La tyrannie
est souvent perçue comme un développement soudain et inexplicable dans une
société; le produit d’un despote singulier qui prend le pouvoir pendant une période
de temps limitée en raison de la peur ou de la stupidité du public. C’est l’un
des grands mensonges de l’ère moderne.
La vérité
est que pendant au moins le siècle dernier, presque tous les « tyrans »
historiquement méprisés n’ont été que les marionnettes d’une grande cabale [1]
managériale, et la construction de chaque État totalitaire s’est faite
lentement et tranquillement au cours de décennies par ces mêmes élites financières [2].
Des bolcheviques à Hitler [3] et
au Troisième Reich, de Mao Tsé Tong à la plupart des dictateurs du
Moyen-Orient et de l’Afrique, il y a toujours eu un groupe organisé d’hommes
d’argent et de groupes de réflexion [4]
qui ont alimenté les carrières des pires politiciens et juntes militaires de
l’époque.
La montée en
puissance d’un système tyrannique prend beaucoup de temps, de planification et
de mise en scène. Les êtres humains ne se jettent pas dans les bras d’un régime
cauchemardesque dystopique de façon impulsive et à l’improviste. Les médias
populaires nous ont dit que c’est ainsi que les choses fonctionnent ; que, dans
des conditions économiques ou sociales difficiles, des hommes aux personnalités
charismatiques et aux intentions maléfiques font soudainement surface et
prennent le pouvoir en promettant un monde meilleur en échange de la fidélité
de l’opinion publique. Mais d’où viennent ces crises économiques et sociales au
départ ? Étaient-elles une conséquence naturelle de l’époque, ou ont-elles été
délibérément conçues ?
La réalité,
c’est que les gens doivent être psychologiquement conditionnés à échanger leur
liberté contre l’illusion de la sécurité. Parfois, cela prend des générations.
Toute tentative d’encadrement totalitaire suscite inévitablement une rébellion.
Par conséquent, la tyrannie la plus réussie serait celle que le public DEMANDE [5]. Les gens doivent penser que c’est leur
idée, sinon ils finiront par s’y opposer.
Les
financiers globalistes et les personnes dépendantes du pouvoir ont besoin de
quelque chose de plus que la simple puissance militaire ou la force
bureaucratique pour obtenir leur société esclavagiste idéale. Ils ont besoin de
tactiques de guerre de 4ème génération. Ils doivent convaincre les masses
d’accepter leur propre servitude [5].
Deux outils
permettent d’atteindre ce résultat : le premier est un déclin économique maîtrisé,
le second est l’intégration d’un goulag technologique dans tous les aspects de
la vie publique.
Les armes économiques de distraction massive
Ce n’est pas
un hasard si les gouvernements dictatoriaux prennent de l’importance à mesure
que l’économie mondiale souffre ; il est extrêmement difficile pour les gens de
rester vigilants face à la tyrannie quand ils sont complètement distraits par
leur propre survie. C’est pourquoi, en tant qu’analyste, j’ai toujours mis
l’accent sur l’économie et les solutions aux désastres financiers ; tout commence et se termine avec l’économie. Si le
public peut être préparé à développer ses propres systèmes économiques
alternatifs avant qu’une crise n’éclate, il sera moins distrait par le chaos et
plus à même de remarquer quand les globalistes proposent la tyrannie comme
solution toute faite.
Sans marchés
alternatifs au niveau local, il n’y a pas de redondance, pas de protection
contre un crash. Comme la plupart des gens dépendent du système existant pour
leur subsistance, l’économie devient une arme très utile pour les globalistes.
La prise en
otage de l’économie présente de nombreux avantages. Grâce aux pressions
déflationnistes, les salaires peuvent être maintenus à un bas niveau alors que
les emplois mieux rémunérés disparaissent. La fabrication peut être
progressivement abandonnée ou externalisée à l’étranger, comme c’est le cas aux
États-Unis. La propriété des petites entreprises devient difficile, car les
impôts augmentent généralement alors que les conditions financières se
dégradent.
