Un nain de jardin, dominateur et sûr de lui, menace la Russie avec condescendance

Un «agité» du Likoud, membre éminent du parti de Netanyahou, Amir Weitman menace la Russie dans une interview accordée par la chaîne de TV russe RT. La Russie est accusée d’être co-responsable du «massacre» du 7 Octobre, parce qu’elle ne prend pas ouvertement et fermement le seul parti d’Israël. «Lorsque nous aurons gagné la guerre, la Russie en paiera le prix». affirme Amir Weitman, avec un sens élevé de la diplomatie.¹

L’interview est tellement stupéfiante et irréaliste que j’ai cru un moment qu’elle n’avait pas pu avoir lieu. Un nain de jardin, dominateur et sûr de lui, menaçant la Russie avec condescendance, rien que ça… J’ai donc vérifié et constaté qu’elle était bien vraie.²

Ce pauvre homme fait, hélas pour Israël, une grave erreur d’appréciation (du même genre que celle de Bruno Lemaire et de Emmanuel Macron qui surestiment leur pays et sous estiment leurs adversaires). Il pense qu’Israël, avec le concours de ses proxies que sont devenus, au fil du temps, les USA et les pays membres de l’UE, de l’OTAN, de l’AUKUS et du G7, est encore un géant politique, centre de gravité et phare du monde occidental, et peut se permettre de traiter la Russie, comme il traitait le Brésil en 2014, lorsqu’il le traitait de «nain diplomatique».³

Il pense qu’avec le concours coordonné des 270 milliardaires de la diaspora, organisés en transnational, et de quelques autres (sur les 2700 que compte la planète), Israël peut encore jouer les premiers rôles en influençant, en dirigeant, en coordonnant l’action de la politique, de l’économie et de la finance internationale sur l’échiquier mondial. Il pense qu’en contrôlant, avec l’aide de sayanim efficaces, les gouvernances et les médias des puissances les plus influentes du monde d’hier (USA, UK, France, Canada, Australie), Israël peut encore peser sur l’avenir du monde de demain.

Il oublie simplement que le monde sur lequel Israël et ses proxies régnaient encore hier en contrôlant la finance internationale, en appliquant des sanctions à ceux qui ne voulaient pas se soumettre, est aujourd’hui en voie d’affaiblissement rapide, d’effacement voire d’effondrement et que la Russie d’aujourd’hui, sous la direction de Poutine, est devenue l’un des chefs de file les plus influents des tenants du monde multipolaire qui substituent, peu à peu, un ordre mondial nouveau à l’ordre ancien, dans lesquels Israël est ses proxies jouaient les premiers rôles.

Il oublie aussi que les milliardaires de la diaspora qui pouvaient s’épanouir et s’enrichir toujours plus dans l’économie mondiale d’hier, en grande partie virtuelle, fondée sur un dollar imprimé sans compter et sans contreparties, vont éprouver quelques difficultés dans la nouvelle économie réelle, imposée par la multipolarité et par ceux qui détiennent les réserves énergétiques et minérales. La puissance et l’influence d’Israël vont très probablement en prendre un coup, et il paraît improbable qu’Israël puisse faire «Payer à la Russie» le prix de sa politique étrangère, assumée depuis très longtemps, et visant à la création de deux États en Palestine dans les frontières de 1967, pour parvenir à la paix au Proche Orient.⁴

Certes, Israël pourra gagner une petite extension territoriale en agissant à 10 contre un et avec une puissance de feu de 100 contre un, empruntée à son proxy US, sur la prison à ciel ouvert des Palestiniens de Gaza, mais à quel prix géopolitique ? Il est peu probable qu’une réconciliation avec le monde arabe, soutenu désormais par la multipolarité, puisse être envisageable avant très très longtemps d’autant qu’Israël ne sera plus que le porte avion, présumé insubmersible, d’un monde occidental affaibli qui n’intéressera plus grand monde en dehors de lui même.

L’avenir nous donnera la réponse à ces intéressants développements en cours de la géopolitique mondiale. Israël rejouera-t-il «Massada» en y entraînant ses proxies ? Rejouera -t-il un scénario «Samson» ou «Armageddon» en entraînant dans sa propre mort, ses ennemis (et ses amis) ? Nous verrons bien.

Général Dominique Delawarde

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