samedi 26 février 2022

De « l’effondrement de la Russie » comme « clef de l’Histoire universelle »

L’expression est de Georges Nivat, traducteur de Soljenitsyne, et date de 2016. Elle résume très bien notre histoire séculaire : Charles X de Suède puis Napoléon puis Hitler puis les autres (le complexe Biden-BHL-Leyen) tentent d’abattre le monstre croquemitaine de cette bonne vieille Histoire universelle. Elle résume très bien l’atmosphère du jour : la Russie seule contre tout le monde ou presque, avec l’empire américain et ses colonies, l’Europe apeurée et le reste du monde plus ou moins entraîné dans cette croisade antirusse, qui succède à la croisade antiallemande de la dernière guerre mondiale. Car pour l’occident Poutine est moins Staline qu’Hitler.

 

Simplement c’est un Hitler qui n’a pas à se coltiner l’Armée rouge, qui dispose d’une terre riche et immense, d’une économie autarcique, des gisements de gaz et de pétrole et d’une armée sensationnelle. Snyder a rappelé que seuls 14% des soldats américains (oublions le F35 [1], les Stinger de M. Cadbury et tout le reste) s’estiment opérationnels (et encore ? Contre les Russes ou contre les Irakiens ?). On sent en tout cas une haine gnostique, frémissante, et tout cela risque de mal finir pour nous surtout.

La lutte contre l’empire russe sourde à travers toute notre histoire depuis le dix-neuvième siècle : voyez le livre de Lesur qui en 1812 dénonce la montée de la puissance russe au moment où les troupes napoléoniennes dévastent la Russie. On pense à la haine du tsarisme, à la Guerre de Crimée, au Grand Jeu britannique (voyez le Kim de Kipling qui lui donne une aura ésotérique) ; puis on passe à l’homme au couteau entre les dents, au stalinisme et à la situation actuelle. J’ai évoqué la lutte occidentale contre la Russie dans mon livre sur Dostoïevski contre la modernité occidentale. 

Historiographie et héritages de 1917 - Ép. 4/4 - Révolutions russes
1917. Les "méchants" Russes manifestent

Dans l’Idiot, le prince Muichkine attaque l’Église de Rome (que dirait-il d’elle aujourd’hui !!!) ; dans les Possédés, Dostoïevski évoque l’adoration de l’Amérique et ces libéraux russes qui sont (et seront) toujours les laquais de l’Occident [2]. Dans son Journal (texte admirable disponible sur Wikisource), Dostoïevski annonce la guerre germano-russe, les problèmes avec la minorité juive (qui s’adonnera, comme disait Poutine, au bolchévisme), l’effondrement de la France devenue républicaine, et le racisme ontologique antirusse. Dostoïevski est souvent drôle et pince-sans-rire (plus que Poutine) ; et cela donne :

« …Il y a en Russie des hommes très bizarres, constitués comme les autres hommes et pourtant ne ressemblant à personne. Ils tiennent à la fois de l’Européen et du Barbare. On sait que notre peuple est assez ingénieux, mais qu’il manque de génie propre ; qu’il est très beau ; qu’il vit dans des cabanes de bois nommées isbas, mais que son développement intellectuel est retardé par les paralysantes gelées hivernales. »

Dostoïevski reprend l’éprouvant pamphlet de Custine (les Russes sont des automates) avec humour :

« On n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à cent piques au-dessous du troupier français. »

Enfin les russes ont trop de barbe :

« L’effet du rasoir surtout fut merveilleux : une fois glabres, les Russes devinrent très vite quelque chose comme des Européens. »

C’est d’ailleurs leur point commun avec les Islamistes, aux Russes : ils ont trop de barbe !

Mais la barbe revêt une dimension religieuse et culturelle. Et là on rentre dans le domaine de la guerre de civilisation, celle qui oppose les Anglo-saxons aux Russes depuis un siècle et demi.

Je cite un libéral dans les Possédés :

« Hélas ! Nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis ; la Russie est un jeu de la nature et non de l’esprit. »

Là-dessus les occidentaux sont tombés sur un os. Brzezinski avait parlé du scandaleux refus à Moscou du monde LGBTQ et du reste. Et Poutine a dit dans son discours à la nation :

« Mais non – un état d’euphorie né de leur supériorité absolue, une sorte d’absolutisme moderne, qui plus est, sur fond de faible niveau de culture générale et d’arrogance de ceux qui ont préparé, adopté et fait passer les décisions qui n’étaient profitables que pour eux-mêmes. La situation a commencé à évoluer d’une manière différente. »

Et il ajoute :

« En fait, jusqu’à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes, ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas [ici], cela n’a jamais marché pour personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant. »

Là on est au cœur du problème : avec Poutine la Russie (qui était plus tolérée du temps de la Révolution) est redevenue la bête noire de l’ordre libéral mondialiste. Revoyez d’ailleurs mon texte publié sur fr.sputniknews.com à ce sujet : Dostoïevski (visionnaire et théologien comme Flaubert ou Baudelaire à la même époque – tous nés en 1821) et la prophétie du nouvel ordre mondial auquel nous arrivons aujourd’hui, incarcérés, sous la coupe du totalitarisme libéral anglo-américain.

Poutine aux américains : «Prenez exemple sur Israël» | Telavivre

Poutine a compris qu’il faut frapper (sans faire trop mal, mais ça dépend qui) parce que l’Occident veut le détruire lui et sa terre [3]. Hitler disait dans son Testament qu’il ne saurait jamais faire la paix à la Russie, qu’il faudrait toujours qu’il lui saute à la gorge. Blinken, Biden et leur clique n’ont pas évolué. Ils en sont au stade suprême du nihilisme impérial : détruire leur peuple, la culture, les sexes, la religion, la nature (comme dit justement Poutine), tout ce qui Est.