Par des
pressions inflationnistes ou stagflationnistes, les bas salaires et
l’inadéquation du marché du travail se combinent à l’explosion des prix. Cela
rend la survie de nombreuses personnes intenable sans l’aide du gouvernement.
Dans ce
contexte, le public des travailleurs devient dépendant du secteur des services,
qui ne fournit aucun ensemble de compétences utiles. Bientôt, vous avez des
générations entières de gens sans aucune capacité de production. Ils deviennent
des drones qui travaillent dans des emplois bureaux sans intérêts et dans des
commerces au détail gaspillant leurs journées en sachant qu’ils
n’accomplissent rien d’utile pour un maigre chèque de paie.
L’absence
d’un but ou d’une mission plus importants dans la vie et le fait de se rendre
compte que la personne moyenne n’a pas de capacité productive crée une
atmosphère de désespoir palpable. Ils ne possèdent pas leur propre travail, et
ils n’ont pas grand-chose à démontrer pour leur travail ; rien à montrer du
doigt pour dire : « J’ai construit ça. » Le public en arrive au point
où il peut même accueillir un effondrement économique avec soulagement
simplement pour échapper à la corvée.
C’est de là que viennent les mouvements de soutien au
totalitarisme – le
sous-ensemble de citoyens qui en ont assez de lutter contre l’économie et qui
n’ont aucun sens de l’indépendance. Ces gens ne savent pas comment résoudre
leurs propres problèmes. Ils cherchent toujours quelqu’un d’autre pour le faire
à leur place. Les globalistes sont heureux de proposer leurs propres solutions
prédéterminées au public une fois que la structure financière atteint un point
de douleur maximale.
Cependant,
une fois l’économie réparée en échange de la soumission des citoyens, les gens
pourraient encore décider un jour que le contrat était injuste. Il faut donc un
moyen de dissuasion pour les maintenir en ligne.
L’appât
de la technologique
Il est
important de comprendre qu’il n’y a aucun grand pays dans le monde occidental
OU oriental qui n’est pas en train de construire un filet de contrôle
numérique, et cela m’aide à soutenir ma position selon laquelle les nations
orientales sont tout aussi soumises aux exigences globalistes que les nations
occidentales. Tout le drame géopolitique entourant des événements comme la
guerre commerciale, la guerre de Syrie ou diverses élections, etc, rien de cela
ne compte au final. Pour déterminer si les ficelles d’un gouvernement
particulier sont tirées par la cabale globaliste,
tout ce que vous avez à faire est de voir à quelle vitesse ils mettent en œuvre
des systèmes oppressifs qui servent les intérêts globalistes.
Par exemple,
le gouvernement indien a récemment fait la une des journaux télévisés, car la
Cour suprême de l’Inde a récemment statué que le programme biométrique controversé,
Aadhaar, est légal. Dans un
pays de 1,3 milliard d’habitants, environ 1 milliard ont déjà fait l’objet d’un
profilage
biométrique dans une base de données nationale. Ces données peuvent inclure
les empreintes digitales, les scanners de l’iris et les scanners faciaux.
J’ai entendu
dire que l’Inde est un endroit assez étrange pour expérimenter une telle base
de données, étant donné que 60% de la population se trouve sous le seuil de
pauvreté et que la plupart des gens ont à peine accès aux commodités de base.
Mais je voudrais souligner que c’est la raison pour laquelle c’est un endroit PARFAIT pour
les globalistes pour commencer à cataloguer la population mondiale à plus
grande échelle.
Là encore,
le désespoir financier et le manque de compétences en matière de production
tendent à produire la soumission. Des centaines de millions de personnes
touchées par la pauvreté dans les vastes cloaques urbains de l’Inde abandonnent
volontairement leurs données biométriques en échange de programmes d’aide
gouvernementaux.
