Tribune d’an ancien de Charlie Hebdo du 5/12/2013
Il y a travaillé de 1992 à 2001, avant de claquer la porte, échaudé par « la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel » d’un certain Philippe Val.
Depuis, Olivier Cyran observe de loin, hors les murs, l’évolution
de Charlie Hebdo et sa grandissante obsession pour l’islam. Il revient
sur cette longue dérive à l’occasion d’une tribune récemment publiée
dans Le Monde, signée Charb et Fabrice Nicolino.
Cher Charb, cher Fabrice Nicolino,
« Et que ceux qui prétendent et prétendront demain que “Charlie”
est raciste aient au moins le courage de le dire à voix haute, et sous
leur nom. Nous saurons quoi leur répondre. » En lisant cette rodomontade à la fin de votre tribune dans Le Monde1, façon « viens nous le dire en face si t’es un homme »,
j’ai senti monter comme une envie de rejoindre mon poste de combat dans
la cour de récré. La sommation ne m’était pourtant pas destinée.
Quelles bonnes âmes vous espérez convaincre, d’ailleurs, mystère. Cela
fait belle lurette que quantité de gens disent à « voix haute » et « sous leur nom »
ce qu’ils pensent de votre journal et du fonds de sauce qui s’en
écoule, sans que personne chez vous ne se soit soucié de leur répondre
ou d’agiter ses petits poings.
Ainsi donc Le Monde vous a charitablement ouvert son rayon
blanchisserie, pour un repassage express de votre honneur tout
chiffonné. À vous entendre, il y avait urgence : même plus moyen de
sortir dans Paris sans qu’un chauffeur de taxi vous traite de racistes
et vous abandonne les bras ballants sur le bord du trottoir. On comprend
la vexation, mais pourquoi ce besoin d’aller vous refaire une beauté
dans un autre journal que le vôtre ?Charlie Hebdo, son site
internet et sa maison d’édition ne vous offrent donc pas un espace
d’expression à la hauteur ? Vous invoquez le glorieux héritage du
« Charlie » des années 1960 et 70, quand c’était la censure du pouvoir
politique et non la hantise du discrédit qui donnait du fil à retordre
au journal. Mais je doute qu’à l’époque un Cavanna ou un Choron eussent
quémandé l’aide de la presse en redingote pour se façonner une
respectabilité.
S’il m’est arrivé à moi aussi, par le passé, de griffonner quelques
lignes fumasses en réaction à tel ou tel de vos exploits, je ne me suis
jamais appesanti sur le sujet. Sans doute n’avais-je ni la patience ni
le cœur assez bien accroché pour suivre semaine après semaine la
navrante mutation qui s’est opérée dans votre équipe après le tournant
du 11 septembre 2001. Je ne faisais déjà plus partie de Charlie Hebdo quand
les avions suicide ont percuté votre ligne éditoriale, mais la névrose
islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce
jour-là m’affectait person
nellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais
passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du
« Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le
rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou
du cochon qui se roule dans sa merde. Pour autant je n’ai jamais
qualifié votre journal de raciste. Mais puisque aujourd’hui vous
proclamez haut et fort votre antiracisme inoxydable et sans reproches,
le moment est peut-être venu de considérer sérieusement la question.
Raciste, Charlie Hebdo ne l’était assurément pas du temps où
j’y ai travaillé. En tout cas, l’idée qu’un jour le canard s’exposerait
à pareil soupçon ne m’a jamais effleuré. Il y a avait bien quelques
franchouillardises et les éditos de Philippe Val, sujets à une fixette
inquiétante et s’aggravant au fil des ans sur le « monde arabo-musulman »,
considéré comme un océan de barbarie menaçant de submerger à tout
instant cet îlot de haute culture et de raffinement démocratique
qu’était pour lui Israël. Mais les délires du taulier restaient confinés
à sa page 3 et ne débordaient que rarement sur le cœur du journal qui,
dans ces années-là, me semblait-il, battait d’un sang plutôt bien
oxygéné.
À peine avais-je pris mes cliques et mes claques, lassé par la
conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, que les
tours jumelles s’effondrèrent et que Caroline Fourest débarqua dans
votre rédaction. Cette double catastrophe mit en branle un processus de
reformatage idéologique qui allait faire fuir vos anciens lecteurs et
vous en attirer d’autres, plus propres sur eux, et plus sensibles à la
« war on terror » version Rires & Chansons qu’à l’anarchie
douce d’un Gébé. Petit à petit, la dénonciation en vrac des « barbus »,
des femmes voilées et de leurs complices imaginaires s’imposa comme un
axe central de votre production journalistique et satirique. Des
« enquêtes » se mirent à fleurir qui accréditaient les rumeurs les plus
extravagantes, comme la prétendue infiltration de la Ligue des droits de
l’homme (LDH) ou du Forum social européen (FSE) par une horde de
salafistes assoiffés de sang2.
Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile
qui structurait le journal jusqu’alors et de nouer des alliances avec
les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que
Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque « Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique 3 ».
Quiconque ne se reconnaissait pas dans une lecture du monde opposant
les civilisés (européens) aux obscurantistes (musulmans) se voyait
illico presto renvoyé dans les cordes des « idiots utiles » ou des « islamo-gauchistes ».
À Charlie Hebdo, il a toujours été de bon ton de railler les « gros cons »
qui aiment le foot et regardent TF1. Pente glissante. La conviction
d’être d’une essence supérieure, habilitée à regarder de très haut le
commun des mortels, constitue le plus sûr moyen de saboter ses propres
défenses intellectuelles et de les laisser bailler au moindre courant
d’air. Les vôtres, pourtant arrimées à une bonne éducation, à des
revenus confortables et à l’entre-soi gratifiant de la « bande à
Charlie », ont dégringolé à une vitesse ahurissante. Je me souviens de
cette pleine page de Caroline Fourest parue le 11 juin 2008. Elle y
racontait son amicale rencontre avec le dessinateur néerlandais
Gregorius Nekschot, qui s’était attiré quelques ennuis pour avoir
représenté ses concitoyens musulmans sous un jour particulièrement
drolatique.
Qu’on en juge : un imam habillé en Père Noël en train d’enculer une chèvre, avec pour légende : « Il faut savoir partager les traditions ».
Ou un Arabe affalé sur un pouf et perdu dans ses pensées : « Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs ».
Ou encore ce « monument à l’esclavage du contribuable autochtone blanc » : un Néerlandais, chaînes au pied, portant sur son dos un Noir, bras croisés et tétine à la bouche.
Racisme fétide ? Allons donc, liberté d’expression ! Certes, concède Fourest, l’humour un peu corsé de son ami « ne voyage pas toujours bien », mais il doit être compris « dans un contexte néerlandais ultratolérant, voire angélique, envers l’intégrisme ».
La faute à qui si les musulmans prêtent le flanc à des gags
difficilement exportables ? Aux musulmans eux-mêmes et à leurs alliés
trop angéliques, ça va de soi. Comme l’enseigne Nekschot aux lecteurs de
Charlie Hebdo, « les musulmans doivent comprendre que l’humour fait partie de nos traditions depuis des siècles ».
Personne chez vous n’a claqué sa démission après cette page
insuffisamment remarquée, qui après tout ne faisait que consacrer le
processus entamé six ou sept ans plus tôt. Vos sortes de tolérances vous
regardent. Mais quand je lis dans votre tribune du Monde : « Nous
avons presque honte de rappeler que l’antiracisme et la passion de
l’égalité entre tous les humains sont et resteront le pacte fondateur de Charlie
Hebdo », la seule information que je retiens, c’est que votre équipe ne
serait donc pas totalement inaccessible à la honte. Vraiment ?
Après le départ en 2009 de Val et de Fourest, appelés à de plus
hautes destinées, l’un à la tête d’une radio publique, l’autre sur les
podiums de l’antiracisme gouvernemental, on se demandait si vous
continueriez à faire du Val sans lui et de la Fourest sans elle. Le
moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes restés fidèles à la
ligne. Imprégnés jusqu’au trognon, faut croire.
Aujourd’hui, les mouches qu’un Tignous n’omet jamais de faire tourner autour de la tête de ses « barbus » se collent plus que jamais à votre imaginaire dès que vous « riez » des musulmans. Dans une vidéo postée fin 2011 sur le site de Charlie Hebdo,
on te voyait, Charb, imiter l’appel du muezzin sous les hoquets hilares
de tes petits camarades. Tordant, le numéro de la psalmodie coranique à
l’heure du bouclage, Michel Leeb n’aurait pas fait mieux. Dans quelle
marinade collective faut-il macérer pour en arriver là ? Dans quelles
crevasses psychologiques puisez-vous matière à « rire » d’un dessin
représentant des femmes voilées qui exhibent leurs fesses pendant
qu’elles font leur prière à la « mère Mecquerelle » ? Minable
vanne même pas honteuse, embarrassante d’imbécilité avant même que
d’être révélatrice d’un état d’esprit, d’une vision du monde.
C’est ce dessin de Catherine qui me vient à l’esprit, mais je
pourrais en citer tant d’autres parmi les épanchements de gaudriole
islamophobe que vous autres, fabricants d’humour gonflé aux vents du
temps, dégazez à longueur de semaines. Ce dessin-là accompagnait une
pseudo-enquête sur les « djihadistes du sexe » en Syrie 4.
