Le 12 juillet, Moon of Alabama titrait : Non, l’Iran ne livrera pas de drones armés à la Russie
Comme les autres auteurs d’Iran-watch que j’ai cités, j’avais tort.
Elijah J. Magnier, qui a d’excellents contacts au sein de « l’axe de la résistance » dirigé par l’Iran, rapporte : La Russie achète 1 000 drones à l’Iran et accroît le niveau de coopération stratégique
L’Iran et la Russie ont élargi le niveau de leur coopération stratégique dans divers domaines, dont le plus récent est l’espace, lorsqu’une fusée russe a mis en orbite un satellite iranien depuis le centre de lancement russe au Kazakhstan. L’Iran gagnera sans aucun doute à renouveler sa banque d’objectifs et à identifier davantage de cibles liées à ses ennemis basés au Moyen-Orient, principalement les bases militaires américaines et Israël. En outre, la Russie a signé un contrat avec l’Iran pour l’achat de 1 000 drones après que l’Iran a livré quelques prototypes et un simulateur sur lequel des officiers russes se sont entraînés : ils ont utilisé avec succès les premiers drones en Ukraine. Cette démarche est considérée comme sans précédent pour une superpuissance qui achète ses drones à l’Iran. Téhéran considère qu’il s’agit d’une reconnaissance de son industrie militaire avancée et efficace, réalisée malgré 43 ans de sanctions américaines contre la « République islamique ».
L’achat semble concerner des drones de grande taille et de longue endurance, et non des petits drones tactiques comme l’Orlan 10, que la Russie produit elle-même en série. Magnier explique :
Selon des sources bien informées en Iran, « l’achat de drones par une superpuissance comme la Russie est une indication importante confirmant la qualité et le développement de l’industrie iranienne, qui a réussi à produire les drones les plus avancés comme le Shahid 129 qui peut voler pendant plus de 24 heures. C’est ce qui a attiré la Russie, notamment pour l’utiliser dans sa guerre en Ukraine« .
La Russie a développé un certain nombre de drones pour elle-même. L’Orlan-10 est bon pour l’observation de l’artillerie et la guerre électronique au niveau du bataillon tactique. Ensuite, il y a le Korsar de 200 kilos qui a un rôle de frappe tactique. Il y a aussi le ZALA-421-16E5, un système de reconnaissance aérien sans pilote à opération tactique. La durée de vol du drone est de 6 à 7 heures, la portée de vol peut atteindre 150 km, la zone surveillée peut dépasser 21 000 km² en un seul lancement.
C’est mieux que l’Orlan 10, mais toujours du niveau tactique de base.
La Russie ne dispose pas encore d’un drone opérationnel-tactique capable de voler toute une journée et toute une nuit et de couvrir en permanence le front d’une ou plusieurs brigades.
Le Shahed 129 iranien est l’équivalent du MQ-1 Predator américain. Il est équipé d’optiques infrarouges et diurnes, d’un désignateur laser pour un ciblage précis et il peut transporter quatre bombes à guidage de précision. Sa portée est de 1 500 kilomètres, ce qui est nettement supérieur à celle des drones russes actuels. Depuis 2014, ces drones ont été utilisés par l’Iran en Syrie. La Russie a donc déjà une expérience directe de leurs performances sur le champ de bataille.
Je suis cependant certain que l’Iran mettra plusieurs années avant de livrer 1 000 de ces drones. Mais cela n’a peut-être pas d’importance. Quelques dizaines suffiront pour l’instant à couvrir en permanence l’ensemble de la ligne de front de 2 000 kilomètres en Ukraine, à la profondeur nécessaire.
Il est inhabituel que la Russie achète des armes à d’autres États sans compensation. Je soupçonne donc qu’il ne s’agit pas d’un accord unilatéral, mais que l’Iran a promis d’acheter quelques systèmes russes importants en échange.
Une commande de plusieurs dizaines de la version la plus moderne de l’avion de combat de supériorité aérienne Sukoi Su-35 serait logique. Ils permettraient enfin à l’Iran de se débarrasser des trop vieux F-4 Phantom et Grumman F-14 de fabrication américaine qu’il utilise (et fait s’écraser) depuis des années.
L’Iran et la Russie voudront peut-être attendre l’issue des négociations en cours sur l’accord nucléaire avant d’annoncer un accord officiel. Il serait tout simplement imprudent de perturber ce processus maintenant et de donner aux faucons américains des arguments supplémentaires pour faire échouer l’accord.
La poursuite de la coopération entre la Russie et l’Iran est toutefois indépendante de l’issue des négociations sur l’accord nucléaire. Elle sera couronnée de succès, car rien de ce que les États-Unis pourraient opposer n’est en mesure d’influencer l’une ou l’autre des parties.
Par Moon of Alabama – Le 13 août 2022
Le monde est engagé dans une course aux armements. La faute en incombe aux Occidentaux, particulièrement aux Etats-Unis, qui ne veulent pas de la Russie comme partenaire à égalité dans le concert des nations. Dans cette lutte pour la suprématie mondiale l'Europe en est la première victime, dans une déchéance économique en cours.
RépondreSupprimerAccord excellant qui remonte la stature de l'Iran et renforce l'unité des pays indépendants des Usa.
RépondreSupprimerPeut-être l'Iran aura-t-il d'autres clients.
Cela va permettre de les tester en conflit réel avec l'OTAN, cette guerre sert aussi à cela.
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