La version de Abdallah Amami dans son livre "Ennahda".
Abdallah Amami a été Directeur de l'ATCE (Agence Tunisienne de
Communication extérieure) au début des années 90 en France avant d'être
écarté par le RCD. Son ouvrage paru au début des années 1990 est
actuellement introuvable et rare. Cet ouvrage méconnu du grand public
revient en détails sur le parcours politique d'En Nahdha et de Rached
Ghannouchi.
Selon des observateurs politiques, son ouvrage s'est notamment basé sur des archives de la DST en Tunisie (les procès verbaux des interrogatoires des islamistes). Il évoque ainsi les 2 tentatives de renversement du pouvoir par En- Nahdha (le groupe sécuritaire 1 et 2).
Selon des observateurs politiques, son ouvrage s'est notamment basé sur des archives de la DST en Tunisie (les procès verbaux des interrogatoires des islamistes). Il évoque ainsi les 2 tentatives de renversement du pouvoir par En- Nahdha (le groupe sécuritaire 1 et 2).
"Le groupe de combat Zitouna comprend 9 membres entre 18 et 23 ans et leur chef de 28 ans.""J’ai pu écouter plusieurs mois cet enregistrement qui cherche à provoquer la haine."
Le groupe de la Zitouna : un exemple instructif .
Ces groupes que l’organisation a formés (par l’envoi en Afghanistan ou le Soudan pour compléter leur formation et acquérir l’expérience de combat sur le terrain) et dont elle a planifié l’infiltration dans des institutions sensibles [1], comme a-t-elle bougé en Tunisie entre 1990 et 1991 ?
Le groupe de la Zitouna a été démasqué lors de l’incendie de la maison du parti RCD à Bab Souika et peut être prise comme exemple.
Mostfa Ben Hassine étudiant à l’école postale … responsable du groupe de la Zitouna qui fait partie du réseau de l’organisation dans la région de Halfaouine qui comprend les groupes de combat des cartiers Azziraiaa, Alfatah, Bab Khadra, Bab Alakouas.
Chacune de ces cellules se compose de 7 à 10 jeunes formés au combat sacré (jihad) pour les maintenir dans un état d’agressivité. Le groupe se réunit 2 fois par semaine pour lui faire écouter les enregistrements émanant de l’organisation, et les informations hebdomadaires choisies par l’organisation sur l’état du pays, présenté de manière à nourrir leur haine contre la société et le pouvoir, tout en se référant à l’islam.
Le groupe de combat Zitouna comprend 9 membres entre 18 et 23 ans et leur chef de 28 ans. J’ai pu écouter plusieurs mois cet enregistrement qui cherche à provoquer la haine. Il commence par les statistiques du chômage de la presse, la position de Omar Ibn ElKhattab s’étonnant que l’homme qui ne trouve pas de quoi nourrir ses enfants ne sorte pas menacer les gens avec son sabre. Ainsi, la souffrance des gens est-elle utilisée pour nourrir la haine dans la tête de jeunes prédisposés de part leurs problèmes et âges à être des victimes de l’organisation.
[Source : "Les organisation terroristes dans le monde arabe, pages P318-319]
Ces groupe de combat se sont alors dédiés à organiser les manifestations et de programmer les « opérations de correction » visant les forces de la sécurité, les locaux du parti (RCD) et les représentants de l’administration, des maires aux chefs d’établissements scolaires, et rentrer ainsi dans une phase de violence censée aboutir à la chute du pouvoir en place. Le groupe zitouna, dans ce cadre, a œuvré durant 5 mois d’octobre 1990 à février 1991, jusqu’ à la déception de l’organisation islamiste.
Parmi ses plus importantes tâches dans le cadre de cette campagne,
l’opération du 29 octobre 1990 a été organisée à large échelle, partant de
place Barcelone dans la capitale, vers l’ambassade de France. Et de là bas,
se focalisant sur les rue adjacentes et sur les forces de sécurité qui
gardaient les bâtiments, en brûlant leurs voitures. Ces manifestations violentes se se sont
répétées les jours suivants.
Ainsi, le 2 janvier, les terroristes islamistes se sont introduits dans un poste de police à Foundok Elghala et l’ont brûlé, et le 31 janvier, ils ont failli tuer deux policiers piégés dans un cercle de feu, en jetant des cocktails Molotov à leur pieds, leur causant de très graves brulures.
Ainsi, le 2 janvier, les terroristes islamistes se sont introduits dans un poste de police à Foundok Elghala et l’ont brûlé, et le 31 janvier, ils ont failli tuer deux policiers piégés dans un cercle de feu, en jetant des cocktails Molotov à leur pieds, leur causant de très graves brulures.
[Ennahda , page 321]
Dans ce cadre, ces cellules de combat s’échangent les services et
s’appellent en renfort au besoin.
