Les problèmes d’indisponibilité de la flotte de test soulignent les
problèmes de l’ensemble du programme.
Les avions d’attaque
interarmées F-35 membres de la flotte de tests opérationnels de la base
aérienne militaire californienne d’Edwards pâtissent de faibles taux de
disponibilité, qui peuvent menacer la réussite de l’exécution de la phase
essentielle de tests de combats du programme. Un graphique, établi par le
groupe de tests intégrés du bureau du programme interarmées, et que nous avons pu
récupérer, illustre ces données.
Cette révélation, que le programme F-35 se débat pour passer le
dernier obstacle avant de pouvoir légalement passer en mode de
production en usine, fait suite à de nombreux autres rapports récents,
dont certains émis par POGO ainsi que par le Government Accountability Office [équivalent de la Cour des Comptes en France, NdT], qui indiquaient que le F-35, le système d’armement le plus onéreux de toute l’histoire, est loin d’être prêt à affronter les menaces, actuelles ou futures.
Les 23 appareils référencés dans la flotte de test ont présenté un taux abyssal de 8,7% sur l’indicateur « pleinement apte à la mission » en juin 2019, selon le graphique, qui couvre la période allant de décembre 2018 à mi-juillet 2019. Un avion pleinement apte à la mission
peut réaliser toutes les missions qui lui sont assignées : il s’agit
d’un indicateur de mesure particulièrement important pour les programmes
multi-missions tel que le F-35. Le taux de juin constituait en fait une
améliorations sur le mois précédent, où la flotte avait atteint le
score de 4,7%. Depuis le début de la phase de tests opérationnels en décembre 2018, la flotte présente une moyenne de 11% pour l’indicateur pleinement apte à la mission.
Le directeur des tests opérationnels du Pentagone a affirmé que la flotte de test doit présenter un taux de disponibilité de 80% pour répondre au planning exigeant du projet directeur de tests et d’évaluations du programme.
Les états d’incapacité aux missions des aéronefs peuvent se voir
causés par des manques de pièces de rechanges, ou des échecs dans des
systèmes de mission, comme le radar, ou les instruments de guerre
électronique. Selon des sources internes au programme F-35, un composant
fréquemment source de pannes est le Système de Brèche Distribué [Distributed Aperture System, NdT]. Ce système délivre au pilote des avertissements en cas de missiles en approche, et génère des images [en réalité augmentée, NdT] dans le casque à 400 000 dollars
porté par pilote. Cela n’empêche pas le F-35 de voler, et, du fait du
partage de données entre appareils, certaines informations manquantes à
un F-35 défaillant peuvent être obtenues depuis un système fonctionnel
sur un autre F-35. Mais cela ne remédie que partiellement au problème.
Pour tester complètement les capacités du programme, tous les systèmes
doivent fonctionner correctement.
Les dirigeants du Pentagone n’ont pas souhaité apporter de commentaires quant à ces informations.
Les taux d’aptitude à la mission de la flotte de tests opérationnels
sont surprenants, au vu de la visibilité particulièrement élevée de la
mission de cette flotte. Selon les lois fédérales,
un programme d’acquisition important en matière de défense ne peut pas
légalement passer en mode de production plein tant que le directeur des
tests et évaluations opérationnels [director of operational test and evaluation (DOT&E), NdT]
ne remet pas son rapport finalisé au secrétaire de la défense et au
Congrès, établissant les conclusions du processus de test. Pour cette
raison, la flotte de tests opérationnels reçoit un soutien tout
particulier sous forme d’équipes de maintenance renforcées, et figure
sans doute en haut de la liste de priorités dans la distribution des pièces de rechange.
Le graphique de disponibilité de la flotte de tests opérationnels
indique que les appareils utilisés pour les tests opérationnels ont des
résultats plus mauvais que le reste de la flotte F-35, qui n’a atteint
dans son ensemble qu’un petit 27% pour l’indicateur pleinement apte à la mission, selon les dernières informations disponibles.
Les derniers tests le confirment : Le F-35 reste loin d’être apte au combat
Le bureau de tests opérationnels du Pentagone signale qu’en 2018, le programme F-35 reste vulnérables à des attaques cybernétiques découvertes au fil des années précédentes. LIRE LA SUITE |
Ces informations font suite à un rapport récent de l’Air Force Times,
établissant que le taux de disponibilité agrégé de tous les programmes
aéronefs de l’Air Force ont constamment baissé au cours des huit
dernières années. En 2012, l’ensemble des 5 400 appareils ont présenté
un taux de « capacité à la mission » de 77,9%. Rendu en 2018, ce taux avait glissé à 69,97%. Un appareil en capacité à la mission peut réaliser au moins l’une des tâches qui lui sont assignées.
