Le Gouvernement tunisien continue
d’avaler les aides européennes malgré sa mauvaise gouvernance, la
corruption généralisée de ses entreprises publiques et des institutions
de l’État. Depuis 2011, l’UE a accordé 10 milliards d’euros à la
Tunisie !
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a
effectué, à partir du 25 octobre 2018, une visite officielle de deux
jours en Tunisie. Il a accordé une donation de 270 millions d’euros au gouvernement tunisien, en plus des 300 millions d’euros d’aide annuelle à la Tunisie accordés par l’Union européenne.
Selon la presse locale tunisienne, cinq accords d’une valeur de plus de 270 millions d’euros ont été signés au cours de cette visite :
- la première, 90 millions d’euros, concerne la compétitivité,
- la seconde avec une enveloppe de 60 millions d’euros, sera consacrée au domaine de la justice,
- une troisième de 60 millions d’euros porte sur la transition énergétique,
- et 60 millions d’euros de soutien, une partie pour la réforme fiscale, et une autre à l’économie sociale.
Et le 22 octobre 2018, la Tunisie a déjà reçu un nouveau don du gouvernement français d’une valeur globale de 49 millions d’euros.
Le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed [1] et le ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, français, Jean-Yves Le Drian, ont
signé, à Tunis trois accords de coopération pour finaliser cette aide
française.
Cette donation concerne notamment le financement du programme de
soutien au système municipal tunisien et celui du projet de
l’entrepreneuriat des jeunes dans le domaine des technologies modernes.
- En 2017, Paris a fait une donation d’un montant total de 92,3 millions d’euros (108 millions de dollars), signée entre Edouard Philippe et son homologue le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed.
- En mars 2017, la Commission européenne avait « débloqué » un financement de 60 millions d’euros, pour soutenir le programme tunisien pour l’Education, la mobilité, la recherche et l’innovation (EMORI).
L’appétit sans fond du gouvernement tunisien pour les aides européennes
Le président Beji Caid Essebsi [2] compte solliciter des aides
supplémentaires durant le Sommet du G20 sur l’investissement et la
Conférence «Compact with Africa» sur le partenariat avec l’Afrique, prévus le 30 octobre à Berlin.
Le chef de l’État tunisien a déjà dépêché son ministre des affaires
étrangères, le 17 octobre dernier, en Allemagne pour présenter à son
homologue allemand, Heiko Maas, les besoins prioritaires du gouvernement
tunisien en matière de développement local et régional et l’emploi.
Le ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement,
allemand, Dr Gerd Müller était en visite en Tunisie, les 10 et 11
octobre 2018. Une visite de deux jours, au cours de laquelle la
République fédérale d’Allemagne s’est formellement engagée à financer de
multiples domaines économiques tunisiens.
A travers cette visite, l’Allemagne a réaffirmé son engagement à
injecter des fonds dans les caisses tunisiennes vides, sachant que le
ministère allemand de la Coopération économique et du Développement
(BMZ) a déjà consacré une enveloppe totale de 1,7 milliard d’euros,
destinés à de multiples projets relevant de la coopération économique
nouée avec la Tunisie.
Malgré toutes ces aides européennes, le Gouvernement fait face à des
problèmes chroniques liés à la mauvaise gestion, la
corruption institutionnalisée mais aussi le gaspillage systématique des
ressources publiques.
- Selon la professeur Sarah Yerkes, de Georgetown University, la corruption affecte tous les aspects du processus de réforme économique, politique et sécuritaire de la Tunisie, sapant la confiance dans les institutions qui laisse craindre une nouvelle instabilité.
Les responsables tunisiens n’ont pas la volonté de faire de la lutte
contre la corruption leur politique prioritaire, ni d’adopter des
mesures coordonnées et adéquates. Une politique de gestion saine et
transparente n’est pas la priorité du gouvernement.
Le gouvernement tunisien est incapable d’adopter une stratégie
nationale claire dans la lutte contre la corruption, ni récupérer le
temps perdu dans les frictions politiques et les tensions sociales, qui
coûtent si cher à la collectivité tunisienne, mais aussi aux
contribuables européens.
Au moment d’écrite ces lignes, le gouvernement n’a pas publié son
projet de loi de Finance 2019, si ce n’est des chiffres éparpillés et
des documents qui ont fuité, à quelques jours de sa soumission au
parlement, confisquant ainsi le droit à l’information pour les sponsors
européens, ce qui n’est pas la meilleure configuration d’une gestion
participative des affaires publiques.
- Vendredi 26 octobre 2018, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a fait le bilan avec le président tunisien de l’appui financier assuré par l’Union européenne à la Tunisie, depuis 2011, qui s’élève à plus de 10 milliards d’euros (environ 33 milliards de dinars).