Ainsi, la cellule de Tunis a demandé l’aide de celle de la Zitouna pour
l’aider à attaquer la maison du parti rue du Sahel qui était en dehors de
son périmètre. Ainsi fut fait, et elle a demandé du renfort à son tour
de l’aide quand elle a reçu l’ordre d’attaquer la maison du parti à Bab
Souika, et ils ont reçu du renfort des cellules de Ziraia et de Bab
elkhadra, dirigées par respectivement Riadh Bouaziz et Abd Elghani
Bennour.
Le 17 février 1991, la cellule tripartite s’est avancée en deux sous-groupes, la première, au brassard rouge, pour l’attaque et la deuxième, au brassard vert, pour la surveillance arrière. Dans le bâtiment il y avait deux gardes qui ont été ligotés par terre selon les faits relatés dans leurs procès. 10 litres d’essence ont été jetés dans le local et le dernier litre sur les gardiens afin de les brûler, par Mostfa Ben Hassine.L’un des gardiens est mort et l’autre a écopé de graves séquelles durables. Ensuite, les attaquants se divisent en petits groupes dans des directions différentes, Mostfa Ben Hassine, Ridha Elaouini et Elies Ben Romdhane vont au domicile de ce dernier à Souk Ennhas où les trois vont faire la prière du matin.
A noter que la dimension terroriste, formant ces cellules de combat, est
dans les attributions de chaque région, sous la direction centrale de
Abdallah Ezzouari à partir de l’été 1989.
[ Ennahda , page 323]
Tentative de coup d’État islamiste de 1987
"Le 30 Octobre 1987, Mr Ferjani s’est rendu à Londres afin d’obtenir «
la fatwa » (de tuer un muslman) devenue la condition de l’exécution de
l’opération du coup d’Etat. A son tour, Salah Karkar n’hésita point
et émit « la fatwa » et rajoutant même un projet de déclaration du coup d’État et des recommandations concernant la gestion de la situation
après la prise du pouvoir."
"La période qui séparait l’été 1986 et l’été 1987 fut marquée par l’arrivage d’armes."
Kamel Ghodbane assurait le chargement depuis l’Allemagne et Borni Ouertani à son tour remettait la livraison d’arme à l’organisation. Ces armes sont ensuite dispersées et stockées dans quatre endroits différents : le premier chez le Capitaine Selami, le deuxième chez le Caporal Chef Saleh Laâbidi, le troisième chez un policier dénomme Youssef El Hammami et enfin le dernier chez le douanier Borni Ouertani. De son coté, l’organisation, s’affairait pour collecter des armes locales, des pistolets et des fusils de chasse. Entre-temps, les dirigeants ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons et de dissimuler toute trace compromettante derrière eux. Mohamed Chammam est allé plus loin et a mis en place une cellule de fouille et vérification des maisons qui avait pour mission d’intervenir en cas de négligence et d’oubli de l’un des membres de l’organisation. D'un autre coté, la police, elle aussi active, a abouti à l’arrestation d’environ une centaine de dirigeants dont Rached Ghannouchi et leur comparution devant le tribunal de sureté de l'Etat.
Il est à remarquer que, en un premier temps, les incarcérations n'ont
pas touché des membres qui auraient pu mettre en danger l’organisation
du coup d’État.
En effet, les services de renseignement infiltrés, que l’organisation a elle-même enraciné au sein de l’institution sécuritaire et utilisé à ses fins, ont couvert les personnes reliées à la préparation du coup d’Etat.
Ainsi l’arrestation d’un membre dirigeant tel que le Mohamed Chamam,
considéré comme le chef d'orchestre du groupe, s’est faite seulement le
27 Octobre 1987 soit dix jours avant le jour J prévu pour l’exécution du
coup d’Etat que Sami Gharbi, Béchir Ben Ahmed et Taoufik Majri
préparaient.
" Abdallah Ghriss officier des services spéciaux et ses fidèles, leurs fournissaient des renseignements et les informaient sur le déroulement des investigations des services spéciaux"
Même l’incarcération de Chammam ne perturba point le groupe, la confiance
et la sérénité régnaient grâce à l’infiltration sécuritaire : Abdallah
Ghriss officier des services spéciaux et ses fidèles, leurs
fournissaient des renseignements et les informaient sur le déroulement
des investigations des services spéciaux.
Une autre raison pour cette confiance, est que l'appareil est à un tel point d’anonymat et de confidentialité qu'il est très difficile de l'identifier. La stratégie en grappe adoptée par les disciples de l’organisation, limite les agents de communication à un nombre réduit.
