samedi 4 mai 2024

Emmanuel Todd et la question antisémite

On en reste à Todd pour la polémique que son succès et sa réflexion allaient nécessairement alimenter sans le vouloir en coulisse. Il n’y a plus de question juive, il n’y a qu’une question antisémite, et Bernie Sanders (qui ose s’en prendre à l’idole des jeunes, Bibi) comme Emmanuel Todd n’y peuvent mais. Cette affaire judéo-ukraino-russe devient passionnante. Comme on sait un antisémite aujourd’hui « ce n’est plus quelqu’un qui n’aime pas les juifs mais quelqu’un que n’aiment pas les juifs » — en particulier les néo-cons aux commandes. Emmanuel Todd est donc accusé d’antisémitisme (bien que d’origine juive, etc.) car il écrit en effet sur cet affreux conflit dans sa défaite (imméritée et mensongère) de l’Occident :

« … les deux personnalités les plus influentes qui “gèrent” l’Ukraine, Antony Blinken, le secrétaire d’État, et Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État, sont d’origine juive. (…) Cette guerre, si elle présente l’avantage, dans les rêves des néoconservateurs, d’user démographiquement la Russie, ne contribuera nullement, quelle que soit son issue, à consolider la nation ukrainienne mais à la détruire. À la fin du mois de septembre 2023, la police militaire ukrainienne a ceint le pays de barbelés pour empêcher les hommes valides, écœurés par la contre-offensive inutile et meurtrière de l’été, exigée par Washington, de fuir en Roumanie ou en Pologne pour échapper à la conscription. Quelle importance ? Pourquoi les Américains d’origine juive ukrainienne qui, avec le gouvernement de Kiev, copilotent cette boucherie ne ressentiraient-ils pas cela comme une juste punition infligée à ce pays qui a tant fait souffrir leurs ancêtres ? » (p. 67). »

On laisse de côté notre point de vue, car ce sont les Russes qui tuent, désolé (ils sont la cause matérielle au sens aristotélicien de ce demi-million de morts). Ils ont été roulés dans la farine en 2004 puis en 2014, ils ont perdu « la guerre de propagande » dont parle Custine, et il ne leur reste que la guerre de conquête, où ils ont toujours excellé. Ma femme étant ukrainienne, je mets ce point d’honneur à le rappeler. On n’en serait pas là s’ils avaient su jouer aux échecs sans renverser la table.

On va s’amuser avec le commentaire d’un micro-universitaire et censeur néo-con qui bosse pour une sous-université danoise boutefeu :

« Très clairement, Todd est en train de suggérer que les élites juives américaines manipulent les dirigeants ukrainiens afin d’envoyer mourir la jeunesse ukrainienne et se venger de la Seconde Guerre mondiale. C’est très exactement le cliché antisémite du Juif manipulateur et fauteur de guerre. »

Le bougre (qui cite Philippe Roger et son livre sur l’antiaméricanisme qui « cancel » toute la culture française) ajoute :

« De même, il prétend que les russophones ukrainiens seraient par essence russes (ignorant volontairement à la fois la complexité du multilinguisme ukrainien et l’existence d’un nationalisme civique, bien documenté, en Ukraine), et atteint des sommets d’ignominie quand il s’inquiète du sort de la ville de Belgorod, “sporadiquement bombardée” par les Ukrainiens, mais sans ne jamais toucher un seul mot des brutalités commises par les troupes russes dans les territoires ukrainiens occupés, dont le massacre de Boutcha. Ce n’est ainsi pas un hasard si le livre a été élogieusement couvert par la presse officielle russe : il dit très exactement la même chose que la propagande du régime poutinien. »

Le drôle accuse aussi Todd d’antiféminisme (horresco referens [« rapporter l’horreur »]…) :

Il explique également que l’hostilité à la Russie dans certains pays pourrait venir du fait que leurs dirigeants sont des femmes, « le féminisme (…) favorisant le bellicisme » (p. 141). Il faut citer ici le passage dans son entier :

