 18 janvier Beyrouth
Entretien
surprise avec l’ancien président Émile Lahoud et le ministre irakien des
Affaires étrangères Ibrahim Jaafari.
Jeudi 18
janvier à Beyrouth a été une journée d’entretiens intensifs avec des
personnalités choisies par Tulsi Gabbard, elle même: Les trois présidents, le
président de la République Michel Aoun, le premier ministre Saad Hariri, le
président de la chambre des députés Nabih Berry, le Commandant en chef de
l’armée et le directeur général de la Sûreté Générale, le patriarche maronite
Mgr Bichara Ar Rahi, et l’ancien président de la République Émile Lahoud, seul
ancien président libanais à avoir eu droit à un tel traitement, pourtant jadis
ostracisé par Jacques Chirac, l’ancien partenaire du milliardaire libano
saoudien Rafic Hariri.
Un incident
est révélateur du parasitage déployé par l’ambassadrice américaine à Beyrouth,
Elizabeth Richard, hostile à cette visite.
Comme un
rendez vous était sollicité auprès des services de la présidence de la chambre
pour un entretien avec M. Nabih Berri, la demande a été refusée au prétexte que
l’émissaire américain entreprenait ses démarches sans l’aval du Département
d’état. Les collaborateurs de M. Berri ont soutenu avoir eu cette explication
directement par l’ambassade américaine.
Alertée sur
cette mauvaise manière, Tulsi Gabbard a chargé son adjoint d’aviser
l’ambassadrice, Mme Elizabeth Richard, qu’elle devra rendra compte de son
comportement illégal devant l’administration américaine
Avant son
départ de Beyrouth, M. Tulsi Gabbard a rencontré le ministre irakien des
Affaires étrangères Ibrahim Jaafari, qui se trouvait fortuitement dans la
capitale libanaise.
Épilogue du signataire de ce texte
Et pendant
ce temps là, les hiérarques de l’Élysée et du Quai d’Orsay et leurs
amplificateurs médiatiques, les éditocrates de France, continuent de se
lamenter……
-Ah si Obama
avait bombardé la Syrie, nous n’en serions pas là, oubliant que la Chambre des
Communes avait refusé un engagement militaire du Royaume Uni en Syrie et que de
sérieux doutes subsistaient sur les responsables de l’usage des armes chimiques
en Syrie.
-Ah, si la
France n’était pas aussi dépendante militairement des États Unis nous n’en
serions pas là.
-Ah si la
France était une véritable démocratie présupposant une autorisation du
parlement avant un engagement militaire extérieur, nous n’en serions pas là.
- Ah, si la
France cessait son état de lévitation permanent pour se livrer, pour une fois,
à son autocritique, nous n’en serions pas là.
-Ah, si la
France avait soutenu l’opposition démocratique syrienne et non les mercenaires
des pétromonarchies, compagnons de route du terrorisme islamique, nous n’en
serions pas là.
Par René Naba
Le bilan des pertes syriennes
Les pertes de la Syrie du fait de la
guerre sont estimés à 1.170 mille milliards cent soixante dix millions
de dollars, un chiffre qui englobe tous les secteurs de la vie nationale
ainsi que le coût de la reconstruction de ce pays ravagé par six ans de
guerre civile, selon les estimations de l’économiste Ammar Youssef.
Pour les locuteurs arabophones, l’étude parue dans le quotidien libanais «Al Akhbar» se trouve sur ce lien :
Logement et Habitat : 1,4 millions habitations détruites; 200 milliards de dollars de dégâts
Le secteur du logement et de l’habitat
est le secteur le plus sinistré du fait que nombre de ville ont servi de
champs de bataille. 1,4 millions d’habitations ont été détruites à ce
jour. Les dégâts dans ce secteur sont estimés à 200 milliards de
dollars. La reconstitution des services fonciers et du cadastre est,
elle, estimée, à 300 milliards de dollars. Ce chiffre n’inclut pas les
usines, ni les centrales électriques, d’une manière générale les
infrastructures des divers champs de l’activité économique et sociale
qui font l’objet d’une recension à part.
Le secteur industriel : un secteur sinistré à 67 % ; 210 milliards de dollars
67 % de la capacité industrielle de la
Syrie a été complètement détruite. Ce chiffre concerne les usines
pillées ou démantelées, y compris les stocks de matières premières
nécessaires à la production. Le chiffrage se monte à 60 milliards de
dollars, auxquels il convient d’ajouter 110 milliards de dollars le
capital nécessaire pour la relance de la machine industrielle et 40
milliards au titre du manque à gagner, soit un total de 210 milliards de
dollars.
L’Agriculture, 3e secteur par l’importance des dégâts. 64 milliards de dollars.
Grande exportatrice de produits
agricoles à destination de son voisinage, assurant son autosatisfaction
alimentaire, la Syrie est devenue à la faveur de la guerre, importatrice
de nombreux produits agricoles.
Les dégâts infligés aux moyens de
production dans le secteur agricole sont estimés à 25 milliards de
dollars et la perte due au manque à gagner à 20 milliards de dollars ;
un chiffre auquel il convient d’ajouter 19 milliards de dollars
d’investissement pour la relance de la production agricole ; soit un
total de 64 milliards de dollars, excluant le cheptel, décimé, soit du
fait des hostilités, soit en tant que prise de guerre pour
l’alimentation des djihadistes.