Une autre raison pour cette confiance, est que l'appareil est à un tel point d’anonymat et de confidentialité qu'il est très difficile de l'identifier. La stratégie en grappe adoptée par les disciples de l’organisation, limite les agents de communication à un nombre réduit.
"« une fatwa », était nécessaire afin de légitimer la tuerie qu'il allaient commettre"
Puis à fur et à mesure que le jour J s’approchait, s’est ajouté une nouvelle polémique relative à la croyance plutôt qu'à la confiance.
Afin de comprendre cette polémique il faut rappeler que les membres du groupe du coup d'Etat sont en majorité des exécutants, généralement limités en culture et science. Ces gens ont été recrutés en se servant de leur penchant religieux, et ils ont été formés des années durant pour qu'ils soient obéissants au doigt et à l’œil. Ils savent que leur mission implique un raid contre un nombre de casernes militaires, prendre le contrôle de plusieurs bâtiments officiels tel que le ministère de l’intérieur, le bâtiment de la Radio et de la Télévision ainsi que plusieurs sièges gouvernementaux, déclencher des émeutes, semer la panique dans les villes et à ensuite l'incursion au palais présidentiel de Carthage.
Bref, tout cela amènera à tuer.
Les officiers sensés diriger l’opération sont conscients que la prise de contrôle commencera par leurs casernes militaires et vu leur nombre réduit ils ont choisi le dimanche 8 Novembre pour exécuter leur plan. Mais même en choisissant un dimanche ils seront toujours une minorité. C'est pour cela qu’au début ils seront obligés de neutraliser leurs collègues voire, si nécessaire, de les tuer. Là, vient à l’esprit, un recueil, « Hadith » : « si deux frères musulmans auront à s’entretuer, tueur et trépassé, tous deux iront en enfer ».
C'est pourquoi, « une fatwa », était nécessaire afin de légitimer la tuerie qu'il allaient commettre.
(...) Le sujet de « la fatwa » fut abordé en Octobre 1987, lors d’une réunion qui a lieu au domicile du militaire Ahmed Hajri, domicile qui s'est transformé en pratique depuis l’été 1987 en siège secret du commandement militaire. (...) A ce moment, Chamam s’est porta volontaire pour émettre « la fatwa » sauf que le groupe lui signala qu'il y avait des personnes plus compétentes (Faqîhs) que lui en la matière (Fikih).
Entre-temps, il a été arrêté le 27 octobre, d’où la décision du recours à Salah Karkar pour qu’il émette enfin cette « fatwa » vu qu’il était le deuxième homme de l’organisation après Ghannouchi.
Afin de comprendre cette polémique il faut rappeler que les membres du groupe du coup d'Etat sont en majorité des exécutants, généralement limités en culture et science. Ces gens ont été recrutés en se servant de leur penchant religieux, et ils ont été formés des années durant pour qu'ils soient obéissants au doigt et à l’œil. Ils savent que leur mission implique un raid contre un nombre de casernes militaires, prendre le contrôle de plusieurs bâtiments officiels tel que le ministère de l’intérieur, le bâtiment de la Radio et de la Télévision ainsi que plusieurs sièges gouvernementaux, déclencher des émeutes, semer la panique dans les villes et à ensuite l'incursion au palais présidentiel de Carthage.
Bref, tout cela amènera à tuer.
Les officiers sensés diriger l’opération sont conscients que la prise de contrôle commencera par leurs casernes militaires et vu leur nombre réduit ils ont choisi le dimanche 8 Novembre pour exécuter leur plan. Mais même en choisissant un dimanche ils seront toujours une minorité. C'est pour cela qu’au début ils seront obligés de neutraliser leurs collègues voire, si nécessaire, de les tuer. Là, vient à l’esprit, un recueil, « Hadith » : « si deux frères musulmans auront à s’entretuer, tueur et trépassé, tous deux iront en enfer ».
C'est pourquoi, « une fatwa », était nécessaire afin de légitimer la tuerie qu'il allaient commettre.
(...) Le sujet de « la fatwa » fut abordé en Octobre 1987, lors d’une réunion qui a lieu au domicile du militaire Ahmed Hajri, domicile qui s'est transformé en pratique depuis l’été 1987 en siège secret du commandement militaire. (...) A ce moment, Chamam s’est porta volontaire pour émettre « la fatwa » sauf que le groupe lui signala qu'il y avait des personnes plus compétentes (Faqîhs) que lui en la matière (Fikih).
Entre-temps, il a été arrêté le 27 octobre, d’où la décision du recours à Salah Karkar pour qu’il émette enfin cette « fatwa » vu qu’il était le deuxième homme de l’organisation après Ghannouchi.
Saleh Karkar résidait à Londres ayant pu quitter le sol tunisien en
usant d’un de ces passeports vierges que Abdallah Ghriss avait
l'habitude de voler du Ministère de l’intérieur. Par la suite, il les
remettait à Hamadi Jebali qui faisait preuve de grande habileté en
matière de falsification de documents.
