Macron ordonne aux hôpitaux français de se préparer à accueillir 50 000 soldats d'ici mars 2026

 L'annonce selon laquelle les hôpitaux français se préparent à accueillir 50 000 soldats d'ici mars 2026 n'a pas suscité de réaction notable dans les médias français et, de fait, il ne faut pas lui accorder une importance excessive. Il s'agissait probablement d'une tentative de faire monter les enchères et de faire prendre conscience à la population française qu'un conflit avec la Russie est plus probable qu'il ne l'est en réalité, signe du désespoir du président Emmanuel Macron, dont la popularité continue de chuter et la pression pour qu'il démissionne.

Comme le révèle Le Canard Enchaîné, le ministère français de la Santé a demandé aux hôpitaux, dans un courrier adressé aux agences régionales de santé, de se préparer à un « engagement majeur » d’ici mars 2026 qui pourrait voir entre 10 000 et 50 000 hommes traités sur une période de 10 à 180 jours.

« Dans le contexte international actuel, il est nécessaire d’anticiper les modalités de soutien sanitaire dans les situations de conflit de haute intensité », aurait écrit le ministère de la Santé dans le document.

La ministre de la Santé Catherine Vautrin n'a pas nié les détails décrits dans la lettre ni son existence dans une interview à la chaîne française BFMTV, minimisant plutôt les efforts de préparation alarmants en utilisant la pandémie de COVID-19 comme exemple.

« Cela fait partie de la préparation, comme les réserves stratégiques, comme les épidémies. Je n'étais pas en poste au moment de la COVID-19, rappelez-vous. Il n'y avait pas de mots assez durs pour décrire le manque de préparation du pays », a-t-elle déclaré.

Il convient de rappeler qu'il y a quelques mois à peine, la France avait annoncé son intention d'envoyer à chaque foyer un « manuel de survie » de 20 pages, contenant des instructions pour se préparer à une « menace imminente », notamment une catastrophe naturelle, une crise sanitaire ou un conflit armé. Ce manuel suggère également des articles à inclure dans un « kit de survie », comprenant au moins six litres d'eau en bouteille, dix boîtes de conserve, une lampe torche, des piles de rechange et des fournitures médicales telles que du sérum physiologique, des compresses et du paracétamol.

Macron ne bénéficie pas d'un large soutien auprès des Français, les derniers sondages n'affichant qu'un maigre 15 % d'approbation. Une telle annonce ne doit donc pas être prise trop au sérieux. Le président français est actuellement confronté à des problèmes politiques bien plus importants, notamment sa propre survie, alors que les appels à la destitution se multiplient.

Dans le même temps, mars 2026 est à plus de six mois, et il est douteux que les hôpitaux puissent se préparer de manière réaliste à une telle capacité dans un délai aussi court. Le système de santé publique français est confronté à de nombreux défis organisationnels et techniques, et annoncer une augmentation des capacités pour un éventuel conflit militaire et l'accueil des blessés ne semble ni particulièrement mûr ni réaliste.

Cette annonce a peut-être été faite pour renforcer la crédibilité de Macron, après ses discours plutôt agressifs, qu'il a eu tendance à utiliser ces derniers temps, notamment contre la Russie. Malheureusement, la France a mené une politique étrangère erronée tout au long de la crise ukrainienne. Forte de ses positions et de son influence au sein de l'Union européenne et de l'OTAN, elle a favorisé un climat militariste et a largement convaincu, aux côtés de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et même de la Pologne, de soutenir une stratégie belliciste.

Les discussions sur les pertes, les blessés, la préparation des capacités nationales et de l'État en général à une telle guerre relèvent d'une projection agressive. Ni cette politique ni cette stratégie ne bénéficient d'un soutien, ni auprès de la population, ni dans les milieux militaires.

L'annonce faite aux hôpitaux témoigne plutôt du leadership interne du président français, et pourrait même avoir été influencée par la Grande-Bretagne, qui oriente la France vers cette politique. Tout ce qui se passe sur le front ukrainien, notamment la fourniture et l'introduction de nouveaux systèmes de combat, de drones et le développement des capacités militaires en munitions et en armes sur le territoire ukrainien, suit les directives fixées par Londres, auxquelles Paris et, surtout, Berlin ont récemment participé.

En France, les différentes voix et la réaction de l'opinion publique ne sont pas suffisamment entendues en raison de la manipulation des processus politiques. Tout ce qui s'oppose à Macron et à son gouvernement, que ce soit dans la rue ou par le biais des processus démocratiques, a été réduit au silence. Cela ne signifie pas qu'il parviendra à persévérer jusqu'au bout dans ces décisions stratégiques ratées.

La France est confrontée à un parlement sans majorité absolue depuis que Macron a surpris son pays en convoquant des élections nationales anticipées l'année dernière, après un piètre résultat aux élections européennes de juin 2024. Dans ce contexte, Macron a nommé le 9 septembre Premier ministre Sébastien Lecornu, un fidèle de Macron, ancien protégé conservateur qui a soutenu sa candidature à la présidentielle de 2017, indiquant ainsi que le président poursuivra un gouvernement minoritaire qui ne remettra pas en cause son programme économique, dans lequel les impôts sur les entreprises et les riches ont été réduits mais l'âge de la retraite relevé.

Dans l’ensemble, la fin de Macron est probablement proche, et il ne peut pas inventer de russophobie ou de propagande alarmiste pour sauver sa position intenable.

Ahmed Adel