Un « scoop » dont on apprenait peu de temps après – il est vrai qu’on
s’en doutait un peu à la lecture – que c’était un tissu d’âneries
bidonné à des fins de propagande 5.
À noter que vous n’avez même pas retiré cette daube de votre site web :
apparemment, certains sujets se prêtent mieux que d’autres au
relâchement. Quand on rigole avec la femme voilée, on peut bien se
laisser aller, s’autoriser un peu de confusion entre info croustillante
en papier mâché et poilade de salle de garde.
Mais je ne vous écris pas pour vous parler de bon goût, plutôt de ce
pays que vous avez contribué à rendre plus insalubre. Un pays qui
désormais interdit à une femme de travailler dans une crèche au motif
que le bout de tissu qu’elle porte sur la tête traumatiserait les
bambins. Où une élève de troisième coiffée d’un bandana jugé trop large
se fait exclure de son collège avec la bénédiction d’un maire UMP, du
ministre socialiste de l’Éducation nationale et de la presse écumante 6.
Où l’on peine à trouver un comptoir de bistrot ou une table de fins
lettrés sans qu’à un moment ne se déverse le genre de blagues qui, à
« Charlie », vous font péter les boyaux le jour du bouclage. Où l’on
considère comme une avant-garde de la cinquième colonne toute femme qui
se couvre les cheveux, au point qu’on lui interdit de participer à une
sortie scolaire ou de faire du bénévolat aux Restos du cœur 7.
Je sais qu’à vos yeux ces vigoureuses dispositions sont cruciales
pour la survie de la république et de la laïcité. Récemment, vous avez
jugé utile de publier une interview de votre avocat, Richard Malka, le
valeureux défenseur de Clearstream, de DSK et de l’esprit des Lumières.
« Le voile, c’est l’anéantissement, l’ensevelissement du triptyque républicain “Liberté, Égalité, Fraternité” 8 », pérorait votre bavard comme à un concours d’éloquence pour vendeurs d’aspirateurs9.
Faudrait déjà qu’il nous explique en quoi ce fameux triptyque a une
existence concrète et au bénéfice de qui, mais passons. Ce qu’il enfonce
dans la tête de vos lecteurs, pourtant déjà abondamment instruits en la
matière, c’est que quelques centimètres carrés de coton éventuellement
mêlé de polyester menacent de répandre la peste sur notre beau pays. Que
ce voile est si dangereusement infecté qu’il ne serait pas sage de
prêter attention à l’individu qui le porte.
Je dois préciser à ce stade que, personnellement, je n’ai aucun
« problème » avec le bonnet de ma tante ou les dreadlocks de mon cousin,
et que je n’en ai pas davantage avec le voile de ma voisine. Si cette
dernière me confiait qu’elle le porte contre son gré, j’aurais
certainement le réflexe de l’encourager à trouver les moyens de vivre
comme elle l’entend. Je réagirais de même si on l’obligeait à porter des
bas résille ou le kilt écossais. En dehors d’un tel scénario, qu’une
femme décide ou non de porter telle ou telle liquette ne me regarde pas.
Que ce soit pour des motifs personnels, religieux, esthétiques ou
autres, c’est son affaire. Étonnante, cette manie qu’ont les gens dans
ce pays de projeter leurs fantasmes sur un carré d’étoffe, qui
l’aliénation de la femme, qui la peur de l’invasion islamique, qui la
défense du droit masculin à la drague capillaire, etc. Peu m’importent
le voile, les talons hauts ou même le t-shirt Camaïeu made in
Bangladesh, du moment que la personne dessous, dessus ou dedans mérite
le respect. Où en sommes-nous rendus pour qu’il faille réhabiliter un
principe aussi évident ? Essayez-le, vous verrez : c’est le meilleur
préventif contre l’ulcère à l’estomac et la sauce blanche dans la tête.
Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se
livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait
concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de
gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société
française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de
l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la
laïcité, la république, le « vivre ensemble ». Et même, ne soyons pas
pingres sur les alibis, par le droit des femmes – étant largement admis
aujourd’hui que l’exclusion d’une gamine voilée relève non d’une
discrimination stupide, mais d’un féminisme de bon aloi consistant à
s’acharner sur celle que l’on prétend libérer. Drapés dans ces nobles
intentions qui flattent leur ignorance et les exonèrent de tout
scrupule, voilà que des gens qui nous étaient proches et que l’on
croyait sains d’esprit se mettent brusquement à débonder des crétineries
racistes. À chacun sa référence : La journée de la jupe,
Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Pascal
Bruckner, Manuel Valls, Marine Le Pen ou combien d’autres, il y en a
pour tous les goûts et toutes les « sensibilités ». Mais il est rare
que Charlie Hebdo ne soit pas cité à l’appui de la règle d’or
qui autorise à dégueuler sur les musulmans. Et comme vos disciples ont
bien retenu la leçon, ils ne manquent jamais de se récrier quand on les
chope en flag’ : mais enfin, on a bien le droit de se moquer des
religions ! Pas d’amalgame entre la critique légitime de l’islam et le
racisme anti-arabe !
