Antiracisme, contre-colonisation, Grand Remplacement, indigène,
lynchage, transports en commun: les penseurs de la «France aux Français»
ont un lexique bien à eux. Petit glossaire de la guerre.
Antiracisme, contre-colonisation,
transports en commun, immigré, pays réel... Plongée lexicale dans l'univers identitaire. (Sipa/DR) |
Antiracisme
Idéologie cauchemardesque qui a pris le pouvoir en France dans les années 1980. «Communisme du XXIème siècle» selon Alain Finkielkraut, «branche terroriste » du nihilisme et avatar du « Démon» pour Richard Millet, l’antiracisme prône «une société sans discrimination ni frontière» (« Valeurs actuelles »), horizon monstrueux qui fait froid dans le dos. «A la maladie nazie et à la névrose communiste a succédé le conditionnement antiraciste.» (Millet toujours) Quiconque ne s’y soumet pas est lynché (voir Lynchage), et/ou devient célèbre.
Autre
Espèce en voie de disparition, puisque l’antiracisme*, dans son refus de la frontière, désire «l’avènement du Même*». «C’est précisément par là qu’il rejoint le pire des racismes»
(«Eléments»). L’antiraciste, derrière son masque, est donc le vrai
raciste. En revanche, l’inverse de l’antiraciste, auquel on cherche en
vain un nom plus ramassé, aime l’Autre. Surtout quand il est Ailleurs
(voir Majuscule).
Civilité
Valeur fondatrice d’un parti comme l’In-nocence*, au même titre que «le civisme», «la civilisation», «l’urbanité» et le «respect de la parole». Se comprend surtout par opposition aux incivilités, également appelées «nocences», qui ravagent la société française: «pieds sur les banquettes», «cueillaison privée de fleurs publiques», «bruits d’enfants» (voir Décivilisation). Défendre la civilité en toutes circonstances impose par exemple de comparer les immigrés* à des «cambrioleurs» (Renaud Camus), ou d’observer que les gamins tués par Breivik, après tout, «n’étaient que de jeunes travaillistes» (R. Millet).
Contre-colonisation
Synonyme de Grand Remplacement*, présentant l’avantage de souligner
sa dimension barbare et belliqueuse, puisqu’il est bien entendu que les
immigrés nous ont déclaré la guerre. Ne pas craindre d’être totalement
illogique en dénonçant par ailleurs l’usage abusif du terme
«colonisation» pour évoquer l’ancien empire français. Car «sauf peut-être en Algérie, et bien avant cela au Canada ou en Louisiane, la France n’a pas procédé à une colonisation à proprement parler» (R. Camus).
Curés
Terme à connotation péjorative sous la plume de gens qui revendiquent
haut et fort leur catholicisme, pour attaquer tous ceux qui ne sont pas
d’accord eux. On peut aussi, au nom d’un Occident chrétien millénaire,
traiter ses adversaires d’apôtres, de dévots, de bigots (D. Tillinac),
et reprocher à ces inquisiteurs de mener des procès en sorcellerie.
Cette récupération lexicale osée permet, jusque dans le très pieux
«Valeurs actuelles», de dégainer l’arme suprême: Voltaire, qui comme
chacun sait aimait beaucoup se rendre à la messe.
Décivilisation
Concept central de la philosophie politique de Renaud Camus, au point
d’en avoir été détaché pour constituer la matière de son Opus Magnum,
«Décivilisation», d’ailleurs dédié «à Richard Millet, fraternellement». La décivilisation repose sur l’égalité revendiquée entre «les sexes», «les âges», et les «niveaux d’expérience».
Déculturation (Grande -)
Précédant la décivilisation* d’un tome, la Déculturation est aussi
«Grande» que le remplacement. (L’histoire ne dit pas pourquoi la
décivilisation n’est pas Grande, pour Camus.) Editée en 2008, la «Grande
Déculturation» vise l’école, en tant qu’elle est la fossoyeuse de la
culture française. Dans l’«Abécédaire de l’In-nocence», l’entrée
Déculturation comprend quatre communiqués: le premier sur la désignation
au Sénat du «Plus grand Français de tous les temps» (avec Coluche et
Bourvil, mais sans Proust et Cézanne); le deuxième sur le battage
médiatique fait autour de la mort de Mickael Jackson; le troisième sur
la prononciation erronée du nom d’Eric Raoult; le quatrième sur le
statut social et culturel des sportifs et des chanteurs de variété.
