Publié plus d'un an avant le déclenchement du sinistre "printemps arabe", cet article reste d'une actualité saisissante. Il a déjà annoncé, alors que PERSONNE n'y croyait, la collusion entre la CIA , le MI6 britannique, et les islamistes qui vont dévaster les pays dits arabes : Tunisie, Égypte, Libye, Soudan, Irak, Syrie...Les chefs d’État laïques sont écartés, et s'ils résistent, comme Saddam ou Kadhafi, ils sont abominablement assassinés. Seul, Bachar et la Syrie arrivent encore à résister, grâce justement à la conscience acquise par les Syriens et par leurs amis russes et iraniens, que ce "printemps arabe" est une vaste escroquerie, dont le but est, comme je l'annonçais dans l'un de mes premiers articles sur ce blog,( Moyen Orient : Le plan américano-israélien ), de morceler les pays "arabes" en une multitude de "taïfas" , des mini émirats gouvernés par la peste verte (les islamistes) , au service exclusif de l'Empire Anglo-Sioniste, à l'exemple des États du Golfe. Hannibal GENSERIC
L’évolution de la doctrine de l’armée étasunienne a amorcé une
transition critique. La « guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) lancée
contre Al-Qaïda dans la foulée du 11-Septembre se transforme en
véritable « guerre de religion », en « sainte croisade » contre le monde
musulman.
Le dogme de l’armée étasunienne et la propagande de guerre durant
l’administration Bush ont été fondés sur la lutte contre le
fondamentalisme islamique, non pas contre les musulmans. « Il ne s’agit
pas d’une guerre entre l’Occident et l’Islam, mais […] d’une guerre
contre le terrorisme. » Il faut distinguer les soi-disant « bons
musulmans » des « mauvais musulmans » :
Le 11 septembre 2001, la poussière des tours jumelles effondrées à
peine retombée, on s’est mis à chercher fébrilement des « musulmans
modérés », des gens pouvant nous donner des réponses, qui se
distancieraient de cette indignation et condamneraient ces actes
violents d’« extrémistes musulmans », de « fondamentalistes islamiques »
et d’« islamistes ». Deux catégories distinctes de musulmans ont
rapidement émergé : les « bons » et les « mauvais », soit les
« modérés », « libéraux » et les « laïques »¸ par opposition aux
« fondamentalistes », aux « extrémistes » et aux « islamistes ».(Tariq
Ramadan, Good Muslim, bad Muslim, New Statesman, 12 février 2010)
Dans la foulée du 11-Septembre, dans la plupart des pays occidentaux,
la communauté musulmane était nettement sur la défensive. La division
entre les « bons » et les « mauvais » musulmans était largement
acceptée. Les attaques du 11 septembre, prétendument perpétrées par des
musulmans, était non seulement condamnées, mais les communautés
musulmanes appuyaient également l’invasion des États-Unis et de l’OTAN
et l’occupation de l’Afghanistan, considérées comme une campagne
légitime contre le fondamentalisme islamique.
L’objectif de Washington était d’inculquer un sentiment de
culpabilité au sein de la communauté musulmane. Cette dernière a
rarement admis que les attaques n’ont pas été incitées par des
musulmans. La relation continue d’Al-Qaïda avec la CIA, son rôle à titre
d’« élément actif du renseignement » depuis la guerre soviéto-afghane
ne sont pas mentionnés. (Michel Chossudovsky, America’s “War on Terrorism” Global Research, Montreal, 2005)
Depuis le début des années 1980, Washington a clandestinement appuyé
les factions les plus conservatrices et les plus fondamentalistes de
l’Islam, surtout dans le but d’affaiblir les mouvements laïques,
nationalistes et progressifs du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.
Connues et documentées, les missions fondamentalistes wahhabites et
salafistes de l’Arabie Saoudite expédiées non seulement en Afghanistan,
mais aussi dans les Balkans et dans les républiques musulmanes de
l’ancienne Union Soviétique, ont été clandestinement appuyées par les
services de renseignement des États-Unis. (Ibid.) Ce que l’on appelle
« islam politique » est en grande partie une création de cet appareil de
renseignement étasunien (avec le soutien du MI6 britannique et du
Mossad israélien).
