« Au moment où
le ministre des affaires étrangères britannique, Lord Balfour, donna sa
promesse au mouvement sioniste en 1917 d’établir une patrie pour les juifs en
Palestine, il ouvrit la porte à un conflit sans fin qui engouffrerait bientôt
le pays et son peuple. »
« Les villageois palestiniens furent déshumanisés afin
d’en faire des ‘cibles légitimes’ pour la destruction et l’expulsion… »
« De fait, si vous étiez un juif sioniste en 1948, ceci
ne voulait dire qu’une seule chose: implication totale dans la des-arabisation
de la Palestine. »
~ Ilan Pappe, 2006 ~
Voici ce
que nous écrivions en préambule de la traduction d’une
analyse de Gilad Atzmon sur Ilan Pappe en mai 2013, l’auteur de l’article
ci-dessous nous rejoint pour faire remarquer l’interchangeabilité de la
situation entre les Palestiniens et avant eux, les Amérindiens (du nord et du
sud), Les Aborigènes d’Australie, la Maoris de Nouvelle-Zélande, les peuples et
nations originels d’Afrique du Sud, malheureusement toujours d’actualité:
« Excellente
analyse de G. Atzmon. Stupéfiant de constater également que les ressorts du
colonialisme sont identiques partout. Remplaçons les mots
« Palestine » et « Palestiniens » par
« indigènes », « natifs », « indiens,
« amérindiens » ou tout autre peuple colonisé, et nous nous
apercevons avec effroi que les fondements racistes et suprémacistes sont
identiques. Les sionistes pratiquent en Palestine les vieilles recettes
coloniales de contrôle et de construction hégémonique que les autres nations
coloniales ont appliquées à partir de 1492 avec l’effet génocidaire que nous
connaissons…
Plus au
sujet de la colonisation bientôt sur ce blog… »
— Résistance
71 —
Dix
mythes au sujet d’Israël: Génocide et racisme démasqués
Revue du
dernier livre de l’historien
israélien Ilan Pappe par Irwin Jerome le 21 mai 2017
url de
l’article original : http://www.globalresearch.ca/ten-myths-about-israel-genocide-and-racism-unmasked/5591225
~ Traduit de
l’anglais par Résistance 71 ~
Est-ce
qu’Israël et son tristement célèbre mur de la séparation (NdT: mur de
l’apartheid) est représentatif d’un état démocratique moderne évoluant, fondé
sur des principes et des enseignements bibliques, comme appliqués envers le
peuple palestinien, originel de l’endroit appelé Palestine, ou n’est-ce qu’un
exemple de plus d’un de ces états d’apartheid, de nettoyage ethnique possédant
les mêmes tendances racistes et génocidaires des puissances coloniales
impérialistes du XIXème siècle, comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et
l’Afrique du Sud, qui envahirent jadis également des terres où vivaient
ancestralement des peuples et nations indigènes et commirent une destruction
sans nom à leur égard, détruisant leurs modes de vie, déportant leurs
survivants dans des “réserves” ou des états de styles du Bantoustan afin d’y
être éventuellement ignorés puis oubliés?
Le
professeur d’histoire Ilan Pappe, un des historiens les plus radicaux
d’Israël, qui enseigne et écrit maintenant depuis son exil [en
Grande-Bretagne], répond amplement à ces question dans son dernier livre “Ten
Myths about Israel”. Ouvrage ne faisant que quelques 148 pages, mais un
chef-d’œuvre historique qui se lit comme une épopée volumineuse, offrant des
réflexions et des témoignages d’archives éloquents, clairs, concis, sans
faille, au sujet de la véritable histoire indigène de la Palestine, des
Palestiniens et du nettoyage ethnique dont ils sont les victimes aux mains des juifs
depuis la Nakba (NdT: la “catastrophe” en arabe) de 1948.
