Le
renouvellement de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas est un important facteur de
convergence sur le plan énergétique dans la région eurasiatique.
Il assurera les intérêts économiques communs des
pays du Moyen-Orient et aidera l’Europe à mettre fin à sa dépendance
envers le système de transport d’énergie américain. Plus de détails avec un
article publié par le journal russe Vzgliad.
Le
risque d’éclatement d’un conflit militaire dans la région du golfe Persique a
mis en péril le principal itinéraire de transfert de pétrole depuis le
Moyen-Orient vers l’Europe via le détroit d’Hormuz.
Les
spéculations sur le prix de pétrole ont atteint les 500 dollars le
baril, après que des responsables iraniens eurent seulement menacé de
fermer le détroit d’Hormuz. Mais il y a une autre option sur laquelle
travaillent conjointement l’Iran et l’Irak.
Certaines
sources font part de lancement de négociations entre Téhéran et
Bagdad au sujet de la réactivation de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas, long de
800 kilomètres (reliant le gisement pétrolier de Kirkouk en Irak au port de Baniyas
en Syrie au large de la Méditerranée). Cette relance s’avère indispensable
pour assurer la continuité du transit pétrolier en cas de éventuelle
confrontation militaire américano-iranienne qui risquerait d’aboutir à la
fermeture du détroit d’Hormuz.
Ces
dernières années, la RII (République Islamique d’Iran) a plus d’une fois
annoncé qu’elle se réservait le droit de fermer le détroit d’Hormuz si elle
n’arrivait pas à exporter son pétrole via ce passage maritime. Les récents
événements survenus dans le golfe Persique ont fait grimper les tarifs des
protections assurance pour les pétroliers.
Oléoduc Kirkouk-Baniyas, un
historique plein de vicissitudes
L'oléoduc
Kirkouk-Baniyas avait été fermé pendant la guerre Iran/Irak, avant de rouvrir
en 1990 pour la consommation syrienne. Cet oléoduc avait été créé après la
fin de la Seconde Guerre mondiale à une époque où l’Occident était en quête de
nouveaux moyens pour assurer son contrôle au Moyen-Orient en remplacement
d’anciennes colonies qui étaient en train de s’effondrer. Ce pipeline avait été
créé par British Petroleum sur les territoires irakien et syrien et les
Britanniques comptaient pouvoir l’utiliser pour faire avancer leur fameuse
politique qui dit “Sème la discorde et gouverne !”
La
partie la plus vulnérable de cet itinéraire de transit d’hydrocarbure était
l’Irak. En 1972, l’Irak était le premier pays producteur à pouvoir reprendre au
cartel américano-britannique le contrôle de cet oléoduc. Le gouvernement
irakien a décidé de relancer en 2000 l’oléoduc Kirkouk-Baniyas qui
jusqu’alors était resté très peu rentable. Mais la réouverture n’a duré que
trois ans. Le projet a été suspendu après l’attaque des États-Unis et de leurs
alliés contre l’Irak.
En
novembre 2017, le gouvernement iranien a signé avec l’Irak un mémorandum
d’entente préliminaire prévoyant le transfert d’environ 30 à 60 mille barils de
pétrole par jour depuis Kirkouk à la raffinerie de Kermanchah dans l’Ouest
iranien.
L’expert
des questions politiques et professeur à l'École des hautes études en sciences
économiques de Moscou, Leonid Krutakov, indique que l’Iran prête une
grande importance aux projets de transfert d’énergie vers la mer Méditerranée.
“La
guerre syrienne a commencé en juillet 2011, peu de temps après que l’Irak,
l’Iran et la Syrie eurent signé une note d’entente pour construire un gazoduc
depuis le champ gazier Pars Sud (Sud iranien) jusqu’à l’Europe. La
valeur de ce nouveau gazoduc était estimée à 10 milliards de dollars et il
était prévu que le transfert de gaz commence par cet itinéraire en 2014 ou au
plus tard en 2016.”
Fin de
dépendance européenne envers les ressources énergétiques américaines
Le
lancement de l’oléoduc Kirkouk-Baniyas aurait dû mettre fin à la dépendance de
l’Europe envers le gaz de pétrole liquéfié (GPL) américain, mais l’éclatement
de la guerre en Syrie a entravé les travaux de construction de cet itinéraire
énergétique au cœur du monde musulman. Tout comme l’oléoduc Kirkouk-Baniyas
dont la réouverture a été reportée en Syrie et dans le Nord irakien, après le
déclenchement de la guerre syrienne.
C’était
en juin 2018 que l’Iran a repris le transfert du pétrole depuis le champ
pétrolier de Kirkouk. Deux mois plus tard en août 2018, l’Iran, frappé par les
sanctions pétrolières américaines, a renouvelé sa proposition aux responsables
irakiens, en vue de relancer l’oléoduc Kirkouk-Baniyas.
