mardi 28 mars 2017

Libye. L'Occident furieux: ses pions islamistes perdent le contrôle des principaux ports pétroliers



Non contents de bombarder la Libye pour la ramener à l'âge de pierre et de voler son pétrole, les États-Unis et leurs alliés-toutous européens sont maintenant en mode panique après que leurs marionnettes islamistes,  aient perdu le contrôle des ports pétroliers.

La Libye était le pays le plus riche, le plus développé et le plus éduqué d'Afrique du Nord. C'était un modèle de stabilité nécessaire dans la région, avec un gouvernement qui était beaucoup moins terrible que les nombreux alliés arabes dictatoriaux de l'OTAN, tels que la sinistre Arabie et le vilain petit Qatar.
 
Principale plate-forme d’exportation du brut libyen, le Croissant pétrolier est une région stratégique. La production de la Libye atteignait, avant les combats de mars, 700.000 barils par jour, plus du double de son niveau d’il y a un an, mais loin du nombre – 1,6 million de barils par jour – que le pays produisait avant le renversement de Mouammar Kadhafi, en 2011.
Avant la «révolution islamiste» imposée par l’Occident, le gouvernement libyen utilisait les recettes pétrolières pour subventionner toute une gamme d'avantages sociaux pour ses citoyens.
Et maintenant que la Libye est un cratère lunaire, les États-Unis et leurs caniches européens pleurnichent des larmes de crocodile sur "le retour des ports pétroliers au peuple libyen".
Est-ce une nouvelle routine de comédien que Washington  pratique?
Les États de l'UE et les États-Unis ont exhorté un chef de guerre libyen soutenu par la Russie, à remettre les ports pétroliers (à leurs amis trafiquants), en l’avertissant que la Russie essayait de faire en Libye ce qu'elle a fait en Syrie. Les ambassadeurs britannique, français, italien et américain en Libye ont déclaré que les installations pétrolières" appartiennent au peuple libyen et doivent rester sous le contrôle exclusif "des autorités centrales.
Cette déclaration se réfère bien sûr à Khalifa Haftar et à son attaque réussie contre les "milices islamistes" (islamo-fanatiques affiliés à l’État Islamique et/ou à Al-Qaïda), et  qui a libéré Sidra et Ras Lanouf au début du mois.
En d'autres termes: les États-Unis et l'Europe sont maintenant paniquées parce que les terroristes islamistes ne contrôlent plus deux ports pétroliers clés en Libye, et ne leur vendent plus le pétrole volé au peuple libyen à vil prix, comme ils avaient l’habitude de le faire en Libye, en Syrie et en Irak.
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Et la notion même que Washington, Paris, Londres ou Rome se soucient de tout ce qui "appartient" au peuple libyen est d’un cynisme atterrant. Si vous mesurez l'ampleur de la destruction en fonction de l'endroit où se trouvait la Libye avant l'intervention « humanitaire » de l'OTAN, et où elle se trouve maintenant, on devrait traduire les criminels occidentaux devant les tribunaux -libyens- pour crimes contre l’Humanité, sachant que les tribunaux en Occident ont « deux poids, deux mesures ».
Avant que les Obama, Sarkozy and Co ne commencent à lancer leurs bombes afin de « protéger le peuple libyen », voici ce que disait l’ONU à propos de la Libye:
"En 2010, la Libye s'est classée au 53e rang de l'indice de développement humain des Nations Unies parmi 163 pays. Avec une espérance de vie à la naissance de 74,5 ans, un taux d'alphabétisation des adultes de 88,4% et un taux de scolarisation brut de 94,1%, la Libye a été classée parmi les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord où le développement humain est le plus élevé. "
Les Libyens jouissaient jadis d'un niveau de vie supérieur aux  2/3 des habitants de la planète. L'OTAN a « résolu » ce petit problème, comme il l’a fait en Irak. Et maintenant Washington pleure des larmes de crocodile sur les installations pétrolières qui «appartiennent» au peuple libyen. Tout le pays appartient au peuple libyen. Washington et ses caniches l'ont détruit. Mais pour une raison que personne ne peut deviner ou comprendre, ces criminels ne s'inquiètent que des ports pétroliers. Tellement bizarre.



Aujourd’hui, qui sont les prétendants à la succession du leader Kadhafi ?