Pour les
personnes qui ne sont pas ancrées dans la pauvreté économique, l’Inde a pris
d’autres mesures, notamment en exigeant que toute personne qui a accès aux
services gouvernementaux, qui ouvre un compte bancaire ou qui s’inscrit à un
service de téléphonie mobile abandonne également ses données biométriques au gouvernement.
Dans les pays qui ne sont pas encore appauvris au niveau de l’Inde, des mesures
plus subversives ont été prises pour surveiller la population. Les données sont
simplement prises au lieu d’être échangées.
En Russie, Vladimir
Poutine a mis en œuvre les lois Yarovaya qu’il a
signées en 2016. Toutes les données numériques, des conversations téléphoniques
aux courriels, sont maintenant enregistrées et stockées par les télécoms avec
un accès gouvernemental pendant au moins six mois, ce qui comprend les messages
Facebook et Twitter. La loi de 2014 sur les blogueurs exige également que tout
blogueur ayant plus de 3.000 fans soit fiché par le gouvernement et qu’ils ne
puissent pas rester anonymes. Toute entreprise exploitant un réseau Wi-Fi
public est tenue par la loi d’identifier les utilisateurs par leur identifiant,
qui est également conservé pendant au moins six mois.
La grille de
surveillance de type FISA
de la Russie est vaste, mais de nombreuses personnes dans le mouvement pour la
liberté semblent ignorer cette réalité avec un culte de Poutine mal placé.
Comme je l’ai noté dans de nombreux articles, la Russie est fortement
influencée par les financiers internationaux. [6]
Goldman Sachs et JP
Morgan sont les plus
grandes banques d’investissement du pays. La banque centrale travaille en étroite collaboration
avec le FMI et la BRI. Dans le passé, le Kremlin a appelé de ses vœux une
monnaie mondiale contrôlée par le FMI. Et Poutine admet même dans sa propre
biographie First Person qu’il a été ami avec Henry Kissinger, zélote du
Nouvel Ordre Mondial, avant même de devenir président de la Russie.
Le ministre russe des Affaires étrangères a récemment
critiqué les États-Unis dans un discours prononcé devant l’assemblée
générale de l’ONU au sujet de ses « attaques » contre « l’ordre
international », y compris le fait de miner l’Organisation mondiale du
commerce et les accords mondiaux sur les changements climatiques, ce qui montre à quel point la
Russie est réellement globaliste.
Compte tenu
de ce qui précède, il n’est pas surprenant pour qui que ce soit que la Russie
joue le jeu avec les efforts des globalistes visant à identifier et à suivre
chaque personne vivante. Il n’est pas surprenant non plus que Donald Trump,
entouré de globalistes [7] au sein de
son propre cabinet, poursuive et élargisse la surveillance de la FISA sous son
administration.
Début 2018, Trump
a signé un projet de loi renouvelant la surveillance de masse de la population
américaine par l’Agence nationale de sécurité, sans mandat, dans le cadre de la
FISA. Les principaux leaders démocrates ont soutenu ce projet avec joie. Malgré
toute la rhétorique récente de Trump contre la FISA, c’est Trump qui a rendu
possible la continuation de la FISA.
Les grandes
entreprises de médias sociaux coopèrent de tout cœur aux efforts de
surveillance de masse, car elles partagent régulièrement des données
personnelles avec les gouvernements du monde entier. Facebook à lui seul
a connu une
augmentation de plus de 33 % des demandes de données par un
gouvernement en 2017, et la nature de la plupart de ces échanges de données
n’est pas ouverte à un examen public.
C’est l’une
des raisons pour lesquelles je suis plutôt déconcerté par la récente fureur
conservatrice face à leur discrimination dans les médias sociaux – c’est comme
si les militants pour la liberté se faisaient chacun piéger par la psychologie
inversée pour EXIGER une participation sans entrave aux sites des médias qui
les espionnent. Pourquoi quelqu’un veut-il encore s’inscrire sur ces sites Web
?
