Hier, le clan Salman au
pouvoir en Arabie saoudite a opéré une purge digne de la Nuit
des longs couteaux pour se débarrasser de tous les concurrents possibles. Le roi
saoudien Salman et son fils, le prince clown Mohammad bin Salman, ont lancé une
vaste vague d’arrestations de princes et de hauts fonctionnaires. Un des
intérêts de ce coup d’État interne est la confiscation d’énormes domaines
financiers au profit du clan Salman.
La démission
forcée du Premier ministre libanais Saad al-Hariri était probablement liée
aux événements de la nuit dernière. Le Premier ministre israélien Netanyahou a approuvé
cette démission. Du fait
du soutien d’Israël, Hariri ne pourra plus jamais jouer un rôle de
premier plan au Liban.
En Arabie
Saoudite, onze princes, dont des fils du défunt roi Abdallah, plus de
trente anciens ministres et hauts responsables, ainsi que les directeurs de
trois grandes chaînes de télévision, ont été placés en détention
ou assignés à résidence. Le commandant de la garde nationale, le prince Mitieb
Bin Abdullah, a été démis de ses fonctions et remplacé par le prince Khalid
Bin Abdulaziz al Muqrin. La Garde nationale était le dernier centre de
renseignement et de sécurité détenu par la branche Abdullah de la famille
Al-Saoud.
Une autre purge,
en juillet dernier, avait détrôné l’ancien prince héritier Nayaf et
l’avait remplacé par le jeune Mohammad Bin-Salman. Ensuite, la branche
Nayef de la famille al-Saoud a été chassée de tous les centres de pouvoir.
Hier, ça a été le tour de la branche Abdullah. Les fonctionnaires exclus ont
été remplacés par des laquais du clan Salman au pouvoir.
La branche Salman à laquelle
appartiennent le roi actuel et le prince clown a maintenant éliminé toute la
concurrence interne potentielle. Cela va à l’encontre du consensus sur
lequel était basée la domination de la famille saoudienne au siècle dernier.
Des dizaines de milliers de clans et d’individus dépendaient du patronage des
princes et des fonctionnaires limogés. Ils ne resteront les bras croisés
pendant que leur fortune s’évapore.
Un des effets de la purge sera
la concentration de la richesse saoudienne entre les mains des Salman.
Une
des personnes arrêtées est le prince Al-Waleed Bin Talal (vidéo) qui détient
dit-on, la sixième fortune mondiale. Il possède (possédait?) entre 18 et 32 milliards de dollars
nets. Al-Waleed s’était publiquement opposé au président américain
Donald Trump. (Al-Waleed est (était?) le plus grand actionnaire de Citygroup
qui avait choisi le cabinet de Barack Obama avant de recevoir une énorme aide
financière du gouvernement.) Une autre personnalité qui a fait les frais de la
purge est Bakr ben Laden, frère d’Oussama Ben Laden, président du Saudi
Binladin Group et cinquième plus grosse fortune du pays.
Les prétextes
officiels de la purge sont des allégations de corruption remontant à 2009. Cet
artifice financier permettra aux Salman de confisquer les biens des accusés. Le
total de ce raid s’élèvera à des dizaines de milliards de dollars. Un nouveau
comité anti-corruption a été installé sous le
prince clown Mohammad bin Salman. Il a des pouvoirs
dictatoriaux et peut geler et confisquer tous les actifs financiers qui lui
paraissent dignes d’intérêt:
Il peut prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires
pour traiter les affaires de corruption publique et prendre ce qu’il considère
être le droit des personnes, des entités, des fonds, des biens meubles et
immeubles, dans le pays et à l’étranger, rendre des fonds au Trésor public.
enregistrer les biens et les actifs comme propriété de l’état.
Les événements au Liban et à
Riyad n’auraient pas pu se produire sans le consentement et le soutien des
États-Unis. Fin octobre, Jared Kushner le gendre en même temps que le
principal conseiller de Trump, a effectué une visite surprise en Arabie
Saoudite. Dans un tweet hier Donald Trump, qui a prêté
serment sur le globe wahhabite, a indiqué
le prix de son accord et de sa coopération:
Donald J. Trump
@realDonaldTrump – 12:49 PM – 4 nov. 2017
J’apprécierais beaucoup que l’Arabie Saoudite fasse
l’introduction en bourse d’Aramco au New York Stock Exchange. Important pour
les États-Unis!
