Plutôt que de frappes contre l’«État islamique», Obama
frappe un coup contre ses ennemis politiques américains et leurs armées de mercenaires.
Aujourd'hui, chaque fois que nous lisons un rapport sur un tel événement, nous devons lire entre les lignes et utiliser notre connaissance pour comprendre ce qui se passe exactement dans les coulisses, pour deviner ce qui réellement provoqué
cet événement.
Nous soupçonnons fortement que ces frappes aériennes sont
contre les actifs de la CIA/Israël qui font partie du groupe qui, à dater de
2001, contrôlent les services spéciaux de Kadhafi, avec Dick Cheney agissant
de facto comme « gouverneur général » de la Libye. Ce groupe américain a mis en place "des
prisons", qui sont en fait, des centres
de transit pour les terroristes sous contrôle. Le cas le plus flagrant et le plus connu est celui du chef d'Al-Qaïda en Libye, Abdel Hakim Belhadj [1].
Encore une fois, nous rappelons au lecteur que les agences
gouvernementales américaines, militaires et de renseignement ne peuvent pas
être considérées comme une entité monolithique. Elles sont divisées en factions et
cette frappe aérienne fait partie de la lutte permanente entre ces factions. Dans
ce cas précis, nous avons la faction de la Maison Blanche d'Obama frappant ses
ennemis politiques de la faction Pentagone-néoconservateurs-CIA-Israël. Nous avons vu comment cette guerre civile américaine par proxy a débuté en Syrie.
Le moment de cette frappe est important, car il vient à un moment
où les États-Unis sont au milieu d'une élection très méchante au cours de laquelle Hillary Clinton est continuellement fustigée pour son rôle dans la chute de Kadhafi en 2011.
Obama est entré dans les derniers mois de sa
présidence, alors il est capable de faire quelques mouvements contre ses
ennemis politiques maintenant, ce qu’il ne pouvait pas risquer plus tôt, d’où
cette frappe aérienne.
__________
Selon la BBC
Les États-Unis ont mené des frappes aériennes sur les
positions du soi-disant État islamique (IS) en Libye, suite à une demande par
le gouvernement soutenu par l'ONU là-bas, dit de Pentagone.
Les frappes ont visé des positions dans la ville portuaire
de Syrte, bastion d’ISIS/Daech.
Le Premier Ministre Libyen, Fayez Sarraj, dans un discours
télévisé, a déclaré que les frappes ont provoqué "de lourdes pertes".
Les puissances occidentales sont devenues de plus en plus préoccupées
par la présence croissante d’ISIS en Libye.
Ces frappes aériennes sont les premières à être coordonnées
avec le gouvernement d'unité libyenne.
Il y a eu deux attaques américaines précédentes sur des
cibles en Libye - Février dernier, et en Novembre.
Le Pentagone a
déclaré que les frappes de lundi ont été autorisées par le président Barack
Obama, pour appuyer les forces gouvernementales libyennes actuellement en lutte
contre les mercenaires djihado-sionistes.
"Ces actions et ceux que nous avons pris
précédemment aideront à interdire à ISIS tout sanctuaire en Libye à partir duquel
il pourrait attaquer les États-Unis et nos alliés», a déclaré le Pentagone.
Le porte-parole du Pentagone Peter Cook, a déclaré que les frappes
ont visé des cibles précises, y compris un réservoir, en réponse à une demande
de l'administration libyenne au cours des derniers jours.
Il apparaît maintenant que les États-Unis ont officiellement
lancé une campagne aérienne soutenue pour dégrader les capacités du groupe ISIS
à Syrte. Les
djihado-sionistes y ont perdu du terrain ces derniers mois, mais les groupes
armés qui les combattent paient un lourd tribu en pertes humaines.
Une campagne aérienne avancée pourrait accélérer
l'élimination des djihado-sionistes d’ISIS et de leur base la plus importante en
Libye.
Mais les forces anti-ISIS ne sont que faiblement alliées au
gouvernement de Tripoli. Les
militaires et les milices à travers la Libye sont plus impliqués dans des rivalités
locales. Avec
ce genre de campagnes militaires, les États-Unis, et d'autres pays impliqués en
Libye, vont probablement laisser plus de problèmes que de solutions concernant la
stabilité du pays et les forces locales qu’ils soutiennent.
Les responsables occidentaux disent que le nombre de djihado-sionistes
en Libye, estimé précédemment à 6000, est en baisse grâce à l'action
gouvernementale et à la pression des autres milices.
