«De militaires à militaires» ou
Comment la hiérarchie militaire américaine a contourné le Président
Barack Obama pour fuiter, via des pays tiers, des informations sur
l’opposition djihadiste à destination de l’armée syrienne.
VOIR AUSSI :
1- Poutine ne veut pas que que la Syrie tombe aux mains de l’EI et que le chaos en Syrie s’étende au Liban et en Jordanie
Seymour Myron Hersh rapporte qu’un
ancien conseiller de la Maison Blanche pour les affaires russes lui a
confié qu’avant le raid terroriste contre les États-Unis du 11 Septembre
2001 Poutine affirmait aux Américains «Nous avons les mêmes cauchemars»
en divers points du globe par référence à ses problèmes face au Califat
en Tchétchénie et le vieux contentieux des Américains avec Al Qaida.
«Désormais après la destruction du
Metrojet, un avion des lignes commerciales russes au dessus du Sinaï,
les massacres de Paris et d’ailleurs, il est difficile de nier le fait
que nous avons effectivement les mêmes cauchemars aux mêmes endroits».
Pourtant l’administration Obama continue de court-circuiter la Russie
pour son soutien à Assad.
Un haut fonctionnaire qui a servi à
l’ambassade des États-Unis à Moscou fait part de sa compréhension face
au dilemme d’Obama, par ailleurs chef de la coalition occidentale
hostile à l’agression de la Russie contre l’Ukraine. «L’Ukraine est un
problème sérieux. Obama l’a géré de manière ferme avec des sanctions.
Mais notre politique à l’égard de la Russie est très souvent «floue».
Mais il ne s’agit pas de nous en Syrie, il s’agit de s’assurer que
Bachar ne perde pas .
La réalité est que Poutine ne veut pas
que la Syrie tombe aux mains de l’EI et que le chaos en Syrie ne
s’étende au Liban et à la Jordanie, comme ce fut le cas en Irak. Mais le
fait le plus contre-productif d’Obama, qui a beaucoup gêné nos efforts
en vue d’arrêter les combats, a été de poser le départ de Bachar comme
préalable aux négociations de paix.
2- Poutine consterné par la fin tragique de Kadhafi, soucieux d’épargner à Assad un sort identique
Se faisant sans doute l’écho des
personnalités en vue du Pentagone, Obama a fait allusion à un «facteur
collatéral» intervenu dans la décision de la Russie d’ordonner ses raids
aériens contre les djihadistes.
«Poutine était en fait consterné par la
fin tragique de Kadhafi. Il était soucieux d’épargner à Assad un sort
identique. Il nous a été rapporté que Poutine avait visionné trois fois
le documentaire sur la mise à mort de Kadhafi et sa sodomisation par
baïonnette. Poutine avait été consterné par cette fin tragique et s’en
voulait de n’avoir pas joué un rôle plus actif en coulisses aux Nations
Unies quand la coalition occidentale faisait du lobbying pour obtenir
l’autorisation de procéder aux bombardements de la Libye; ce qui a
débouché sur la destruction du régime.
«Poutine était convaincu que sans son
engagement en Syrie, Assad connaîtrait le même sort que Kadhafi, et
serait mutilé et qu’il verrait l’anéantissement de ses alliés en Syrie».
Dans son discours à l’ONU le 22 novembre
2015, Obama a assuré que «la principale cible des raids aériens ruses
en Syrie était «l’opposition modérée», une ligne dont l’administration
Obama de même que les grands médias d’information en ont rarement dévié,
alors que les Russes insistent sur le fait qu’ils visent tous les
groupes rebelles menaçant la stabilité de la Syrie, l’État Islamique
inclus.
Le conseiller du Kremlin pour le
Moyen-Orient a expliqué, dans une interview, que la première vague des
bombardements russes a cherché à sécuriser la base de Lattaquieh, une
forteresse alaouite. «L’objectif stratégique, a-t-il dit, était
d’établir un couloir reliant Damas à Lattaquieh et à la base navale
russe de Tartous, débarrassé de toute présence djihadiste, puis de
réorienter les frappes progressivement vers le Sud et l’Est du pays,
enfin, en Octobre 2015 vers Raqqa. En Novembre 2015, les raids se sont
intensifiés près de la ville antique de Palmyre et le secteur d’Idlib,
secteur âprement disputé dans la zone frontalière turque.
3- Russie-Turquie: Une violation de l’espace aérien turc par l’aviation russe pendant 17 secondes
Les incursions russes dans l’espace
aérien turc ont commencé dès le début des raids russes en Syrie.
