jeudi 4 février 2016

Hannibal n’a jamais été vaincu par les Romains !

La découverte qui change l’histoire de la Tunisie. Juriste et écrivain, Abdelaziz Belkhouja réécrit l’histoire de la Tunisie ! On dit bien réécrire l’histoire de la Tunisie car il s’agit de la plus grande découverte historique dont Hannibal en est le personnage principal.C’est peut être la plus importante information concernant le génie de la stratégie militaire et la Tunisie.  C'est la découverte de  sa vie.

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1. Après 25 ans de passion et de recherches, « Hannibal Barca, l’histoire véritable » voit la lumière du jour. Un quart de siècle pour finir ce livre ! Ça signifie que ce "père de la stratégie militaire" vous a vraiment fasciné. Comment a-t-il réussi ?

Abdelaziz Belkhouja - Par ses qualités exceptionnelles, non seulement de chef militaire, donc par sa maîtrise de la tactique, mais aussi par ses qualités d’homme politique - maîtrise de la stratégie - et enfin, par ses qualités humaines, très présentes et actives dans la relation de sa vie bien que tout ce que nous savons sur lui a été écrit par ses pires ennemis ! 

2. Votre ouvrage est plus qu’un livre. Un livre on le lit, il nous impressionne ou pas et les choses s’arrêtent là. Vous avez écrit un véritable document historique en lançant une bombe littéraire à retardement : vous dites qu’Hannibal n’a jamais été vaincu par les Romains ! Est-ce vrai ?

Abdelaziz Belkhouja - C’est la découverte de ma vie. Un moment que je n’oublierai jamais. Lors d’une conférence sur les ports puniques, Mme Jeanne Zaouali, une historienne, a indiqué que le port militaire a été construit, selon une datation réalisée par une mission archéologique anglaise dirigée en 1994 par le professeur Hurst , au 2e siècle avant J.C.  J’ai immédiatement interrompu la conférence : « impossible Madame, après le traité de paix consécutif à la défaite de Zama (201), Carthage n’avait pas le droit d’avoir une marine de guerre, comment voulez-vous qu’elle puisse construire ce port ? » avais-je alors demandé. Mais la datation est de l’archéologie et non de l’histoire, donc c’est l’histoire qui était fausse ! 

Imaginez mon étonnement et surtout mon bonheur, non celui de la découverte, mais surtout celui de la justice rendue au grand Hannibal. Hannibal n’a jamais perdu. C’est un fait désormais archéologiquement prouvé ! C’est une véritable bombe dans le domaine de l’histoire.

3. Il y avait toujours une grande controverse liée à la bataille de Zama. C’est le fait qu’aucun historien n’a jamais réussi à indiquer précisément l’emplacement de cet endroit de la bataille. Jusqu'à la fin, il a été décidé qu’il s’agit de Zama en Tunisie. Comme on dit : on a la conclusion et on cherche à adapter la prémisse. Alors le plateau de Zama en Tunisie n’a jamais été le lieu d’une bataille ?

Abdelaziz Belkhouja - Non, certainement pas. D’abord, nous connaissons parfaitement l’emplacement de toutes les grandes batailles d’Hannibal sauf, Zama. Ensuite, comment expliquez-vous qu’aucun historien ou voyageur romain n’ait cité Zama avec précision ? Si la victoire de Rome avait eu lieu à Zama, beaucoup auraient mentionné cet endroit avec précision, il y aurait eu des arcs de triomphe, etc.… Or rien à ce propos. 

Je pense que Scipion, très conscient de ses limites tactiques et de la formidable supériorité d’Hannibal, n’a même pas bougé son armée du Nord. Scipion a simplement menacé les sénateurs - qui craignaient beaucoup plus Hannibal que le Romain - de reprendre les combats. 
Les sénateurs lui accordèrent alors tout ce qu’il voulait comme clauses aggravantes du Traité de 203, pour qu’il reparte sans se frotter au grand Hannibal, car ils avaient peur d’un triomphe certain du Carthaginois, triomphe qui le propulserait à la tête de l’Etat. Ce qui d’ailleurs, eu lieu plus tard, en 196.

4. C’est vrai que les seules sources d’information pour l’antiquité Carthaginoise contre celle Romaine étaient Tite Live, Polybe et Salluste, sources peu crédibles si on considère aussi d’autres exemples historiques. Comment se fait-il alors que ces trois sources ont eu ce pouvoir de rouler et propager un mensonge devenue déjà millénaire ?

Abdelaziz Belkhouja - La seule source primaire est Polybe. Tite Live et Salluste n’ont fait que le reprendre. Il y a plus d’un siècle entre Polybe et Tite Live.
Polybe était au service de Scipion Emilien, le petit fils de Scipion l’Africain, il avait grand intérêt à glorifier l’histoire de l’ancêtre de son maître. A l’époque, le prestige politique à Rome, se jouait beaucoup sur les ancêtres.
Mais nous avons quand même une source carthaginoise ! 9 fragments de Silénos, le biographe d’Hannibal.

5. Il y a encore deux choses qui ne sont pas claires : pourquoi Hannibal n’a jamais attaqué Rome puisqu’il avait occupé Capoue; et qu’est ce qu’il a fait durant ses 15 ans en Italie ? On n’a pas des informations claires concernant toute cette période.