La Nakba, un
temps où: 700 000 arabes palestiniens furent violemment expulsés de leur terre
; 400 à 600 villages furent pillés et/ou détruits et 11 des 12 villes majeures
détruites, ce qui annihila de fait toute vie urbaine en Palestine. Pour les
Israéliens, ceci correspond à leur “déclaration d’indépendance” ; mais
pour les Palestiniens arabes, ceci est simplement connu sous le triste vocable
du “temps de la catastrophe” (Nakba), qui quelques 60 ans plus tard,
en 2008, mena à la guerre de Gaza et à l’opération “Plomb Durci” d’Israêl, qui
tua plus de 1400 Palestiniens, dont 107 d’innocentes victimes civiles, suivie
plus tard par l’Opération “Protective Edge”, qui tua plus de 2300 Gazaouis dont
1492 civils non combattants dont 551 enfants et 209 femmes, laissant plus de 10
000 Palestiniens blessés dont 3371 enfants ; opération qui détruisit quelques17
000 maisons et en détruisit partiellement plus de 30 000 autres.
De tels faits et
statistiques sont tirés des écrits de Pappe et ce qui les causa, donne au monde
une plateforme importante pour le XXIème siècle de laquelle nous pouvons à la
fois regarder en arrière et vers le futur, vers les véritables origines
historiques et l’identité de non seulement Israêl et le sionisme, mais aussi
des peuples arabes indigènes du moderne Eretz Israel, ainsi que des états
contemporains similaires de biens des puissances coloniales et impérialistes de
longue date et de leur propre traitement des peuples indigènes vivant sur leurs
terrres {NdT: usurpées) et dont les territoires et ressources naturelles
continuent aujourd’hui d’être convoités et exploités par ces puissances
mondiales le tout dans le but de l’expansion et de la construction perpétuelle
de leur empire.
Avi
Shlaïm du journal britannique du “Guardian” déclare Ilan Pappe être “un
des rares élèves israéliens du conflit de Palestine qui écrit au sujet de la
version palestinienne de l’histoire et ce avec une véritable connaissance des
faits et une certaine et véritable empathie.” Le magazine du New Statesman
reconnaît Pappe être “Avec Edward Saïd, l’écrivain le plus éloquent sur
l’histoire palestinienne”. John Pilger, célèbre journaliste d’enquête
australien nomme Pappe “l’historien le plus brave, honnête et incisif
d’Israël”, tandis que l’auteur de ces lignes voit Pappe plus comme le I.F.
Stone ou le Howard Zinn israélien, osant exposer et élucider du côté obscur
d’Israël l’histoire sordide que très peu d’autres ont osé même toucher.
En cela, quoi
qu’on en pense, “Ten Myths about Israel” va très loin dans le
démembrement de la fausse information et de la désinformation ainsi que de la
mythologie qui est quotidiennement propagée par les Dr La Pirouette de la
pressetituée occidentale, qui essaient de continuer à faire croire cette
mythologie telle que: “La Palestine était une terre vide d’habitants”, que
“les juifs étaient un peuple sans terre”, que le “sionisme est le judaïsme”,
que le “sionisme n’est pas un colonialisme”, que “les Palestiniens ont
volontairement quitté leur terre/patrie en 1948”, que “ la guerre de 1967 était
une guerre sans choix”, qu’”Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient”,
que “les accords d’Oslo de 1993 furent un véritable processus de paix”, que “de
la seconde Intifada des années 1980 commença un mouvement terroriste contre
Israël” et que finalement “La victoire du Hamas dans les élections de 2006
commença un mouvement terroriste à l’encontre d’Israël.”
Les étudiants en
civilisation occidentale, ayant connaissance de politiques génocidaires
similaires et de mythologies perpétrées dans des pays comme les États-Unis, le
Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, contre leurs
propres peuples indigènes, qui ont supporté l’impact de l’impérialisme et du
colonialisme occidental et soufferts la même perte d’auto-détermination,
d’indépendance nationale et du “droit de retour et de réclamer leur héritage
ancestral”, reconnaîtront instantanément dans les écrits de Pappe les mêmes
schémas culturels qui se répètent dans l’Israël moderne.
