samedi 27 octobre 2018

Le pire cauchemar du complexe militaro-industriel américain


Le S-300 peut détruire et exposer les faiblesses du F-35
Le tragique épisode qui a causé la mort de 15 membres des forces aériennes russes a eu des répercussions immédiates sur la situation en Syrie et au Moyen-Orient. Le 24 septembre, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choigou, a informé ses alliés et adversaires que la livraison des systèmes de défense anti-aérienne S-300 à la République arabe syrienne avait été approuvée par le président Vladimir Poutine. La livraison avait été retardée, puis suspendue à la suite des pressions exercées par Israël en 2013.

En un sens, la livraison de batteries de S-300 à la Syrie est plus préoccupante pour Washington que pour Tel-Aviv. Israël possède plusieurs F-35 et a prétendu les avoir utilisés en Syrie pour frapper des transferts d’armes iraniens présumés vers le Hezbollah. Avec les systèmes S-300 déployés dans une version mise à jour et intégrés au système russe de commandement, de contrôle et de communications (C3), il existe un risque sérieux (pour Washington) qu’Israël, désormais incapable de changer le cours des événements en Syrie, puisse tenter une manœuvre désespérée.
The US Military-Industrial Complex’s Worst Nightmare: The S-300 May Destroy and Expose the F-35
Ce n’est un secret pour personne que la Grèce a acheté des S-300 à la Russie il y a des années et que l’OTAN et Israël se sont entraînés plusieurs fois contre le système de défense anti-aérienne russe. Les hauts responsables des FDI [Armée Israélienne, NdT] ont souvent insisté sur le fait qu’ils étaient capables de détruire les S-300, ayant apparemment découvert leurs faiblesses.
L’avertissement de Tel-Aviv selon lequel il attaquera et détruira les batteries de S-300 ne doit pas être considéré comme une menace en l’air. Il suffit de regarder le récent crash de l’avion de surveillance russe Il-20 pour comprendre à quel point un Israël désespéré est prêt à être imprudent. En outre, plus d’un commandant des FDI a répété au fil des ans qu’un S-300 syrien serait considéré comme un objectif légitime s’il menaçait un avion israélien.
À ce stade, il est nécessaire d’ajouter quelques informations supplémentaires et de clarifier certains points. Les S-300 de la Grèce sont vieux, ne sont plus entretenus, et n’ont pas eu de mises à jour de leur électronique. Des systèmes aussi modernes et complexes que les S-300 et S-400 nécessitent un entretien régulier, des mises à niveau et souvent le remplacement de pièces pour améliorer le matériel. Tout cela manque dans les batteries grecques. Deuxièmement, c’est l’opérateur utilisant le système (radar, ciblage, visée, visée, verrouillage, etc.) qui fait souvent la différence en termes d’efficacité globale. De plus, le système est entièrement intégré au système C3 russe, ce qui rend inutile toute expérience antérieure acquise sur les S-300 grecs. Aucun pays occidental ne connaît les capacités réelles de la défense anti-aérienne syrienne lorsqu’elle est renforcée et intégrée aux systèmes russes. C’est un secret que Damas et Moscou continueront à garder bien au chaud. Pourtant, il y a deux ans, au cours des opérations de libération d’Alep, un officier supérieur de l’armée russe a averti (probablement en faisant allusion à des avions furtifs de cinquième génération comme les F-35 et F-22) que la portée et l’efficacité des systèmes russes pourraient surprendre.
Voici les propos du ministre russe de la Défense Sergei Shoigu concernant le déploiement du S-300 en Syrie et son intégration avec d’autres systèmes russes :

« La Russie brouillera la navigation par satellite, les radars embarqués et les systèmes de communication des avions de combat, qui attaquent des cibles sur le territoire syrien, depuis la mer Méditerranée bordant la Syrie. Nous sommes convaincus que la mise en œuvre de ces mesures refroidira les têtes brûlées et empêchera les actions irréfléchies qui menacent nos militaires. Sinon, nous réagirons en fonction de la situation actuelle. Les troupes syriennes et les unités militaires de défense aérienne seront équipées de systèmes de contrôle automatique, qui ont été fournis aux forces armées russes. Cela permettra d’assurer la gestion centralisée des forces et des installations de défense aérienne syriennes, le suivi de la situation dans l’espace aérien et la désignation rapide des cibles. Surtout, il sera utilisé pour identifier les avions russes par les forces de défense anti-aérienne syriennes. 


