Non contents de bombarder la Libye pour la ramener à l'âge de pierre
et de voler son pétrole, les
États-Unis et leurs alliés-toutous européens sont maintenant en mode
panique après que leurs marionnettes islamistes, aient perdu le contrôle des ports pétroliers.
La Libye était le pays le plus riche, le plus développé et le plus
éduqué d'Afrique du Nord. C'était un modèle de stabilité nécessaire dans la
région, avec un gouvernement qui était beaucoup moins terrible que les nombreux
alliés arabes dictatoriaux de l'OTAN, tels que la sinistre Arabie et le vilain
petit Qatar.
Principale plate-forme d’exportation du brut libyen, le Croissant
pétrolier est une région stratégique. La production de la Libye atteignait,
avant les combats de mars, 700.000 barils par jour, plus du double de son
niveau d’il y a un an, mais loin du nombre – 1,6 million de barils par
jour – que le pays produisait avant le renversement de Mouammar Kadhafi,
en 2011.
Avant la «révolution islamiste» imposée par l’Occident, le
gouvernement libyen utilisait les recettes pétrolières pour subventionner toute
une gamme d'avantages sociaux pour ses citoyens.
Et maintenant que la Libye est un cratère lunaire, les États-Unis
et leurs caniches européens pleurnichent des larmes de crocodile sur "le
retour des ports pétroliers au peuple libyen".
Est-ce une nouvelle routine de comédien que Washington pratique?
“Les États de l'UE et les États-Unis ont exhorté un chef de
guerre libyen soutenu par la Russie, à remettre les ports pétroliers (à leurs
amis trafiquants), en l’avertissant que la Russie essayait de faire en Libye ce
qu'elle a fait en Syrie. Les ambassadeurs britannique, français, italien et américain
en Libye ont déclaré que les installations pétrolières" appartiennent au
peuple libyen et doivent rester sous le contrôle exclusif "des autorités
centrales. ”
Cette déclaration se réfère bien sûr à Khalifa Haftar et à son
attaque réussie contre les "milices islamistes" (islamo-fanatiques
affiliés à l’État Islamique et/ou à Al-Qaïda), et qui a libéré Sidra et Ras Lanouf au début du
mois.
En d'autres termes: les États-Unis et l'Europe sont maintenant
paniquées parce que les terroristes islamistes ne contrôlent plus deux ports
pétroliers clés en Libye, et ne leur vendent plus le pétrole volé au peuple
libyen à vil prix, comme ils avaient l’habitude de le faire en Libye, en Syrie
et en Irak.
Et la notion même que Washington, Paris, Londres ou Rome se
soucient de tout ce qui "appartient" au peuple libyen est d’un
cynisme atterrant. Si vous mesurez l'ampleur de la destruction en fonction de
l'endroit où se trouvait la Libye avant l'intervention « humanitaire »
de l'OTAN, et où elle se trouve maintenant, on devrait traduire les criminels
occidentaux devant les tribunaux -libyens- pour crimes contre l’Humanité,
sachant que les tribunaux en Occident ont « deux poids, deux
mesures ».
Avant que les Obama, Sarkozy and Co ne commencent à lancer leurs
bombes afin de « protéger le peuple libyen », voici ce que disait l’ONU
à propos de la Libye:
"En 2010, la Libye s'est classée au 53e rang de l'indice
de développement humain des Nations Unies parmi 163 pays. Avec une espérance de
vie à la naissance de 74,5 ans, un taux d'alphabétisation des adultes de 88,4%
et un taux de scolarisation brut de 94,1%, la Libye a été classée parmi les
pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord où le développement humain est le
plus élevé. "
Les Libyens jouissaient jadis d'un niveau de vie supérieur aux 2/3 des habitants de la planète. L'OTAN a
« résolu » ce petit problème, comme il l’a fait en Irak. Et
maintenant Washington pleure des larmes de crocodile sur les installations
pétrolières qui «appartiennent» au peuple libyen. Tout le pays appartient au
peuple libyen. Washington et ses caniches l'ont détruit. Mais pour une raison
que personne ne peut deviner ou comprendre, ces criminels ne s'inquiètent que
des ports pétroliers. Tellement bizarre.
Aujourd’hui, qui sont les prétendants à la succession du leader Kadhafi ?
Destiné
à apaiser les tensions, le statu quo avalisé par les autorités de Tripoli et de
Tobrouk a ouvert un espace à d’autres protagonistes. Et fragmenté un peu plus
la scène politique locale.