En septembre 2018, James Mattis alors Secrétaire à la Défense, faisant acte de la crise de capacité des aéronefs en couvaison, avait émis une directive ordonnant aux services d’atteindre un ratio de capacité à la mission
de 80% pour fin septembre 2019. Les données de l’Air Force indiquent
qu’il est peu probable que cet objectif puisse être atteint.
La directive de l’ancien Secrétaire constituait un pas dans la bonne
direction, mais l’objectif qu’il fixait à ses services était assez peu
ambitieux. Il précisait un objectif pour les taux de capacité à la
mission, par pour les taux de pleine capacité à la mission ; alors que
ce second indicateur constitue une mesure bien plus pertinente de la
capacité d’une flotte au combat.
L’Air Force a apporté plusieurs explications pour ces mauvais indicateurs. Un porte-parole a déclaré à l’Air Force Times
que la principale raison des baisses de taux résidait dans l’âge de la
flotte, actuellement établi à 28 ans en moyenne. Un examen des données
présentées par l’article de l’Air Force Times sème le doute
quant à cette affirmation. Les nouveaux appareils, tels le F-22 et le
F-35, présentent des moyennes plus faibles pour l’indicateur d’aptitude à
la mission que les anciens appareils qu’ils sont supposés remplacer.
Par exemple, la flotte de F-22 présente un taux d’aptitude à la mission
de 51,74% en 2018, alors que l’ancien F-15E présente un taux de 71,16%
sur la même période. La flotte de F-35A agrège un taux de capacité à la
mission de 49,55%, là où le F-16D agrège 66,24%, et l’avion A-10C agrège
quant à lui un taux de capacité à la mission de 72,51%.
Le graphique de disponibilité de la flotte de tests opérationnels indique que les appareils utilisés pour les tests opérationnels ont des résultats plus mauvais que le reste de la flotte F-35.
Le colonel Bill Maxwell, dirigeant de la division maintenance de
l’Air Force, a également essayé de dissiper les inquiétudes, en
affirmant à l’Air Force Times que le taux de pleine aptitude à la mission ne constituait « qu’un instantané dans le temps ».
Cependant, le graphique d’aptitude de la flotte F-35 de tests
opérationnels récupéré par POGO indique clairement être établi sur des
relevés de données mesurés sur un intervalle de six mois. Le graphique
indique des fluctuations relatives de taux au long de la période en
question, mais les taux d’aptitude mesurés au fil de l’ensemble du
processus critique de tests au combat sont restés mauvais de manière
constante.
On s’attend à ce que le Pentagone détermine en octobre 2019
si le programme F-35 est considéré comme prêt à passer en mode de
production à taux pleins. À la vue de l’embourbement de la flotte de
tests, il est difficile d’imaginer comment le programme de tests en
cours pourrait être achevé dans les temps.
Il pourrait s’agir d’un moment révélateur pour Robert Behler, le
directeur des tests opérationnels. Il pourrait, pour satisfaire au
calendrier arbitraire du Pentagone, déclarer la fin des tests et donner
son feu vert à un passage en production à taux pleins sans aller au bout
de plan de tests convenu. Mais une telle décision mettrait en doute
l’intégrité du processus de tests et l’utilité-même de ses propres
services. Et les soldats qui devront avoir confiance en cet appareil
pour rester en vie auraient des raisons de douter de sa valeur au combat
; quant au peuple des États-Unis, il aurait toutes les raisons de
douter qu’un programme qu’il aura financé au cours des 17 dernières
années puisse délivrer les performances qui avaient été annoncées.
Par Dan Grazier −
Le 6 août 2019 − Source pogo.org
Le 6 août 2019 − Source pogo.org
Note du Saker
Francophone
Un épisode de plus dans
la saga du F-35, le fer à repasser volant, qui constitue une excellente fenêtre
ouverte sur la dégénérescence accélérée de l'Empire.
Traduit par Vincent pour le Saker
Francophone
VOIR AUSSI :
Hannibal GENSÉRIC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.