Ainsi Hamadi Jebali, profita en premier de cette fraude aux passeports
suivi de Karkar.
(...) Le 30 Octobre 1987, Mr Ferjani s’est rendu à Londres afin d’obtenir « la fatwa » (de tuer) devenue la condition de l’exécution de l’opération du coup d’Etat.
(...) Le 30 Octobre 1987, Mr Ferjani s’est rendu à Londres afin d’obtenir « la fatwa » (de tuer) devenue la condition de l’exécution de l’opération du coup d’Etat.
"A son tour, Salah Karkar n’hésita point et émit « la fatwa » et rajoutant même un projet de déclaration du coup d’Etat et des recommandations concernant la gestion de la situation après la prise du pouvoir." [pages 272 à 275]
Saleh Karkar émit « la fatwa » (de tuer) en partant du principe que le Djihad (guerre
sainte) est le chemin pour instaurer l’État islamique ; que c'est une
règle fixe confirmée par le texte coranique et la Sunna ; et que ceux
qui s’y opposent et exécutent les ordres du gouvernement non-croyant,
sont mécréants et doivent être combattus, même si certains le font
malgrè eux. [NdT . C'est ce qu'on appelle le takfir : si vous n'êtes pas d'accord avec nous, vous êtes des Koffars, des apostats, donc vous devez mourir. Ici Nadha, comme tous les Frères Musulmans, montrent qu'ils sont wahhabites].
(...) De retour à la Capitale le 5 Novembre, Ferjani convoqua le lendemain (le 6 novembre), quelques membres du groupe pour une dernière assemblée générale au domicile du Militaire Ahmed Hajri. Était présent le trio qui assistait Mohamed Chammam, constitué de Moncef Ben Salem, Belgacem Ferchichi et Saïd Ferjani. À leurs côtés étaient présents les militaires Ahmed Hajri, Saleh Aâbdi, Ibrahim Aâmouri, Djemââ Ouni, Abdallah Harzi, Lazhar Ben Kalifa et enfin Kamal Dhif. Pour ne pas « griller » leurs couvertures, ils avaient des alias qui sont respectivement Abdelhafidh, Yahia, Salem, Saâd, Ammar Et Hassine. Les officiers islamistes Ahmed Slaymi et Béchir Ben Ahmed étaient absents en raison des contraintes de travail.
Saïd Ferjani entama alors la réunion par un compte rendu de sa mission à Londres suivi de la présentation de « la fatwa » de Karkar. Par la suite il exposa le projet de déclaration du coup d’État où il rassure les voisins du Maghreb Arabe, l’opinion publique internationale par leur engagement à respecter les pactes et conventions internationales, et rassurant les propriétaires de capitaux sur leurs biens.
Quant à la dernière recommandation de Karkar au groupe du coup d’État, elle stipule la nécessité d'exploiter les armes mises à disposition par Mahfoudh Nahnah sur les frontières tuniso-algériennes afin de soutenir l’organisation tunisienne dans son projet de prise de pouvoir.
(...) De retour à la Capitale le 5 Novembre, Ferjani convoqua le lendemain (le 6 novembre), quelques membres du groupe pour une dernière assemblée générale au domicile du Militaire Ahmed Hajri. Était présent le trio qui assistait Mohamed Chammam, constitué de Moncef Ben Salem, Belgacem Ferchichi et Saïd Ferjani. À leurs côtés étaient présents les militaires Ahmed Hajri, Saleh Aâbdi, Ibrahim Aâmouri, Djemââ Ouni, Abdallah Harzi, Lazhar Ben Kalifa et enfin Kamal Dhif. Pour ne pas « griller » leurs couvertures, ils avaient des alias qui sont respectivement Abdelhafidh, Yahia, Salem, Saâd, Ammar Et Hassine. Les officiers islamistes Ahmed Slaymi et Béchir Ben Ahmed étaient absents en raison des contraintes de travail.
Saïd Ferjani entama alors la réunion par un compte rendu de sa mission à Londres suivi de la présentation de « la fatwa » de Karkar. Par la suite il exposa le projet de déclaration du coup d’État où il rassure les voisins du Maghreb Arabe, l’opinion publique internationale par leur engagement à respecter les pactes et conventions internationales, et rassurant les propriétaires de capitaux sur leurs biens.
Quant à la dernière recommandation de Karkar au groupe du coup d’État, elle stipule la nécessité d'exploiter les armes mises à disposition par Mahfoudh Nahnah sur les frontières tuniso-algériennes afin de soutenir l’organisation tunisienne dans son projet de prise de pouvoir.