Violé,
torturé puis assassiné, sous l’œil hilare des Occidentaux « les plus
civilisés de la planète »
(Hillary : nous sommes venus, nous avons vu, il est mort) il y a
cinq ans et demi, Mouammar Kadhafi était passé maître dans l’art d’ordonner les
pions de l’échiquier libyen. Le vide qu’il a laissé est devenu depuis 2014 le
terrain d’un jeu à pièces multiples et à somme nulle entre l’Est et l’Ouest. Selon
Jeune
Afrique, il y a quatre chefs qui prétendent à la succession.
1- Fayez el-Sarraj
Dans
l’Ouest, bien que paralysé dans le complexe de la primature du centre de
Tripoli, Fayez
el-Sarraj, chef d’un gouvernement d’union nationale
défendu par quelques milices encore à sa solde, se maintient.
Une légitimité contestée
Débarqué
dans le port de Tripoli en mars 2016, il n’a pu s’extraire de la base
navale d’Abou Setta que le 11 juillet suivant. Porteur des espoirs
nationaux et internationaux, mais aussi impuissant à réconcilier le pays qu’à
pacifier la capitale, il a vu son crédit se déliter. Sa légitimité, désormais
arc-boutée sur la seule béquille de la reconnaissance onusienne, est contestée
jusque dans ses derniers périmètres.
En
octobre 2016, les hommes d’un gouvernement rival s’emparent des locaux du
Conseil d’État. L’ONU et l’Union européenne condamnent l’attaque, et la reprise
en décembre de Syrte, tombée aux mains de Daech, par des milices venues de
l’Ouest est faite symboliquement au nom de son gouvernement.
Le
12 janvier, le même gouvernement parallèle occupe quelques heures durant
les ministères de la Défense, du Travail et des Martyrs. Le 20 février, le
convoi de Sarraj est mitraillé alors qu’il s’aventure en lisière du quartier
d’Abou Sélim. Les véhicules sont blindés, les balles ne font pas de victimes,
mais le coup illustre la précarité de la position de Sarraj comme l’anarchie
qui règne à Tripoli, éclatée entre milices concurrentes.
2- Khalifa Haftar
Face à
lui, le maréchal Khalifa Haftar règne sur l’Est. L’ancien haut gradé de
Kadhafi, passé dans l’opposition dans les années 1990, a atterri deux ans avant
Sarraj sur l’échiquier libyen. Figure militaire fédérant une petite armée dans
sa lutte proclamée contre les islamistes de tout poil, il a réussi à s’imposer
à Benghazi, capitale de l’Est, quand Sarraj s’effondrait à Tripoli.
Il tient
sa légitimité du Parlement, élu en juin 2014, mais poussé quelques semaines
plus tard par le désordre milicien à s’exiler à Tobrouk. Ayant récusé l’accord
de paix de Skhirat pourtant signé en décembre 2015 par des
représentants de Tobrouk, Haftar rejette l’autorité de Sarraj.
Le chef
de guerre se dit ouvert à la négociation, mais a déjà deux fois déserté à la
dernière minute des tête-à-tête avec Sarraj organisés par son allié, le
président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Sa
force, l’Armée nationale libyenne (ANL), a réduit les derniers carrés de
jihadistes à Derna et fini par bouter en janvier 2017 les Brigades de défense de Benghazi (BDB), également islamo-terroristes, des
positions qu’elles tenaient dans cette ville.
Un aspect de la politique russe est de soutenir Haftar dans sa
lutte antiterroriste [1]
Sa
puissance, il la doit aussi à ses parrains extérieurs, l’Égypte et les Émirats
arabes unis. Mais surtout la Russie, sur laquelle Haftar mise et où Poutine l’a
convié par deux fois quand Sarraj n’a eu qu’une fois cet honneur, le
2 mars dernier. Au maître du Kremlin, Haftar a demandé d’illustrer à ses
côtés en Libye la même puissance qu’il déploie en Syrie pour protéger Assad.
Le 14 mars, l’agence Reuters
révélait la présence d’une vingtaine d’agents des forces spéciales russes sur
une base égyptienne, à 100 km de la frontière, ce que
Le Caire et Moscou démentaient aussitôt. Les premiers mouvements d’un
soutien massif ?
3- Khalifa Ghweil
Gweil
veut dire le petit Ghoul (غول) qui signifie en arabe : monstre, ogre,
vampire, ou croque mitaines. Donc "Khalifa Ghweil" signifie "le calife petit monstre", il nous rappelle un autre calife monstrueux, caché à Mossoul et protégé par les mêmes occidentaux très civilisés, pour les mêmes besoins de trafic pétrolier.