Mais où
est-ce que tout cela va nous mener ? Comment la combinaison de la pauvreté et de la surveillance numérique
se traduit-elle par la tyrannie ? Je crois que le programme de « crédit
social » de la Chine nous donne la réponse. Le système est basé sur
l’idée du « maintien de la confiance », mais la
confiance en qui ? La confiance dans le gouvernement, bien sûr. La confiance se
mesure à l’aide d’un score de crédit social qui est suivi tout au long de la
vie d’un citoyen. Les comportements punis vont du tabagisme dans une zone
non-fumeurs à la publication de contenu sur Internet que les autorités
désapprouvent.
La Chine est représentative du jeu final pour l’idéal
globaliste de civilisation. Avec la lutte économique de masse qui mène à la dépendance à l’égard des
programmes d’aide sociale et des possibilités d’emploi du gouvernement, peu de
citoyens peuvent se permettre d’être inscrits sur une « liste noire ».
Le système de crédit social de la Chine crée un environnement dans lequel
toutes les actions des citoyens sont suivies et ensuite « notées »
pour acceptation ou conséquence. Cela comprend la façon dont les gens expriment
leurs attitudes à l’égard du gouvernement lui-même. Il s’agit évidemment du
mécanisme de contrôle ultime, très similaire à la Tchéka établie par Lénine
et Staline en Russie après la Révolution bolchévique, mais à une échelle
numérique massive. [8]
C’est
pourquoi la surveillance de masse est diabolique, que quelqu’un enfreigne ou
non la loi. Elle donne au gouvernement le pouvoir de dicter et de modeler le
comportement en inspirant l’autocensure plutôt que de retenir les gens
directement sous la menace d’une arme à feu. C’est la tyrannie appliquée d’une
manière moins évidente ; une prison dans laquelle les prisonniers entretiennent
les serrures, les chaînes et les barreaux. Les individus n’osent rien faire en
dehors des normes collectives de peur que cela puisse être interprété comme
socialement négatif. La punition pourrait inclure la perte de l’accès à
l’économie elle-même, et alors que la plupart des gens vivent de chèque de paie
en chèque de paie, cela pourrait entraîner la mort.
Par Brandon
Smith
− Le 4 octobre 2018 − Source Alt-Market.com
− Le 4 octobre 2018 − Source Alt-Market.com
Traduit par Hervé pour le Saker
Francophone
[5]
Exemple
du Brésil aujourd’hui : La montée du fasciste Bolsonaro
Alors
que le second tour des élections au Brésil se rapproche, le candidat fasciste à
la présidentielle Jair Bolsonaro, qui n’a pas réussi à obtenir une majorité
absolue au premier tour, a maintenu une large avance sur le candidat du Parti
des travailleurs (Partido dos Trabalhadores – PT), Fernando Haddad, avec
respectivement 49 % et 36 % des voix.
L’avènement
d’un gouvernement dirigé par Bolsonaro représente une menace réelle pour la
classe ouvrière brésilienne et latino-américaine. L’ancien capitaine de l’armée
a juré de mettre fin à toutes les formes d '« activisme » au Brésil afin
d’imposer les demandes du capital international et brésilien pour de nouvelles
attaques radicales contre le niveau de vie et les droits fondamentaux de la
classe ouvrière. Dans un pays qui a été gouverné par une dictature militaire
pendant deux décennies, des années 1960 aux années 1980, cette menace n’est pas
vaine.
La
classe ouvrière a fait face à des attaques dévastatrices au Venezuela, au
Brésil, en Argentine et dans des pays supposés être des gouvernements de «
gauche », détenant le pouvoir, ce qui a conduit au renforcement des forces de
droite.
La
classe ouvrière a été totalement privée de ses droits ; aucun des candidats
n’exprime dans la moindre mesure les intérêts des travailleurs brésiliens.
[8] Voir
la Shoah russe dans :
Les annotations dans cette couleur sont d'Hannibal GENSERIC
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