Abdelaziz Belkhouja - J’explique tout cela avec précision dans mon livre. En fait, c’est au soir de la bataille de Cannes que la question de la prise de Rome s’est posée. Mais après un effort aussi gigantesque, son armée avait besoin de repos, en plus, comme Rome est traversée par un fleuve, un blocus n’a aucun effet tangible, et Rome est défendue par trois enceintes. C’était la ville la plus fortifiée du monde et Hannibal n’avait pas de matériel de siège. Enfin, il n’y avait plus de soldats à Rome ! Hannibal l’a dit : « je ne suis pas venu en Italie pour faire une guerre d’extermination… ». D’autre part, le génie tactique d’Hannibal se déploie dans les batailles en rase campagne, et dans les conditions que je viens d’énumérer, un siège risquait de durer éternellement.

Si après Cannes, Hannibal est resté si longtemps en Italie, c’est parce que les généraux romains ont reçu l’ordre de ne plus jamais s’approcher de lui et que, faute de batailles décisives, et faute de renforts nécessaires à l’occupation, la guerre s’est éternisée, jusqu’au rappel par Carthage, après qu’elle ait signé une paix « entendue » avec Scipion, sans même en référer à Hannibal !

6. Stéphane Gsell affirme que la flotte carthaginoise était très mal représentée, raison pour laquelle Hannibal s’est vu obligé à recourir aux siciliens pour traverser la Méditerranée. Alors comment est arrivée l’information que les ports puniques pouvaient abriter 200 navires de guerre ? ! C’est énorme et même la Grande Bretagne durant le Moyen âge n’a jamais eu autant de navires quand elle dominait les mers. En plus si c’était vrai, ils pouvaient contrôler toute la Méditerranée de telle manière que les Romains ne pouvaient jamais arriver en Afrique ! De nouveau une fausse information. Mais quelle est la réalité ? 

Abdelaziz Belkhouja - Cette affirmation du professeur S. Gsell apporte de l’eau au moulin de ma thèse selon laquelle le port circulaire n’existait pas encore durant la Seconde Guerre punique. Mais concernant le nombre des navires, les chiffres sont assez précis, par exemple pour la Première Guerre punique, ils dépassaient largement le chiffre de 500 navires par marine. Les chiffres mentionnés par les auteurs anciens pour la Seconde Guerre dépassent les 200 navires pour chaque marine.
J’explique le recours par Hannibal aux navires siciliens par la mauvaise volonté du gouvernement de Carthage qui ne voulait pas qu’Hannibal rapatrie sa grande armée.

7. Sur une plaque en céramique, une inscription punique mentionne que " Hannibal est l’épée de Melkart ". L'adaptant à nos jours, on peut dire qu’Hannibal est l’épée d’Abdelaziz Belkhouja, vu que les informations dévoilées par votre livre sont à double tranchant pour l’histoire. Vous pensez que ça peut être le début de la réhabilitation de la réalité historique concernant Hannibal ?

Abdelaziz Belkhouja - La réécriture de l’histoire d’Hannibal, plus précisément de la fin de la Seconde Guerre punique, ouvre des perspectives historiques étonnantes, formidables. Aujourd’hui, suite aux divers travaux, on peut affirmer que le conflit entre Carthage et Rome était celui de la liberté contre la dictature, du fédéralisme contre l’impérialisme. A la lumière de notre révolution, c’est flamboyant de perspectives.

8. Le nom Hannibal signifie " celui qui a la faveur de Baal ". Je vois qu’il profite de cette faveur même au-delà du temps, vu que les Dieux vous ont choisi pour changer l’histoire concernant le plus grand génie militaire. Vous pensez qu’à un moment donné la vérité va prendre la place du mensonge dans les livres d’histoire ?

Abdelaziz Belkhouja - Oui je le pense car déjà d’éminents historiens ont admis la thèse. Vous savez, la vérité a un grand avantage, elle explique pas mal de choses, or, avec la thèse d’un Hannibal invaincu, tout ce qui était obscur devient clair. Alors que Scipion a été banni de Rome et accusé de corruption de traité de paix, Hannibal est resté commandant en chef des armées, puis il est devenu président de Carthage. Carthage est redevenue très vite la puissance qu’elle était, et ce que l’on prenait pour une fuite d’Hannibal en Orient, devient un déplacement stratégique pour attaquer Rome sur deux fronts. 

Beaucoup d’écrits et de thèses écartés par la doctrine, deviennent clairs.

9. Vous allez vous arrêter à ce point avec la découverte ou bien vous irez plus loin, vers des démarches internationales pour  " rendre à César ce qui appartient à César " ?

Abdelaziz Belkhouja - C’est un travail de longue haleine mais déjà plusieurs articles scientifiques défendent cette thèse. L’avantage est qu’il y a des milliers de passionnés d’Hannibal et que dès qu’ils entendent parler de cette thèse, ils cherchent à la connaitre, et lorsqu’ils la lisent, ils sont convaincus car non seulement elle tient la route, mais elle est très logique. 

Comment voulez vous qu’Hannibal, que toutes les armées de Rome, 10 fois plus nombreuses en hommes, évitaient en Italie même, perde devant un Scipion qui n’avait même pas la moitié de ses effectifs ? Hannibal est le génie tactique absolu. Sa tactique domine toujours les doctrines militaires. Ses plans ont été appliqués lors de tous les derniers conflits mondiaux. Il est le fantasme absolu de tous les grands militaires. 

10. Une dernière question : depuis que j’ai lu votre premier livre, " Les cendres de Carthage ", une question me suit : vous croyez vraiment que les Phéniciens ont caché leurs trésors (bijoux, livres, statues) sous les ruelles de Carthage ? 

Abdelaziz Belkhouja - Oui, mais pas sous les ruelles. Je sais où ils sont. Mais il y a un trésor encore plus grand. C’est la culture ! Et lorsqu’une culture peut se nourrir d’une histoire comme la notre, elle acquiert des possibilités infinies.

Hannibal, victime des historiens
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Abdelaziz Belkhouja

Propos recueillis par Irina Gros

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