« Gardant à l’esprit l’hypothèse d’Inglehart, qui associe les femmes au rejet de la guerre, on peut imaginer chez certaines d’entre elles, placées au plus haut niveau, celui des relations internationales, une forme d’imposture : “La guerre était la chose des hommes, nous devons nous montrer aussi décidées qu’eux, ou même plus.” La supposition que je hasarde ici, c’est que ces femmes auraient absorbé inconsciemment une dose de masculinité toxique. Une analyse statistique des attitudes politiques féminines et masculines face à la guerre d’Ukraine constituerait un beau sujet de thèse : Victoria Nuland (sous-secrétaire d’État américaine chargée de l’Ukraine), Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne) et Annalena Baerbock (ministre allemande des Affaires étrangères), ces pasionarias de la guerre, représentent-elle plus qu’elles-mêmes, ou non ? Faut-il voir dans la prudence relative de Scholz et Macron une expression de masculinité » (p. 146-147).

J’en ai parlé ici dans un texte sur Orwell.

On tape alors sur le grand homme ramené à peu (les gratte-papiers du macronisme ne reculent devant rien — voyez ce qu’ils ont fait à Baudrillard ou à Godard) :

« Après la GPA comme signe de décadence sociale, Todd n’a aucun complexe à sortir le vieux cliché des femmes hystériques et agressives, et le lieu commun réactionnaire actuel du féminisme dangereux. S’il ne s’oppose pas à “l’émancipation des homosexuels”, il exprime sa réticence envers ce qu’il appelle “l’idéologie gay” qui “fait tourner la vie des sociétés autour des préférences sexuelles” (p. 60). »

Mais j’en reviens aux juifs, question d’actualité s’il en est, comme le reconnaissent Blinken et son souffleur Bibi. Des juifs et des Russes, Nietzsche écrivait dans un éblouissant et prophétique (le Journal de Dostoïevski n’est pas mal non plus, j’y reviendrai) aphorisme de Par-delà le bien et le mal :

« … les juifs sont incontestablement la race la plus énergique, la plus tenace et la plus pure qu’il y ait dans l’Europe actuelle ; ils savent tirer parti des pires conditions — mieux peut-être que des plus favorables, — et ils le doivent à quelqu’une de ces vertus dont on voudrait aujourd’hui faire des vices, ils le doivent surtout à une foi robuste qui n’a pas de raison de rougir devant les “idées modernes” ; ils se transforment, quand ils se transforment, comme l’empire russe conquiert : la Russie étend ses conquêtes en empire qui a du temps devant lui et qui ne date pas d’hier, — eux se transforment suivant la maxime : “Aussi lentement que possible !” Le penseur que préoccupe l’avenir de l’Europe doit, dans toutes ses spéculations sur cet avenir, compter avec les juifs et les Russes comme avec les facteurs les plus certains et les plus probables du jeu et du conflit des forces (§ 251). »

Politics2: News and opinion of political economy

L’imbécile pourra dire que Nietzsche est antisémite [1]. Ce n’est pas ce que me disait Léon Poliakoff dans ma studieuse jeunesse, mais bon (NDLR : « il disait avec humour : “avec Nietzsche on n’en finirait jamais…”) …

Voyons alors ce qu’écrivait Howard Kunstler sur cette question explosive il y a trois mois :

« En tant que Juif américain et connaisseur du folklore de mon peuple, j’attire votre attention sur la figure troublante du dibbouk (dih-bik), un démon désincarné qui, à cause de ses péchés, erre sans cesse parmi nous et peut entrer dans la chair d’une personne vivante, qui affligera et tourmentera alors la communauté jusqu’à ce qu’elle soit correctement exorcisée par un minian de rabbins vêtus de linceuls funéraires blancs et brandissant des serments sacrés. »

Kunstler ensuite nous dressait une liste de dibbouks de la politique :

« Ainsi, je vous présente Andrew Weissmann, avocat, le dibbouk en chef américain, présent sur la scène depuis des décennies, semant la zizanie et le malheur, à la tête d’une foule impie de dibboukim se faisant appeler Lawfare pour infester les tribunaux et s’immiscer dans les élections. Pensez-y : Michael Sussman, l’un des instigateurs du RussiaGate ; Michael Bromwich, ancien inspecteur général du ministère de la Justice (!), puis conseiller de Christine Blasey Ford (vous vous souvenez d’elle ?), David Laufman, ancien lutin du contre-espionnage du ministère de la Justice et garçon de courses de Blasey Ford, Marc Elias, ingénieur extraordinaire des opérations de récolte des bulletins de vote pour les élections de 2020 et de nombreuses farces connexes, Dan Goldman, avocat principal de la commission judiciaire de la Chambre des représentants pour la mise en accusation de Donald J. Trump… tous des dibbouks ! »

Au moins il était clair. Certes, « on » pourra toujours dire qu’Howard est un juif-antisémite passé à l’ennemi et qui pratique « la haine de soi » (idem pour Halimi en France et pour tous ceux qui ne veulent pas s’aligner sur le Bibi mort de rire).