C’est évidemment ce même sillon que vous labourez dans votre tribune du Monde. « Passe encore, vous lamentez-vous, que
Charlie consacre tant de ses dessins de couverture aux papistes. Mais
la religion musulmane, drapeau imposé à d’innombrables peuples de la
planète, jusqu’en Indonésie, devrait, elle, être épargnée. Pourquoi
diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au
fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à
l’islam ? »
Je veux bien tâcher d’éclairer vos lanternes sur ce point, mais
permettez-moi d’abord d’apprécier la vicieuse petite incise dans
laquelle vous resservez en loucedé le vieux plat sur
l’islam-religion-conquérante qui fait rien qu’à croquer la planète.
L’islamisation de l’archipel indonésien a commencé au XIIIe siècle,
quand des princes de Sumatra se sont convertis à la religion des
marchands perses et indiens qui faisaient bombance dans leurs ports –
non sous la contrainte, mais par désir d’intégrer un réseau commercial
prospère. Plus tard, au XVIIIe siècle, ce sont les colons hollandais,
chrétiens irréprochables, qui se sont arrangés pour imposer l’islam à
Java, en vue de soustraire sa population à l’influence séditieuse des
Balinais hindouistes. On est loin de l’imagerie du farouche bédouin
réduisant à sa merci des peuples exotiques, à laquelle se résume
apparemment votre connaissance du monde musulman.
Mais revenons à la question du « rapport » entre Arabes et musulmans,
racisme et islamophobie. La démarcation que vous tracez avec une belle
assurance entre les deux catégories est-elle vraiment si claire dans vos
esprits ? À lire le début de votre tribune, il est permis d’en douter.
L’édifiante anecdote du « chauffeur de taxi arabe », qui refuse de conduire à bon port un collaborateur du journal « au motif de dessins moquant la religion musulmane », révèle à cet égard une certaine confusion. En quoi la qualité d’« arabe »
prêtée au chauffeur – qui d’après vous ne saurait donc être simplement
français – nous renseigne-t-elle sur l’affront subi par votre infortuné
collègue ? Croyez-vous qu’il faille être « arabe » pour froncer
le nez devant vos beaufitudes de fin de banquet ? Moi qui ne suis ni
arabe ni chauffeur de taxi, pas sûr que je dépannerais votre
collaborateur d’un ticket de métro. J’espère néanmoins qu’il aura
surmonté son choc des civilisations en se dégotant un chauffeur blanc
qui l’accepte sur sa banquette arrière.
Vous avez raison, arabe et musulman, ce n’est pas la même chose. Mais
vous savez quoi ? Musulman et musulman, ce n’est pas pareil non plus.
Sachez qu’il y en a de toutes sortes, riches ou pauvres, petits ou
grands, sympathiques ou revêches, généreux ou rapiats, désireux d’un
monde meilleur, réactionnaires ou même, oui, intégristes. Or, dans Charlie Hebdo,
rien ne ressemble davantage à un musulman qu’un autre musulman.
Toujours représenté sous les traits d’un faible d’esprit, d’un
fanatique, d’un terroriste, d’un assisté. La musulmane ? Toujours une
pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction
sociale que d’émoustiller la libido de vos humoristes.
Parlant de cela, il y aurait beaucoup à dire sur la composante graveleuse de votre inspiration. L’euphorie avec laquelle Charlie Hebdo a
acclamé les militantes topless des Femen suggère que le graillon
islamophobe s’agrège parfaitement aux éclaboussures de testostérone.
L’ode de Bernard Maris à Amina Sboui, une Femen tunisienne qui avait
posé torse nu sur Internet, offre un bon échantillon de la mayonnaise
hormonale qui colle à vos pages : « Montre tes seins, Amina, montre
ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les
cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des
escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après
t’avoir outragée… Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des
djellabas et des niqabs répugnants 10. » Allo, docteur ?