Destiné à apaiser les tensions, le statu quo avalisé par les autorités de Tripoli et de Tobrouk a ouvert un espace à d’autres protagonistes. Et fragmenté un peu plus la scène politique locale.
Violé, torturé puis assassiné, sous l’œil hilare des Occidentaux « les plus civilisés de la planète »  (Hillary : nous sommes venus, nous avons vu, il est mort) il y a cinq ans et demi, Mouammar Kadhafi était passé maître dans l’art d’ordonner les pions de l’échiquier libyen. Le vide qu’il a laissé est devenu depuis 2014 le terrain d’un jeu à pièces multiples et à somme nulle entre l’Est et l’Ouest. Selon Jeune Afrique, il y a quatre chefs qui prétendent à la succession.

1-  Fayez el-Sarraj

Dans l’Ouest, bien que paralysé dans le complexe de la primature du centre de Tripoli, Fayez el-Sarraj, chef d’un gouvernement d’union nationale défendu par quelques milices encore à sa solde, se maintient.
Une légitimité contestée
Débarqué dans le port de Tripoli en mars 2016, il n’a pu s’extraire de la base navale d’Abou Setta que le 11 juillet suivant. Porteur des espoirs nationaux et internationaux, mais aussi impuissant à réconcilier le pays qu’à pacifier la capitale, il a vu son crédit se déliter. Sa légitimité, désormais arc-boutée sur la seule béquille de la reconnaissance onusienne, est contestée jusque dans ses derniers périmètres.
En octobre 2016, les hommes d’un gouvernement rival s’emparent des locaux du Conseil d’État. L’ONU et l’Union européenne condamnent l’attaque, et la reprise en décembre de Syrte, tombée aux mains de Daech, par des milices venues de l’Ouest est faite symboliquement au nom de son gouvernement.
Le 12 janvier, le même gouvernement parallèle occupe quelques heures durant les ministères de la Défense, du Travail et des Martyrs. Le 20 février, le convoi de Sarraj est mitraillé alors qu’il s’aventure en lisière du quartier d’Abou Sélim. Les véhicules sont blindés, les balles ne font pas de victimes, mais le coup illustre la précarité de la position de Sarraj comme l’anarchie qui règne à Tripoli, éclatée entre milices concurrentes.

2-  Khalifa Haftar

Face à lui, le maréchal Khalifa Haftar règne sur l’Est. L’ancien haut gradé de Kadhafi, passé dans l’opposition dans les années 1990, a atterri deux ans avant Sarraj sur l’échiquier libyen. Figure militaire fédérant une petite armée dans sa lutte proclamée contre les islamistes de tout poil, il a réussi à s’imposer à Benghazi, capitale de l’Est, quand Sarraj s’effondrait à Tripoli.
Il tient sa légitimité du Parlement, élu en juin 2014, mais poussé quelques semaines plus tard par le désordre milicien à s’exiler à Tobrouk. Ayant récusé l’accord de paix de Skhirat pourtant signé en décembre 2015 par des représentants de Tobrouk, Haftar rejette l’autorité de Sarraj.
Le chef de guerre se dit ouvert à la négociation, mais a déjà deux fois déserté à la dernière minute des tête-à-tête avec Sarraj organisés par son allié, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Sa force, l’Armée nationale libyenne (ANL), a réduit les derniers carrés de jihadistes à Derna et fini par bouter en janvier 2017 les Brigades de défense de Benghazi (BDB), également islamo-terroristes, des positions qu’elles tenaient dans cette ville.
Un aspect de la politique russe est de soutenir Haftar dans sa lutte antiterroriste [1]
Sa puissance, il la doit aussi à ses parrains extérieurs, l’Égypte et les Émirats arabes unis. Mais surtout la Russie, sur laquelle Haftar mise et où Poutine l’a convié par deux fois quand Sarraj n’a eu qu’une fois cet honneur, le 2 mars dernier. Au maître du Kremlin, Haftar a demandé d’illustrer à ses côtés en Libye la même puissance qu’il déploie en Syrie pour protéger Assad.
Le 14 mars, l’agence Reuters révélait la présence d’une vingtaine d’agents des forces spéciales russes sur une base égyptienne, à 100 km de la frontière, ce que Le Caire et Moscou démentaient aussitôt. Les premiers mouvements d’un soutien massif ?

