Le numéro 13 de Dabiq, la revue en anglais de Daesh ou « Groupe Etat islamique » (GEI[1])
est disponible sur la toile depuis mi-janvier. Comme d'habitude, cette
publication est très intéressante à décrypter. Sa lecture permet de
deviner quels seront les objectifs poursuivis par Daesh à moyen terme à
condition de compléter son analyse par d'autres informations diffusées
par ailleurs.
Un hommage aux assassins de San Bernadino
Ce numéro de Dabiq
débute par l'évocation de la tuerie de San Bernardino qui a eu lieu aux
Etats-Unis le 2 décembre 2015. Elle a fait 14 morts, dont les deux
terroristes, et 24 blessés. Daesh félicite les auteurs - Syed Rizwan
Farook, un Américain d'origine pakistanaise et son épouse Tashfeen Malik
- pour avoir mené cette opération en renonçant à une vie confortable.
Le fait qu'avant l'attentat, ils aient confié à la mère de Farook leur
fille âgée de six mois sachant qu'ils ne la reverraient plus jamais, est
mis en avant comme un sacrifice exceptionnel. L'épouse, de nationalité
pakistanaise, est particulièrement félicitée car elle n'était pas
obligée de passer à l'acte étant une femme. Daesh demande à ce que plus
de musulmans suivent l'exemple de ce couple modèle.
Il est
possible de tirer trois ensignements de ce texte. Le GEI n'était pas
directement impliqué dans l'action car il ne la revendique pas
officiellement. D'ailleurs, dans une déclaration précédente, il avait
bien qualifié les deux terroristes de « partisans », non pas de
« soldats du califat », une nuance fondamentale. En effet, quand les
« soldats du califat » sont évoqués - comme lors des attentats de Paris
du 13 novembre 2015 ou du sabotage de l'Airbus russe de Charm el-Cheikh,
le 31 octobre de la même année -, cela signifie que le GEI est
réellement à l'origine de l'opération. Sinon, il s'agit de sympathisants
qui ont lancé une opération sans lien direct avec l'organisation, que
l'on a l'habitude de qualifier de « loups solitaires » (Coulibaly était
de ceux-là). Les déclarations d'allégeance qu'ils émettent dans des
messages posthumes n'engagent qu'eux-mêmes puisque leur allégeance n'a
pas été officiellement acceptée par Abou Bakr al-Baghdadi, alias calife
Ibrahim. Généralement, ce dernier n'en prend connaissance qu'en même
temps que le public, c'est-à-dire via la presse.
Il se confirme
que Daesh ne donne pas de rôle « combattant » aux femmes, même si des
mouvements lui ayant fait allégeance comme Boko Haram les utilise (en
particulier les jeunes filles) comme kamikazes. Il faut dire que l'islam
pratiqué par les membres de Boko Haram est fortement teinté d'animisme.
Cela ne plait pas aux dirigeants de Daesh, mais ils font avec car ce
mouvement leur est stratégiquement indispensable. Les seules femmes
armées du GEI sont les membres de la police intérieure chargées de
contrôler la gente féminine. Il est toutefois prévu que toutes les
femmes présente au sein de l'Etat islamique apprennent le maniement des
armes légères "au cas où...", d'où les photos de femmes armées diffusées
sur internet.
Globalement, la mission confiée aux femmes par
les salafistes-djihadistes - en plus d'enfanter une future génération de
combattants, le djihad s'inscrivant dans la durée - est de soutenir
psychologiquement les combattants. Ce rôle moral n'est jamais assez
souligné, ni la responsabilité des femmes dans la combativité de leurs
maris ou enfants. En effet, le regard qu'elles portent sur eux est d'une
importance psychologique primordiale.
Un développement
important est également consacré à la mort, en novembre 2015, de Jihad
John - de sa vraie identité Mohammed Emwazi - appelé dans Dabiq
Abou Muharib al-Muhajir. Son parcours est détaillé en minimisant son
appartenance initiale à Al-Qaida « canal historique ». Son côté
« humain » est mis en avant, la revue faisant état de sa miséricorde,
de sa gentillesse et de sa générosité à l'égard des croyants. A aucun
moment ne sont évoquées ses activités de bourreau spécialiste de la
décapitation au couteau. A noter que Jihad John aurait été remplacé par
un Britannique d'origine indienne Siddhartha Dhar, alias Abou Rumaysah
La diabolisation des chiites
Mais ce sont la page de couverture et le titre qui résument l'idée maîtresse de ce numérode Dabiq. La photo montre une manifestation religieuse chiite à l'occasion de l'Achoura[2]
et le titre « les Rafidah » fait référence à « ceux qui rejettent ». Ce
surnom est donné aux chiites qui, selon Daesh, ne reconnaissent pas
l'autorité légitime de l'islam, celle des sunnites. En dessous du titre,
il y a deux références historiques d'Ibn Saba' au Dajjal. Abdallah Ibn
Saba serait un juif converti à l'islam qui serait à l'origine du
chiisme. Ces derniers réfutent la réalité même de son existence
affirmant que c'est une pure légende destinée à les diaboliser. Dajjal
signifie le « faux messie », aussi assimilé à l'antéchrist. Il est
également qualifié par les sunnites de « Satan ».
