mercredi 14 juin 2017

Poutine : Les USA, victimes de leur folie de grandeur




"Les États-Unis ont cru faussement pouvoir diriger seuls le monde", déclare le président Poutine. (Photo d'illustration)
"Les États-Unis ont cru faussement pouvoir diriger seuls le monde", déclare le président Poutine.



Oliver Stone (G) a eu quasiment 50 heures d'entretien avec Vladimir Poutine (D), lors de douze rencontres qui s'étalent sur deux ans à travers la Russie. ©Showtime

Selon le président russe, "les États-Unis sont tombés dans le piège de leurs illusions": "Après l'effondrement de l'Union soviétique, les États-Unis se sont hissés en porte-étendard du monde civilisé et ont cru pouvoir diriger seuls le monde. Or, les complications n'ont pas tardé à apparaître et à remettre en cause cet excès de confiance." 
Sputniknews qui rapporte cette information ajoute: "Après l'écroulement de l'URSS, les États-Unis se sont leurrés puisqu'ils ont cru être les seuls à pouvoir prendre le gouvernail et à diriger le monde. Ils se sont crus en droit d'agir de leur propre chef sans avoir un jour à rendre des comptes. Or ce fut là, le grand piège dans lequel les États-Unis sont tombés. Placé dans un tel contexte, n'importe quel pays ou individu pourrait finir par commettre des erreurs, car placé dans cette logique, on se croirait indépendant au point de croire ne plus avoir besoin de points de vue d'autrui, de ne plus avoir besoin de dialoguer avec." 
Les analystes politiques relèvent d'ailleurs l'impasse dans lequel se trouvent les États-Unis. 
Les États-Unis se sont piégés au Moyen-Orient dans une série de relations triangulaires, où chaque progrès relatif dans une direction entraîne un recul dans une autre, et ce pour le plus grand bénéfice de la Russie. Washington a longtemps profité de l’apparente contradiction entre son soutien massif à Israël, d’une part, et ses relations privilégiées dans le monde arabe, d’autre part.
En effet, les dirigeants arabes, sur le modèle de l’Égyptien Sadate, étaient plutôt tentés de se concilier avec les faveurs américaines, afin de contenir Israël, que par la posture inverse. C’était l’ère de la Pax Americana et d’une hégémonie faussement bienveillante. Mais l’invasion de l’Irak par George W. Bush et puis la politique syrienne d’Obama ont dégradé cette position dominante, enlisant les États-Unis dans une série de relations à somme nulle. Les politiques de Donald Trump ne font qu’aggraver cette situation, dont la Russie bénéficie directement. Le cas de la crise Qatar/Arabie est un exemple.
"Trump a été incapable de relancer les relations avec l’Arabie saoudite, marquées par la défiance sous Obama, sans compromettre en retour un partenariat multiforme avec le Qatar. La campagne déclenchée par Riyad et Abou Dhabi contre Doha, juste après la visite de Trump en Arabie, a été encouragée par la Maison Blanche.
Or, le Qatar offre gracieusement aux États-Unis la base stratégique d’Al-Udeid, essentielle dans la lutte contre Daech, où des milliers de militaires américains sont stationnés. Au lieu de prendre l’initiative d’un apaisement dans la crise entre les pétromonarchies, Washington laisse le Koweït pour l’heure en première ligne d’une éventuelle médiation. La Russie ne pouvait rêver d’un environnement plus favorable pour pousser ses intérêts dans le golfe Persique. L’engagement de la Turquie en faveur du Qatar fait aussi le jeu de Moscou, soulignent les analystes. 

Les États-Unis ont «nourri» al-Qaïda et financé les terroristes tchétchènes

Selon Poutine, les Etats-Unis ont «nourri» al-Qaïda et financé les terroristes tchétchènes 
D'après le président russe, les États-Unis portent la responsabilité de la montée d'al-Qaïda à cause de leur ingérence en Afghanistan contre l'Union soviétique. Vladimir Poutine a aussi dénoncé le soutien américain aux islamistes tchétchènes.
Dans le premier épisode du documentaire d'Oliver Stone sur le président russe qui sera diffusé le 19 juin sur la chaîne américaine Showtime, Vladimir Poutine dénonce les agissements américains en faveur de groupes islamistes, et les conséquences désastreuses parfois non-anticipées de ces politiques. 
«La naissance d'Al-Qaïda n'est pas de notre fait. Elle est liée aux activités de nos amis américains. Tout ceci a commencé lors de la guerre d'Afghanistan menée par l'Union soviétique, lorsque les services américains ont soutenu différents mouvement fondamentalistes musulmans dans leur lutte contre les troupes soviétiques en Afghanistan», a déclaré Vladimir Poutine à Oliver Stone, ajoutant que le camp américain avait «nourri d'eux-mêmes al-Qaïda et Oussama ben Laden».
Washington aurait dû prévoir que soutenir les islamistes aurait des conséquences néfastes pour eux, a estimé le président russe. «Cela se passe toujours comme ça. Notre partenaire américain aurait dû être au courant», a-t-il déclaré.
Néanmoins, le dirigeant a rappelé que Moscou avait soutenu les États-Unis après les attentats du 11 septembre. En solidarité, la Russie a même annulé des exercices militaires qui devaient se tenir quelques jours après les attaques. «Dans ce genre de situation, les victimes ont besoin d'un soutien moral et politique. Nous avons voulu montrer ce type de soutien», a révélé Vladimir Poutine.

Quand la CIA qualifiait le terrorisme tchétchène d'«opposition»

Vladimir Poutine a accusé les États-Unis d'avoir encouragé publiquement et d'avoir financé sous le manteau des groupes islamistes dans le nord du Caucase durant les deux guerres de Tchétchénie, assurant que la CIA était en contact avec les terroristes qu'elle considérait comme une «opposition» à Moscou.
«Si nous parlons de soutien politique, il n'y a pas besoin de fournir de preuve. Cela a été fait publiquement, de manière ouverte. Et si nous parlons de soutien financier, nous possédons des éléments que nous avons déjà fourni à nos collègues américains», a déclaré le président russe.
Après avoir alerté George Walter Bush concernant ce soutien américain, Moscou a reçu un courrier de la CIA stipulant que l'organisation estimait «avoir le droit de maintenir des relations avec tous les représentants de l'opposition». Pour Vladimir Poutine, «il était évident qu'il ne s'agissait pas [seulement] de groupes d'opposition mais aussi d'organisations terroristes».

«La politique américaine sur la Russie n'est pas tournée vers l'avenir»

Abordant la problématique des relations bilatérales actuelles entre les États-Unis et la Russie, le président russe a assuré que si la stratégie américaine visait à déstabiliser son économie et à renverser son gouvernement, celle-ci ne serait que court-termiste.
«Je pense que c'est une mauvaise politique car ces relations avec la Russie ne sont pas tournées vers l'avenir. Les gens qui pensent comme ça ne voient pas plus loin que les 23-50 prochaines années», a déclaré Vladimir Poutine, ajoutant que toute tentative de «vassalisation» de la Russie aurait des conséquences néfastes.
«Dans une telle situation, où un homme ou un pays commence à faire des erreurs... L'Etat commence à défaillir, les erreurs s'enchaînent. C'est le piège dans lequel, je crois, sont tombés les Etats-Unis», a-t-il conclu.

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