mardi 9 octobre 2018

Syrie. La livraison par la Russie des S-300 va modifier l'équilibre des forces


La Russie vient de livrer trois batteries de missiles S-300PM équipées de huit lanceurs chacune à l’armée syrienne. Ces systèmes étaient auparavant déployés dans l’un des régiments des forces aérospatiales russes, qui utilise désormais les systèmes S-400 Triumph. Les systèmes S-300 ont fait l’objet de réparations majeures dans des entreprises de défense russes, sont en bon état et sont capables d’exécuter des tâches de combat. Cette info a tout pour inquiéter Israël et les États-Unis, qui viennent d’envoyer un navire de combat au large d’Ashdod.

Des avions Soukhoï Su-34 russes larguent des bombes lors de manœuvres aériennes.(Photo d’archives)
Les sources proches des milieux du renseignement de l’armée israélienne, elles, disent en savoir encore plus. À les croire, la Russie aurait décidé que ces engins, qui devraient débarrasser le ciel syrien mais aussi libanais de l’encombrante présence des objets volants israéliens, soient maniés par les conseillers militaires iraniens. Aucune source fiable n’a confirmé cette information, mais c’est largement suffisant pour qu’Israël s’en empare et en fasse un nouveau motif d’escalade des tensions. 
DEBKAfile affirme ainsi : « À la grande surprise de Tel-Aviv et de Washington, Moscou a décidé presque en catimini que les missiles S-300 fournis à la Syrie soient maniés par les conseillers iraniens. » C’en est visiblement trop pour Israël, qui reproche aussi à la Russie d’avoir livré ces batteries à Damas « gratuitement » et sans aucun engagement financier.
Le S-300 est un système de missile de défense aérienne capable d’éliminer les avions disposant de technologie avancée, y compris les avions utilisant la technologie furtive, les missiles balistiques à moyenne portée, les missiles tactiques et de croisière, ainsi que les avions de contrôle et d’alerte avancée aéroportés (AWACS/AEW & C), ainsi que les systèmes de reconnaissance et de frappe. Avec tout cela, il ne reste plus à Israël qu’une seule et unique option : frapper les S-300. Mais là aussi les risques sont énormes. Les F-22 et les F-35 que les Américains viennent de réactiver en Méditerranée risquent d’échouer une fois mis à l’épreuve des faits. 
Source : Press.tv
Les missiles livrés sont capables de suivre des dizaines de cibles simultanément et à des centaines de kilomètres de distance. Le fabricant national Almaz-Antey a déclaré qu'ils pouvaient également abattre des missiles de croisière et des missiles balistiques.
Israël et le lobby judéo-russe [1] ont cherché depuis longtemps à empêcher la livraison des S-300 à l'Iran et à la Syrie. L’Iran a acheté le système en 2007, mais il n’a été livré qu’en 2016.
M. Poutine a jusqu'à présent réussi à maintenir de bonnes relations et un haut niveau de coopération avec la Syrie, la Turquie et Israël [2], en dépit de leurs objectifs contradictoires en Syrie.
L'enjeu est plus vaste que les futures opérations aériennes israéliennes au-dessus de la Syrie. La puissance militaire américaine au nord du Moyen-Orient - notamment en Syrie et en Irak - découle principalement de la puissance de destruction massive de ses forces aériennes et de sa capacité à utiliser ses avions et ses missiles à sa guise.
La Syrie espère qu'Israël sera moins libre à l'avenir de mener des attaques aériennes sur le territoire syrien. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Faysal Mekdad, a déclaré: "Israël, habitué à mener des attaques sous divers prétextes, va maintenant peser et repenser avant d’attaquer à nouveau."
Les missiles S-300 rendront à tout le moins Israël plus prudent et moins enclin à prendre pour acquis l'acquiescement acquis par la Russie aux opérations israéliennes contre l'Iran en Syrie. La Russie a également déployé les batteries de missiles S-400, encore plus avancées, sur ses propres bases en Syrie.
Israël avait l’habitude d’avertir à l'avance les Russes de l'une quelconque de ses actions aériennes en Syrie ou à proximité de celle-ci, ce qui lui a permis la réalisation de quelque 200 attaques depuis le début de l'année 2017 en toute sécurité, avec l’acquiescement des Russes [3].
Depuis la fin de l'année 2016, le président Bashar al-Assad a repris les plus importants fiefs aux terroristes islamistes cornaqués par l’Occident, Israël, et les roitelets corrompus arabes (Alep-Est, Ghouta-Est et Deraa), laissant une seule grande enclave  à Idlib, sous la responsabilité turque. Il peut maintenant consacrer plus de temps à repousser les opérations militaires israéliennes affectant la Syrie.
Israël et les États-Unis continuent de parler de la montée en puissance de l'influence iranienne, directement ou par l'intermédiaire de représentants locaux en Syrie, en Irak et au Liban. Mais l'influence iranienne a probablement atteint son apogée en Syrie et en Irak en 2015, alors que les gouvernements des deux pays étaient soumis à une pression militaire intense d'ISIS/Daech et avaient besoin de toute l'aide étrangère possible. Les attaques israéliennes ne cesseront pas, mais elles seront plus risquées.

Hannibal GENSÉRIC

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