Le premier point abordé était « La fatwa » qui fut approuvée par le
groupe et mit fin à la polémique sur la légitimité islamique de
l’assassinat des frères musulmans.
Le texte de Karkar de la déclaration du coup d’Etat, le deuxième point, fut aussi approuvé et adopté.
"En ce qui concerne l’armement, le troisième point,.., les officiers membres de l’organisation ont réussi à adapter le planning des missions quotidiennes à la base militaire de Sidi Ahmed à Bizerte..."
En ce qui concerne l’armement, le troisième point, le groupe était
d’accord sur le temps limité qui ne pouvait plus permettre la
circulation d’armes depuis l’Algérie vers la Tunisie, surtout que s’est
présentée à eux une alternative.
En effet, les officiers membres de l’organisation ont réussi à adapter
le planning des missions quotidiennes à la base militaire de Sidi Ahmed à
Bizerte, de manière à s'assurer la garde des entrepôts de munition et
d’armes le samedi 7 Novembre.
Une fois le vol d’armes accomplis ils serviront par la suite en cas de
panne à ravitailler les membres civils qui ont reçu l’ordre de se
regrouper soit dans les maisons de certains alliés ou les maisons
louées à l’occasion du coup d’État.
En réalité, Ferjani a délibérément omis le quatrième point abordé
lors de sa mission à Londres. Passer ce point sous silence peut
s’expliquer par le différent entre Karkar et lui à propos de l'après
coup d’État.
Karkar de son côté, soutenait le retrait des militaires et leur retour à
leurs casernes une fois qu’ils auront pris possession des lieux de
souveraineté et destitué le président Bourguiba que ce soit en
l’emprisonnant ou en le tuant selon les circonstances ; cédant la place
à une équipe de dirigeants civils participant au coup d’État dés la
prise du pouvoir.
(...)
Quant à Mr Ferjani, qui est militaire de formation, ayant rejoint dès 1975 l’École des Sous-Officiers suite à son échec au Baccalauréat. Il travailla durant plusieurs années à la base de Sidi Ahmed puis il se consacra aux activités d'exfiltration/infiltration et de supervision des cellules de renseignement au profit du mouvement islamique.
C’est pourquoi, il était naturel qu’un militaire comme Ferjani rejette l’idée de karkar de limiter le rôle des militaires.
(...)
"Lors de la distribution des tâches qu’implique la mission, le retrait de l'officier Abdessalam Khemiri fut enregistré"
(...)
Quant à Mr Ferjani, qui est militaire de formation, ayant rejoint dès 1975 l’École des Sous-Officiers suite à son échec au Baccalauréat. Il travailla durant plusieurs années à la base de Sidi Ahmed puis il se consacra aux activités d'exfiltration/infiltration et de supervision des cellules de renseignement au profit du mouvement islamique.
C’est pourquoi, il était naturel qu’un militaire comme Ferjani rejette l’idée de karkar de limiter le rôle des militaires.
(...)
"Lors de la distribution des tâches qu’implique la mission, le retrait de l'officier Abdessalam Khemiri fut enregistré"
Cette dernière recommandation fut omise par Ferjani et la discussion du
groupe se limita à la fatwa, la déclaration du coup d’État, et les armes
supplémentaires. Une fois ces trois points conclus, le capitaine Sami
Gharbi, membre du comité technique du coup d’État, exposa alors le plan
que cette dernière a mis au point dans sa version finale.
Lors de la distribution des tâches qu’implique la mission, le retrait de
l'officier Abdessalam Khemiri fut enregistré, il était absent de la
réunion et informa le reste du groupe de son désir d’être exempté de la
participation au coup d’État tout en confirmant son engagement à ne
point divulguer leurs secrets.
Ce fut le caporal en chef Saleh Laâbidi qui se chargea de la prise de
contrôle des casernes des renseignements militaires à Bab Saâdoun au
lieu de Abdessalam Khemiri.
Tentative de coup d’État islamiste de 1991
L’institution militaire et sécuritaire dans l’organisation ou la réalité de l’appareil spécial
Fin juin 1989, s’est tenu une réunion entre trois symboles de
l’organisation islamiste : Sadok Chourou, Ali Zeroui, et Mohamed Chammam,
dans le domicile de ce dernier, rue Sabra et Chatila, au Bardo.
Mohamed Chammam et Ali Zeroui venaient d’être libérés de prison, quant à
Sadok Chourou, le nouveau prince de l’organisation, il a à peine été
emprisonné car il est resté à l’ombre et les investigations ne sont pas
parvenues à le démasquer.
Mohamed Chammam est le dirigeant de l’appareil sécuritaire depuis sa
création, il supervise et coordonne les renseignements et le volet
militaire au service de l’organisation.