A n'en pas
douter, l'objectif désigné dans ce numéro sont les chiites en général et
l'Iran en particulier. Un article complet explique doctrinalement et
historiquement pourquoi les chiites sont des « Rafidah ». Un
rapprochement est d'ailleurs fait avec les juifs, ce qui, aux yeux d'un
profane, ne peut qu'étonner. Toutefois, la lecture de ce passage
démontre que, si les exécutants de base de Daesh - particulièrement les
volontaires étrangers - ne sont pas férus de religion, les hautes
sphères du mouvement possèdent une connaissance approfondie des textes
sacrés qui régissent l'islam, version sunnite !
Les chiites
doivent être ciblés dès à présent par les membres de l'Etat islamique.
De manière étonnante, Daesh insiste sur le fait que l'islam sunnite a
été trop tolérant vis-à-vis des chiites, considérés comme des apostats
qui doivent tout simplement être exterminés. Ils ne font pas l'objet de
la « mansuétude » reconnue aux juifs et aux chrétiens qui sont
considérés comme des « gens du Livre » par le Coran (sourate 41, verset
34). Toutefois, ce passage est remis en question par les érudits de
Daesh qui estiment qu'il était adapté à une époque où les musulmans
n'étaient pas encore assez puissants pour imposer leur supériorité. Il y
a ainsi là une contradiction : le salafisme-djihadisme dont se réclame
Daesh est une idéologie qui prône un retour à l'islam des origines et au
respect scrupuleux des textes sacrés qui ne peuvent être interprétés
puisqu'ils viennent de Dieu. Or l'on découvre que les érudits
interprètent les textes quand ça les arrange !
Les auteurs
citent Abou Moussab Al-Zarqawi, considéré comme le fondateur de l'Etat
islamique d'Irak (EII), l'ancêtre de Daesh, qui s'est opposé à
Al-Zawahiri (alors numéro 2 d'Al-Qaida) sur ce sujet dans des courriers
échangés en 2005. Zawahiri lui reprochait déjà sa trop grande
agressivité vis-à-vis des chiites qui empêchait à Al-Qaida d'atteindre
ses objectifs à long terme. Zarqaoui lui rétorquait que la politique
suivie par Al-Qaida vis-à-vis des chiites était clairement basée sur la
croyance « déviante » qu'ils sont de véritables « musulmans » alors qu'à
ses yeux, ils n'étaient que des traîtres à la doctrine de l'islam telle
qu'il la concevait[3].
Pour le GEI, Zawahiri persiste dans son erreur en considérant les
chiites comme ses « frères ». Il est accusé entretenir des liens avec
les « Rafidahs » d'Iran, d'avoir critiqué les sanctions de l'ONU contre
ce pays[4] et de condamner les attaques dirigées contre les chiites.
Les
taliban sont mis dans le même panier qu'Al-Qaida « canal historique ».
Daesh les accuse d'être lié à l'Inter-Services Intelligence (ISI), les
services secrets pakistanais. Le cheikh Hafidh Said Khan, présenté comme
le gouverneur (wali) de la wilaya (province) Khorasan, couvrant
l'Afghanistan et le Pakistan, reprend les mêmes insinuations à
l'encontre d'Al-Qaida et des taliban. Leur seul objectif est, selon lui,
de combattre le califat qui essaye de se faire une place en zone AfPak.
Il confirme par ailleurs que des membres du Mouvement islamique
d'Ouzbekistan (MIO) - qui ont fait allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi et
qu'il qualifie de « frères moudjahids Ouzbeks » - sont pris à partie
par les taliban. Il rappelle que les taliban ont présenté leurs
condoléances lors du décès, en 2015, du général Hamid Gul qui a dirigé
l'ISI dans les années 1980 et qui a été à l'origine d'une fructueuse
coopération entre l'ISI, les taliban et même Al-Qaida. Said Khan
soutient que des membres de la choura actuelle des taliban et que le
successeur du mollah Omar[5],
le mollah Akhtar Mohammad Mansour en personne, sont des agents de
l'ISI. Hafidh Said Khan ne fait pas de distinction entre les taliban
afghans et pakistanais. Il considère qu'ils ne respectent en rien la loi
islamique mais des « coutumes tribales » et des « aspirations et
traditions » locales.