La mosquée de Ground Zero
Des développements récents suggèrent un point de rupture, une
transition de la « guerre au terrorisme » à la diabolisation catégorique
des musulmans. Tout en soulignant la liberté de religion,
l’administration Obama « appelle » à une guerre élargie contre l’Islam :
En tant que citoyen et président, je crois que les musulmans ont le
droit de pratiquer leur religion comme n’importe qui dans ce pays […]
Nous sommes aux États-Unis et notre engagement envers la liberté de
religion doit être incontestable. (Cité dans Obama Backs Ground Zero Mosque; Iranian Link Questioned, Israel National News, 15 août 2010)
Derrière l’écran de fumée politique, la distinction entre les
« bons » et les « mauvais musulmans » est abandonnée. La proposition
d’une mosquée à Ground Zero est prétendument financée par « l’État
iranien, radical et voyou […] au moment où les États-Unis durcissent les
sanctions contre le régime en riposte à son soutien au terrorisme et à
ce que l’on soupçonne être un programme visant à fabriquer des armes
nucléaires » ( Ground Zero mosque developers refuse to outright reject funding from Iranian president Mahmoud Ahmadinejad – NYPOST.com, August 19, 2010)
La vague de xénophobie déclenchée par la mosquée et le centre
communautaire envisagés à Ground Zero a toute les apparences d’une PSYOP
(opération psychologique), contribuant à fomenter la haine envers les
musulmans dans le monde occidental.
Le but est d’inculquer la peur, de provoquer et d’exploiter le
soutien inflexible des citoyens pour la prochaine étape de la « longue
guerre » des États-Unis, laquelle consiste à lancer des attaques
aériennes « humanitaires » contre la République islamique d’Iran,
représentée dans les médias comme un souteneur du terrorisme.
Bien que « tous les musulmans ne soient pas des terroristes », les
médias rapportent que toutes les attaques terroristes (planifiées ou
réalisées) sont perpétrées par des musulmans.
Aux États-Unis, toute la communauté musulmane est ciblée. On décrit
l’Islam comme une « religion de guerre ». On claironne que le projet de
mosquée et de centre communautaire sont une « violation du caractère
sacré de Ground Zero ».
[…] construire une mosquée à Ground Zero est offensant et
irrespectueux pour la ville et les personnes mortes lors des attaques.
Ce projet « crache au visage de tous ceux qui ont été assassinés le 11
septembre. (Plan to build mosque at Ground Zero angers New Yorkers ,National Post, 17 mai 2010)
« Terrorisme d’origine intérieure »
Les arrestations de soi-disant « terroristes islamiques d’origine
intérieure » fondées sur des accusations inventées, ainsi que leurs
procès spectacles, occupent une fonction importante. Dans l’inconscient
des Étasuniens, ils entretiennent l’illusion que les « terroristes
islamiques » constituent non seulement une menace réelle, mais aussi que
la communauté musulmane à laquelle ils appartiennent est largement
favorable à leurs actions.
[D]e plus en plus, la menace ne provient pas des étrangers parlant un
anglais approximatif et détenant des passeports douteux, elle est plus
près de la maison. Elle réside dans les maisons en rangée urbaines, dans
les sous-sols obscurs, partout où il y a un accès internet. Le
terrorisme d’origine intérieure est la plus récente incarnation de la
menace d’Al-Qaïda. (How terror came home to roost, Ottawa Citizen, 27 août 2010, article sur une prétendue attaque terroriste au Canada)
À l’heure actuelle, un mécanisme généralisé de diabolisation d’un
groupe entier de population se déroule par un processus visant de
manière sélective les musulmans aux tendances radicales (ou supposément
associés à des « organisations terroristes »).
Les musulmans font de plus en plus l’objet de discrimination de
routine et de profilage racial. Ils sont considérés comme une menace
potentielle à la sécurité nationale. On dit de la menace qu’elle est
« bien plus près de la maison », « dans votre voisinage ». Autrement
dit, ce qui se déroule est une chasse aux sorcières sans réserve
évoquant l’Inquisition espagnole.
Par ailleurs, on décrit Al-Qaïda comme une puissante organisation
terroriste multinationale (possédant des armes de destruction massive),
avec des filiales (soutenues clandestinement par les services de
renseignement des États-Unis et de leurs alliés) dans de nombreux pays
musulmans. Al-Qaïda se trouve (avec des acronymes équivalents) dans
divers points chauds géopolitiques et dans des théâtres de guerre.