Ali Zeroui est un membre actif du mouvement où il a occupé le poste le
plus important qui est celui de superviser l’organisation de 1986 à 1987
où il a été arrêté et inculpé de 20 ans de prison. Libéré en mai 1989,
il a repris ses activités un mois après.
Le sujet de la réunion (juin 1989) est l’étude des moyens permettant de
réaliser les objectifs du congrès de 1988 visant à faire parvenir
l’organisation au pouvoir, vu que le « fruit » est tombé dans des mains
autres que celles qui l’ont « fait murir » en 1987.
(…)
A noter que cette réunion a eu lieu quelques jours seulement après les
élections législatives (1989) où le mouvement a essayé de faire figure
d’accepter le jeu politique et ses règles civiles, alors que
parallèlement, le congrès de 1988 a validé le principe de réitérer la
tentative de coup d’état, donnant instruction aux dirigeant composés du
prince (l'émir) et du bureau exécutif et « majlis echoura » de le préparer.
Ce positionnement terroriste que le mouvement tient à habiller par
l’aspect religieux a toujours accompagné ce mouvement, et explique
historiquement le soin pris par Hassan Eban en Égypte de réaliser la
branche armée du mouvement, justifiant cela par le fait que la force est
le chemin le plus sûr pour réaliser la justice et que celui qui ne cède
pas à la persuasion, cèdera par la force.
Cette réunion a conclu que, de l’appareil sécuritaire et militaire adopté
par l’organisation jusqu’en 1987, qui a été démasqué au travers de ce
qui a été dénommé le « groupe sécuritaire », il n'en restait dans l’ombre
que 25%. Il a donc été décidé de relancer les nouveaux
recrutements, chose qui va se révéler difficile par la suite, vu le
nouveau changement du 7 novembre. C’est alors que le mouvement a décidé
de recourir aux services des anciens membres récemment libérés malgré le
danger d’être démasqué de nouveau. Il a aussi été décidé de former les
civils au combat en les envoyant en Afghanistan et au Soudan.
Un appareil de renseignement a été construit selon deux étages :
1) Les renseignements généraux : supervisé par Abdallah Zouari avec trois objectifs :
- Collecter les informations sur les activités politiques et la conduite
des personnalités politiques ou administratives en particulier les
directeurs des établissements
- Recruter le maximum d’agents de sécurité en particulier …
- Formation sportive des jeunes recrues et initiation au combat et à l’attaque.[NdT. On les retrouvera au Chaambi dans les années 2011 et après, dénommés "des sportifs à l'entraînement, selon Ghannouchi. Ils s'avèrent être des terroristes aguerris que l'armée et la police n'arrivent pas à détruire].
Cet appareil est entouré du maximum de confidentialité, puisque la
direction régionale n’en connaît pas l’existence. Cet appareil a permis
de former des groupes qui « aiment la mort comme les gens aiment la vie
» …
2) Les renseignements spéciaux : similaires aux renseignements généraux,
mais ultra confidentiels. Sont au courant de son existence l'Emir Sadok Chourou et le responsable de l’appareil militaire et de
renseignement Mohamed Chammam. Cet appareil se concentrant sur le
ministère de l’intérieur et de la défense, et visant à envoyer les
groupes se former en Afghanistan ou au Soudan à la fabrication de bombes
et l’utilisation d’armes légères et à l’art de l’attaque ...
Ainsi deux personnes clefs ont été utilisées au ministère de l’Intérieur
: Chedli Mahfoudh qui n’a pas été démasqué dans le groupe sécuritaire en
1987 et le second est un militaire détaché Abdelaziz Mehouachi.
La difficulté constatée sur le terrain à recruter des gens, explique que
le mouvement ait envisagé des hypothèses terroristes, reposant sur un
faible nombre de participants. Ainsi la possibilité de profiter du
déplacement du président à l’aéroport ou au Palais de Carthage (Dar
edhiafa) ou au Palais des congrès. Ou encore la possibilité de faire
exploser l’avion présidentiel avec une fusée Stinger. La réalisation a
été attribuée à Abdelhamid Addasi et Ridha Tounsi avec la complicité
d’agents de surveillance …
(Source : Ennahda , pages 306-311)
L’appareil de Bizerte sera le bastion de la dernière chance pour prendre
le pouvoir par la force chez l’organisation. La date prévue est le 15
octobre, durant la visite du président à Bizerte pour l’anniversaire de
la libération.
Vingt bombes ont été préparées pour les faire exploser lors du passage
du président sur un des ponts menant à Bizerte. Et quand les services de
sécurité ont commencé les arrestations des membres de l’appareil
islamiste dans toutes les régions, huit de ces bombes étaient en place
et prêtes à l’emploi.