Secteur touristique et hôtelier
Les dégâts sont estimés à 14 milliards
de dollars, alors que les pertes du secteur tertiaire sont évaluées à 9
milliards de dollars, qu’il importe de majorer de la somme de 15
milliards de dollars pour la relance de ce secteur particulièrement
sinistré, impliquant la réhabilitation de l’infrastructure des
transports (ponts, routes, autoroutes, les canaux d’irrigation etc;).
Réseau électrique
Ce secteur représente un défi d’autant
plus grand que les syriens ont eu recourir durant la guerre à des moyens
de substitution pour leur éclairage et leur chauffage (piles,
batteries, générateurs etc..). Si les pertes sont estimées à 4 milliards
de dollars, les sommes nécessaires à la réhabilitation du réseau
électrique (restauration des poteaux et des fils électriques notamment)
s’élève à 28 milliards de dollars. Soit un total de 32 milliards de
dollars.
Secteur bancaire
Perte astronomique résultant tant du
pillage que de la fermeture des établissements bancaires et du transfert
de leurs activités vers l’extérieur du territoire national ainsi que de
la cessation des prêts et de la possibilité d’obtenir le remboursement
des prêts précédemment octroyés.
L’embargo sur les transactions bancaires
avec la Syrie, le manque à gagner du fait des restrictions précitées se
sont élevées à 9 milliards de dollars, alors que 40 milliards de
dollars ont été injectés sur le marché pour soutenir le cours de la
livre syrienne. Le rétablissement du pouvoir d’achat de la livre
syrienne nécessite un investissement de l’ordre de 70 milliards de
dollars pour une parité un dollar = 50 LS. Une somme partiellement
comblée par les états alliés de la Syrie.
22 milliards de dollars ont été investis
par les commerçants syriens dans les pays limitrophes pour maintenir la
viabilité de la vie économique syrienne.
Le secteur administratif
Les dégâts sont estimés à 4 milliards de
dollars et 6 milliards de dollars sont nécessaires pour la
reconstitution du maillage administratif du pays.
Le secteur social
Sept milliards de dollars ont été
investis dans l’aménagement de centres d’hébergement pour les personnes
déplacées et les réfugiés.
Éducation : 40 % des enfants en bas age non scolarisés
30 % du parc immobilier du secteur a été
détruit du fait qu’une large fraction de ces établissements a servi de
poste de combat ou de poste d’observation, voire même de poste de tirs.
Bon nombre de membres du personnel enseignant a été conduit à l’exil
forcé du fait des menaces des belligérants.
40 % des enfants en bas age n’ont pas
été scolarisés durant cette période du fait des hostilités. La remise en
route du secteur éducatif nécessite un investissement dans le domaine
des infrastructures de l’ordre de 16 milliards de dollars et la mise à
niveau des enfants non scolarisés 5 milliards de dollars.
Secteur hospitalier
45 % des infrastructures du secteur détruites et une hémorragie de 37 % du corps médical.
Le secteur hospitalier présente une
situation analogue au secteur éducatif où l’on relève un taux de
destruction des infrastructures de l’ordre de 45 % et une hémorragie du
corps médical syrien de l’ordre de 37 %, une proportion sans pareille
ailleurs dans le monde. Le pillage du matériel médical dans les divers
secteurs (radiologie, cardiologie, ophtalmologie, hématologie,
maternité, appareils de dialyse etc, ainsi que les stocks
pharmaceutiques a été de même que la réhabilitation du secteur médical
(reconstruction des établissements et leur rééquipement) a été chiffrée à
25 milliards de dollars.
Secteur pétrolier : Des dégâts de l’ordre de 29 milliards de dollars
La mainmise de Daech sur de vastes
domaines du secteur pétrolier a conduit l’État syrien a importé les
produits pétroliers, dont la réhabilitation a été estimée à 29 milliards
de dollars
Le parc forestier : 17 milliards de dollars de dommages
Des dégâts de l’ordre de 17 milliards de
dollars ont été infligés au parc forestier du fait des incendies et des
dommages résultant des hostilités.
L’hémorragie des cadres : la plus grosse perte pour la Syrie
L’hémorragie des cadres syriens, dont 37
% du corps médical, a constitué la plus grosse perte pour la Syrie
qu’il sera difficile de compenser. 15 milliards de dollars seront
nécessaires pour la réhabilitation de ce secteur que cela soit par la
formation de nouveaux cadres ou le rapatriement et la récupération des
cadres anciens.
La perte résultant de la fuite des
cerveaux se monte à 40 milliards de dollars dans les divers domaines de
l’activité scientifique, intellectuelle et artistique.
89 % des Syriens vivent désormais sous
le seuil de la pauvreté. Le revenu moyen du syrien a chuté dans une
proportion de 80 %, ce qui nécessite une forte majoration des salaires
pour retrouver le niveau antérieur à la guerre.
http://www.madaniya.info/2017/04/03/bilan-des-pertes-syriennes-en-six-ans-de-guerre/