Toutes ces assertions sont à l'évidence
destinées aux moudjahiddines vivant en Afghanistan et au Pakistan. Il
faut les convaincre qu'ils ont été trompés pendant des années par les
taliban (le mensonge qui a consisté à cacher la mort du mollah Omar
pendant plus de deux ans est d'ailleurs rappelé) et Al-Qaida et que leur
seule solution est de rejoindre les rangs de la wilaya Khorasan
dépendant du GEI qui, lui, détient la vraie foi. Les affrontements qui
ont débuté entre Daesh, les pouvoirs en place à Kaboul et à Islamabad et
les taliban devraient donc considérablement s'intensifier dans les mois
à venir, avec vraisemblablement le basculement de plus en plus de
combattants dans les rangs du GEI.
La famille royale saoudienne et les « érudits du palais » également ciblés
Les
autres cibles désignées sont les membres de la famille royale
saoudienne mais aussi quatre de ses plus importants érudits (qualifié
d'« érudits du palais ») qui sont officiellement condamnés à mort par
l'Etat islamique. Ils sont tous accusés d'avoir tenté de dissuader les
musulmans de mener le djihad et d'établir la charia. Ils sont aussi
qualifiés d'esclaves des Tawaghits (ceux qui transgressent les lois de
Dieu) car ils « collaborent » avec les juifs, les chrétiens et les
païens, avec comme seul objectif de détruire l'islam. Bien sûr, les
exécutions de plus de 40 membres d'Al-Qaida, le 2 janvier 2015, leur
sont reprochées, même si les condamnés avaient surtout tenté de
déstabiliser le royaume entre 2003 et 2006, soit avant même la création
de l'Etat islamique d'Irak (EII). Dabiq reproche d'ailleurs à
Al-Qaida central de ne pas avoir riposté à ces crimes. C'est ignorer
qu'Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), le bras armé d'Al-Qaida
central dans la région, a promis une vengeance implacable suite à ces
exécutions.
L'Arabie saoudite va donc connaître un accroissement
des actions terroristes. Elles pourront aussi bien venir d'AQPA que du
GEI. De plus, Daesh appelle les musulmans de la péninsule arabique à se
soulever contre l'apostasie et les « érudits du palais ». Le risque réel
semble encore limité car une révolte en bonne et due forme paraît
actuellement prématurée. Par contre, une guerre de palais peut très bien
avoir lieu, le roi Salmane étant en très mauvaise santé et les
aspirants à sa succession très nombreux.
Au Yémen voisin, où
Riyad conduit une coalition pour lutter contre les rebelles Al-Houthi et
les partisans de l'ancien président Abdallah Saleh qui se sont emparés
de la partie ouest du pays début 2015, Daesh a plusieurs ennemis
désignés : les Saoudiens et leurs alliés, les rebelles et AQPA. Pour le
moment, le GEI a surtout mené des opérations terroristes d'envergure
dans la capitale Sanaa (aux mains des rebelles) et à Aden (théoriquement
contrôlé par le pouvoir yéménite légal soutenu par Riyad). Ces
opérations devraient aussi s'intensifier.
Bilan des opérations récentes
Dabiq
fait un état des opérations récentes de l'Etat islamique de par le
monde, en particulier ses actions au Bangladesh, au Yémen, en Egypte
(particulièrement dans la région du Caire), en Syrie (contre le PKK,
tous les Kurdes étant désignés comme membres de cette organisation), en
Irak, en Indonésie (où les attentats de Jakarta sont officiellement
revendiqués), etc. Par contre, pas un mot sur les attentats en Turquie
(de Suruç, d'Ankara puis d'Istanbul) qui n'ont d'ailleurs jamais fait
l'objet de la moindre revendication de la part de Daesh. Ce sont les
autorités turques qui lui en ont attribué la responsabilité.