Si les Israéliens poursuivent leurs tentatives téméraires d’éliminer le S-300 (s’ils peuvent d’abord les trouver, étant donné qu’ils sont mobiles), ils risquent de perdre leurs F-35. Le complexe militaro-industriel américain subirait des dommages irréparables. Cela expliquerait aussi pourquoi Israël (et probablement les États-Unis) fait pression sur Moscou depuis plus de cinq ans pour qu’il ne livre pas le S-300 à la Syrie et à l’Iran. La réaction du Département d’État américain à l’achat futur par la Turquie et l’Inde du S-400 confirme l’anxiété des hauts fonctionnaires et des généraux américains à l’idée que les alliés optent pour les systèmes russes. Cela permettrait une comparaison avec les armes que ces alliés ont achetées aux États-Unis, ce qui conduirait à la découverte de vulnérabilités et à la prise de conscience de l’infériorité relative des armes américaines.
Compte tenu de la tendance de Tel-Aviv à placer ses propres intérêts au-dessus de tous les autres, il ne serait pas surprenant de les voir utiliser la possibilité d’attaquer les S-300 avec leurs F-35 comme une arme pour faire chanter Washington afin qu’il s’implique davantage dans le conflit. Pour les États-Unis, il y a deux scénarios à éviter. Le premier est une implication directe dans le conflit avec la Russie en Syrie, ce qui est maintenant impensable et impraticable. Le second, beaucoup plus inquiétant pour les planificateurs militaires, concerne la possibilité que les capacités et les secrets du F-35 soient compromis ou qu’il soit même démontré qu’il ne fait pas le poids face à des systèmes de défense anti-aériens vieux de près d’un demi-siècle.
Un exemple éclairant de la façon dont les États-Unis exploitent leurs avions les plus perfectionnés dans la région a été donné dans l’est de la Syrie, autour de Deir ez-Zor. Dans cette partie de la Syrie, il n’y a aucune menace de systèmes de défense aérienne avancés, de sorte que les États-Unis sont souvent libres d’utiliser leur F-22 dans certaines circonstances. L’armée russe a montré à maintes reprises des preuves radar qui montrent sans équivoque que lorsque des Su-35 russes apparaissent dans le même ciel que le F-22, l’US Air Force évite simplement toute confrontation et retire rapidement ses actifs de cinquième génération comme le F-22. Le F-35 n’est même pas prêt dans sa version navale et n’a pas encore été déployé sur un porte-avions américain près du théâtre du Moyen-Orient ou du golfe Persique ; il n’est présent dans aucune base militaire américaine dans la région. Les États-Unis n’envisagent même pas d’utiliser le F-35 en Syrie, et ne risqueraient pas non plus de l’utiliser contre les défenses anti-aériennes russes. Israël est le seul pays qui, jusqu’à présent, a peut-être déjà utilisé ces avions en Syrie, mais c’était avant l’arrivée du S-300 sur les lieux.
Le programme F-35 a déjà coûté des centaines de milliards de dollars et atteindra bientôt le chiffre exorbitant et surréaliste de plus de 1.000 milliards de dollars. Il a déjà été vendu à des dizaines de pays liés par des accords datant de plusieurs décennies. Le F-35 a été conçu comme un avion de combat polyvalent et devrait constituer l’épine dorsale de l’OTAN et de ses alliés. Son développement a commencé il y a plus de 10 ans [depuis 1996, NdT] et, malgré les innombrables problèmes qui existent encore, il est déjà opérationnel et prêt au combat, comme insistent à le dire les Israéliens. Du point de vue américain, son emploi dans les opérations est minimisé et autrement dissimulé. Moins il y a de données à la disposition des adversaires, mieux c’est. Mais la vraie raison est peut-être la crainte d’une révélation des faiblesses potentielles de l’avion, qui pourrait nuire aux ventes futures. À l’heure actuelle, la commercialisation du F-35 par le Pentagone est basée sur les évaluations fournies par Lockheed Martin, le fabricant, et sur les essais effectués par les militaires qui l’ont commandé à Lockheed Martin. Évidemment, Lockheed Martin et l’US Air Force n’ont aucun intérêt à révéler des faiblesses ou des lacunes, surtout publiquement. La corruption est une chose importante à Washington, contrairement aux idées reçues.
La combinaison de l’ego d’Israël, de son incapacité à changer le cours des événements en Syrie et de la perte de sa capacité à voler dans tout le Moyen-Orient en toute impunité, la Syrie étant désormais équipée d’une défense aérienne de niveau supérieur – tous ces facteurs pourraient pousser Israël à agir de manière désespérée en utilisant le F-35 pour détruire les batteries de S-300. Washington se trouve dans la position peu enviable de n’avoir probablement aucune influence sur Israël sur la question depuis qu’il a perdu toute capacité à diriger les événements en Syrie.
Avec les systèmes russes de défense anti-aérienne qui pourraient être déployés aux quatre coins du monde, notamment en Chine, en Inde, en Arabie saoudite, au Qatar, en Arabie saoudite, en Inde et qui sait combien d’autres pays sont en attente, la Russie continue d’accroître sa capacité d’exportation et son prestige militaire en démontrant sa maîtrise d’une large part du ciel de la Syrie. Avec l’introduction imminente du S-500, on peut imaginer les nuits blanches de ceux qui, au Pentagone et au siège de Lockheed Martin, craignent qu’un F-35 ne soit abattu par un système S-300 fabriqué en 1969.
Par Federico PieracciniLe 30 septembre 2016 – Source Strategic Culture
Cet article est issu d'une analyse de dedefensa.org sur les enjeux médiatiques autour du F-35. Il en va de la crédibilité du complexe militaro-industriel américain.

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