Vous avez le toupet d’accuser vos détracteurs d’« essentialisme », et
sans doute les bulbes congestionnés qui vous vénèrent applaudiront-ils
l’acrobatie. Mais on n’est pas au cirque. L’essentialisme, vous vous y
vautrez chaque semaine ou presque en racialisant le musulman sous les
traits d’une créature constamment grotesque ou hideuse. Ce qui définit
la vision dominante du « racialisé », « c’est qu’il est tout entier
contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur
de peau. Il serait comme incapable de s’en sortir, incapable de voir
plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu’il porte sur la tête, observe sur son blog Valérie CG, une féministe pas très intéressante puisqu’elle ne vous a pas montré ses seins. Musulman devient une sorte de nouvelle couleur de peau dont il est impossible de se détacher 11. »
Cette remarque judicieuse se rapportait aux élucubrations de la « pédopsychiatre » Caroline Eliacheff, qui, dans le magazine Elle, venait de justifier ainsi le licenciement d’une puéricultrice voilée par la crèche Baby-Loup : « On
peut s’interroger sur les conséquences pour un nourrisson de ne voir
que le visage de face, une tête amputée des oreilles, des cheveux et du
cou 12. »
Le voile est une arme de destruction massive, il ensevelit la
république aussi sûrement qu’il ampute des organes vitaux. Inutile de
préciser que Caroline Eliacheff, tout comme vous, « lutte contre le racisme »,
c’est en tout cas ce qu’elle déclare dans son interview. Pour professer
des inepties, et justifier le renvoi brutal d’une employée reconnue
comme compétente et que personne n’a vu appeler les petits chéris au
djihad, on n’est jamais aussi confortablement juché qu’au plus haut
sommet des vertus civilisées.
Mais votre trône surplombe un marécage. Toi, Charb, pour lequel j’ai
jadis éprouvé de l’estime, et toi, Fabrice, dont j’appréciais la rigueur
intellectuelle 13, je vous tiens, vous et vos collègues, pour coresponsables du pourrissement ambiant. Après le 11-Septembre,Charlie Hebdo a
été parmi les premiers, dans la presse dite de gauche, à enfourcher le
cheval du péril islamique. Ne vous privez donc pas de ramasser votre
part du crottin au moment où le nombre d’actes islamophobes bat des
records : + 11,3 % sur les neuf premiers mois de 2013 par rapport à la
même période de 2012, selon l’Observatoire national de l’islamophobie.
Lequel s’inquiète d’un « nouveau phénomène » de violence, marqué par au moins quatorze agressions de femmes voilées depuis le début de l’année.
Rassurez-vous, je ne dis pas que la lecture de Charlie Hebdo déclenche
mécaniquement l’envie de badigeonner une mosquée avec du sang de porc
ou d’arracher son voile à une cliente de supermarché, comme cela se
produit ici et là. Vous avez désigné les cibles, mais vous ne voulez pas
qu’un pauvre type s’attaque à elles pour de vrai, car vous êtes contre
la violence et contre le racisme. Vos lecteurs aussi, très certainement.
Ils n’ont aucun préjugé contre les musulmans, c’est juste qu’ils
s’esclaffent de bon cœur sur ce dessin de Charb où l’on voit un Arabe à
grosse moustache en arrêt devant une prostituée, tandis qu’un
prédicateur à barbe le sermonne : « Mon frère ! Tu vas pas payer 40 euros une passe alors que pour le même prix tu peux acheter une épouse ! »
Dans les années trente, le même gag avec des juifs à la place des
musulmans aurait fait un tabac, sauf qu’à l’époque son auteur n’aurait
sans doute pas eu l’idée de venir brandir un brevet d’antiracisme. Le
dessin en question illustrait un article démasquant les sombres desseins
d’un petit groupe de salafistes à Bruxelles. Le sous-titre résumait
bien l’idée : « Les frites seront-elles bientôt toutes halal en
Belgique ? Quelques barbus s’y activent, et combattent la démocratie qui
leur permet d’exister 14. »
Quoi ? Islamisation des frites, démocratie en danger ? Dans sa tête, le
lecteur commence déjà à graisser son fusil de chasse. Dans sa tête
seulement, car c’est un antiraciste. À moins qu’il n’aille se déverser
au bas de quelque site internet évoquant vos faits d’armes, à la manière
de « lulupipistrelle », auteur de ce commentaire sur Agoravox : « Les
caricatures de leur prophète ulcèrent les musulmans ? Et alors, moi
j’ai envie de baffer toutes les bonnes femmes voilées que je croise, et
je ne parlent [sic] pas des barbus… mais je me domine…15 »
Bien sûr que Charlie Hebdo ne se limite pas à cela, qu’on y
écrit et dessine sur bien d’autres sujets. On veut bien croire que
nombre de lecteurs vous achètent par attachement à la cause des animaux,
ou pour Cavanna, ou pour Nicolino, ou pour les dessins drôles, ou pour
congratuler Bernard Maris après sa nomination au conseil général de la
Banque de France, autre repaire de joyeux drilles. Mais je doute qu’il y
en ait beaucoup qui ne trouvent leur petit plaisir sale dans le
ressassement de vos obsessions islamophobes – sans quoi le journal leur
tomberait des mains. Il en est même, vous ne pouvez l’ignorer, qui
l’achètent principalement pour ça : pour voir ce que « Charlie » va
encore leur mettre dans les dents cette semaine. Faut avouer, c’est une
bonne affaire. Depuis l’épisode des caricatures danoises et votre
héroïque montée des marches en costumes de pingouins au festival de
Cannes, bras dessus bras dessous avec Philippe Val, Daniel Leconte et
BHL (mais hélas sans Carla Bruni, pourtant annoncée), le « muslim bashing » ripoliné en « défense intransigeante de la liberté d’expression »
est devenu votre tête de gondole, que vous prenez soin de
réapprovisionner régulièrement. Vous pouvez toujours certifier que les
sans-papiers sont vos amis ou critiquer Manuel Valls pour ses rafles de
Roms, c’est l’islamophobie votre marronnier, votre ligne de front.