Aussi, plusieurs hypothèses, y compris les plus complotistes ont été
formulées pour expliquer ce silence de Daesh. La plus logique semble
être que le GEI ne souhaite pas affronter directement le gouvernement
turc dont il a besoin pour ses approvisionnements et pour se préserver
une porte de sortie éventuelle en cas de défaite militaire en Syrie. Une
revendication directe des actions terroristes serait considérée comme
une véritable déclaration de guerre par le président Erdogan. Il serait
alors obligé d'infléchir sa politique sécuritaire qui lui fait
actuellement considérer les Kurdes du PKK et du PYD syrien comme ses
adversaires prioritaires. Cela arrange Daesh qui s'oppose aussi par les
armes à ces formations. A noter aussi que les terroristes ont pris soin
de viser des opposants au régime de l'AKP (Parti de la justice) au
pouvoir en Turquie et des touristes allemands, ce qui est soit un
hasard, soit a été fait pour punir Berlin de participer directement à la
coalition anti-Daesh.
En dernière page de la revue, sur une publicité titrée « une terreur juste » (expression déjà employée dans le numéro 12 de Dabiq)
apparaissent neuf individus qui auraient participé aux attentats de
Paris du 13 novembre 2015. On y apprend que les deux kamikazes non
identifiés du stade de France seraient des Irakiens ayant utilisé des
passeports syriens. La légende est : « que Paris soit une leçon pour les nations qui souhaitent prendre note ».
Curieusement, les attaques de Paris ne paraissent pas revêtir une
importance fondamentale aux yeux des dirigeants du GEI. D'ailleurs, dans
son dernier message audio postérieur au 13 novembre, Abou Bakr
al-Baghdadi ne les mentionne même pas.
Menaces sur le Maghreb
Ce numéro de Dabiq
n'évoque pas la situation au Maghreb et pourtant Daesh publie depuis
peu nombre de textes et de vidéos visant à y recruter de nouveaux
adeptes, en particulier au sein d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Le GEI ne fait pas mystère de vouloir plus s'impliquer en Afrique en
général et au Maghreb en particulier.
L'appellation de Jund al
Khilafah (Les soldats du Califat), celle d'un groupuscule d'AQMI actif à
l'est d'Alger qui a fait allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi en juillet
2014, réapparaît. Ce mouvement s'était tristement fait connaître en
assassinant le Français Hervé Gourdel en septembre de la même année.
Cette katiba originaire de Kabylie avait pourtant été liquidée par
l'armée algérienne dès l'automne 2014.
Daesh utilise la Libye
comme base de départ. Localement, il lance ses offensives depuis Syrte,
la « capitale » de sa wilaya, et a conquis quelques 250 kilomètres de
côte et progressé vers le sud. Il s'attaque aux installations
pétrolières mais, pour le moment, demeure incapable de les exploiter.
C'est pourquoi il préfère les détruire comme à Es Sider et à Ras Lanouf,
début janvier. Phénomène inquiétant, le GEI est également présent dans
nombre de localités côtières, dont Derna, où il mène une lutte acharnée
contres les groupes locaux[6]
qui ont refusé de lui faire allégeance. La mise en place d'un
gouvernement d'union nationale libyen sous l'égide des Nations Unies, si
elle se réalise, devrait permettre à ceux qui en feront partie de
demander officiellement l'aide internationale pour combattre Daesh.
Si Moscou et Pékin n'oposent pas leur veto à une résolution de l'ONU autorisant l'usage de la force[7],
le mouvement terroriste peut alors s'attendre à subir des frappes
aériennes d'une coalition qui serait créée pour l'occasion. La présence
du GEI à proximité des côtes européennes pourrait ainsi se retourner
contre lui, puisqu'il est désormais à portée de frappe des bombardiers
décollant d'Europe méridionale. En conséquence, Daesh tente aujourd'hui
de gagner un maximum de terrain pour disperser les objectifs potentiels
et utiliser la même tactique que sur le front syro-irakien : se fondre
au sein de la population.
Le Nigeria constitue le deuxième point
d'appui de Daesh. Boko Haram, quoique fortement étrillé, poursuit ses
opérations terroristes dans le pays même mais aussi dans les Etats
voisins, en particulier dans la région du lac Tchad. La rumeur d'une
jonction entre Boko Haram et la wilaya libyenne semble exagérée même
s'il est vrai que quelques activistes ont été « échangés » entre les
deux mouvements. Ce sont surtout quelques dizaines de combattants de
Boko Haram - dont quelques Camerounais - qui ont rejoint la wilaya
libyenne.
Le problème pour le GEI est que l'espace entre les
deux pays est la zone réservée d'AQMI et plus particulièrement de la
katiba Al-Mourabitoune aussi appelée Al-Qaida pour l'Afrique de
l'Ouest . Son leader, Mokhtar Belmokhtar (MBM) - qui aurait rallié AQMI
après une période de brouille de plus de deux ans[8]
- écume le Sahel qu'il connaît très bien, de la Mauritanie à la Libye.
