2016 a été le début de la fin pour le système impérial. Brexit, Trump, erratisme turc, guerre pétrolière américano-saoudienne, montée des "populismes" en Europe, perte ou trahison d'alliés, dédollarisation,
fiasco ukrainien, dégringolade de la branche médiatique... ce qui avait
été patiemment bâti au cours de longues décennies se détricotait à vue
d'oeil. Certes, le Deep State n'a pas encore perdu ; sa
résistance acharnée au nouveau monde qui se profile et la force
d'inertie propre à tout système lui permettent de sauver quelques
meubles, mais plus rien ne sera désormais comme avant.
Comme la
marée basse laisse sur le sable les traces de son passage, le reflux de
l'empire met à jour ses contradictions criantes et ses
dysfonctionnements inhérents, tandis que le noyau dur s'arc-boute sur
ses positions au risque d'exploser en vol. Quelques exemples récents
illustrent la chose à merveille.
La guerre des mots germano-turque
- au cours de laquelle le sultan a, avec sa morgue habituelle, traité
Berlin de "vestige nazi" - a été suivi par la crise néerlando-turque.
Rappelons tout de même, ce qui ne manque pas de sel, que ces trois pays
sont théoriquement alliés au sein de l'OTAN, dinosaure de la Guerre
froide en psychanalyse depuis l'élection du Donald. En cas de rupture
diplomatique, pour qui prendront position les autres membres ?
L'occupant de l'Elysée, la bouche toujours pleine d'Europe, préfère ce coup-ci faire bande à part et rompre la "solidarité européenne"
en accueillant, un peu hésitant quand même, le meeting turc à Metz. Le
capitaine de pédalo, qui n'est pas à une incohérence près, se noie dans
son minuscule verre d'eau... Mais pouvait-il en être autrement ? Car
cette affaire est le symptôme des contradictions intrinsèques du système
duquel il fait partie.
Retour aux années 90. Le camp du Bien
l'avait emporté, l'URSS était disloquée. S'ouvrait l'ère post-moderne du
globalistan occidental : abolition des frontières, libre circulation
des biens et des personnes pour le plus grand bénéfice de Wall Street et
des 1%, le tout sous l'oeil bienveillant et scrutateur des Etats-Unis.
La victoire absolue et définitive de la démocratie libérale désormais
érigée en horizon indépassable. La fin de l'histoire comme le prédisait
sans rire Fukuyama...
Certes, demeuraient bien quelques retardataires impénitents (Serbie, Irak), mais ils allaient vite passer sous les fourches caudines impériales. Certes, quelques observateurs prédisaient
le caractère illusoire et dangereux de la nouvelle religion, mais ces
esprits chagrin étaient qualifiés de rétrogrades passéistes n'ayant rien
compris.
Wall Street avait même réussi l'exploit de s'attacher
les gauches occidentales en leur jetant l'os de l'anti-racisme :
immigration, le monde est mon village et tout le toutim. Désormais, la gôôôche allait travailler pour le grand capital sans même s'en rendre compte ! Que les No Borders et autres joyeux drilles "anti-capitalistes" soient financés par Soros et soutenus par l'oligarchie eurocratique n'est évidemment pas pour nous surprendre...
Tout
allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes quand les
premiers grains de sable apparurent. La marionnette Eltsine laissait sa
place à Poutine et la Russie refusait de passer sous pavillon US, la
Chine ne se convertissait à l'économie de marché que pour mieux
retrouver sa place de n°1 mondial, l'Amérique latine s'écartait du
chemin tracé... Surtout, les protégés de l'empire ne s'étaient pas
convertis au nouveau dogme : l'internationalisme et l'amitié entre les
peuples dans un grand marché globalisé, très peu pour eux. L'AKP
d'Erdogan commençait à noyauter les communautés turques d'Europe (3 000
000 rien qu'en Allemagne) qui constituent maintenant de véritables lobbies. Quant à l'Arabie saoudite et le Qatar, ces chers "alliés" accéléraient le rythme de leur croisade religieuse wahhabite/salafiste pour islamiser le monde, dont évidemment l'Europe :
Faut-il
dès lors s'étonner de l'alignement vassalique des euronouilles sur les
positions saoudiennes ou qataries - en Syrie par exemple - quand on sait
que ces pays contrôlent des djihadistes potentiels dans les villes
d'Europe et qu'un simple feu vert de Riyad ou Doha peut provoquer des
dizaines de Bataclans ?