Longtemps après
le fait du quand les peuples indigènes ont finalement été conquis (NdT: tous ne
l’ont pas été, notamment en Amérique du nord où la notion de “conquête” est une
vue de l’esprit et un narratif exclusivement colonial…) et privés de la plupart
sinon de tous leurs territoires ancestraux et de leurs ressources naturelles,
qui que soit l’envahisseur / agresseur , celui-ci s’en sort toujours en faisant
peu ou prou les mêmes réponses aux questions posées. Peu importe l’étendue de
la destruction, du viol, du meurtre, des assassinats et des massacres qui
furent commis contre les peuples et nations indigènes en question, une fois le
chaos perpétré se dissipant et que l’affaire devient un point rhétorique, les
envahisseurs et bourreaux en arrivent toujours à engager un débat pour enclencher des “actes de réconciliation”, des déclarations publiques
“d’excuses” et des appels pour des “réparations”. Mais malgré parfois les
bonnes intentions, tout ceci ne sonne que trop souvent bien creux. Mais même là,
par les très nombreux problèmes que soulèvent Pappe au sujet de l’attitude des
plus racistes des gouvernements successifs israéliens envers les Palestiniens
et les Arabes et le déni de toute faute et de tout acte malveillant concernant
leurs actes abominables, des mots d’excuses israéliens sont encore bien loin
d’être prononcés.
Mais, comme le
fait remarquer Pappe, le bon côté réside dans le fait que dans la société
civile existante, à la fois du côté israélien que du côté palestinien, les gens
parlent de ce que leur leadership politique refuse, ignore ou néglige de placer
au centre de leur agenda national. Ils savent aussi, que malgré les réticences
qui existent parmi les gens les dissuadant d’en parler, la majorité des juifs
et des palestiniens savent exactement ce qu’il s’est passé sur le terrain
pendant bien des décennies depuis 1948. Ils ne sont pas, comme le déclare à
juste titre Pappe, “sourds à tous ces cris, cette douleur et dévastation de
ceux qui ont été tués, violés ou blessés depuis 1948, arrêtés, mis en prison
dans les années 1950… massacrés dans le village de Kafir Qassim en 1956… ou
lorsque des citoyens de l’état furent assassinés par l’armée simplement parce
qu’ils étaient Palestiniens…
Ils savent au
sujet des crimes de guerre commis durant la guerre de 1967 et les bombardements
des camps de réfugiés en 1982… Ils n’ont pas oublié les abus physiques infligés
à la jeunesse palestinienne dans les territoires occupées dans les années 1980…
Les juifs israéliens ne sont pas sourds et peuvent toujours aujourd’hui
entendre les voix des officiers ordonnant l’exécution de gens innocents et les
rires des soldats présents et témoins de la scène… Ils ne sont pas non plus
aveugles.. Ils ont vu les restes des 531 villages palestiniens détruits et des
voisinages en ruines…
Ils voient ce
que tout Israélien peut voir mais que la plupart, choisit de ne pas voir… Les
restes de villages sous les maisons construites des kiboutzim et sous les
sapins des forêts du Fond de la Jeunesse Juive. Ils n’ont pas oublié ce qu’il
s’est passé même si le reste de leur société l’a… Peut-être à cause de tout
cela comprennent ils pleinement la connexion entre le nettoyage ethnique de 1948
et les évènements qui s’ensuivirent jusqu’à aujourd’hui… Ils refusent aussi
d’ignorer la connexion évidente entre la construction du mur et de la politique
plus large du nettoyage ethnique…
Les expulsions
de 1948 et l’emprisonnement du peuple derrière les murs aujourd’hui sont les
conséquences inévitables de la même idéologie ethnique raciste… Dans et hors d’Israël, des ONG palestiniennes comme BADIC, ADRID et Al-Awada coordonnent
leurs luttes afin de préserver la mémoire de 1948 et d’expliquer pourquoi il
est crucial d’engager les évènements de cette année là au nom du futur.
Le petit livre
d’Ilan Pappe qui parle de ces “Ten Myths about Israel” est de la
dynamite qui devrait être lu par chaque être humain de cette planète qui se
considère être membre de sa propre société civile. Plus que cela, il est encore
plus important de le lire pour ceux qui ne se sentent pas (encore) membres de
la société civile.