L’aviation russe a mis en œuvre un système de brouillage des radars
turcs, dans un clair message aux Turcs, signifiant: «Nous allons envoyer
nos avions où bon nous semble, quand nous le voulons, au moment où nous
le voudrons, à l’endroit où nous le voudrons. Et, en plus de cela, nous
allons brouiller vos radars. Et ne nous ennuyez pas avec cela (Don’t
fuck with us)», a expliqué le conseiller.
«Les violations russes de l’espace
aérien turc ont entraîne une escalade de la tension, avec des plaintes
turques suivies de dénégations russes et des patrouilles de plus en plus
agressives russes dans l’espace turc.
Pas d’incident notable jusqu’au 24
novembre quand deux chasseurs F-16 turcs, répondant apparemment à des
instructions plus agressives de leur hiérarchie ont abattu un Sukhoi
SU-24M russe qui avait franchi l’espace aérien turc pendant 17 secondes.
Dans une déclaration à la presse, le 1er
décembre 2015, Obama exprima son soutien à Erdogan, assurant que son
administration demeurait très engagée à l’égard de la sécurité et la
souveraineté de la Turquie, ajoutant «tant que la Russie restait
l’alliée d’Assad, nombre d’objectifs russes seraient visés par les
groupes d’opposition que nous soutenons. Je ne pense pas que la Russie
vise uniquement des cibles de l’EI. Cela n’est pas le cas, cela n’a pas
été le cas, cela n’a jamais été le cas et cela ne va pas arriver dans
les prochaines semaines».
4- Mise à l’écart des groupements modérés par L’État Major Interarmes et la DIA
Le Joint Staff Committee de même que la
DIA, du côté américain, et le conseiller du Kremlin pour le
Moyen-Orient, du côte russe, ont décidé de mettre à l’écart les
«modérés» qui avaient le soutien d’Obama, les considérant comme des
groupements extrémistes islamistes qui combattaient aux côtés de Jabhat
An Nosra et l’Etat Islamique.
«Inutile de jouer sur les mots et de
distinguer terroristes modérés et non modérés», avait réplique d’avance
Poutine à Obama quelques semaines plus tôt (22 octobre).
Les généraux américains considéraient
les «groupes modérés» comme «des milices épuisées, forcées pour leur
survie de passer des compromis avec Jabhat An Nosra et l’État
Islamique».
5- Le témoignage du journaliste allemand Jurgen Todenhofer: L’ASl, le meilleur fournisseur d’armes de qualité à l’État Islamique
Fin 2014, le journaliste allemand Jurgen
Todenhofer, autorisé à se rendre dans les territoires sous contrôle de
l’EI, en Syrie et en Irak, avait rapporté que les responsables d’ISIS
«méprisaient l’ASL (armée syrienne libre), et ne les prenaient pas au
sérieux», les présentant comme «les meilleurs fournisseurs d’armes de
qualité». Dès qu’ils ont des armes de qualité, ils nous les vendent»,
auraient dit au journaliste allemand des responsables de l’EI. «ISIS
méprise l’ASL et ne prend au sérieux qu’Assad et les bombes. Ils ne
craignent rien d’autre et l’ASL ne joue aucun rôle», a-t-il ajouté.
6- Le New York Times, relais des thèses de l’administration Obama
La campagne aérienne russe en Syrie a
donné lieu à un flot d’articles de la presse américaine faisant écho aux
thèses de l’administration OBAMA. Ainsi le 25 octobre 2015, le New York
Times, citant des officiels américains, affirmait que les sous-marins
et navires espions russes opéraient de manière agressive à proximité des
câbles sous marins qui assuraient une part du trafic internet mondial,
admettant toutefois qu’il n’existait «pas de preuves d’une quelconque
tentative russe d’interférer dans le trafic sous-marin».
Dix jours auparavant Le NYT dressait une
liste des incursions russes au dessus de l’espace aérien des anciennes
républiques soviétiques d’Asie, soutenant que «la campagne aérienne
russe en Syrie signait la relance des anciennes ambitions militaire du
passé soviétique». Le journal omettra toutefois de mentionner un fait
majeur, à savoir que l’intervention russe en Syrie a été faite «à la
demande d’Assad», de même qu’il a omis de mentionner le fait que les
raids occidentaux à l’intérieur du territoire syrien se faisait «sans
l’accord d’Assad».