Que les dirigeants européens en aient été pleinement conscients ou non, qu'ils aient laissé faire sciemment, par pleutrerie ou par naïveté, tout ceci est discuté par ailleurs mais nous importe peu ici : le ver est dans le fruit et symbolise à merveille les contradictions du globalistan. Notre pauvre petit Hollande est en effet tiraillé entre deux conséquences inhérentes du système impérial : d'un côté, la soumission au cheval de Troie, turc en l'occurrence, pour acheter la paix ethnique intérieure ; de l'autre, la solidarité européenne, credo pour éviter le naufrage du Titanic bruxellois. Entre les deux, son coeur balance et, depuis l'élection du Donald, il n'a plus personne à Washington pour lui dire quoi faire...
Un conflit en germes entre politiquement correct et européisme, outils auparavant inséparables dans la logorrhée du globalistan ? Ce ne serait pas la moindre des ironies... La question a en tout cas fait son entrée dans les travées du Parlement européen. Une nouvelle règle procédurale vient d'être émise en douce qui prévoit que le président du débat pourra dorénavant interrompre la retransmission du discours d'un député si celui-ci est "diffamatoire, raciste ou xénophobe".
Comme de bien entendu, les eurocrates se sont bien gardés d'en préciser les critères, ce qui aura l'indéniable avantage de donner la possibilité de censurer tout discours sortant des clous. Le totalitarisme au nom des droits de l'homme en quelque sorte. George Orwell est bien parmi nous...
Pas vraiment de quoi infléchir l'euroscepticisme galopant qui a cours aux quatre coins du Vieux continent et qui donne des sueurs froides aux globalistes. Ainsi, si le Premier ministre néerlandais a interdit le meeting turc, c'est surtout pour ne pas être battu par le vil et infâme Wildeers lors des élections législatives prévues dans trois jours. Sera-ce suffisant ? Rien n'est moins sûr...
Car l'UE et ce qu'elle véhicule commence à sortir par les yeux et les oreilles d'à peu près tout le monde y compris, nouveau paradoxe, chez ceux qui en rêvaient il y a encore dix ans et devaient en être les principaux bénéficiaires : les pays d'Europe orientale. Que le Visegrad Post - du nom du groupe formé après la chute du Mur par la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie en vue d'accélérer le processus d'intégration européenne - en vienne à parler de "soviétisation de Bruxelles" en dit long sur le désamour et l'amère déception ressentis à Varsovie, Prague ou Budapest.
Nous évoquions déjà la chose l'année dernière :
L'euroscepticisme partout, tantième symbole du reflux d'un système impérial en capilotade. Syrie, Ukraine, Russie, Europe, Chine... Le globalistan, vaste chimère finissante, se heurte de plein fouet à ce qu'il déteste le plus : le principe de réalité.
Que les dirigeants européens en aient été pleinement conscients ou non, qu'ils aient laissé faire sciemment, par pleutrerie ou par naïveté, tout ceci est discuté par ailleurs mais nous importe peu ici : le ver est dans le fruit et symbolise à merveille les contradictions du globalistan. Notre pauvre petit Hollande est en effet tiraillé entre deux conséquences inhérentes du système impérial : d'un côté, la soumission au cheval de Troie, turc en l'occurrence, pour acheter la paix ethnique intérieure ; de l'autre, la solidarité européenne, credo pour éviter le naufrage du Titanic bruxellois. Entre les deux, son coeur balance et, depuis l'élection du Donald, il n'a plus personne à Washington pour lui dire quoi faire...
Un conflit en germes entre politiquement correct et européisme, outils auparavant inséparables dans la logorrhée du globalistan ? Ce ne serait pas la moindre des ironies... La question a en tout cas fait son entrée dans les travées du Parlement européen. Une nouvelle règle procédurale vient d'être émise en douce qui prévoit que le président du débat pourra dorénavant interrompre la retransmission du discours d'un député si celui-ci est "diffamatoire, raciste ou xénophobe".
Comme de bien entendu, les eurocrates se sont bien gardés d'en préciser les critères, ce qui aura l'indéniable avantage de donner la possibilité de censurer tout discours sortant des clous. Le totalitarisme au nom des droits de l'homme en quelque sorte. George Orwell est bien parmi nous...
Pas vraiment de quoi infléchir l'euroscepticisme galopant qui a cours aux quatre coins du Vieux continent et qui donne des sueurs froides aux globalistes. Ainsi, si le Premier ministre néerlandais a interdit le meeting turc, c'est surtout pour ne pas être battu par le vil et infâme Wildeers lors des élections législatives prévues dans trois jours. Sera-ce suffisant ? Rien n'est moins sûr...
Car l'UE et ce qu'elle véhicule commence à sortir par les yeux et les oreilles d'à peu près tout le monde y compris, nouveau paradoxe, chez ceux qui en rêvaient il y a encore dix ans et devaient en être les principaux bénéficiaires : les pays d'Europe orientale. Que le Visegrad Post - du nom du groupe formé après la chute du Mur par la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie en vue d'accélérer le processus d'intégration européenne - en vienne à parler de "soviétisation de Bruxelles" en dit long sur le désamour et l'amère déception ressentis à Varsovie, Prague ou Budapest.
