samedi 21 juin 2025

Si Washington s’en prend à l’Iran, quid des États du Golfe ?

Alors que l'Iran et l'État sioniste entrent en confrontation directe, les États arabes du golfe Persique sont confrontés à des menaces sans précédent pour leur sécurité, leur souveraineté et leurs sources d'énergie vitales.

Les hostilités qui s'intensifient rapidement entre l'Iran et Israël ont plongé les États du golfe Persique dans une spirale géopolitique dangereuse. Situés sur un terrain stratégique et abritant un réseau dense d'installations militaires américaines, ces États sont parfaitement conscients que toute décision des États-Unis de rejoindre le front risque d'anéantir leur neutralité déjà précaire. Leurs territoires deviendraient alors des cibles de premier plan.

Alors que la guerre menée par Israël contre l'Iran avec le soutien des États-Unis s'intensifie, les monarchies du golfe Persique tentent d'opérer un dosage délicat entre la préservation de leur sécurité, garantir leurs exportations d'énergie et éviter une guerre sans fin qui pourrait ravager des secteurs vitaux comme le transport aérien et la désalinisation. Elles restent toutefois prises au piège d'un réseau d'alliances régionales et de dépendances stratégiques qui se resserre et leur laisse peu de marge de manœuvre.

Des ouvertures diplomatiques dans un contexte explosif

Au lendemain de l'attaque du 13 juin contre des sites nucléaires et militaires iraniens, les capitales du Golfe se sont empressées d'afficher une posture d'apaisement. L'Arabie saoudite a lancé une série d'initiatives diplomatiques auprès des capitales européennes et régionales, de Berlin à Bruxelles en passant par Amman et Bagdad, pour appeler à la retenue.

Le Qatar a emboîté le pas en contactant Ankara, Rome et Ottawa, tandis que les Émirats arabes unis se sont coordonnés avec Paris, Islamabad et Budapest. Même le Koweït, traditionnellement passif, et Oman, généralement neutre, ont sollicité l'aide de la Turquie pour apaiser les tensions régionales.

Une déclaration commune de 20 États arabes et islamiques, dont les six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a dénoncé toute attaque contre des installations nucléaires et rappelé la nécessité d'une région dénucléarisée. Des gestes symboliques ont suivi : les Émirats arabes unis ont annulé les pénalités de visa imposées aux résidents iraniens et Riyad a accéléré le retour des pèlerins iraniens.

Mais la voix la plus forte de la région est venue de l'ancien Premier ministre du Qatar, Hamad bin Jassim, qui a averti que l'effondrement de l'Iran déclencherait un chaos incontrôlable. Il a instamment appelé les dirigeants du golfe Persique à faire pression sur Washington pour “mettre immédiatement un terme à la folie israélienne” et empêcher la région de sombrer dans une guerre totale.

Les bases américaines, une bombe à retardement

La présence militaire américaine dans le golfe Persique est à la fois dissuasive et provocatrice. Le Qatar, seul allié du Golfe non membre de l'OTAN, abrite les plus grandes bases américaines de la région à Al-Udeid et Al-Sailiya, situées à moins de 300 kilomètres de l'Iran, soit bien à portée des anciens systèmes de missiles iraniens. Le Koweït abrite quatre bases américaines clés. Les Émirats arabes unis en comptent trois, tandis que l'Arabie saoudite, Bahreïn et Oman fournissent chacun un soutien logistique et une défense aérienne cruciaux.

Si les États du Golfe conservent le droit légal de veto sur les opérations offensives menées à partir de ces bases, cette souveraineté est largement théorique si Washington choisit l'escalade. Les responsables iraniens ont déjà clairement indiqué que toute plate-forme utilisée dans le cadre d'une agression sera considérée comme une cible légitime de représailles. Si des frappes aériennes américaines sont lancées depuis un territoire du Golfe, aucune de ces monarchies n'échappera aux représailles.