Michael Mac Faul, Ambassadeur des
États-Unis en Russie (2012-2014), soutenait, pour sa part, que «les
raids russes bombardaient tout le monde, sauf l’État Islamique».
Les récits anti-russes n’ont pas disparu
des colonnes des journaux après la destruction du Métrojet russe au
dessus du Sinaï. Rares ont été, tant dans les médias qu’au niveau de
l’administration, ceux qui se sont interrogés sur les raisons qui ont
conduit l’État Islamique à viser un avion de ligne russe, ses passagers
et son équipage, si l’aviation russe ciblait exclusivement les modérés
syriens.
7- L’argument fallacieux du Trésor américain pour justifier le maintien des sanctions contre Assad: la «symbiose» entre Assad et l’État Islamique
Le Trésor américain avait un argument
sans fondement pour inciter la Russie à cesser sa coopération avec
Assad, en soutenant qu’il existait une «symbiose» entre le président
syrien et l’État Islamique, une symbiose doublement bénéfique à l’un
comme à l’autre en ce qu’elle «permet au premier de se cramponner au
pouvoir et au second d’assurer son expansion».
Les quatre axiomes de la politique d’Obama concernant la Syrie demeurent inchangés:
- Le départ d’Assad
- L’existence de forces islamistes modérées que les États Unis doivent soutenir.
- Aucune coalition anti État islamique n’est possible avec la Russie
- La Turquie, alliée indéfectible dans la guerre contre le terrorisme.
Les attentats de Paris-Bataclan le 13
nombre 2015, qui ont fait 130 tués, n’ont pas changé la donne bien que
plusieurs dirigeants européens dont François Hollande aient plaidé pour
une plus grande coopération avec la Russie.
Selon le conseiller de l’État-major
inter armes américains, l’un des objectifs majeurs de François Hollande
dans son déplacement à Washington après la tuerie du Bataclan était de
convaincre Obama de se joindre à l’Union Européenne dans une déclaration
de guerre commune à l’État islamique, ce qu’ Obama refusa. Les
dirigeants européens ne se sont pas rendus à l’Otan pour dégager une
telle déclaration (…) La Turquie est le problème», a résumé le
conseiller pour expliquer cet imbroglio.
8- Les confidences de Imad Moustapha à Seymour Hersh:
«Assad n’admettra pas qu’un groupe de
dirigeants étrangers décide de son avenir. Il ne quittera pas le pouvoir
tant que les ennemis historiques de la Syrie réclament son départ».
Imad Moustapha, Ambassadeur de Syrie en
Chine, auparavant Doyen de la Faculté des technologies de l’information à
l’Université de Damas, est un proche collaborateur d’Assad. A ce titre
il avait été nommé Ambassadeur de Syrie aux États-Unis, en 2004, soit
après l’invasion américaine de l’Irak, un poste qu’il occupa pendant 7
ans. Toujours proche d’Asaad, il demeure fiable quand il s’agit de
traduire les pensées de son président.
Seymour Hersh assure avoir recueilli
cette confidence de la part du diplomate syrien: «Pour Assad, quitter le
pouvoir cela équivaudrait à capituler devant des groupes armés
terroristes et que les ministres (émanant de l’opposition) qui
figureront dans un gouvernement d’Unité Nationale, tel que cela a été
proposé par les Européens, seraient redevables de leurs postes aux
régimes étrangers qui ont contribué à leur désignation.(…) les régimes
étrangers pourraient rappeler au nouveau président «qu’ils pourraient
facilement le remplacer comme ils l’avaient fait avec son prédécesseur».
«Assad considère qu’il est redevable de
son poste à son peuple. Il ne quittera pas le pouvoir tant que les
ennemis historiques de la Syrie réclameront son départ».
9- La Chine: le danger Ouïghour et la promesse de 30 milliards de dollars pour la reconstruction de la Syrie
Imad Moustapha a cité à ce propos
l’exemple de la Chine, alliée d’Assad, qui selon le diplomate s’est
engagée à fournir 30 milliards de dollars pour la reconstruction de la
Syrie. «La Chine témoigne de l’inquiétude à l’égard de l’État Islamique.
Elle observe la crise syrienne d’un triple point de vues: Le Droit
International et la légitimité; le positionnement stratégique global de
la Syrie et de son environnement; les activités des Ouïghours
djihadistes de la province du Xinjiang, à l’extrême-ouest de la Chine.