Al-Qaïda en Irak (AQI), Al-Qaïda dans la péninsule arabique
(AQPA) (composé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite et du Djihad islamique du
Yémen) Al-Qaïda en Asie du Sud-Est (Jamaah Islamiyah), l’organisation
Al-Qaïda au Maghreb islamique, Al-Shabbaab en Somalie, le Djihad
islamique égyptien, etc.
Les atrocités commises à l’endroit de plusieurs millions de musulmans
en Irak et en Afghanistan ne sont jamais considérées comme des actes
terroristes perpétrés par les forces d’occupation.
L’Inquisition étatsunienne
Une « guerre de religion » se déploie dans le but de justifier une
croisade militaire mondiale. Dans l’inconscient de bien des Étasuniens,
la « sainte croisade » contre les musulmans est justifiée. Le président
a beau maintenir la liberté de religion, l’ordre social inquisitorial
des États-Unis a institutionnalisé des tendances discriminatoires,
préjudiciables et xénophobes envers les musulmans. Le profilage racial
s’applique au voyage, au marché du travail, à l’accès à l’éducation, aux
services sociaux et de manière plus générale à la mobilité et au statut
sociaux.
En tant que concept idéologique, l’Inquisition des États-Unis est
semblable à bien des égards à l’ordre social inquisitorial qui régnait
en France et en Espagne au Moyen-âge. L’Inquisition, qui a débuté en
France au 12e siècle, a servi à justifier des conquêtes et des
interventions militaires. (Voir Michel Chossudovsky, Le 11 septembre et l’« Inquisition américaine », Mondialisation.ca, 11 septembre 2008).
Les arrestations, les procès et les sentences des prétendus
« terroristes d’origine intérieure » (de la communauté musulmane aux
États-Unis) suite à des accusations inventées perpétuent la légitimité
de l’État de la Sécurité intérieure et de son appareil inquisitorial
légal et d’application de la loi.
Une doctrine inquisitoriale bouleverse les réalités. Il s’agit d’un
ordre social fondé sur des mensonges et des fabrications. Mais puisque
ces mensonges émanent de la plus haute autorité politique et font partie
d’un « consensus » largement admis, ils demeurent invariablement
incontestés. Ceux qui contestent l’ordre inquisitorial ou s’opposent
d’une quelconque manière à l’armée des États-Unis ou à leur programme de
sécurité nationale sont étiquetés comme étant des « théoriciens de
conspiration » ou de purs terroristes.
Outre le processus d’arrestations et de poursuites inquisitoriales
qui surpasse l’Inquisition espagnole, un programme d’assassinat
extrajudiciaire opportun approuvé par la Maison-Blanche a été mis en
branle. Celui-ci permet aux forces spéciales étasuniennes de tuer des
citoyens étasuniens et ceux soupçonnés d’être des terroristes d’origine
intérieure. (Voir Chuck Norris, Obama’s US Assassination Program? “A Shortlist of U.S. Citizens specifically Targeted for Killing”?, Global Research, 26 août 2010)
Le but est d’entretenir l’illusion que « les États-Unis sont
attaqués » et que les musulmans partout au pays sont complices et
approuvent le « terrorisme islamique ».
La diabolisation des musulmans préserve le programme militaire
mondial. Sous l’Inquisition des États-Unis, Washington possède un mandat
sacré autoproclamé lui permettant d’anéantir l’Islam et de « propager
la démocratie » dans le monde.
Nous faisons face à une acceptation totale et aveugle des structures
de pouvoir et de l’autorité politique. La sainte croisade des États-Unis
contre le monde musulman est un véritable acte criminel à l’endroit de
millions de personnes. Il s’agit d’une guerre de conquête économique.
Plus de 60 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel se
trouve sur des terres musulmanes. « La bataille pour le pétrole » menée
par l’alliance militaire des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël requiert
la diabolisation des habitants de ces pays détenant ces vastes réserves
de pétrole et de gaz. (Voir Michel Chossudovsky, La « diabolisation » des musulmans et la bataille pour le pétrole, Mondialisation.ca, 7 janvier 2007)
Michel Chossudovsky
30/08/2010
Article original en anglais : America’s Holy Crusade against the Muslim World, publié le 30 août 2010.Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).
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