"Ce papier est dédié aux
victimes anonymes de la répression de la dynastie Al Khalifa, dont le
seul crime est de réclamer la liberté, mais dont le grand tort est de se
trouver dans la zone du golfe pétro-monarchique d’une importance vitale
pour les États-Unis et l’Arabie saoudite."
Des orientalistes aux connaissances
rongées par la rouille, en mal de sensation et d’imagination, créditent
volontiers Beyrouth du désobligeant qualificatif de «bordel» du Monde
arabe, confondant sans doute la liberté dont cette capitale en jouit
pleinement, du libertinage sous cape dont sont friands les sociétés
fermées pétro-monachiques.
Détrompez vous, Beyrouth n’est pas
bordélique, elle est anarchique, vibrante d’une population frondeuse
dont le mercantilisme n’a d’égale que son militantisme, sans doute l’un
des plus virulents du Monde arabe qui font que la capitale libanaise
exerce désormais une fonction traumatique à l’égard d’Israël, par les
revers militaires successifs qu’elle a infligées à ses assaillants
israéliens au point d’ériger Beyrouth au rang traumatique de Vietnam
d’Israël.
Ne songez pas non plus au Caire et à sa
fameuse avenue des Pyramides, ses mélopées sirupeuses, ses danses
chaloupées, ses déhanchements langoureux, ses stupéfiantes bouffées.
Non plus Casablanca, Agadir, Tanger,
quand bien même 22.000 Marocaines s’appliquent régulièrement, avec une
constance qui frise l’admiration, à décongestionner l’hyperactivité
hormonale de gérontocrates, atrabilaires, acariâtres des pétromonarchies
du Golfe. Pas plus Dubaï et ses cargaisons de blondes d’Europe
orientale et leur tourbillonnante et trémoussante pole danse.
Beyrouth, Le Caire, Dubaï, Marrakech,
Agadir, Tanger, Casablanca balayés. Situé à la charnière du monde arabe,
de l’Afrique et de l’Europe, le Maroc est devenu un centre névralgique
pour la traite de femmes blanches. Outre les Marocaines, les
Mauritaniennes paraissent vouées aux caprices des princes, avides «de
chair fraîche et de bois d’ébène» en Mauritanie, pays complaisant face à
la traite humaine.
Selon Aminatou Mint Al Mokhtar,
Présidente de l’Association de femmes chefs de famille de Mauritanie
(AFCF) «200 jeunes filles mauritaniennes sont séquestrées en Arabie
saoudite dans des cours de maisons, victimes de toutes les formes de
maltraitances physiques, psychologiques et sexuelles». Dénonçant «une
forme aberrante d’esclavage contemporain et une traite sexuelle», la
présidente de l’AFCF a porté ce «trafic massif de femmes entre la
Mauritanie et l’Arabie saoudite». 405 réseaux d’esclavage ont été
recensés dans le monde, 70% font l’objet d’exploitations sexuelles
générant chaque année près de 32 milliards de dollars. Soit.
La surprise vient d’une ville supposée morne, aux antipodes des hauts lieux touristiques et de leurs nuits torrides:
The Winner is Manama.
Oui, Manama, la capitale de Bahreïn, cet
archipel en proie à une contestation larvée depuis cinq ans, dans le
plus grand silence complice des puissances occidentales, sans doute en
raison du fait que Manama est à la fois le point d’ancrage de la Vème
flotte américaine (Golfe arabo-persique/Océan Indien) et un défouloir
absolu aux Saoudiens en week-end.
Une fonction exercée auparavant par
Bagdad, au pus fort de la guerre irako-iranienne (1980-1989) où des
dizaines de limousines jonchées la chaussée Bagdad-Bassorah-Koweït, les
samedi matin, la fin du week-end en pays d’Islam, carcasses éventrées,
tribu payé aux beuveries inconsidérées des ressortissants du Golfe.
Un positionnement qui explique sans
doute que les troubles de Bahreïn, en 2011, ont donné lieu à la première
intervention militaire saoudienne hors de ses frontières depuis la
fondation du Royaume en 1929. Mais un choix qui constitue une insulte à
tous les fêtards invétérés.
Bahreïn est en effet relié à l’Arabie
saoudite par «La chaussée du roi Fahd» (King Fahd Causeway, un ensemble
de ponts et de digues, qui permet de relier Dhahran à Manama, villes
distantes d’une cinquantaine de kilomètres, en moins d’une heure. Dans
le langage populaire la chaussée, longue de 25 kilomètres, est désignée,
ironiquement, par le Pont «Johnny Walker». Contrairement à l’Arabie
saoudite, le commerce et la consommation des spiritueux ne sont pas
prohibés à Bahreïn.
À l’avenir, une deuxième infrastructure
parallèle à la première accueillant une voie ferrée devrait y être
construite dans le cadre du «Gulf Railway», en projet pour un coût de 5
milliards de dollars. Un troisième pont «Le pont de l’Amitié» devrait
relier Bahreïn au Qatar. La longueur totale de cette connexion
autoroutière sera de 45 kilomètres pour un coût estimé de 2 milliards de
dollars. À coup sûr, ce pont s’appellera pour les mêmes raisons «Pont
Jack Daniels».
Défouloir, Manama n’est pas
exclusivement un exutoire. Et le trafic Arabie saoudite-Bahreïn n’est
pas à sens unique. Sur ce trajet, un convoi chargé de dynamite destiné à
un attentat contre l’ambassade américaine à Riyad a été intercepté, en
avril 2015, et 80 membres de Da’ech arrêtés.
Manama, dépotoir, foutoir. La liste est longue des turpitudes de la monarchie à l’ombre de la Vme flotte américaine.
Manama arrive au 8ème rang des villes
bordels dans le Monde, selon une étude du «collectif contre la
prostitution», dont voici le classement:
- Pattaya – Thailande
- Tijuana – Mexique
- Amsterdam – Pays Bas
- Las Vegas – États-Unis
- Rio de Janeiro – Brésil
- Moscou – Russie
- New Orléans (Louisiane)- États-Unis
- Manama – Bahreïn
- Macao – Chine
- Berlin – Allemagne
L’étouffoir saoudien génère des
fugueuses de tous acabits, tous azimuts en ce que les voies du Djihad Al
Nikah peuvent emprunter divers chemins aussi bien vers le nord, la
Syrie, que vers le sud, le Yémen, que vers l’Ouest où la sœur du prince
Walid Ben Talal, Sara Bint Talal, une princesse pourtant de sang royal a
quêté l’asile politique pour mettre à l’abri sa fortune et sa personne.
Sur ce lien, le hit parade
À propos de la prostitution des femmes marocaines dans les pétromonarchies
René Naba
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