jeudi 18 août 2016

Russie - Syrie - Iran. Histoires aériennes



Histoires aériennes

Trois courtes mais intéressantes nouvelles du ciel...
  • La Douma a ratifié un accord entre Damas et Moscou permettant aux Russes de rester "indéfiniment" sur leur désormais fameuse base aérienne de Hmeymim, d'où décollent actuellement les Sukhois qui bombardent les terroristes immodérément modérés. De quoi être au centre de cette région chaque jour plus stratégique qu'est la Méditerranée orientale.
  • Moscou et Washington se rapprocheraient (le conditionnel est de mise) d'un accord en vue de bombardements conjoints sur Daech et sans doute Al Nosra autour d'Alep. Certes, il convient de rester prudent car la coopération russo-US en Syrie est un vieux serpent de mer qui n'a encore débouché sur rien ; toutefois, si cet accord est conclu, l'on assisterait grosso modo à un alignement états-unien sur le Kremlin, ce qui ne surprendra pas vraiment.
  • Peut-être le plus intéressant de tout : des bombardiers russes TU-22m3 sont actuellement présents sur la base iranienne de Hamadan d'où ils partent pour déverser leurs bonbons sur Daech, Nosra & co. Ils décollaient jusque là du sud de la Russie, car la base de Hmeymim ne dispose pas d'une piste assez longue pour accueillir ces mastodontes. Cet accord surprise et non encore divulgué permet de réduire grandement la distance (900 km au lieu de 2200 km), donc de multiplier les frappes. Surtout, il en dit long sur la force de l'entrisme russe au Moyen-Orient depuis un an. Il éclaire d'un jour nouveau l'étroite coopération irano-russe - si je ne m'abuse, c'est la première fois que Téhéran accepte des avions étrangers sur son sol - mais aussi la connivence de l'Irak, tout heureux de permettre le survol de son territoire - les Américains, présents dans le ciel irakien, ont-ils été mis devant le fait accompli par Bagdad ou ont-ils complaisamment donné leur feu vert ?
Rédigé par Observatus geopoliticus  

La présence de bombardiers russes à Hamadan renforce le rôle de l’Iran au Moyen-Orient

Les autorités russes et iraniennes ont confirmé mardi le déploiement de bombardiers russes à long rayon d'action sur la base de Hamadān. Sputnik a contacté deux généraux de brigade à la retraite, Jean-Vincent Brisset et Dominique Trinquand, pour obtenir leurs points de vue sur cette décision.
Dans une interview accordée à Sputnik, MM.Brisset et Trinquand s'expriment concernant les avantages stratégiques pour la Russie, ainsi que les avantages politiques pour l'Iran, offerts par le déploiement de bombardiers russes sur la base iranienne de Hamadan.
Selon M.Brisset, ce déploiement veut dire "que les relations entre la Russie et l'Iran ont atteint un niveau extrêmement élevé":
"Le déploiement d'un tel matériel militaire — avec tout ce que cela comporte comme logistique et autre — nécessite des accords politiques de très hauts niveaux", explique le général.
Selon lui, il s'agit bien évidemment, du changement de zone tactique, voire de zone stratégique, ce qui veut dire qu'il y a maintenant un accord entre les Etats-Unis, la Russie et l'Iran sur ce sujet:
"Sur le plan technique, opérationnel et pratique, le fait que ces avions soient basés en Iran, c'est-à-dire beaucoup plus près de la zone d'action potentielle, leur permet d'avoir des charges d'armement —en particulier au nord de l'Irak — beaucoup plus importantes que les charges d'armement qu'ils auraient au départ d'autres terrains, en particulier pour le TU-22".
Su-34
En conclusion, M.Brisset insiste sur le fait qu'un tel état des choses veut dire que l'Iran rentre dans le Concert des nations comme un pays responsable et capable de servir de base à des opérations contre des gens qui sont, là aussi, rejetés sur la scène internationale. Cette "rentrée" dans le Concert des nations que l'Iran effectue, bien évidemment, "avec l'approbation de la Russie, mais aussi, très techniquement, avec une approbation des États-Unis".
"On a une normalisation de l'Iran qui se place du côté de ceux qu'on estime être les bons, contre les mauvais, dans le Concert des nations", estime le général.
En exprimant son point de vue sur le sujet en question, le général de brigade à la retraite Dominique Trinquand déclare qu'il s'agit de la nouvelle position de l'Iran dans le contexte du Moyen-Orient.
"Après les accords sur le nucléaire Iranien — qui rendent petit à petit l'Iran plus fréquentable par les autres puissances — cette fois-ci la présence directe de moyens russes sur le sol iranien dans le contexte de la lutte contre Daech marque que l'Iran joue un rôle de plus en plus central dans les crises du Moyen-Orient," conclut l'interlocuteur de Sputnik.

Ainsi les généraux français considèrent cette première qui a lieu depuis la révolution de 1979 comme un retour de l'Iran sur la scène internationale, en acceptant des troupes étrangères sur son sol.

Source : Sputnik