Une introduction
du conglomérat pétrolier Aramco à la Bourse de New York donnera au gouvernement
des États-Unis l’autorité réglementaire et juridique sur la société la plus profitable du
monde.
La nuit dernière
également, les forces yéménites ont tiré un missile à moyenne portée depuis le
nord du Yémen vers l’aéroport de Riyad. Le tir bien ciblé de 1.000 kilomètres (660 milles) est
impressionnant et sans précédent. La défense antiaérienne saoudienne
près de l’aéroport, le système américain Patriot piloté par une entreprise
privée, a lancé quatre missiles pour intercepter le missile yéménite (vidéo). Les
Saoudiens affirment que l’un de leurs missiles a touché la cible. On a vu une
colonne de fumée sur l’aéroport (vidéo).
Il n’est pas possible de dire si la fumée a été causée par le missile original
ou par son interception.
C’est un choc pour beaucoup de
Saoudiens de s’apercevoir que la capitale saoudienne peut être touchée.
Cela décourage aussi l’investissement en Arabie Saoudite.
Les missiles
yéménites, lancés par l’ancienne armée du Yémen dirigée par l’ancien président
Saleh, pourraient venir d’Iran. Mais ils pourraient aussi être de vieux
missiles que le Yémen a achetés il y a des décennies. Les Saoudiens vont
certainement accuser l’Iran sans expliquer comment de pareils missiles
pourraient être passés en contrebande malgré le blocus serré qu’ils
maintiennent autour du pays tenu par la résistance.
Le lancement des
missiles n’a sans doute pas de lien avec la démission de Hariri, ni la
purge à Riyad. Il faut des jours aux Yéménites pour préparer un tel missile et
son lancement. Il a été lancé probablement en représailles à l’attaque aérienne
saoudienne dévastatrice de mercredi sur un marché ouvert dans la province du
Yémen, au nord de Saada. Selon des sources yéménites, plus de 60 personnes ont été tuées. Après
le lancement du missile sur Riyad, les avions saoudiens ont de nouveau bombardé
la capitale yéménite Sanaa.
Depuis que
l’incapable roi Salman est sur le trône de Riyad, son fils sans foi ni loi de 32 ans, Mohammad bin
Salman, a pris le contrôle de toutes les institutions d’Arabie saoudite. Les Saoudiens ont lancé une
guerre contre le Yémen sans défense et ont soutenu Al-Qaïda, l’EI et d’autres «
rebelles » contre les gouvernements irakien et syrien. Il a divisé le
Conseil de coopération du Golfe en attaquant le Qatar. Maintenant qu’il est
dans une impasse au Yémen et au Qatar et qu’il a été vaincu en Irak et en
Syrie, il s’attaque au Hezbollah libanais. Aucune
de ces initiatives meurtrières n’a atteint son objectif, à savoir
diminuer l’influence de l’Iran qu’il considère comme son pire ennemi. Au
contraire, tout ce qu’il a fait a aidé l’Iran à consolider sa position.
La situation financière de l’État saoudien est
catastrophique. Sous les applaudissements de la clique occidentale,
Bin Salman a annoncé la libération économique, sociale et religieuse de
l’Arabie Saoudite. Mais peu pour ne pas dire aucune de ces grandes promesses
n’ont été tenues.
On peut attribuer la purge d’hier à la panique.
Tous les efforts de Bin Salman ont échoué. Le tir yéménite réussi sur
l’aéroport de Riyad ne fait que souligner ses échecs. Il est sous pression mais
incapable d’obtenir le moindre résultat positif. La résistance interne contre
lui grandit.
Quand Hitler a lancé la Nuit des
Longs Couteaux contre les socialistes de son parti, son pouvoir
politique était sur la courbe ascendante. Le pays était en paix, sa position
internationale s’affirmait, l’économie était en plein essor et la majorité du
peuple le soutenait. Le remake de Bin Salman de cette nuit se produit alors que
ses initiatives échouent l’une après l’autre. Il est peu probable que sa
dernière initiative pour consolider son pouvoir soit davantage couronnée de
succès.
Moon of Alabama | Novembre
05, 2017
Article
original: http://www.moonofalabama.org/2017/11/saudi-purge.html#more
Traduction : Dominique Muselet