Vous me direz que vous n’êtes pas les seuls. Votre positionnement sur
ce terrain est en effet assez largement partagé par vos confrères de la
presse écrite, de L’Express à Valeurs Actuelles en passant par Le Point, Marianne, Le Nouvel Observateur ou Le Figaro, pour s’en tenir aux plus enthousiastes. Et je ne parle même pas des télés et des radios. Le marché médiatique de l’islam « sans-gêne », « qui fait peur » et « qui dérange »
rapporte gros, même s’il est quelque peu saturé. Toutefois, au sein de
cette saine et fraternelle concurrence, votre canard parvient à se
distinguer par des produits qui n’ont leur équivalent nulle part
ailleurs, et qui vous permettent d’occuper un segment non négligeable de
l’opinion islamophobe décomplexée de gauche.
Vous connaissant, je m’interroge cependant : c’est quoi, au juste,
votre problème avec les musulmans de ce pays ? Dans votre texte du Monde, vous invoquez la salutaire remise en cause des « si grands pouvoirs des principaux clergés », mais sans préciser en quoi l’islam – qui n’a pas de clergé, mais on ne peut pas tout savoir, hein – exerce en France un « si grand pouvoir ».
Hors de la version hardcore qu’en donnent quelques furieux, la religion
musulmane ne me paraît pas revêtir chez nous des formes
extraordinairement intrusives ou belliqueuses. Sur le plan politique,
son influence est nulle : six millions de musulmans dans le pays, zéro
représentant à l’Assemblée nationale. Pour un parlementaire, il est plus
prudent de plaider la cause des avocats d’affaires et de voter des lois
d’invisibilité pour les femmes voilées que de s’inquiéter de
l’explosion des violences islamophobes. Pas un seul musulman non plus
chez les propriétaires de médias, les directeurs d’information, les
poids lourds du patronat, les grands banquiers, les gros éditeurs, les
chefferies syndicales. Dans les partis politiques, de gauche comme de
droite, seuls les musulmans qui savent réciter par cœur les œuvres
complètes de Caroline Fourest ont une petite chance d’accéder à un
strapontin.
Je n’ignore pas, Charb, que tu as reçu des menaces de mort et qu’il y
a peut-être des dingues quelque part qui en veulent à ta peau. Cela me
désole. Malgré tout ce que je vous reproche, à toi et aux autres, je ne
me réjouis pas de t’imaginer avec deux flics collés en permanence à tes
semelles et qui coûtent un bras à votre république chérie. Je crains
aussi que tes molosses ne déteignent sur toi comme Val a déteint sur
toute l’équipe. Mais si vraiment vous tremblez à l’idée que les
musulmans de France se métamorphosent en serial killers de la
guerre sainte, peut-être trouverez-vous un brin d’apaisement en voyant
la manière placide dont les intéressés réagissent aux attaques réelles
ou symboliques qui sont leur lot quotidien. Quand une mosquée est
recouverte de tags racistes, croyez-vous que ses responsables ou les
fidèles du coin se répandent en cris de vengeance ou en promesses de
mettre l’Élysée à feu et à sang ? Non, à chaque fois ils déclarent s’en
remettre tout simplement à la « justice de leur pays ». Parmi
ceux que je connais, l’écume médiatique de vos prouesses ne fait
qu’ajouter une petite couche supplémentaire à leur lassitude. Pas sûr
que j’aurais la même patience.
