mercredi 29 mai 2024

Les multiples visages de l'Iran

Les funérailles de Raïssi ont montré l'un des visages de la mosaïque iranienne. Celui qui prévaut, au grand dam de nos médias qui avaient, dans les jours précédents, mis l'accent sur les petites manifestations de liesse. Pas très fréquentées, et encore moins documentées. Alors que maintenant, c'est la foule... la foule qui prie, la foule qui pleure, la foule qui crie des slogans menaçants. A chaque arrêt du cercueil, jusqu'à sa dernière demeure dans la ville sainte de Mashad.

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Il ne s'agit pas, cependant, de discuter de la figure du défunt président. Les funérailles sont le test décisif de la complexité, non dénuée de tensions et de tiraillements, de la République islamique.

Et j'insiste sur le terme « République islamique ». Car la clé de la compréhension de l'Iran réside précisément là. Dans le fait qu'il s'agit d'une République et, surtout, d'une République islamique.

C'est en effet le ciment d'un pays par ailleurs fragmenté en mille « tesselles » de couleurs et de nuances différentes.

L'Iran est un cosmos où se côtoient des peuples aux ethnicités, aux langues et aux cultures différentes. Unifié cependant par la foi, l'islam chiite et, par conséquent, l'autorité des ayatollahs. Une autorité qui est à la fois religieuse et politique.

Bien sûr, il y a des exceptions. Parmi les Kurdes et les Baloutches, il existe des minorités sunnites d'une certaine importance. Il existe également de petites minorités chrétiennes et zoroastriennes. Toutefois, l'écrasante majorité des Iraniens s'identifient à la tradition chiite duodécimaine. Qu'il s'agisse de Persans - environ 60% des 86 millions d'habitants -, d'Azéris, d'Arabes, de Baloutches, de Qasquai, de Kurdes ou d'autres groupes ethniques mineurs.

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Et c'est précisément la foi chiite qui a été le ciment qui a empêché la République islamique d'imploser. Et ce, malgré les tentatives répétées, au fil des décennies, de fomenter des indépendances et des ethno-nationalismes. Ces tentatives ont provoqué des troubles, notamment avec les Baloutches et les Kurdes, mais n'ont jamais vraiment menacé l'unité du pays.

Cela s'explique également par le fait que l'élite dirigeante n'est pas l'expression exclusive de la majorité persane. Au contraire, au sommet, on trouve des membres de la composante arabe, comme le puissant chef du Basijj, la milice paramilitaire religieuse, Mohammed Reza Naqdi. Et surtout, l'ayatollah Ali Khamenei lui-même, le guide suprême, est issu de la minorité azérie.

Si la République islamique a tenu bon pendant tant de décennies, malgré les sanctions, l'isolement international et même des attaques militaires comme celle déclenchée par l'Irak de Saddam, c'est précisément grâce à cette cohésion autour d'une identité religieuse commune.

Et l'image, que nous continuons à véhiculer en Occident, d'un régime fondé uniquement sur la violence et l'oppression est fausse. Profondément fausse, car aucun régime ne pourrait tenir aussi longtemps s'il n'avait pas la capacité de rassembler la majorité de ses citoyens autour d'un noyau identitaire fort et solide.

Certes, à Téhéran et dans les grands centres urbains, il existe une classe moyenne supérieure qui supporte mal les obligations imposées par le système politico-religieux. Une classe moyenne, disons-le, qui est influencée par les modèles laïques et occidentaux. Et de ce fait influente et, tendanciellement, rebelle.

Mais elle est assez, voire très minoritaire. Et, de surcroît, très peu combative.

Qu'on le veuille ou non, le véritable Iran est représenté par les foules qui prient et hurlent de douleur au passage du cercueil de Raïssi.

Nous devons le comprendre. Et ne pas se laisser bercer par le conte de fées que nous racontent nos médias et nos « experts ». La fable d'un régime composé de quatre vieux ayatollahs en palandres et d'une poignée de fanatiques violents qui oppriment toute, vraiment toute, la population. Qui aimerait vivre comme nous. Avec nos propres modèles sociaux et culturels, fluides et relativistes. Comme regarder l'Eurofestival et discuter de « l'identité de genre ». Ou d'autres choses de ce genre... qui nous semblent fondamentales. Mais seulement fondamentales pour nous...

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/i-molti-volti-delliran/ Via Euro-Synergies

 

4 commentaires:

  1. Ce qui contrarie certains..C'est de découvrir que l' IRAN c'est une NATION et un ÉTAT! Çà.. leur fait mal au postérieur! Ils étaient plus habitués à avoir affaire avec des états croupions et/ou artificiels.

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  2. ISRAËL a le droit de se DÉFENDRE ainsi que se DÉTENDRE, se DISTENDRE, se DIRE TENDRE, se PRÉTENDRE, se MÉPRENDRE, se REPRENDRE, etc. etc. etc. sans oublier bien sûr le DROIT À L’ERREUR, puisque cette dernière est tellement HUMAINE !
    Alors, en vue d’accentuer encore l’humanité de TSAHAL, si jamais faire se pouvait, aura lieu ce soir à l’ONU un vote sur la proposition américaine suivante :

    Autoriser le MOSSAD à envoyer jusqu’à un million d’agents patentés, répartis dans tous les pays du monde (alignés ou non), afin de déceler et traquer la moindre éventuelle source potentielle D’ANTISÉMITISME, celui-ci étant la seule et unique forme de RACISME officiellement condamnable. Qu’il soit larvé, suspecté, supposé, supputé, subodoré voire même simplement imaginé, permettra à ces vaillants inspecteurs de mandater une escouade militaire chargée D’ÉCRABOUILLER ENTIÈREMENT le quartier d’habitations où cette monstrueuse abomination aura été détectée. Il va également de soi que toute protestation et manifestation collective, toute mention dans la presse, toute déclaration télévisée, en ligne ou sur les réseaux sociaux, visiblement et résolument CONTRE LES AUTORITÉS DE TEL-AVIV sera pareillement sanctionnée, immédiatement exécutée. Cette fois au moins, il paraît assez peu probable que Washington y oppose son VETO

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    1. C'est quoi ce charabia??? Toi, tu dois en avoir de la bonne et même de la très bonne! Bonne nuit.

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    2. C'est la réincarnation de Lacan

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