La Russie, partenaire des
projets énergétiques au Moyen-Orient
En
janvier 2019, la compagnie russe Rosneft a signé avec le ministère libanais de
l’Énergie et des ressources de l’eau, un accord qui confie à la partie russe la
gestion des travaux aux terminaux et dans les installations pétrolières
offshore du Liban. Trois mois plus tard en avril, le Liban a trouvé un accord
avec le gouvernement irakien, en rapport avec la remise en fonctionnement de
l’oléoduc Kirkouk-Baniyas. Ces évolutions étaient suivies par un accord
signé début juillet entre l’Iran, l’Irak et la Syrie, pour créer un
corridor de transport multifonctionnel dans le cadre du développement des liens
commerciaux, un signal fort montrant que ces pays reviendront aux accords
énergétiques qui existaient avant l’éclatement des conflits armés dans la
région, et une mauvaise nouvelle pour les États-Unis et leurs alliés…
L'Irak et l'Iran
exporteront leurs pétrole via la Syrie en cas de guerre
Bien que le projet d'exportation de pétrole irakien
via la Syrie n'ait pas encore vu le jour, les pressions et les sanctions
américaines à l'encontre de l'Iran, la situation en Syrie et en Irak, ainsi que
l'évolution peu claire de la situation dans la région ont placé ce projet au
centre des coopérations de Téhéran avec Bagdad et Damas d'autant plus que
l'exportation de pétrole iranien et irakien via les ports syriens représente
d’importants avantages pour ces trois pays: d'un côté, Téhéran et Bagdad, en
raison des tensions dans le golfe Persique, trouvent une alternative économique
stratégique pour leurs exportations de pétrole et, d’autre part, ce projet
permettra d'économiser du temps et de l'argent. Le troisième avantage que
représente ce plan réside dans le succès des coopérations économiques
conjointes à long terme entre les trois pays qui font partie de l'axe de la
Résistance. L'Iran, la Syrie et l'Irak comptent non seulement utiliser les oléoducs construits dans les années 80 mais aussi en
construire de nouveaux.
Interrogé par Al-Akhbar, l’expert en énergie,
Ziad Ayoub Arbash, estime qu’une coopération conjointe Téhéran/Bagdad/Damas est
la meilleure option qui soit pour créer un "bloc énergétique propre à la
Résistance".
La Syrie est considérée comme une porte pétrolière
plus qu'un producteur et c'est cette position géographique et géostratégique
qui pousse ses ennemis à en limiter le rôle en tant que voie de transit du
pétrole. Contrairement à ce que les analystes occidentaux font croire, la
voie "syrienne" de transite pétrolier ne date pas d'aujourd'hui.
L'idée de créer une route énergétique propre à transiter le pétrole iranien
et irakien vers l'Europe via les ports syriens a germé avant la guerre.
Une première étape du projet s'est concrétisée
en 2010, date à laquelle l'Iran a signé avec la Syrie un document de
coopération en matière de transfert de pétrole vers les ports d’exportation
syriens. Mais en 2019, l'accord demande à être mis à jour dans la mesure
où la donne a changé non seulement en termes de coûts mais aussi
sur le plan des rapports de forces en présence.
La présence américaine dans l'est de la Syrie et en
Irak sous prétexte de lutter contre Daech a multiplié les dangers auxquels est
confrontée la route de transit énergétique syrienne d'autant plus que
Washington cherche à exploiter les ressources pétrolières et gazières syriens
et d'en vendre la production sur les marchés mondiaux, quitte à empêcher
la Chine, puissance émergente de se connecter avec sa fameuse route de la soie
à la route pétro-gazière syro-irako-iranienne. De même, on ne s’attend pas
à ce que l’administration Trump reste les bras croisés à regarder l'émergence
d'un axe pétro-gazier reliant l'Iran et l'Irak à la Méditerranée, axe qui a
pour fonction de rendre caduques les sanctions US contre Téhéran et
Damas et d'immuniser l'Irak en cas de guerre ou de sanction.
L’ambassade d’Irak à Téhéran a affirmé que Bagdad ne
reconnaissait pas les sanctions américaines imposées à l’Iran, car elles
sont contraires au droit international.
« Des
négociations ont été engagées entre l'Iran et l'Irak en vue de contourner ces
sanctions en éliminant le dollar des
échanges commerciaux des deux pays et en le remplaçant par le dinar
irakien. C'est un pas osé qui vu la montée en puissance des sentiments et des
actes anti-US pourrait susciter une riposte anti-irakienne de Washington.
L'Iran et l'Irak ont convenu de créer un fonds de coentreprise fondé sur le
modèle Master-Feeder Fund avec uniquement du dinar. Cette
démarche monétaire souverainiste de l'Irak n'échappera pas aux USA qui
craignent déjà l'emprise quasi totale de l'Etat irakien sur ses frontières avec
la Syrie. Les troupes US viennent de perdre un premier "conseiller
militaire" en Irak post Daech alors que certains milieux accusent les
Américains d'avoir visé les bases des Hachd al-Chaabi à Salaheddine et à
Diyala.", conclut Al-Akbar.
Source :
Presstv
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