Mais voici ce qu’écrit en English à ce sujet la revue communautaire Forward.com :

« Indeed, at least 10 prominent Jews have been nominated to key positions. There’s Ronald Klain (chief of staff); Anthony Blinken (Secretary of State) ; Janet Yellen (Treasury) ; Merrick Garland (Attorney General) ; Alejandro Mayorkas (Homeland Security) ; and Avril Haines (Director of National Intelligence). One level down are Wendy Sherman (deputy Secretary of State); Eric Lander (science and technology adviser); Ann Neuberger (deputy National Security Adviser); and David Cohen (deputy CIA director).

Plus there’s Doug Emhoff, the Jewish husband of Vice President-elect Kamala Harris. »

[« En effet, au moins 10 juifs éminents ont été nommés à des postes clés. Il y a Ronald Klain (chef de cabinet), Anthony Blinken (secrétaire d’État), Janet Yellen (Trésor), Merrick Garland (procureur général), Alejandro Mayorkas (sécurité intérieure) et Avril Haines (directeur du renseignement national). Un niveau plus bas, on trouve Wendy Sherman (secrétaire d’État adjointe), Eric Lander (conseiller pour la science et la technologie), Ann Neuberger (conseillère adjointe pour la sécurité nationale) et David Cohen (directeur adjoint de la CIA).

Il y a aussi Doug Emhoff, le mari juif de la vice-présidente élue Kamala Harris. »]

No comment, of course. [Sans commentaires, bien sûr.]

On répète Nietzsche alors pour les plus étourdis de nos lecteurs :

« Le penseur que préoccupe l’avenir de l’Europe doit, dans toutes ses spéculations sur cet avenir, compter avec les juifs et les Russes comme avec les facteurs les plus certains et les plus probables du jeu et du conflit des forces. »

03/05/2024

Par Nicolas Bonnal

Source  

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... C'est la fin

     Les législateurs de la Chambre des représentants ont voté massivement mercredi en faveur d’une législation ordonnant au ministère américain de l’Éducation d’envisager une définition douteuse de l’antisémitisme, malgré les avertissements de groupes dirigés par des Juifs selon lesquels cette mesure confondait spécieusement les critiques légitimes du gouvernement israélien avec l’intolérance à l’égard du peuple juif. Les membres de la Chambre ont approuvé l'Antisemitism Awareness Act – une législation bipartite présentée l'année dernière par les représentants Mike Lawler (RN.Y.), Josh Gottheimer (DN.J.), Max Miller (Républicain de l'Ohio) et Jared Moskowitz (Démocrate de Floride). ) à la chambre basse et le sénateur Tim Scott (RS.C.) au Sénat – par 320 voix contre 91. Les démocrates progressistes et les républicains d’extrême droite se sont opposés au libellé du projet de loi. Le premier s’est opposé à l’amalgame entre la critique d’Israël et la haine des Juifs, tandis que le second s’est hérissé de qualifier les écritures chrétiennes – qui postulent que les Juifs ont tué Jésus – d’antisémites.
Tout ce que vous devez savoir sur l’Amérique d’aujourd’hui. Ensuite, il y aura le rejet massif du Nouveau Testament, puis l’adoption par la législature de la circoncision obligatoire. Le juge Napolitano a posé la question de savoir si nous sommes dans une Amérique post-constitutionnelle. Oui nous sommes. La Déclaration des droits ne veut rien dire pour la gifle d'Israël, je veux dire des États-Unis. Je n'aurais jamais pensé voir ça, mais nous y sommes. C’est un acte de honte nationale, mais là encore, les États-Unis se sont presque habitués à l’humiliation. Un de plus, un de moins, cela ne change rien.