3-  Khalifa Ghweil

Gweil veut dire le petit Ghoul (غول) qui signifie en arabe : monstre, ogre, vampire, ou croque mitaines.  Donc "Khalifa Ghweil" signifie "le calife petit monstre", il nous rappelle un autre calife monstrueux, caché à Mossoul et protégé par les mêmes occidentaux très civilisés, pour les mêmes besoins de trafic pétrolier.
Pour les diplomates américains, le renfort russe viendrait sauver in extremis la mise à Haftar. Prises à revers par les BDB qu’elles avaient chassées de Benghazi, les troupes du maréchal ont en effet dû leur abandonner le 8 mars des positions stratégiques dans le croissant pétrolier, zone où transite l’essentiel du pétrole libyen et trésor de guerre conquis par Haftar en septembre 2016. Objectif des BDB : reconstituer leurs forces sur les dividendes de l’or noir pour se lancer à la reconquête armée de Benghazi.
Mais nous avons ci-dessus que Haftar a, au désespoir des Occidentaux, repris ces principaux ports pétroliers.
Une alliance stratégique
Les BDB se placent sous le patronage d’un troisième homme, Khalifa Ghweil, qui se revendique toujours Premier ministre d’un gouvernement de Salut national concurrent de celui de Sarraj. « Leur lien avec Ghweil est ténu, on ne peut parler d’alliance stratégique, poursuit Toaldo (expert européen de la Libye). C’est un lien politique car ils occupent la même position dans le cadre politique libyen : ils sont radicalement opposés à Haftar, mais aussi à Sarraj»
C’est ce chef de milice tripolitain qui a ordonné les attaques de bâtiments gouvernementaux en octobre 2016 et janvier 2017. Le 9 février, Ghweil proclamait la création d’une Garde nationale libyenne, s’appuyant sur le renfort d’une colonne de 300 pick-up de miliciens venus de Misrata, capitale des Daéchiens (enragés), mais dont l’allégeance est aussi ténue que celle des BDB.
Ghweil pense que son heure est arrivée
Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) de Genève, « Ghweil, qui tente d’approcher des diplomates internationaux, pense que son heure est arrivée. Lui comme d’autres acteurs n’ont pas accepté l’arrangement non déclaré entre Sarraj et Haftar pour calmer le jeu jusqu’à l’année prochaine, un statu quo qui signifierait son éviction. » Car si la rencontre entre les deux hommes forts n’a pas été possible, un accord a été trouvé en février pour que chacun se maintienne dans sa position actuelle jusqu’à des élections prévues en février 2018.

4-  Seif el-Islam Kadhafi

Le gel du conflit entre les pièces maîtresses du jeu libyen a convoqué une autre figure, au vieux nom adoré par nombre de ses compatriotes [2].
Au début de mars, un chef militaire de Zintan, localité au sud-ouest de Tripoli tout autant opposée aux milices de la capitale qu’elle l’était hier à Kadhafi, annonçait au micro de France 24 : « Seif el-Islam est libre et se trouve sur le sol libyen. » [2]
C'est à Zintan qu'a été retenu Seif el Islam, le fils héritier du Raïs déchu. C'est enfin à Zintan que la guerre, qui a opposé les nationalistes aux brigades islamistes en 2014 et 2015, a pris fin. Que reste-il de tous ces combats, de ces victoires et de ces défaites ? Que reste-il des idéaux de la révolution libyenne ?
Aujourd'hui, les chefs de guerre se sont rangés derrière le maréchal Haftar au sein de l'Armée nationale libyenne. Un ralliement qui ouvre à l'homme fort de l'Est, la route pour une possible conquête de l'Ouest et de la capitale, Tripoli.
Un pays de plus en plus fragmenté
L’apaisement entre Est et Ouest viendra-t-il complexifier la situation en incitant de nouvelles figures à tenter de conquérir des positions ?
On ne peut parler d’une dynamique entre Sarraj, Haftar et Ghweil, qui ne sont que trois des dix acteurs importants du jeu libyen. Et si les kadhafistes en font partie, ils ne pèsent pas assez pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. La dynamique réelle est beaucoup plus complexe, avec les islamo-terroristes de Misrata, agents de l’Occident, ceux de Zintan, les sécessionnistes de Cyrénaïque, etc. La scène libyenne connaît en ce moment une fragmentation beaucoup plus grave qu’au début du processus onusien, il y a deux ans. »

NOTES

[1] Le plan secret de la Russie en Libye

[2] LIBYE. Seif el-Islam Kadhafi élu représentant du Conseil suprême des tribus libyennes

Confirmation. Le but de Sarkozy/BHL était bien l'assassinat de Kadhafi

Hannibal GENSERIC