Paralysie du transport aérien et séismes économiques

Alors que les tensions s'intensifient, les couloirs aériens de la région sont progressivement fermés. Les vols au-dessus de l'Iran, de l'Irak, du Liban et de la Syrie ont été déroutés, suspendus ou purement et simplement annulés. Emirates et Qatar Airways ont annulé des dizaines de vols, tandis que l'aéroport international de Dubaï a subi des retards à répétition.

Les coûts de déroutement ont grimpé en flèche. Les factures de carburant ont explosé. Le nombre de passagers a chuté. Le coup financier a été immédiat : les actions d'Air Arabia ont plongé de 10 %, soit leur plus forte baisse depuis la crise financière de 2008.

Les nœuds énergétiques menacés

L'Iran détient les deuxièmes réserves mondiales de gaz naturel et le troisième plus grand gisement de pétrole. Une seule attaque israélienne contre une plateforme gazière de South Pars, reliée au gisement vital de North Field au Qatar, a fait bondir les prix du pétrole de plus de 10 %. Si le conflit se poursuit, les prix devraient dépasser les 100 dollars le baril.

Cette attaque, bien qu'ayant épargné les installations qataries, a secoué les marchés mondiaux de l'énergie et miné la confiance en la fiabilité du Golfe en tant qu'exportateur. Le CCG est confronté à un dilemme : si la hausse des prix du pétrole stimule temporairement les recettes, le spectre d'une interruption des chaînes d'approvisionnement et des infrastructures ciblées constitue une menace existentielle pour leur économie basée sur l'énergie. Même une brève fermeture des voies maritimes ou des perturbations dans les raffineries pourraient avoir des répercussions économiques désastreuses.

Des détroits en péril

Le détroit d'Ormuz est la jugulaire de la région : 20 % du gaz naturel liquéfié mondial transite quotidiennement par cette étroite voie maritime. L'Iran a averti à plusieurs reprises qu'il fermera le détroit en cas d'attaque. Une telle mesure paralyserait les exportations du Koweït, du Qatar et de Bahreïn, qui ne disposent pas d'itinéraires alternatifs viables.

Même l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui disposent de pipelines de secours vers la mer Rouge et la mer d'Oman, ne peuvent entièrement compenser l'emprise stratégique d'Ormuz. Plus au sud, le détroit de Bab al-Mandab, déjà perturbé par les opérations militaires yéménites contre les navires israéliens, a vu son transit quotidien de pétrole passer de 8,7 millions de barils en 2023 à 4 millions en 2024.

La fermeture simultanée des deux détroits aurait des conséquences catastrophiques : plus de 60 % du pétrole du Golfe disparaîtrait des marchés mondiaux, faisant grimper les prix bien au-delà de 200 dollars le baril.

Un bras de fer nucléaire et cybernétique

Une autre menace silencieuse se profile : les retombées radioactives. Les installations nucléaires iraniennes, situées près des eaux du golfe Persique, représentent un risque environnemental important. Une fuite provoquée par des frappes israéliennes ou un sabotage pourrait dévaster les écosystèmes marins et rendre l'eau dessalée impropre à la consommation, entraînant une crise existentielle pour le Qatar, le Koweït et les Émirats arabes unis, qui dépendent presque entièrement de l'eau de mer pour leur approvisionnement en eau potable.

Le Koweït se trouve à seulement 250 kilomètres du réacteur iranien le plus proche, et les courants du Golfe viennent des côtes iraniennes. Pourtant, aucun plan d'urgence régional global n'existe. Comme l'a récemment averti le ministre des Affaires étrangères du Qatar, même une contamination mineure pourrait épuiser les réserves d'eau douce en quelques jours.