Il leur reste comme je l’ai dit à affronter la meilleure (la meilleure ou la dernière ?) armée du monde, ses armements et à éviter des contre-sanctions ruineuses. Pour parler comme mon ami Jean Parvulesco, auteur d’un beau livre traduit en russe par Alexandre Douguine, on ne pouvait rêver de meilleur Endkampf.

Sources principales :

Par Nicolas Bonnal

NOTES de H. Genséric

[1] La flotte de test F-35 est clouée au sol par les taux d’indisponibilité
-   Le missile russe S-400 a causé sa première victime : l’avion furtif américain F-35
-   Le ciel du Moyen Orient n'est plus sûr pour les avions "furtifs" américains
-   USA. Le chasseur F-35 est à la tête du top 5 des pires projets d’armes américaines
-   Le Su-57, sérieux concurrent du "monstrueux" F-35
-   Qui se soucie du F-35: c'est pour cela que la Russie ne craint pas les armes américaines
-   Humour. Le KGB aux USA : Annulez le F-35. Achetez le MiG-35 russe
-   Le pire cauchemar du complexe militaro-industriel américain
-   De mal en pis: le chasseur US F-35 révèle de nouveaux bugs dans son système

[2] La Cinquième colonne de Washington en Russie et en Chine

-  La cinquième colonne chez Poutine

-  La sixième colonne :

Pendant les guerres de l’information hybrides, il est nécessaire de prêter attention au fait que souvent l’efficacité de telles batailles ne se mesure pas à savoir si l’armée de l’ennemi est sur votre territoire ou pas encore, mais à quelle distance – y compris idéologiquement – l’ennemi a pénétré dans les structures de réseau de l’Etat., la technologie et l’économie. Si les États-Unis représentent la puissance lourde – la force brute dans ce monde unipolaire lorsqu’ils mènent des guerres, alors c’est l’Angleterre qui représente la soft power. Ce sont les stratèges britanniques qui sont les plus subtils et les plus efficaces, ils sont associés à l’élite financière.

Ce n’est pas un hasard si l’élite financière russe est intégrée à l’Angleterre. Et Londres est l’élément le plus important de la stratégie des mondialistes et des partisans d’un monde unipolaire pour reformater la conscience des élites russes, pour y introduire un système de valeurs spécial. C’est en Angleterre que fuient tous ceux qui entrent en conflit avec la politique souveraine du président Poutine. Il y a une énorme colonie d’oligarques russes et même ceux qui font encore officiellement preuve de loyauté envers Poutine, mais qui ont déjà préparé un terrain d’entraînement de réserve.

Il y a des dizaines de milliers de personnes qui sont soit des réfugiés de Russie qui ont volé l’État et le peuple russes et ont fui avec de l’argent, soit des hommes d’affaires russes et même des fonctionnaires par intérim qui ont transporté des familles là-bas.

D’une part, il y a des ennemis déclarés de la Russie qui sont déjà naturalisés et d’autre part , il y a les oligarques, la partie la plus dangereuse de la bureaucratie et des grandes entreprises, située en Angleterre, possédant des foyers d’influence en Russie même.
Ainsi, de tous les deux (une seule couche de libéraux, partisans de la mondialisation, opposants à la souveraineté russe) constituent la sixième colonne. Parce que la cinquième colonne n’est pas si effrayante, quand certaines personnes marginales descendent dans la rue pour se quereller et crier, il n’y en a pas tellement, bien que cela soit également désagréable. Mais le pire – la sixième colonne – des personnes extérieurement fidèles à Poutine qui sont engagées dans des projets économiques, mais qui sont en fait complètement fusionnées avec ce groupe libéral de Londres. Ils ont des affaires, des intérêts et des divertissements communs. Ils y passent du temps et y vivent en partie. En fait, il s’agit de l’élite coloniale, qui ne considère la Russie que comme une source d’obtention de fonds et d’exploitation, mais en même temps, elle n’est absolument pas solidaire ni de la souveraineté de la Russie, ni du président, ni du pays lui-même. .

Dans le contexte de la guerre directe, ils seront utilisés comme des ogives intégrées dans l’économie russe .
Parce qu’en règle générale, une personne qui partage une idéologie libérale est plus fidèle à des centres de libéralisme comme Londres ou New York qu’à la Russie.

[Traduction automatique du russe. Source]

[3]  Il y a 50 ans, à Saint-Pétersbourg, la rue m’a appris une règle :
si la bagarre est inévitable, il faut frapper le premier.
V. Poutine

2 commentaires:

  1. Merci Hannibal ; vous avez vu Macron :https://www.bfmtv.com/international/sanctions-europeennes-un-bateau-russe-intercepte-dans-la-manche-et-deroute-vers-le-pas-de-calais_AD-202202260119.html

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  2. Avec les sanctions contre la Russie, l'Europe en sera la première victime. l'énergie va augmenter donc la nourriture avec ainsi que les produits de base. Déjà la population de ce continent peine à boucler la fin du mois. La révolte de la rue va s'intensifier. Il ne faudra pas compter comme au Canada ou aux Etats-Unis, avec des camions pour faire bouger les dirigeants. Les routiers Français ne sont plus sympas, mais des pleutres. Donc pas de scénario comme au Chili pour renverser Allende. Plutôt la version de Roumanie en 1989, l'armée de ce pays contre la milice policière du dictateur de Bucarest avec un peloton d'exécution au final. Un avertissement pour Macron.

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