(…)
L’organisation a planifié que l’explosion des bombes serait le signal de
départ pour que les groupes agissent comme suit :
- Les groupes de Bizerte, supervisées par Ali Akrout, avec le rôle
d’attaquer les symboles de souveraineté et plusieurs casernes et postes
de police, avec l’appui du groupe de la région de Mater.
- Quand aux groupes de Jazrouna, Menzel Bourguiba, Ras Ejbel et
Menzel Jamil, ils étaient chargés de prendre le contrôle de leur
régions en attaquant les postes de police et en séquestrant ou en tuant les
représentants du pouvoir, brûler les locaux du parti et couper les
routes entre Tunis et Bizerte pour éviter l’arrivée de renforts. Et en
même temps, un agent technique était censé bloquer le mont mobile menant
à Bizerte.
A noter que l’organisation islamiste à Bizerte a vu 135 arrestations,
contre 28 en tout à Béja, Jandouba et Sidi Bouzid montrant les fortes
disparités selon les régions …
(Source : Ennahda , pages 324-236)
Ceci dit, l’organisation sait que souvent l’attaque des postes de police
ne suffit pas et il y a souvent des contestations populaires non
politisées qui refusent l’islamisme (…), qui , une fois au pouvoir, risque de ramener l'islam à la simple limitation des libertés
civiles (…)
C’est pourquoi l’organisation a planifié des dépôts d’armes dans les
régions en prévention d’une guerre civile, et pas seulement via
l’assassinat politique.
Seulement cette vue reste naïve au vu de la lecture des expériences
iraniennes et soudanaises, et des procès où les islamistes ont mis dans
la même heure des dizaines d’accusés sans appel ni cassation, ni
défense, ou les procès du Soudan qui a inclus les intellectuels
(foukahaa) du pays comme Mahmoud Tah qui a été exécuté par le pouvoir
islamiste pour s’être opposé à appliquer la charia disant qu’elle
mènerait à la guerre civile. Ce qui arriva de fait et cette guerre
civile au Soudan dure depuis 6 ans causant plus de 300.000 morts et la
faim de 5 millions.
[Source : "Les organisations terroristes dans le monde Arabe" , pages 330-331]
Dans chaque plan de prise du pouvoir par l’organisation islamiste, on
trouve toujours deux niveaux de fidèles : les militaires et les civils.
Dans le premier plan de prise du pouvoir qui a commencé au mois d’octobre 1990, le programme stipulait de commencer par faire bouger les bases civiles : Une campagne qui va de la distribution de tracts et écrits muraux, jusqu’à la descente dans les rues et la confrontation avec les forces de sécurité, en passant par l’incendie des institutions générales ; visant à imposer une situation de rébellion et d’anarchie nécessitant l’intervention de l’armée. Ceci permettrait au volet militaire de bouger et essayer de prendre le pouvoir.
Quant au deuxième plan de prise du pouvoir, dénommé plan exceptionnel, l’ordre des priorités est inversé. La priorité d’intervention est donnée au volet militaire de l’organisation. Ceci au travers d’un plan d’assassinats politiques visant le président de la république et visant à vider le gouvernement de ses principaux ministres et hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Et dans cette situation d’anarchie, vient le rôle des bases de l’organisation de provoquer le chaos dans les régions et entraver le fonctionnement des administrations. Ce qui favorisera l’émergence d’un gouvernement d’union nationale comprenant avec les trois symboles de banqueroute qu’a connu le pays depuis l’indépendance : Ben Salah, Mzali et Ghannouchi.
Ce qu’il faut retenir de cela est que toutes les forces de l’organisation, trois ans après le changement du 7 novembre, se sont concentrées dans ces deux volets.
Ce mouvement se présentait comme un candidat au pouvoir dans le milieu des années 1980, exprimant la volonté du peuple. Mais il s’est transformé en un groupe de quelques dizaines de militaires et terroristes et des bandes de jeunes dans l’âge de la contestation et trouvent dans l’organisation un exutoire pour leur esprit destructeur.
Le problème principal revient donc à la nature de mouvement qui n’est pas un mouvement politique normal. On est face à un mouvement qui a choisit le secret et parié sur le changement non par des méthodes démocratiques mais par le complot et la violence. Il demeure donc un mouvement aux procédés terroristes et visant à renverser le pouvoir dans les situations calmes comme dans les situations tendues. (…)
Pour comprendre ce mouvement, il faut l’analyser et répondre à diverses questions dont la taille de sa branche armée, ses nouveaux recrutements au sein de l’appareil militaire ou dans les renseignements, son volet civil formé en tant que force de frappe et ses appuis et soutiens extérieurs.