10- La connexion de la Turquie avec les Ouïghours
Le Xinjiang est frontalier de huit pays
(Mongolie, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Afghanistan,
Pakistan et l’Inde. Au regard de la Chine, il sert de réceptacle au
terrorisme mondial, y compris pour l’intérieur chinois.
……«Bon nombre d’Ouïghour combattent en
Syrie, sous la bannière du «Mouvement Islamique du Turkménistan de
l’EST», une organisation séparatiste de lutte armée dont l’objectif est
l’établissement d’un «État Ouïghour Islamique» au Xinjiang.
….«Les combattants ouïghours ont reçu
l’aide des services de renseignements turcs pour leur transfert vers la
Syrie via la Turquie. Ce fait a généré une tension entre les services de
renseignements turcs et chinois en ce que la Chine s’inquiète du rôle
des Turcs dans le soutien aux combattants ouïghours en Syrie, rôle qui
pourrait augurer d’un soutien turc au combat au Xinjiang».
….«Dans cette optique, la Syrie fournit
aux services de renseignements chinois des informations concernant ces
terroristes et le parcours qu’ils empruntent pour arriver en Syrie», a
conclu l’ambassadeur syrien en Chine.
11- Passeports turcs pour les djihadistes ouïghours et birmans musulmans
Les inquiétudes d’Imad Moustapha ont été
relayées par un spécialiste des relations étrangères qui a suivi de
près le passage des djihadistes de la Turquie vers la Syrie.
Selon ce spécialiste, régulièrement
consulté par des officiels de l’administration américaine et auquel fait
référence Seymour Hersh, «Erdogan a mis en œuvre des transports
spéciaux pour transférer des Ouïghours en Syrie, alors que les services
turcs apportent, parallèlement, leur soutien au combat des Ouïghours en
Chine.
…«Les Ouïghours et les terroristes
birmans musulmans réfugiés en Thaïlande obtiennent des passeports trucs
puis transitent vers la Syrie, via par la Turquie. Les Ouïghours ayant
migré vers la Syrie ont estimés à plusieurs milliers sur plusieurs
années.
Il existe toutefois une autre filière au
départ de la Chine, via le Kazakhstan et la Turquie, pour atteindre les
territoires de l’État Islamique en Syrie.
….«Les renseignements américains ne
parviennent pas à se procurer les bonnes informations à propos de ces
activités, car ceux qui y sont plongés et qui sont mécontents de la
politique de leur administration, ne leur en font pas état», a ajouté ce
spécialiste, assurant qu’«il n’est pas clair que les responsables de la
politique syrienne au Département d’État et à la Maison Blanche ait
compris» les enjeux sous-jacents de la politique de la Turquie à l’égard
des Ouïghours.
12- 5.000 combattants Ouïghours en Syrie
Jane Defense Weekly (JDW), hebdomadaire
spécialisé dans les questions militaires, a avancé, en Octobre 2015, le
chiffre de cinq mille Ouïghours potentiels arrivés en Turquie depuis
2013, dont deux mille probablement transférés vers la Syrie. Moustapha
Imad, ambassadeur de Syrie en Chine, précité, a indiqué pour sa part,
que 800 djihadistes Ouïghours se combattaient en Syrie.
13- Les préoccupations de Christina Lin, ancienne spécialiste de la Chine au Pentagone sous Donald Rumsfeld
L’inquiétude grandissante de la Chine
concernant le problème Ouïghour et son prolongement en Syrie et l’État
Islamique rejoint, paradoxalement, les préoccupations de Christina Lin,
universitaire, analyste de la Chine au Pentagone du temps de Donald
Rumsfeld, Secrétaire à la Défense sous la première mandature de la
présidence de George Bush jr, (2000-2004), correspondant à l’invasion
américaine de l’Irak.
«J’ai grandi à Taïwan et suis arrivée au
Pentagone comme critique de la Chine», a déclaré l’universitaire à
Seymour Hersh. «Je diabolisais les Chinois. En tant qu’idéologues, ils
ne sont pas parfaits. Mais avec les années en constatant leur évolution
et leur ouverture, j’ai commencé à modifier ma vision. Je vois désormais
la Chine comme un partenaire potentiel dans divers défis globaux
particulièrement au Moyen-Orient. Il existe plusieurs endroits- et la
Syrie en fait partie- où les États-Unis et la Chine doivent coopérer
dans le domaine de la sécurité et l’anti-terrorisme».