Bunkérisés derrière vos zygomatiques, vous revendiquez le droit sacré
de « rire » pareillement des imams, des curés et des rabbins. Pourquoi
pas, si encore vous appliquiez vraiment ce principe. On oublie l’épisode
Siné ou il faut vous faire un dessin ? Un constat avéré d’islamophobie,
et c’est l’éclat de rire. Une mensongère accusation d’antisémitisme, et
c’est la porte. Cette affaire remonte aux années Val, mais la pleutre
approbation que votre patron d’alors a recueilli auprès de « toute la bande »,
et plus particulièrement auprès de toi, Charb, démontre que le deux
poids deux mesures en vigueur à cette époque n’était pas le fait d’un
seul homme. La même règle a perduré. À ce jour, me dit-on, le numéro
spécial « Charia Hebdo » ne s’est toujours pas dédoublé en un « Talmud
Hebdo ». Croyez bien que je ne le regrette pas.
Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant
d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de
l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure,
longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable
de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses
lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde
s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute
espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner
l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour
exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si
l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart
d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas
assigné la place la plus reluisante dans la société française. Est-ce
trop demander à une équipe qui, selon vos termes, « se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie », que de prendre un tantinet en compte l’histoire du pays et sa réalité sociale ?
J’aime bien les bouffeurs de curés, j’ai grandi avec et ils m’ont
inculqué quelques solides défenses contre les contes de fées et les abus
de pouvoir. C’est en partie cet héritage-là qui me fait dresser les
poils devant l’arrogante paresse intellectuelle du bouffeur de
musulmans. La posture antireligieuse lui offre un moyen commode de se
prélasser dans son ignorance, de faire passer pour insolents ses petits
réflexes de contraction mentale. Elle donne du lustre à un manque béant
d’imagination et à un conformisme corrodé par les yeux doux de l’extrême
droite16.
« Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable », c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une « machine à raffiner le racisme brut »17.
Les deux formules vous vont comme un gant. Ne montez donc pas sur vos
grands chevaux quand vos détracteurs usent de mots durs contre vous. Ces
derniers jours, vous avez hurlé au scandale parce qu’un rappeur pas
très futé réclamait un « autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo » au détour d’un titre collectif inséré dans la BO du film La Marche. Comme si votre journal n’était qu’amour et poésie, vous avez fait savoir à la terre entière que vous étiez « effarés » par tant de « violence ».
Pourtant, vous ne vous êtes pas offusqués lorsque le rappeur tunisien
Weld El 15 a assimilé les policiers de son pays à des « chiens bons à égorger comme des moutons ». Au contraire, vous l’avez interviewé avec tous les égards dus à un « combattant de la liberté d’expression18 ».
Les violences verbales de Weld El 15 trouvent grâce à vos yeux parce
qu’elles visent un régime à dominante islamiste qui veut le renvoyer en
prison. Mais quand la métaphore canine se retourne contre vous, ce n’est
plus du tout la même chanson. Envolée, la liberté d’expression :
ralliement à la rengaine néoconservatrice sur le rap comme « appel à la haine » et « chant religieux communautariste »19.
La machine à raffiner le racisme brut n’est pas seulement lucrative, elle est aussi extrêmement susceptible.
Bien à vous,
Olivier Cyran
Source : Article11.info
1 « Non, Charlie Hebdo n’est pas raciste ! », Le Monde, 20 novembre 2013.
2 Fiammetta Venner, « Forum social européen : un autre jihad est possible », Charlie Hebdo, 29 septembre 2004. A lire ICI.
3 Publié le 1er mars 2006 dans Charlie Hebdo en partenariat avec L’Express, RTL, RMC, Europe 1 et France Info.
4 Zineb El Rhazoui, « Sexe and the Syrie »,Charlie Hebdo, 25 septembre 2013.
5 Ignace Leverrier, « Vous allez être déçus : le “djihad du sexe” en Syrie n’a jamais existé », 29 septembre 2013.
6 Pour un décorticage de cette affaire hallucinante, lire Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed,Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », La Découverte, 2013.
7 « Pas de femmes voilées aux Restos du cœur »,www.islamophobie.net, 6 décembre 2012.
8 Les majuscules sont fournies par la rédaction deCharlie Hebdo.
9 « Affaire Baby-Loup : la laïcité à la barre », interview de Richard Malka par Gérard Biard, Charlie Hebdo, 6 novembre 2013.
10 Bernard Maris, « Cette jeunesse irresponsable », Charlie Hebdo, 20 juin 2013. Quelqu’un peut-il expliquer à l’éditorialiste de « Charlie » que la djellaba n’est pas un attribut « musulman » mais un vêtement « arabe ? Un mois après cet article, et à la grande déception de son auteur, Amina Sboui claquait la porte des Femen en expliquant qu’elle ne souhaitait pas que son nom « soit associé à une organisation islamophobe ».
11 « L’islam, ce nouveau déterminisme selon Eliacheff et Elle », www.crepegeorgette.com, 22 novembre 2013.
