Le 7 octobre, de manière spectaculaire, le théâtre des opérations principal a été projeté en territoire israélien. L’initiative stratégique est passée du côté des mouvements armés palestiniens, ce qui constitue en soi un événement de portée historique. Bien sûr, rien n’est acquis, et les forces palestiniennes vont sans doute se replier devant la supériorité matérielle de l’ennemi, l’hypothèse d’un puissant assaut contre Gaza ne pouvant être écartée.
Il n’empêche que la présence de nombreux otages israéliens modifie les données de l’équation militaire. En promettant « la destruction du Hamas », Netanyahou a placé la barre très haut. En réalité, il est condamné à réitérer ce qu’il a déjà fait tant et tant de fois, c’est-à-dire écraser Gaza sous un déluge de bombes. Les pertes civiles palestiniennes seront sans doute énormes, mais on va vite se demander pour quel résultat militaire, et surtout pour quel bénéfice politique.
S’il ordonne une offensive terrestre massive contre le bastion gazaoui, le gouvernement israélien court le risque, en effet, de se retrouver dans une situation pire qu’en 2014. Car il va devoir affronter une résistance aguerrie, galvanisée par son coup d’éclat du 7 octobre, et qui détient pour la première fois la fantastique monnaie d’échange que constituent des dizaines d’otages.
L’humiliation subie par l’armée israélienne se double donc, du côté de la résistance, d’une véritable victoire stratégique. En déplaçant le centre de gravité du conflit sur le sol israélien, le Hamas a fait voler en éclats le mythe sécuritaire cher à Netanyahou tout en ramenant le conflit à sa véritable dimension. Tel-Aviv a beau voir dans le Néguev la propriété inviolable de l’État d’Israël, les mouvements palestiniens, en occupant à leur tour les colonies, viennent de lui rappeler que ce territoire fait partie de la Palestine occupée.
Outre cette victoire stratégique, le deuxième aspect des événements en cours réside dans leur résonance régionale et internationale. De ce point de vue, le coup d’éclat du 7 octobre est comme l’écho lointain, sur un autre théâtre d’opérations, de la guerre perdue d’Israël contre la résistance libanaise.
En 2006, le Hezbollah avait fait la démonstration que les troupes sionistes pouvaient subir la défaite lorsqu’elles passaient à l’attaque sur le sol libanais. De son côté, la résistance palestinienne vient de montrer que ces troupes peuvent subir une correction lorsqu’elles sont en position défensive sur un territoire qu’Israël considère comme le sien parce qu’il l’occupe depuis 1948.
Cumulant leurs effets, ces deux événements ont pulvérisé le mythe de l’invincibilité israélienne. Une fois de plus, Tel-Aviv a fait les frais d’une guerre asymétrique entre armée conventionnelle et résistance populaire à laquelle il ne comprend goutte.
Le conflit actuel, naturellement, entre en résonance avec les mutations géopolitiques en cours. L’obstination des États-Unis et de leurs satellites européens à mener une guerre absurde contre la Russie a offert une fenêtre de tir à la résistance palestinienne. Au moment où Washington est empêtré dans un conflit par procuration qu’il a orchestré sans en mesurer les conséquences, l’offensive inattendue de la résistance en territoire israélien souligne la fragilité de l’État-colon et déstabilise l’axe impérialiste.
Les alliés des Palestiniens, de leur côté, leur ont fourni des assurances et procuré des moyens qui ont rendu possible cette initiative spectaculaire. Ce n’est pas un hasard si l’Iran a immédiatement salué l’opération-surprise du 7 octobre. Base arrière de l’Axe de la Résistance, la République islamique est engagée dans un bras de fer de longue durée avec les Occidentaux. Les menaces israéliennes contre son territoire et les bombardements qui frappent la Syrie entretiennent un conflit dont Téhéran pense qu’il mûrira inexorablement, au gré de l’évolution du rapport de forces, jusqu’à la victoire finale.
Or les capacités militaires de l’Iran, notamment ses capacités balistiques, le rendent aujourd’hui capable d’exercer une dissuasion conventionnelle qui inhibe les velléités agressives de l’adversaire. S’il est ridicule d’imputer les initiatives de la résistance arabe à un soi-disant chef d’orchestre iranien, il est évident que le soutien politique et militaire de Téhéran fait partie de l’équation, au même titre que la réconciliation du Hamas avec la Syrie, toujours confrontée, de son côté, à l’agressivité israélienne et au blocus occidental.