C'est lui qui serait derrière les attaques de Ouagadougou et de Bamako.
D'autres groupes comme Ansar Dine ou des restes du MUJAO sont encore
actifs dans la zone sahélienne. Ce sont surtout eux qui peuvent à tout
moment tourner casaque en s'engageant sous la bannière du GEI.
Enfin,
la Somalie constitue un cas un peu à part. La direction des shebabs est
toujours fidèle à Al-Qaida central mais des défections de certains de
leurs membres commencent à s'accélérer. La lutte d'influence entre les
deux mouvements salafistes-djihadistes de la corne de l'Afrique risque
de considérablement s'intensifier dans les mois qui viennent. Pour le
moment, c'est Al-Qaida, via les shebabs, qui est à la manœuvre,
multipliant les actions en Somalie et au Kenya voisin.
*******************************************
2016
va vraisemblablement voir une continuation de l'affaiblissement
(relatif) du GEI dans son berceau syro-irakien, ce qui n'exclut pas de
vives contre-attaques apportant leur lot de tueries de masse, comme cela
s'est déroulé à Deir ez-Zor début janvier. Le but de ces horreurs est
de dissuader les populations de collaborer de quelque manière que ce
soit avec l'ennemi. Les opérations à l'extérieur vont s'intensifier pour
faire oublier l'inversion de tendance en Irak et en Syrie. Les
objectifs désignés sont clairs: en priorité, les chiites seront attaqués
sur tous les fronts. En dehors des combats « classiques » dirigés
contre les forces gouvernementales syriennes, irakiennes, les milices,
le Hezbollah, les pasdarans, les attentats vont se multiplier contre
cette communauté et ses lieux de culte, notamment au Pakistan, au
Bahreïn et peut-être même en Iran dont la normalisation des relations
avec l'Occident constitue pour Daesh la « preuve » de la « collusion »
chiites/chrétiens/juifs. Il lui faut absolument réagir en punissant les
apostats iraniens !
En Arabie saoudite, des actions terroristes
vont se poursuivre avec un double objectif: viser la minorité chiite et
affaiblir le famille royale. Daesh va également augmenter son emprise en
zone AfPak, au Yémen, en Libye, en Egypte (où il a étendu ses actions
depuis le Sinaï à la région du Caire) et en Extrême-Orient,
principalement en Indonésie où la majeure partie des activistes de la
Jemaah Islamiyah (JI) a fait allégeance au calife Ibrahim. Partout, il
se retrouvera opposé à Al-Qaida « canal historique » dont il tentera de
dévoyer les activistes.
Enfin, des actions terroristes
organisées vont avoir lieu partout où cela est possible. Il semble que
le Caucase, la Russie, l'Europe et l'Extrême-Orient vont constituer ses
cibles prioritaires. Enfin, Daesh va encourager ses sympathisants
présents de par le monde, soit à le rejoindre[9], soit à passer à l'action là où ils se trouvent. Aucun pays n'est à l'abri.
- [1] Comme il est désormais désigné par les autorités et la presse.
- [2] Qui commémore le massacre de l'imam Hossein et de 72 de ses proches par les omeyyades à Kerbala (Irak).
- [3] Zarqawi, un ancien petit voyou jordanien, n'était certainement pas féru de religion. Par la suite, l'Etat islamique s'est assuré le soutien de véritables érudits de l'islam qui prônent le salafisme-djihadisme pur et dur, lequel consiste à respecter les textes d'origine à la lettre et à refuser toute interprétation ultérieuret. Cela explique la véritable haine entretenue à l'égard des chiites.
- [4] Etonnante référence à l'ONU de la part de Daesh qui n'en est pas à une contradiction près.
- [5] Daesh prétend s'être douté de la disparition du mollah Omar en 2013 car ses adeptes ne respectaient plus la charia.
- [6] Parmi lesquels des islamistes radicaux « nationalistes » qui considèrent les membres de Daesh comme des étrangers.
- [7] Ils n'ont toujours pas digéré l'utilisation abusive de la résolution 1973 par les Français et les Britanniques, appuyés par les Américains, pour lancer une action militaire contre Kadhafi.
- [8] Personne ne sait ce qu'il est devenu réellement. Il a été donné plusieurs fois pour mort, méritant un de ses surnoms : « Mr. Fantôme ».
- [9] Le GEI a cruellement besoin de gonfler ses effectifs car les zones qu'il souhaite contrôler sont trop
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