12 « Le conflit sur le voile touche aussi les enfants », Elle, 13 novembre 2013.
13 - Je suis surpris que tu accrédites par ta signature la piteuse opération de ravalement de façade de tes employeurs. Je ne doute pas de la sincérité de ton ralliement, mais je vois dans celle-ci un mauvais signe.
14 Zineb El Rhazoui, « Les salafistes ont leur roi des Belges », Charlie Hebdo, 13 septembre 2013.
15 Commentaires de l’article « La dernière provocation de “Charlie Hebdo” contre les musulmans »,www.agoravox.fr, 19 septembre 2012.
16 Parmi vos sympathiques soutiens : Bruno Mégret, « Désislamiser la France », discours à l’université d’été du MNR, 27 août 2005 ; Ivan Rioufol, « Pourquoi “Charlie Hebdo” sauve l’honneur », Le Figaro, 19 septembre 2012 ; Benoît Rayski, « Tombouctou-sur-Seine : et si on tranchait les mains des dessinateurs de “Charlie Hebdo” ? », atlantico.fr, 28 novembre 2013.
17 Lire Alain Gresh, « L’islamophobie, “Le Monde” et une (petite) censure, Nouvelles d’Orient, 5 novembre 2013.
18 Zineb El Rhazoui, « Tunisie : l’islamisme menacé par du rap et des tétons », Charlie Hebdo, 19 juillet 2013.
19 Lire Sébastien Fontenelle, « Un intéressant cas de foutage de gueule », Bakchich.info, 26 novembre 2013.
VOIR AUSSI :
2 Fiammetta Venner, « Forum social européen : un autre jihad est possible », Charlie Hebdo, 29 septembre 2004. A lire ICI.
3 Publié le 1er mars 2006 dans Charlie Hebdo en partenariat avec L’Express, RTL, RMC, Europe 1 et France Info.
4 Zineb El Rhazoui, « Sexe and the Syrie »,Charlie Hebdo, 25 septembre 2013.
5 Ignace Leverrier, « Vous allez être déçus : le “djihad du sexe” en Syrie n’a jamais existé », 29 septembre 2013.
6 Pour un décorticage de cette affaire hallucinante, lire Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed,Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », La Découverte, 2013.
7 « Pas de femmes voilées aux Restos du cœur »,www.islamophobie.net, 6 décembre 2012.
8 Les majuscules sont fournies par la rédaction deCharlie Hebdo.
9 « Affaire Baby-Loup : la laïcité à la barre », interview de Richard Malka par Gérard Biard, Charlie Hebdo, 6 novembre 2013.
10 Bernard Maris, « Cette jeunesse irresponsable », Charlie Hebdo, 20 juin 2013. Quelqu’un peut-il expliquer à l’éditorialiste de « Charlie » que la djellaba n’est pas un attribut « musulman » mais un vêtement « arabe ? Un mois après cet article, et à la grande déception de son auteur, Amina Sboui claquait la porte des Femen en expliquant qu’elle ne souhaitait pas que son nom « soit associé à une organisation islamophobe ».
11 « L’islam, ce nouveau déterminisme selon Eliacheff et Elle », www.crepegeorgette.com, 22 novembre 2013.
12 « Le conflit sur le voile touche aussi les enfants », Elle, 13 novembre 2013.
13 - Je suis surpris que tu accrédites par ta signature la piteuse opération de ravalement de façade de tes employeurs. Je ne doute pas de la sincérité de ton ralliement, mais je vois dans celle-ci un mauvais signe.
14 Zineb El Rhazoui, « Les salafistes ont leur roi des Belges », Charlie Hebdo, 13 septembre 2013.
15 Commentaires de l’article « La dernière provocation de “Charlie Hebdo” contre les musulmans »,www.agoravox.fr, 19 septembre 2012.
16 Parmi vos sympathiques soutiens : Bruno Mégret, « Désislamiser la France », discours à l’université d’été du MNR, 27 août 2005 ; Ivan Rioufol, « Pourquoi “Charlie Hebdo” sauve l’honneur », Le Figaro, 19 septembre 2012 ; Benoît Rayski, « Tombouctou-sur-Seine : et si on tranchait les mains des dessinateurs de “Charlie Hebdo” ? », atlantico.fr, 28 novembre 2013.
17 Lire Alain Gresh, « L’islamophobie, “Le Monde” et une (petite) censure, Nouvelles d’Orient, 5 novembre 2013.
18 Zineb El Rhazoui, « Tunisie : l’islamisme menacé par du rap et des tétons », Charlie Hebdo, 19 juillet 2013.
19 Lire Sébastien Fontenelle, « Un intéressant cas de foutage de gueule », Bakchich.info, 26 novembre 2013.
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