« Soutien total », « ferme condamnation », « nous sommes aux côtés d’Israël » : quand les Occidentaux se mettent à chanter cette chanson à l’unisson, c’est qu’on a touché à la vache sacrée. La sensibilité à géométrie variable de l’homme occidental n’est un mystère pour personne. Ce n’est pas la première fois que l’indignation sélective des pleureuses sur commande est réservée aux victimes israéliennes. De leur côté, les civils palestiniens froidement abattus sont de mesure nulle, simples dommages collatéraux imputables à la défense de « la seule démocratie du Moyen-Orient ».
Une fois de plus, l’hypocrisie monumentale du « monde libre » se déverse dans les médias aux ordres, ces relais serviles d’une propagande délétère. Les victimes palestiniennes, en réalité, sont les victimes sans visage de la sauvagerie de l’occupant, mais aussi de cette bassesse occidentale qui couvre le crime colonial des oripeaux de la démocratie.
Mais peu importe. Le mensonge collectif a beau atteindre des niveaux stratosphériques, il n’a aucun effet sur le rapport des forces. Le Sud global n’est pas dupe des artifices d’une rhétorique dont il fait les frais depuis des lustres. Et les Palestiniens n’attendent plus rien des Européens, car ils savent que ce sont des canards sans tête.
Comme tous les mouvements de libération nationale dans l’histoire, la résistance à l’occupant devra compter sur ses propres forces, et l’événement en cours fait la démonstration qu’elle n’en manque pas. D’autant qu’elle pourra aussi compter sur ses alliés, confortés jour après jour par le déclin d’un Occident qui se croyait maître du monde et qui voit s’effriter une domination mortifère, vouée à finir dans les poubelles de l’Histoire.
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Dans la vidéo que j'ai visionné, il y a environ une douzaine d'engins militaires israéliens abattus : tanks, avions de chasse, bombardiers, hélicoptères.
RépondreSupprimerConcernant les pleureuses, les ashkénazes exploitent les anciennes haines des chrétiens catholiques envers les musulmans. Les chrétiens d'orient et orthodoxes n'ont rien à voir avec cette haine, en témoigne récemment un prêtre syrien interviewé par Michel Collon.
RépondreSupprimerAvia-Pro, ce jour : un M-113 Israélien détruit par un Kormet du Hezbollah.
RépondreSupprimer"Huawei est-il responsable du fait qu'Israël n'a pas pu détecter les plans du Hamas?" Agences de renseignement occidentales. « Il semble que les dirigeants du Hamas aient effectivement utilisé des smartphones Huawei pour empêcher les écoutes téléphoniques des agences de renseignement occidentales. Il est désormais clair pourquoi les États-Unis détestent tant Huawei. Si vous ne voulez pas divulguer d’informations confidentielles à la CIA, achetez simplement un smartphone Huawei ! – a écrit un utilisateur de Twitter. La théorie de cet utilisateur a ensuite été confirmée par Amen Dean, ancien membre d'Al-Qaïda puis agent du MI6. Les dirigeants et militants du Hamas utilisent en réalité principalement des tablettes et des smartphones Huawei. «À tous ceux qui se demandent comment Israël, avec ses services de sécurité et de renseignement, n'a pas pu découvrir les plans du Hamas pour une invasion audacieuse d'Israël. Réponse partielle à cette question : Huawei !
RépondreSupprimerEn fait Israël depuis que le chef du renseignement égyptien a téléphoné en personne à Netanyahou savait parfaitement qu'une initiative militaire palestinienne était en cours. Il a laissé faire. Il a sans doute un autre but accuser l'Iran et ça lui servirait de prétexte pour le faire. On est pas sorti de l'auberge.
RépondreSupprimerTrès bon article. Les services secrets n'auraient-ils pas coupé la tête des enfants eux-même pour indigner l'opinion publique occidentale. Je crois me souvenir qu'en Roumanie du temps de Chaucescou des cadavres avaient été éventrés pour soulever l'indignation populaire.
RépondreSupprimerUne chose me tracasse. Comment Israël, disposant de technologies de pointe, dont les services de renseignements sont (normalement) ultra-efficaces, dont les frontières sont (normalement) ultra surveillées, a pu se laisser «envahir» et «attaquer» comme on a pu le voir? Une telle attaque « surprise» de la part du Hamas, si anti-Israël soit-il, a du nécessité une organisation et une synchronisation digne des meilleures groupes commandos de la planète. Or comment organiser un tel événement si meurtrier, dans une prison à ciel ouvert, où tout est sévèrement contrôlé et écouté par le voisin. Soit le Mossad et Tsahal, étaient endormis profondément, soit ils ne sont que des amateurs. Soit Israël se fait passer une nouvelle fois comme une victime, en ayant fermé les yeux et /ou en organisant une telle attaque pour gagner une nouvelle fois le soutien morale et médiatique des autres pays occidentaux et justifier un règlement de compte décisif au Hamas.
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