….«La Chine et l’Inde, deux ennemis
durant la guerre froide qui se détestaient davantage que la Chine et les
États-Unis, ont procédé à des exercices conjoints d’antiterrorisme. De
même la Chine et la Russie recherchent une coopération sur les problèmes
du terrorisme avec les États-Unis, a-t-elle dit.
Selon Christina Lin, «la Chine estime
que les militants Ouïghours qui se sont rendus en Syrie ont été enrôlés
et entraînés par l’État Islamique aux techniques de survie dans le but
de retourner clandestinement en Chine pour de futures opérations
terroristes».
«Si Assad échoue, conclut Lin, les
djihadistes venus de la Tchétchénie russe, du Xinjiang chinois et le
Cachemire indien vont alors retourner vers leur propre pays pour
continuer le Djihad avec en appui le soutien d’une base opérationnelle
syrienne au cœur du Moyen-Orient».
14- Le pavé dans la mare du Général Michael Flynn
Le Général Martin Dempsey, l’ancien chef
de l’État Major interarmes et ses collègues ont fait taire leurs
divergences les maintenant hors des circuits bureaucratiques, préservant
ainsi leurs fonctions. Ce qui n’a pas été le cas du Général Michael
Flynn.
Le Lieutenant Général Michael Flynn,
Directeur de la DIA (200-004) s’est attiré «la colère de la Maison
Blanche réitérant avec insistance la vérité sur la Syrie», rapporte le
Colonel Patrick Lang, à la retraite, qui a officié pendant 10 ans comme
chef des renseignements civils au Moyen orient pour le compte de la DIA.
«Le Général Flynn pensait que la vérité
était la meilleure chose à faire. Et il a été débarqué. Mais il ne s’est
pas tu pour autant car il pensait que le problème allait bien au delà
de la Syrie», a ajouté le Colonel Lang.
Sur son positionnement, le Colonel Lang
indique qu’il était «entrain de faire bouger les choses à la DIA et pas
seulement de déplacer des transat (chaises longues) sur le Titanic. Il
s’agissait de réformes radicales, mais je sentais que les responsables
civils ne voulaient pas entendre la vérité. J’en ai souffert mais je
gère», a conclu le Colonel Lang.
Pour sa part, Le Général Flynn n’a pas
renoncé à son combat. Commentant l’intervention russe en Syrie, Flynn
n’a pas mâché ses mots dans une interview au Der Spiegel: «Nous devons
travailler d’une manière constructive avec la Russie. Que nous le
voulions ou pas. La Russie a pris la décision d’y aller et d’agir
militairement. Ils y sont et cela a changé sérieusement la donne. Donc
vous ne pouvez pas dire, c’est mal. Ils doivent se retirer», a-t-il
poursuivi, interpellant les dirigeants américains en ces termes: «Soyez
réalistes. Cela n’arrivera pas».
15- Tulsi Gabbard sur le ring face à CNN
Rares sont ceux au Congrès à partager ce
point de vue. Ainsi Tulsi Gabbard, une exception. Démocrate de Hawaï,
membre du House Armed Service Committee, Major dans la garde nationale
elle a effectué deux périodes de service au Moyen-Orient. En Octobre
2015, sur CNN, elle déclare: les États-Unis et l’Union Européenne
doivent cesser cette guerre illégale et contre-productive visant à
renverser le gouvernement d’Assad et se concentrer plutôt à combattre
les groupes islamistes extrémistes».
L’interrompant, le journaliste lui pose
alors la question suivante: «Cela ne vous importe-il pas que le régime
brutal d’Assad ait tué 200.000 personnes au moins ou peut-être 300.000
personnes de son propre peuple».
La réponse fuse: «Les choses qu’on dit à
propos d’Assad, ce sont les mêmes que l’on disait à propos de Saddam
Hussein et Mouammar Kadhafi par ceux qui poussaient les États-Unis à
renverser leurs régimes. Si cela devait arriver en Syrie, nous nous
retrouverons devant une situation de plus grande souffrance, des
persécutions plus importantes des Chrétiens en Syrie. En prime notre
ennemi en sortira renforcé».
Relance du journaliste: «Est-il dans vos
intentions d’insinuer que l’engagement de l’aviation russe dans les
airs et de l’Iran au sol, rendent en fait service aux États-Unis ?».
Tilsa Gabbard renvoie le journaliste dans ses cordes: «Ils travaillent à vaincre notre ennemi commun».