Nous évoquions déjà la chose l'année dernière :
L'Europe
américaine sera-t-elle mise à mort par ceux-là même qui étaient censés
la régénérer ? L'on peut sérieusement se poser la question quand on voit
le divorce grandissant entre l'UE et les pays d'Europe centrale et
orientale, fers de lance de la "Nouvelle Europe" si chère aux néo-cons.
Le pied droit de Washington donne des coups au pied gauche et c'est tout
le système vassalique européen qui risque de tomber. On comprend
qu'Obama préfère penser à autre chose en jouant au golf...
Rappelons d'abord que la construction européenne fut, dès le départ, un projet américain.
Des archives déclassifiées montrent que les soi-disant "pères de
l'Europe" - Schuman, Spaak ou le bien-nommé Monet - travaillaient en
réalité pour les Etats-Unis. Pour Washington, il était en effet plus
aisé de mettre la main sur le Vieux continent par le biais d'une
structure globale noyautée de l'intérieur que de négocier pays par pays
avec des dirigeants indépendants.
La
chute du Mur et l'intégration à l'UE des anciennes démocraties
populaires n'étaient que le cache-sexe de l'avancée de l'OTAN vers la
Russie. Mieux encore, ces pays nouvellement libérés de la tutelle
soviétique et férocement anti-russes pour des raisons historiques
compréhensibles étaient susceptibles d'établir un nouveau rapport de
force très favorable aux Etats-Unis au sein de l'UE face à certaines
poussées de fièvre frondeuse toujours possibles de la "vieille Europe"
(De Gaulle, Chirac et Schroeder...)
Or,
au moment où les institutions européennes sont noyautées et soumises
comme jamais aux désidératas US, le château de cartes est en train de
s'écrouler... Ce sont d'abord les sanctions anti-russes qui ont créé une
brèche. Si elles furent accueillies avec des transports de joie par la
Pologne et les pays Baltes, leur réception en Hongrie, en Slovaquie et
même en République tchèque fut bien plus mesurée, c'est le moins qu'on
puisse dire. Première cassure au sein de la "nouvelle Europe".
Et
maintenant, la question des réfugiés pourrait bien sonner l'hallali. La
Pologne, pays ô combien pro-US, refuse tout à fait d'obéir aux
injonctions des institutions elles aussi ô combien pro-US de Bruxelles.
Diantre, Brzezinski n'avait pas prévu ça...
Varsovie, ainsi que Budapest ou Bratislava, rejettent totalement
ce qu'ils considèrent comme un diktat de Bruxelles et ses menaces
d'amende (250 000 euros par réfugié refusé). Les mots sont intéressants :
- Jaroslaw Kaczynski, chef du PiS au pouvoir : "Une telle décision abolirait la souveraineté des Etats membres de l'UE. Nous refusons cela car nous sommes et serons en charge de notre propre pays".
- Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères : "La menace d'amende de la part de la Commission est du chantage pur et simple".
Notons
en passant la naïveté confondante de ces dirigeants qui croyaient
apparemment benoîtement que l'entrée dans l'UE allait préserver la
souveraineté de leur pays...
Il n'en
fallait en tout cas pas plus pour que le système se mette en branle. La
mafia médiatique occidentale a glosé sur la "manifestation monstre"
de... 240 000 Polonais (sur 40 millions !) contre le gouvernement et
pour l'Europe. Toute ressemblance avec des événements (le Maïdan par
exemple) ayant existé serait le fruit de la plus pure coïncidence.
Le fidèle lecteur de ce blog aura été prévenu avant tout le monde, dès le mois de janvier [2016, ndlr], sur la possibilité d'une révolution colorée en Pologne.
Depuis, s'il n'y a pas eu de Maidan polonais, la crise n'a fait que s'aggraver. Bruxelles a ouvert sans rire une enquête contre Varsovie sur "le respect de l'Etat de droit", ce qui a provoqué la colère de Budapest qui soutient sans trembler son allié historique. La réélection de l'autre Donald, GlobalTuskman, a provoqué une nouvelle passe d'armes, Varsovie dénonçant un "diktat" de Berlin. Avant-hier, une énième bisbille a vu la Premier ministre polonaise répliquer vertement au flamby élyséen : « Je
suis supposée prendre au sérieux le chantage d'un président dont le
taux de popularité est à 4% et qui ne sera bientôt plus président ? » Ambiance, ambiance...L'euroscepticisme partout, tantième symbole du reflux d'un système impérial en capilotade. Syrie, Ukraine, Russie, Europe, Chine... Le globalistan, vaste chimère finissante, se heurte de plein fouet à ce qu'il déteste le plus : le principe de réalité.