Vivement la Grande Reculturation.
Dissidents
Appellation empreinte d’une grande modestie dont se gratifient les
opposants à l’antiracisme, apparue dans le premier numéro des «Cahiers
de l’In-nocence». Renaud Camus y proclame: «Nous n’avons d’autre ressource que la dissidence». Le dissident se réclame beaucoup de Soljenitsyne, tout en devant reconnaître, mélancolique, que «l’antiracisme dogmatique […] ne dispose pas encore de Sibérie.» (R. Camus)
RENAUD CAMUS. Ecrivain, vit dans un château gascon. Fondateur du parti de l'In-nocence, il a été candidat à l'Elysée en 2012 avant de soutenir Marine Le Pen. (Sipa) |
Grand Remplacement
Concept clé de Renaud Camus décrivant le «changement de peuple», ou substitution progressive d’une population par une autre: «Le Grand Remplacement en cours, en France et en Europe, des populations indigènes par des populations immigrées.»
Comparable à la permutation des voyelles dans le grec ancien que les
phonéticiens désignent par «métathèse de quantité», et qu’on explique
aux élèves par la formule «la grosse mange la petite», ce
phénomène s’accélère du fait que l’émigré, comme le catholique, a une
fâcheuse tendance à se reproduire. Ce Grand Remplacement de la petite
par la grosse a évidemment une connotation sexuelle.
Par ailleurs, «ni la guerre de Cent Ans ni l’Occupation allemande n’ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale». Inutile d’objecter qu’il a, pour l’instant, fait un peu moins de morts.
Identité
A l’origine, notion complexe regroupant ce qui configure à la fois
notre ressemblance et notre dissemblance à l’Autre*. Aujourd’hui, le mot
désigne la certitude d’être chez soi entouré de gens absolument
semblables, certitude menacée par le Grand Remplacement* et
l’antiracisme*. «Je n’ai plus le droit de m’interroger sur mon identité.» (R. Millet)
Immigré
Divinité intouchable de la dictature antiraciste. «Figure noble, par excellence», «devenue esthétiquement et politiquement majoritaire»
(R. Millet), l’immigré africain jouit en France d’un grand prestige et
accapare l’essentiel des richesses du pays. A distinguer de l’immigré
européen, qui n’est pas «susceptible de commisération, parce que Blanc et chrétien»:
il faut aller voir les quartiers sinistres où s’entassent Britanniques,
Hollandais et Suédois, en butte au mépris de tous et au harcèlement
policier. Enfin, au bas de l’échelle sociale, se trouve l’indigène*,
souffrant seul de sa condition minoritaire*.
Indigène
Français blanc et chrétien. Ne pas confondre avec les indigènes de
l’époque coloniale, tels qu’ils étaient nommés par les Français blancs
et chrétiens, qui n’étaient alors pas des indigènes. La raison de cette
inversion est bien évidemment que la France a subi depuis une
contre-colonisation*.
In-nocence
Nom donné par Renaud Camus au parti qu’il a fondé en 2002, et qu’il traduit lui-même par «la non-nocence, la renonciation ou le refus de la nuisance, l’engagement ou l’aspiration à ne pas nuire.»
Il est inutile de le chercher dans les dictionnaires: faire compliqué
quand on peut faire simple est un des prix à payer pour défendre et
illustrer la langue* dans sa pureté originelle.
RICHARD MILLET . Editeur, écrivain. Hostile à l'immigration musulmane et au multiculturalisme, il vient de faire scandale avec un "Eloge littéraire d'Anders Breivik". (SIPA) |
Langue
Martyr du multiculturalisme. N’est déjà plus qu’un «fantôme», puisque même «le roman» est désormais un «lieu de sa destruction», comme dit Richard Millet. Heureusement, grâce à une poignée de génies qui, comme lui, «continuent d’être des stylistes envers et contre tout», la langue résiste à cette «paupérisation de la littérature» à coups de majuscules* emphatiques, de tournures ampoulées qui s’étalent sur vingt-cinq lignes, de néologismes délicats comme «remplacisme» (R. Camus) et de syntagmes raffinés comme «moins pire que…» (R. Millet).
Lynchage
Ou lapidation, assassinat, procès stalinien, cabale des dévots,
fatwa. Sort funeste réservé au dissident. On parlera par exemple d’un «lynchage maccarthyste contre Zemmour»
(Riposte laïque). Le lynchage est en général constitué de quelques
éditoriaux hostiles dans la presse de gauche, atteinte intolérable à la
liberté d’expression*.