Gabbard m’a confié ultérieurement que
plusieurs parlementaires, Républicains et Démocrates, lui avaient fait
part de leur gratitude pour avoir fait preuve de franchise:
«Nombreux sont ceux qui -que cela soit
de simples citoyens ou des parlementaires-, éprouvent le besoin qu’on
leur explique clairement les choses. Mais c’est difficile quand il y a
beaucoup de supercherie sur qui se passe. La vérité n’est tout
simplement pas révélée. Il est inhabituel pour un politicien de défier
la politique étrangère de son propre parti, de surcroît directement et
publiquement. Que serait-ce pour quelqu’un de l’intérieur qui a accès
aux informations secrètes, parler franchement et d’une manière critique
équivaut à une fin de carrière», a déclaré Tilsa Gabbard à Seymour
Hersh.
Il est d’usage qu’un désaccord justifié
soit porté à la connaissance de l’intéressé par la relation de confiance
liant le journaliste au destinataire, mais en aucun cas l’information
ne doit porter une signature identifiant l’auteur. La transmission se
fait généralement oralement, hors micro, hors caméra.
Un consultant de longue date auprès du
commandement de l’État-major interarmes n’a pas réussi à masquer son
mépris à ma question de connaître son point de vue sur la politique
américaine à l’égard de la Syrie:
«La solution pour la Syrie est juste
devant nos yeux. Notre principale menace est l’État islamique. Nous
tous, États-Unis, Russie, Chine, devons travailler ensemble. Bachar
restera au pouvoir. Une fois que le pays sera stabilisé, il y aura une
élection. Il n’existe aucune autre solution», a t-il dit péremptoire.
16- Le Général John Danford et la rengaine des forces d’opposition syriennes «modérées»
Le départ à la retraite du Général
Martim Dempsey marque la fin de la relation indirecte entre l’État Major
interarmes américain et la hiérarchie militaire syrienne.
Son successeur est le Général John
Dunford. Deux mois avant sa prise de fonction, il avait témoigné, en
juillet 2015, devant la Commission des Forces Armées du Sénat américain:
«Si vous voulez parler d’une nation qui pourrait présenter une menace
existentielle pour les États-Unis, je dois pointer la Russie. Si vous
observez le comportement des Russes, il n’est rien moins qu’alarmant»,
a-t-il affimé en guise de proclamation de foi.
Trois mois plus tard, devenu Directeur
du Joint Staff Committee, le général Danford, a dénié une quelconque
utilité aux bombardements russes en Syrie, assurant devant la même
commission sénatoriale que «la Russie ne combat l’État Islamique»,
plaidant pour «un partenariat avec la Turquie pour sécuriser la
frontière Nord de la Syrie».
«Nous devons faire tout notre possible
pour permettre aux authentiques forces d’opposition syrienne – c’est à
dire, les «modérés»- de combattre les extrémistes», a-t-il martelé en
rengaine d’une vieille antienne.
À un an de la fin de son mandat, Obama
dispose désormais d’un Pentagone plus docile. Plus de défis «indirects»
de la part du Haut Commandement militaire américain envers sa politique
constituée par un mélange de dédain pour Assad et de soutien à Erdoqan.
Martin Dempsey et ses collègues généraux
demeurent sceptiques sur les raisons conduisant Obama à continuer à
assurer la défense publique et inflexible d’Erdogan, ne serait-ce qu’en
raison des arguments sérieux mis en avant par les services de
renseignements. «Obama accepte en privé le bien fondé de ces arguments»,
soutient Seymour Hersh, narrant le fait suivant:
Recevant le chef des services de
renseignements turcs à Washington, Obama l’interpella en ces termes:
«Nous savons ce que vous faites avec les radicaux en Syrie». Le compte
rendu cet entretien tendu a été publié par mes soins dans un article à
la London Review of Book en date du 17 avril 2014.
L’État Major conjoint et la DIA n’ont
cessé d’alerter les responsables à Washington sur la menace djihadiste
en Syrie et l’aide la Turquie à ses pupilles.
Mais le message n’a jamais été entendu. Pourquoi?
VOIR AUSSI :
La coordination secrète syro-américaine contre le djihadisme en Syrie 1/2
Les Américains ont fourni aux Russes l'emplacement exact de leurs forces spéciales en Syrie afin que les Russes ne bombardent pas ces zones. Les Russes acceptent.
Les Américains ont fourni aux Russes l'emplacement exact de leurs forces spéciales en Syrie afin que les Russes ne bombardent pas ces zones. Les Russes acceptent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.