M. Cook a estimé à moins de 1000, le nombre de terroristes
islamistes sionistes resté à Syrte, et a déclaré qu’aucune force américaine n’était
sur le terrain dans le cadre de "cette opération".
A qui profitent vraiment les frappes aériennes américaines en Libye ?
Combattre
Daesh ou empêcher «la vieille garde» de l’époque Kadhafi de reprendre
le pouvoir ? La journaliste Hafsa Kara-Mustapha songe à la véritable
motivation des actions militaires américaines en Afrique du Nord.
Des manifestations ont éclaté en Libye le mois dernier à cause des opérations militaires françaises menées dans le pays sans le consentement des autorités locales. Lundi, les responsables libyens ont annoncé en grande pompe et avec beaucoup de fierté que les États-Unis avaient commencé à bombarder Syrte.
Ce
centre urbain de la côte libyenne, ville natale de Kadhafi, s’est
transformée en une forteresse après que ce dernier en a été repoussé en
2011.
Dans quel gâchis vit la Libye aujourd’hui. Ses dirigeants
corrompus, promus à la tête du pays à l’aide d’une attaque brutale de
l’OTAN ayant transformé un pays autrefois stable en l’une des plus
grandes zones de troubles en Afrique, se félicitent maintenant des raids
de bombardement sur la ville détruite.
Alors que le but de
l’opération est difficile à saisir, étant donné que les combattants de
Daesh sont dispersés, le raid intervient à un moment intéressant.
Depuis
l’éviction de Kadhafi et la chute rapide du pays dans le chaos et
l’anarchie, de nombreux Libyens voulaient voir le retour de la vieille
garde, connue sous le nom de «Libyens verts» – en référence au manifeste
et au drapeau du leader tué – de l’époque de la république populaire ou
«Jamahiriya».
Le retour des «Verts» au premier
plan politique a été problématique pour ces Libyens qui sont au pouvoir
grâce à l’OTAN et qui ont entre temps vidé les caisses du pays.
Les
dirigeants précédents s’étant écroulés sous le poids d’une campagne de
bombardement de six mois, les banques et les entreprises d’Etat ont été
perquisitionnées par les nouveaux fonctionnaires approuvés par
l’Occident pour prendre la relève. Dans les derniers jours de l’ère
Kadhafi, ils se sont efforcés de vider le pays de sa grande richesse,
d’en envoyer une grande partie vers des comptes étrangers, où cet argent
repose encore aujourd’hui.
Comme les Libyens exigent le retour du
pouvoir précédent, le nouvel ordre est nerveux. Sans doute un retour
des «Verts» conduirait-il à une purge dans les rangs du gouvernement,
parmi tous ceux qui ont collaboré avec la coalition occidentale qui a
transformé la Libye en un tas de ruines et plusieurs de ses villes en
des places détenues par Daesh.
Un retour à l’ordre précédent
indiquerait également que ce qui a été salué comme une «révolution pour
renverser un brutal tyran» était une opération de propagande uniquement
destinée à changer de régime et donner une chance aux capitales
occidentales de délester le pays africain d’une grande partie de ses
précieuses matières premières – à savoir le pétrole.
Le message destiné à la communauté internationale est clair : les Libyens veulent à nouveaux voir les «Verts» au pouvoir
Le
fils de Kadhafi, Saif, qui était en captivité à Zintan depuis plus de
cinq ans et qui se serait libéré en avril, est présenté comme un acteur
de premier plan pour l’avenir de la Libye depuis qu’il a été révélé que
ses ravisseurs l’auraient gracié après l’avoir condamné à mort au sein d’un tribunal de Tripoli.
Le message destiné à la communauté internationale est clair : les Libyens veulent à nouveaux voir les «Verts» au pouvoir.
La
présence de l’armée française en Libye – révélée seulement après la
mort de trois soldats français – et le raid de bombardement à Syrte,
indique toutefois que les autorités soutenues par l’ONU cherchent à
contrecarrer les efforts ayant pour but de remettre les partisans de
Kadhafi aux commandes.
Il y a peu de raisons apparentes pour un
raid de bombardement, insiste l’universitaire libyen Mabrouk Derbesh.
«Ces bombardements sont inutiles puisque Daesh a presque été vaincu à cet endroit», a-t-il ajouté.
D’autres
sources, en Libye, insistent sur le fait que ce raid est organisé pour
aggraver le chaos ambiant et plonger le pays encore un peu plus dans ses
conflits internes. «N’est-ce pas étrange que, chaque fois que nous
avons l’impression de voir une lueur au bout du tunnel, les pays
occidentaux viennent nous bombarder ?»