Liberté d’expression
N’existe plus. Le dissident peut certes continuer à publier ses
livres, cumuler les tribunes médiatiques et prospérer sur internet. Mais
le Système (voir Majuscule) est bien rodé, puisque malgré tout ça, la
liberté d’expression n’existe plus.
Majuscule
Placée au début d’un mot, la majuscule montre qu’on n’est pas face à
un simple mot, mais face à un concept, donc quelque chose d’important: «l’articulation du Droit et du Marché, donc de la Propagande»
(R. Millet). A noter: la majuscule souligne principalement le concept
déplorable. Par exemple, on écrira: «Le Nouvel Ordre Moral prohibe même
la consommation du saucisson et du vin à l’apéritif.» Avec des
majuscules à «Saucisson» et «Vin», on ne passe plus pour un dissident*,
mais pour quelqu’un qui aime l’alcool et la charcuterie de manière
excessive.
Même
Malgré le soin que le dissident a de préserver l’Autre* dans son
altérité, ledit Autre gagnerait à être un peu plus Même. En France, on
attend de lui qu’il s’intègre et tombe la djellaba. A l’étranger aussi,
d’ailleurs: «Le monde ne serait guère agréable si Alger ressemblait à
Paris et Bamako à Madrid, parce qu’à la fin, tout ressemblera à tout.
(Encore qu’il serait appréciable que les femmes de Kaboul puissent se
vêtir comme celles de New York).» (Elisabeth Lévy)
Minoritaire
Condition de l’indigène*. «Jamais je n’aurais pensé me retrouver un jour minoritaire, sur le plan racial, culturel, religieux.»
(R. Millet) Par déduction, l’immense majorité de la population
française est composée de Peuls, de Sikhs, de Pachtouns, de Mandchous et
de Kabyles.
Multiculturalisme
Fléau majeur, à base de femmes voilées et de sous-culture
hollywoodienne, qui déferle sur la France et l’Europe depuis des années.
Dans la novlangue des flics antiracistes de la Pensée unique, ce «nom de code» sert à masquer le Grand Remplacement*. Car ce «prétendu multiculturalisme» ne signifie rien d’autre que «la
bêtification spectaculaire marchande, l’hébétude hyperdémocratique, la
ruquiérisation des esprits, la politique cabaret, la Grande
Déculturation» (R. Camus). Il a naturellement une grande responsabilité dans «la
conversion de l’individu en petit-bourgeois métissé, mondialisé,
inculte, social-démocrate – soit le genre de personnes que Breivik a
tuées» (R. Millet).
DENIS TILLINAC. Ecrivain, longtemps proche de Jacques Chirac. Il milite désormais pour une grande droite regroupant FN et UMP. ( (Sipa) |
Nouvel Ordre moral
Ou «mondial». Expression, empruntée à H.G. Wells, décrivant l’emprise
planétaire de la bien-pensance totalitaire. Denis Tillinac dénonce
ainsi «les bigots du nouvel ordre moral» qui menacent la France «de renouer avec ses mœurs des années noires». Le dogme de la «pureté» (R. Millet) ne rappelle en revanche que de bons moments.
Novlangue
Redoutable outil carcéral mis en place, exactement comme dans
«1984»*, par le Système. Car la novlangue ne se contente pas de
prescrire des mots infâmes comme multiculturalisme* ou antiracisme*,
elle en proscrit aussi: «les dernières menées révisionnistes contre
la langue, en France, réclament par exemple la suppression de
‘‘mademoiselle’’ et de ‘‘race’’» (R. Millet). A ne surtout pas confondre avec les «éléments de langage» comme «remplacisme» ou «contre-colonisation»* forgés par Renaud Camus dans son «Abécédaire de l’In-nocence».
Pensée unique
Expression polyvalente, qui désigne aussi bien l’antiracisme* que
l’ambition hégémonique des antiracistes. A noter: la pensée unique n’est
pas réellement unique, puisqu’il en existe d’autres. La répression de
ces dernières échoit à la police de la pensée*.