Dans le premier plan de prise du pouvoir qui a commencé au mois d’octobre 1990, le programme stipulait de commencer par faire bouger les bases civiles : Une campagne qui va de la distribution de tracts et écrits muraux, jusqu’à la descente dans les rues et la confrontation avec les forces de sécurité, en passant par l’incendie des institutions générales ; visant à imposer une situation de rébellion et d’anarchie nécessitant l’intervention de l’armée. Ceci permettrait au volet militaire de bouger et essayer de prendre le pouvoir.
Quant au deuxième plan de prise du pouvoir, dénommé plan exceptionnel, l’ordre des priorités est inversé. La priorité d’intervention est donnée au volet militaire de l’organisation. Ceci au travers d’un plan d’assassinats politiques visant le président de la république et visant à vider le gouvernement de ses principaux ministres et hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Et dans cette situation d’anarchie, vient le rôle des bases de l’organisation de provoquer le chaos dans les régions et entraver le fonctionnement des administrations. Ce qui favorisera l’émergence d’un gouvernement d’union nationale comprenant avec les trois symboles de banqueroute qu’a connu le pays depuis l’indépendance : Ben Salah, Mzali et Ghannouchi.
Ce qu’il faut retenir de cela est que toutes les forces de l’organisation, trois ans après le changement du 7 novembre, se sont concentrées dans ces deux volets.
Ce mouvement se présentait comme un candidat au pouvoir dans le milieu des années 1980, exprimant la volonté du peuple. Mais il s’est transformé en un groupe de quelques dizaines de militaires et terroristes et des bandes de jeunes dans l’âge de la contestation et trouvent dans l’organisation un exutoire pour leur esprit destructeur.
Le problème principal revient donc à la nature de mouvement qui n’est pas un mouvement politique normal. On est face à un mouvement qui a choisit le secret et parié sur le changement non par des méthodes démocratiques mais par le complot et la violence. Il demeure donc un mouvement aux procédés terroristes et visant à renverser le pouvoir dans les situations calmes comme dans les situations tendues. (…)
Pour comprendre ce mouvement, il faut l’analyser et répondre à diverses questions dont la taille de sa branche armée, ses nouveaux recrutements au sein de l’appareil militaire ou dans les renseignements, son volet civil formé en tant que force de frappe et ses appuis et soutiens extérieurs.
(Source : Ennahda , extraits des pages 303-304)
En 1988, Rached Gannouchi (condamné à perpétuité sous Bourguiba, après les attentats des hôtels de Sousse en août 1987) est amnistié par Ben Ali et s'engage à ne plus infiltrer les appareils de sécurité de l'état.
Ghannouchi et Ennahdha n'ont jamais tenu parole : ils ont gangréné l'armée par les infiltrations et les nominations (à partir de 2011), ils l'ont équipée de matériel israélien pourri afin de piéger nos soldats dans leur lutte anti terroriste. Les infiltrés dans l'armée (et dans la police), et dont l'identité reste cachée à ce jour, participent à l'information des terroristes. Les morts de nos militaires au Chaambi et ailleurs n'ont pas d'autre explication. La seule solution : nettoyer l'armée et la police.
L'infiltration de l'armée par les islamistes
L'ampleur de cette infiltration est révélée par la saisie de documents secrets des islamistes en 1980 et en 1986 (Source : "Les Mouvements Islamistes dans le Monde Arabe" de Alaya Allani)En 1988, Rached Gannouchi (condamné à perpétuité sous Bourguiba, après les attentats des hôtels de Sousse en août 1987) est amnistié par Ben Ali et s'engage à ne plus infiltrer les appareils de sécurité de l'état.
Le 17 juillet, Rached Ghannouchi, le leader amnistié, a ... pris enfin
l'engagement que son mouvement ne tenterait pas à l'avenir de
s'organiser à l'intérieur des forces armées ou de sécurité.
(Source : L'islamisme au Maghreb, François Burgat, page 289-290)
Le refus de Ben Ali de légaliser Ennahda en 1989 relance la confrontation et la reprise en 1990, du cycle répressif. Ghannouchi et Ennahdha n'ont jamais tenu parole : ils ont gangréné l'armée par les infiltrations et les nominations (à partir de 2011), ils l'ont équipée de matériel israélien pourri afin de piéger nos soldats dans leur lutte anti terroriste. Les infiltrés dans l'armée (et dans la police), et dont l'identité reste cachée à ce jour, participent à l'information des terroristes. Les morts de nos militaires au Chaambi et ailleurs n'ont pas d'autre explication. La seule solution : nettoyer l'armée et la police.
Hannibal GENSERIC
[1] Lors
de la prise du pouvoir par Nahdha en 2011, ces ex djihadistes ont été
infiltrés au sein de l'armée et de la police tunisiennes. Ils y sont
toujours à ce jour. est-ce que le gouvernement de Nidaa Tounès va épurer
ces ministères ?