Selon ses déclaration, l’UE a accordé «un montant global de 10 milliards d’euros» à la Tunisie, depuis 2011, indiquant que cette aide continuera afin d’accompagner «les réformes nécessaires et relancer l’économie de ce pays»
- Les États-Unis ont fourni une aide de plus de 400 millions de dollars liée à la croissance économique, depuis 2011, y compris des garanties de prêt en 2012, 2014 et 2016 permettant au gouvernement tunisien d’emprunter près de 1,5 milliard de dollars pour aider à stabiliser ses finances publiques, ses entreprises, et fournir une assistance technique pour mettre en œuvre la réforme économique.
Moody’s rétrograde la Tunisie de «stable» à «négatif»
- L’agence de notation Moody’s a modifié le 16 octobre dernier les perspectives de ce pays maghrébin en voyant les perspectives négatives, et expliqué que «la Tunisie doit faire face à une intensification des pressions dans un environnement extérieur de plus en plus défavorable».
- En mars 2018, Moody’s avait déjà dégradé la note souveraine de la Tunisie à B2 avec «perspectives stables».
- La même agence de notation avait également dégradé, en août 2017, la note d’émission à long terme du gouvernement tunisien de Ba3 à B1 avec «perspective négative».
Cette dégradation de la note souveraine correspond à la détérioration
structurelle continue de la situation budgétaire de la Tunisie, aux
déficits extérieurs persistants, à la faiblesse institutionnelle accrue,
et au manque d’efficacité du gouvernement tunisien.
Le gouvernement tunisien tarde à faire les réformes nécessaires dans
le cadre du programme du Fonds Monétaire international (FMI) et à
rétablir sa marge de manœuvre budgétaires et extérieures.
Le pays risque de se trouver face à un déclassement plus grave, en
2019, en cas de retard ou d’augmentation du coût des financements
extérieurs, éventuellement lié à une mise en œuvre incomplète du
programme de réformes économiques convenu avec le FMI, à des
dépassements budgétaires, ou à la matérialisation de dépenses
considérables, ce qui affaiblirait davantage l’adéquation des réserves
de change de la Tunisie.
Le gouvernement tunisien est légalement responsable du paiement de toutes les obligations émises par sa Banque centrale.
Le rapport d’octobre 2018 du FMI exige fermement de Tunis des
restrictions budgétaires et la réduction du déficit public. Mais le
gouvernement tunisien traîne à respecter ces demandes. Ses difficultés
en raison de sa fiscalité et la faiblesse de ses réserves de change
exposent le pays au risque inflationniste.
Une course vers l’endettement et la dépendance extérieure
- Tunis vient de recevoir un prêt de 2,9 milliards de dollars sur quatre ans du FMI pour limiter ses déséquilibres extérieurs et budgétaires. Ce prêt vise donc une diminution provisoire de la pression sur la demande de devises, et non dans le cadre d’une stratégie intégrée de développement.
La Banque centrale du pays a fait des prévisions défavorables pour
2019 et 2020, avec un taux de change catastrophique, l’augmentation des
prix du pétrole et la faiblesse de croissance économique.
Pire encore, à la veille des élections de 2019, le gouvernement
tunisien a décidé de décliner quelques engagements avec le FMI, puisque
selon des informations fuitées, il y aura un accroissement des salaires
suite à un accord avec le plus grand syndicat du pays, ce qui va
provoquer une augmentation de la taille du budget, occasionnant un saut
de l’endettement extérieur.
Des tranches futures du prêt du FMI pourraient alors être bloquées,
ce qui générera des difficultés supplémentaires de gestion de la finance
publique durant le mandat électoral suivant.
Ces éléments s’aggravent encore avec la persistance des tensions
inflationnistes, l’inefficacité de la politique monétaire et de change,
les tensions sur les liquidités, la diminution régulière des réserves de
change, la faiblisse de la croissance, l’augmentation du ratio «masse
salariale/PIB», le taux d’endettement à plus de 90% du PIB, le secteur
économique parallèle, et une fiscalité rétrograde.
- En juillet 2018, la Tunisie a bénéficié d’une nouvelle tranche de prêt de 250 millions $ de la part du FMI dans le cadre du programme quadriennal de prêt de 2,9 milliards $ accordé au pays.
- Ce décaissement avait porté à 1,139 milliard $ le montant des financements déjà décaissés par le FMI, dans le cadre de l’accord qui devrait prendre fin en 2020.
- Fin 2018, la Tunisie s’apprête également à émettre sur le marché financier international des eurobonds d’un montant d’environ 867, 7 millions d’euros, accompagnés par les banques Citi Group, Deutsche Bank, JP Morgan et Natixi.
Source : Ftouh Souhail pour Dreuz.info.
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Hannibal GENSERIC
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