Police de la pensée
Ou politburo stalinien, tribunal inquisitorial de la bien-pensance,
etc. Organe où siègent des avatars de Vichinsky, des procureurs, des
épurateurs, etc. «La flicomanie des Torquemada de la rive gauche»
(D. Tillinac). Ensemble des écrivains et journalistes chargés d’assurer
le règne sans partage de la pensée unique*. Pour y parvenir, ses
lieutenants publient des articles ou des livres. «La police de la pensée a envoyé les flics du Nouvel Observateur»
(R. Millet). Attention: un penseur d’extrême-droite qui publie un
article ou un livre n’appartient pas à la police de la pensée, mais à la
dissidence (voir Dissidents).
Race
«Beau mot» déshonoré par Hitler. Hélas, «depuis cinq ou
six lustres, est devenu tout à fait tabou dans notre langue, où pourtant
il avait prospéré avec le plus grand naturel plusieurs siècles durant
en toute tranquillité» (R.Camus). Le mot « nous manque »,
donc, puisqu’il s’avère absolument nécessaire pour définir un peuple,
même si c’est pour lui faire dire la même chose qu’au mot peuple. Le cas
échéant, reprocher à Hitler d’avoir rendu «suspects» de nombreux autres termes «indispensables au système de protection ontologique de l’Europe».
Réel
Ennemi de la gauche bien-pensante, qui est «contre le réel». (E. Lévy) «La réalité telle qu’elle ne doit pas être nommée»
(R. Camus), c’est le Grand Remplacement*. Contrairement à la
bien-pensance, la dissidence est lucide: elle considère qu’il suffit
d’arrêter le cours des mouvements migratoires planétaires, pour revenir
tant qu’il est possible à ce «pays réel»* (Charles Maurras, repris par Radio
Courtoisie) bucolique de jadis où, comme on le sait, une population
absolument homogène s’aimait d’amour à l’ombre des clochers et où la vie
était sans douleur.
RER
Espace invivable où le dissident* constate qu’il est une minorité* menacée dans son propre pays. «Le RER B est un cauchemar, surtout quand je suis le seul Blanc.» (R. Millet) «Quiconque
a déjà voyagé dans une rame entouré de gens vêtus de boubous ou de
djellabas devrait avoir l’honnêteté de partager ce constat.» (E. Lévy). Renaud Camus parle quant à lui du «syndrome
du Noctilien, du nom de cet autobus de nuit où fut roué de coups un
jeune indigène, ainsi qu’il est tout à fait courant.» A noter:
comme les agresseurs n’étaient pas des indigènes*, ce n’est plus la
bonne vieille délinquance du pays réel*, c’est un signe du Grand
Remplacement*.
Verticalité
Principe hiérarchique qui régissait l’ancienne société. Nous vivons une crise de la verticalité. «La chute de toute verticalité en un vertige horizontal.»
(R. Millet) Dans l’horrible monde horizontal, le pays émergent donne
des leçons au pays émergé, l’étranger perd toute déférence envers
l’autochtone, l’inculte rechigne à subir le mépris du lettré,
l’adolescent ricane devant les admonestations de l’adulte. Cette
situation est évidemment inacceptable, principalement pour le vieil
écrivain français. Il faut donc réhabiliter cette verticalité, du moment
qu’on continue à en occuper le sommet.
1984
Grand roman antitotalitaire publié en 1949 par George Orwell, dans
lequel chacun vit sous le regard de Big Brother, et où la Novlangue* en
vigueur interdit toute liberté de pensée* en bannissant certains mots. A
condition d’oublier que son auteur, socialiste déclaré, a combattu
l’impérialisme britannique et le franquisme en Espagne, la référence est
donc tout à fait adaptée pour dénoncer la férocité de la démocratie
quand on soutient, comme Richard Millet, le régime de Bachar al-Assad.
Les nouveaux fachos et leurs amis (Le Nouvel Observateur) |
A noter: Millet lui préfère «le Meilleur des mondes» d’Aldous Huxley, parce qu’il «va plus loin dans l’évocation de cette catastrophe que sont la mondialisation anglophone et ses ‘‘dommages collatéraux’’». A noter encore: «le Camp des saints» de Jean Raspail, où l’Occident blanc périt devant un afflux d’immigrés miséreux, a été réédité en février 2011 avec une préface intitulée «Big Other». Il
s’est vendu à 40.000 exemplaires en quelques semaines. Que faisait la
police de la pensée? Il faut croire que le Big Brother antiraciste était
en vacances.
David Caviglioli, Jacques Drillon et Grégoire Leménager