Une intervention occidentale ou une escalade
De
nombreux Libyens sentent qu’une présence militaire occidentale ne peut
qu’exacerber les tensions existantes. Comme la situation a empiré,
beaucoup de Libyens se sont rendus compte que la seule façon de s’en
sortir serait de concentrer les efforts sur une politique commune pour
extirper les forces terroristes qui viennent de l’extérieur et de se
rallier à un leadership consensuel. La première s’est avérée être
populaire, mais la seconde est plus problématique. Avec le retour des
«Verts», d’une force formidable, beaucoup de ceux qui étaient auparavant
hostiles à l’ordre ancien, se retourne vers lui, y voyant la seule
alternative crédible.
Ces attaques sur Syrte ne feront que
ralentir le processus et dérailler de la voie vers l’unité nationale,
déjà jonchée de cailloux. Mais qui bénéficie d’une Libye à la dérive ?
Les
dirigeants approuvés par l’ONU soutiennent ces raids aveugles qui ne
manqueront pas de tuer et mutiler beaucoup de gens sur le terrain,
menant à une inévitable augmentation du nombre de membres de Daesh.
L’effondrement
social a déjà transformé le pays en un paradis pour les terroristes de
Daesh et les trafiquants d’êtres humains qui ont redoublé d’efforts
durant les mois d’été et intensifient la migration sub-saharienne vers l’Europe.
Un
raid de bombardement sur les villes côtières ne peut que provoquer de
nouveaux départs du pays déjà ravagé par la guerre et l’instabilité.
Dans l’ensemble, ces opérations offrent des avantages aux puissances occidentales, tout en n’offrant rien en retour à la Libye, qui en assumera les conséquences
Dans cette tourmente
incessante, les armées françaises et américaines peuvent continuer à
fonctionner sans trop se préoccuper de ce que va dire ou faire le
gouvernement central.
Seule une forte autorité peut s’opposer à
ces violations flagrantes de la souveraineté libyenne, mais, avec un
gouvernement collaborationniste dépourvu de toute crédibilité et une
absence presque totale de l’ordre sur le terrain, les armées étrangères
peuvent continuer à fonctionner comme bon leur semble.
Il est
intéressant de noter que les premières décisions des forces américaines
et britanniques, une fois sur le sol libyen, ont été de sécuriser les
raffineries de pétrole. Que le reste du pays soit déchiré par la guerre
entre des milices continuant de se battre pour ce qui en restait, ça,
c’était secondaire ; la priorité était de préserver la production du
pétrole en cours.
Pour les Libyens, il y a peu d’avantages à ces
raids aériens. Les dirigeants actuels n’ont clairement pas le pouvoir de
s’y opposer et ont donc accepté ce qui semble être une opération de
confirmation de la présence occidentale en Libye, pays pris en sandwich
entre l’Etat arabe le plus peuplé du monde, l’Egypte, et le plus grand
pays d’Afrique et l’un des plus riches en pétrole et en gaz : l’Algérie.
Dans
l’ensemble, ces opérations offrent des avantages aux puissances
occidentales, tout en n’offrant rien en retour à la Libye, qui en
assumera les conséquences.
D’après l’universitaire Mabrouk
Derbesh, le président Obama remplit l’obligation de son Parti démocrate
pour donner plus de poids à la campagne de Hillary Clinton : «Après
tout, c’est Clinton qui a convaincu Obama
d’accepter et soutenir la guerre contre la Libye par des visites en
France et en Angleterre. Le cas de la Libye va refaire surface pendant
l’élection, c’est donc un moyen de lutter contre toute critique
concernant la Libye, qui semble être le maillon faible de [l’activité
de] Clinton en tant que secrétaire d’Etat, étant donné que la guerre en
Syrie a été soutenue par les deux partis et ne peut donc être utilisée
contre elle [Hillary Clinton] par son adversaire républicain.»
Quelle
que soit la façon de considérer cette dernière opération militaire dans
un pays arabe, elle est susceptible de mener à un nombre croissant de
victimes commodément désignés comme terroristes de Daesh, et aidant,
sans aucun doute, les politiciens américains dans leur course à la
Maison Blanche.
Comme il est d’usage, cette route sera pavée des
cadavres des Arabes et des Africains. Quelques morts de plus dans une
Libye ravagée ne fera guère de différence pour le public occidental.
Quant
aux Libyens, le prix de leur alliance avec l’OTAN devient de plus un
plus élevé, alors même que la monnaie en vigueur continue de perdre de
sa valeur.
Hafsa Kara-Mustapha