Pour les
diplomates américains, le renfort russe viendrait sauver in extremis la mise à
Haftar. Prises à revers par les BDB qu’elles avaient chassées de Benghazi, les
troupes du maréchal ont en effet dû leur abandonner le 8 mars des
positions stratégiques dans le croissant pétrolier, zone où transite
l’essentiel du pétrole libyen et trésor de guerre conquis par Haftar en
septembre 2016. Objectif des BDB : reconstituer leurs forces sur les
dividendes de l’or noir pour se lancer à la reconquête armée de Benghazi.
Mais
nous avons ci-dessus que Haftar a, au désespoir des Occidentaux, repris ces
principaux ports pétroliers.
Une alliance stratégique
Les BDB
se placent sous le patronage d’un troisième homme, Khalifa Ghweil, qui se
revendique toujours Premier ministre d’un gouvernement de Salut national
concurrent de celui de Sarraj. « Leur lien avec Ghweil est ténu, on ne
peut parler d’alliance stratégique, poursuit Toaldo (expert européen de la
Libye). C’est un lien politique car ils occupent la même position dans le cadre
politique libyen : ils sont radicalement opposés à Haftar, mais aussi à Sarraj. »
C’est ce
chef de milice tripolitain qui a ordonné les attaques de bâtiments
gouvernementaux en octobre 2016 et janvier 2017. Le 9 février,
Ghweil proclamait la création d’une Garde nationale libyenne, s’appuyant sur le
renfort d’une colonne de 300 pick-up de miliciens venus de Misrata, capitale
des Daéchiens (enragés), mais dont l’allégeance est aussi ténue que celle des
BDB.
Ghweil pense que son heure est
arrivée
Pour
Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et
méditerranéen (Cermam) de Genève, « Ghweil, qui tente d’approcher des
diplomates internationaux, pense que son heure est arrivée. Lui comme d’autres
acteurs n’ont pas accepté l’arrangement non déclaré entre Sarraj et Haftar pour
calmer le jeu jusqu’à l’année prochaine, un statu quo qui signifierait son
éviction. » Car si la rencontre entre les deux hommes forts n’a pas
été possible, un accord a été trouvé en février pour que chacun se maintienne
dans sa position actuelle jusqu’à des élections prévues en février 2018.
4- Seif el-Islam Kadhafi
Le gel
du conflit entre les pièces maîtresses du jeu libyen a convoqué une autre
figure, au vieux nom adoré par nombre de ses compatriotes [2].
Au début
de mars, un chef militaire de Zintan, localité au sud-ouest de Tripoli tout autant
opposée aux milices de la capitale qu’elle l’était hier à Kadhafi, annonçait au
micro de France 24 : « Seif
el-Islam est libre et se trouve sur le sol libyen. » [2]
C'est à Zintan
qu'a été retenu Seif el Islam, le fils héritier du Raïs déchu. C'est enfin à
Zintan que la guerre, qui a opposé les nationalistes aux brigades islamistes en
2014 et 2015, a pris fin. Que reste-il de tous ces combats, de ces victoires et
de ces défaites ? Que reste-il des idéaux de la révolution libyenne ?
Aujourd'hui, les
chefs de guerre se sont rangés derrière le maréchal Haftar au sein de l'Armée
nationale libyenne. Un ralliement qui ouvre à l'homme fort de l'Est, la route
pour une possible conquête de l'Ouest et de la capitale, Tripoli.
Un pays de plus en plus fragmenté
L’apaisement
entre Est et Ouest viendra-t-il complexifier la situation en incitant de
nouvelles figures à tenter de conquérir des positions ?
On ne
peut parler d’une dynamique entre Sarraj, Haftar et Ghweil, qui ne sont que
trois des dix acteurs importants du jeu libyen. Et si les kadhafistes en font
partie, ils ne pèsent pas assez pour faire pencher la balance d’un côté ou de
l’autre. La dynamique réelle est beaucoup plus complexe, avec les islamo-terroristes
de Misrata, agents de l’Occident, ceux de Zintan, les sécessionnistes de
Cyrénaïque, etc. La scène libyenne connaît en ce moment une fragmentation
beaucoup plus grave qu’au début du processus onusien, il y a deux ans. »
NOTES
[1] Le plan secret de la Russie en Libye
[2] LIBYE. Seif el-Islam Kadhafi élu représentant du Conseil suprême des tribus libyennes
Confirmation. Le but de Sarkozy/BHL était bien l'assassinat de Kadhafi
Hannibal GENSERIC