Pendant ce temps, la cyberguerre sort de l'ombre pour occuper le devant de la scène. Les perturbations dans le détroit d'Ormuz ont déjà contraint près de 1 000 navires à revenir à la navigation analogique en raison de soupçons de brouillage GPS. Les États du Golfe sont désormais confrontés au défi redoutable de défendre non seulement leurs frontières et leurs infrastructures, mais aussi leur souveraineté numérique.

Contradictions stratégiques

L'opération Al-Aqsa Flood du 7 octobre 2023 a redessiné l'échiquier politique de la région. Les États arabes du golfe Persique, longtemps tributaires de la protection américaine, font désormais preuve de prudence : normalisation avec Tel-Aviv, rameaux d'olivier tendus à Téhéran et appels à la retenue stratégique de Washington.

Mais ces initiatives contradictoires – apaiser Israël, ménager la République islamique et s'en remettre aux États-Unis – se heurtent à une réalité régionale qui ne tolère plus l'attentisme. Il en ressort une politique occidentale en Asie du Nord-Est reposant sur trois piliers : la réconciliation avec l'Iran, la normalisation conditionnelle avec l'État génocidaire des "frères arabes", et le maintien de la dépendance vis-à-vis du parapluie sécuritaire américain.

Reste à savoir si cette stratégie bancale tiendra face à une guerre qui prend de l'ampleur. Mais si les incendies se propagent, le vernis stabilisateur du Golfe sera parmi les premiers à brûler.

Par Mawadda Iskandar, le 20 juin 2025

Source : https://thecradle.co/articles/if-the-us-targets-iran-gulf-states-face-a-choice

Traduit par Spirit of Free Speech

 

8 commentaires:

  1. Quand deux Caïds s'affrontent......Leurs "GAGNEUSES" vont au VAINQUEUR......( Donc......après cette guerre l'IRAN lui AUSSI , devrait les TAXER de 500 milliards de $ ......)

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  2. Tiens !!! Les guignols des petromonarchies ont peur pour leurs trones ?!?!. Mais quand il s'agissait de cogner sur le Yémen ou Gaza ou l'Iran ou la Syrie ou l'Irak, pourtant des peuples frères, ce n'était pas leur soucis quotidien, leur souci est de se vautrer dans la luxure, l'argent, la bouffe, les Mac do, dépenser leur argent dans des pays qui les haïssent ........ Maintenant ça vient chialer, ben que l'entité démoniaque les bombarde !!! C'est pas notre problème !!!!

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  3. Les docteurs folamour, les fils et petit-fils de Curtis LeMay, TRUMP lui-même, le malade mental en chef aux bonbons tenus par l'AIPAC (lire Mossad), on commis une très grave agression envers l'Iran. Le monde entier, le Sud Global et ceux qui ont encore un cerveau, comprendront le basculement du solstice d'été (encore des moments symbolique à la mords moi le noeud) de ces satanistes innommables, et rappeleront le fumeux droit international bafoué et conchié par ces cow boys incultes s'autorisent à agresser une culture multi millénaire. Ils sont à vomir.

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  4. La diplomatie US pour apporter la démocratie (à géométrie très variable) : les tapis de bombes. Bientôt le napalm et l(agent orange sur Téhéran ? A moins que l'Iran ne rase Tel Aviv et les bases US au pourtour de l'Iran. En tout cas Trump ert sa clique montrent leurs vrais visages.

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  5. Aucun arabe ne réagirait, même si La Kaaba était pulvérisée par un B2. Ils aiment trop le luxe et la prostitution, et c'est avec ca qu'on les achète.

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    1. La météorite de la Mecque avait été déjà volée par un clan musulman il y a 11 siècles, avant de la rendre des décennies après.......Cet objet céleste était là, bien avant l' avénement de l'Islam....( La FOI ne devrait pas se "sacraliser" sur un objet.....Sinon c'est de l'animisme....

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  6. « Le cessez-le-feu n'est plus valable » : les Houthis yéménites lancent une opération militaire contre des navires et des bâtiments américains en mer Rouge en réponse à l'attaque iranienne.

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