Vendredi 3 mai 2024                      

Notes de H. Genséric

[1] "Je me contenterai ici de citer l'extrait le plus extraordinairement anticipateur de ce qui advient dans le monde à l'heure où je parle. L'extrait est tiré du tome douze de l'édition française des Fragments Posthumes. Quel autre philosophe [que Nietzsche] s'est jamais permis de telles envolées non seulement aussi eugénistes, mais aussi ouvertement suprémacistes :

"Il y aura dorénavant des conditions initiales favorables à la formation d'organismes de dominations plus vastes, tels qu'il n'y en eut jamais de semblables. Et ce n'est pas encore le plus important; il est devenu possible qu'apparaissent des associations eugéniques internationales, qui se donneraient  pour tâche d'élever une race de maîtres, les futurs "maîtres de la terre" ; une nouvelle et prodigieuse aristocratie, fondée sur la plus dure autolégislation, dans laquelle il sera donné à la volonté des violents dotés de sens philosophique et des artistes-tyrans une durée qui s'étendra sur des millénaires : - un type d'hommes supérieurs qui, grâce à la prépondérance de leur volonté, de leur savoir, de leur richesse et de leur influence, se serviraient de l'Europe démocratique comme de leur instrument le plus docile et le plus souple pour prendre en main les destins de la terre, pour travailler en artistes à former l'homme lui-même." 

On     a  là un portrait tout craché de Bill Gates, des Klaus Schwab, des Tedros Ghebreyesus, des Mark Zukerberg, des Jeff Bezos, des Peter Thiel, etc. : de la fine fleur de l'oligarchie transhumaniste, qui pèse d'un poids si écrasant sur nos vies."

Par Mehdi BELHAJ KACEM :
Nietzsche et la psychose occidentale. Du nazisme au transhumanisme. Page 85.

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PDG de BlackRock : le dépeuplement est une bonne chose car les robots remplaceront les humains

"Je peux affirmer que dans les pays développés, les pays dont la population est en déclin en bénéficieront", a déclaré Larry Fink, PDG de BlackRock, lors d'une récente table ronde du Forum économique mondial.

...   « Ces pays développeront rapidement la robotique, l’IA et la technologie. Et si la promesse de tout cela transforme la productivité, ce que la plupart d’entre nous pensent, nous serons en mesure d’élever le niveau de vie de ces pays et de ces individus, même avec une population en diminution. Ainsi, le paradigme d’une croissance démographique négative va changer, et les problèmes sociaux que l’on rencontrera en remplaçant les humains par des machines seront beaucoup plus faciles dans les pays dont la population est en déclin.
3 mai 2024

Hannibal Genséric

 

5 commentaires:

  1. La vérité étant antisémite (1), être traité d’antisémite, doit être pris comme un éloge (2) proféré par une espèce de « sémite » vivant de mensonges.

    1) La vérité est antisémite, parce que des lois amorales ont été décrétées par ces « sémites »-là, qui s’empiffrent en cachant la vérité.

    2) L’espèce de « sémite » qui traite quelqu’un d’antisémite, complimente en fait sa victime pour sa clairvoyance.

    Morale : Être traité d’antisémite, est une chouette flatterie à collectionner.

    Chantons tous l’antisémitisme en cœur ! Dévoilons le mensonge !

    Machin

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  2. Vu son origine Juive, il n'est pas surprenant que Emmanuel Todd, rejette la version de la venue du Christ sur cette terre.

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  3. Il n'y guėre que 10%, maximum, de la population mondiale qui
    est informée du mythe du sémitisme des juifs ashkénazes du nord, des travaux de Shlomo Sand, des travaux des généticiens qui ont démonté le mythe du sang sémite de la population israélienne. Quand Kissinger a lu les travaux des généticiens israéliens, sa réaction a été de dire, si tel est le cas Israël n'existera plus dans 20 ans.
    Détruire l'ignorance c'est détruire la possibilité qu'on vous mente.
    L'effort pour la diffusion au plus grand nombre de ces informations devraient être prioritaire et avoir un effet salutaire, la remarque de Kissinger va exactement dans ce sens.

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  4. « Car ce sont les Russes qui tuent » Non, ce sont les Occidentaux!

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